Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 8
Temps de recherche: 0.0304s

hymne à la vie

Certes, comme on aime un ami
Je t’aime, vie énigmatique –
Que tu m’aies fait exulter ou pleurer,
Que tu m’aies apporté bonheur ou souffrance.

Je t’aime avec toute ta cruauté,
Et si tu dois m’anéantir,
Je m’arracherai de tes bras
Comme on s’arrache au sein d’un ami.

De toutes mes forces je t’étreins !
Que tes flammes me dévorent,
Dans le feu du combat permets-moi
De sonder plus loin ton mystère.

Être, penser durant des millénaires !
Enserre-moi dans tes deux bras :
Si tu n’as plus de bonheur à m’offrir –
Eh bien – il te reste tes tourments.

Auteur: Andreas-Salomé Lou

Info:

[ tragique ] [ passion ] [ poème ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

beaux-arts

Bien que l’art ait toujours été une marchandise, il perd sa valeur intrinsèque et son utilité sociale quand on le traite uniquement de la sorte. L’enfermer dans le cercle du marché, c’est en interdire à tous sa contemplation. Ce processus inexorable tend à comprimer les nuances de sens et d’impressions visuelles sous le poids brutal du prix. Ce n’est pas un compliment décerné à l’œuvre. S’il n’y avait qu’un seul exemplaire de chaque livre que s’arracheraient les milliardaires et les fonds d’investissement pour les faire disparaître dans des coffres, qu’arriverait-il à notre conception de la littérature — à la trame de ses significations qui soutient un discours commun ?

Auteur: Hughes Robert

Info: Rien qu’un critique

[ spéculation ] [ midas ] [ question ] [ démonétisation éthique ] [ regard ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Plouin

disneyland

Oh ! je ne me fais pas de soucis pour la Souris sacrée : son Royaume est de ce monde et elle aura un succès fou, c’est tout vu. Par cohortes, les détraqués viennent prendre un avant-goût du Cauchemar à thèmes. On se bouscule dans la boutique, on s’arrache les pin’s […], les peluches, les blousons et les autres gris-gris équipés des deux oreilles noires obsessionnelles. D’ailleurs, le voilà, justement : Mickey ! Là-bas ! C’est lui, sur le terre-plein, en chair et en peluche, envoyant des baisers à la foule en liesse ! Qu’est-ce que ça lui fait, au type ainsi accoutré, d’être un dessin incarné ? Quelle peut bien être sa vision du monde, derrière les hublots fumés de ce masque d’hydrocéphale, tandis que montent vers lui des cris d’enfants comblés ?

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels I - Rejet de greffe", page 324

[ folie collective ] [ entertainment ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

bien-être

Chacun se voit assurer l’indépendance par rapport à de nombreuses formes de pression étatique, la majorité dispose d’un confort dont nos pères et nos grands-pères n’avaient aucune idée, on peut désormais élever la jeunesse dans l’esprit des nouveaux idéaux, en l’appelant à l’épanouissement physique et au bonheur, de l’argent, des loisirs, en l’habituant à une liberté de jouissance presque sans limites – alors dites-moi au nom de quoi, dites-moi dans quel but certains devraient s’arracher à tout cela et risquer leur précieuse vie pour la défense du bien commun, surtout dans le cas brumeux où c’est encore dans un pays éloigné qu’il faut aller combattre pour la sécurité de son peuple ? Même la biologie sait cela : il n’est pas bon d’être habitué à un trop grand bien-être. Aujourd’hui, c’est de la vie de la société occidentale que le bien-être a commencé de soulever son masque funeste. 

Auteur: Soljenitsyne Alexandre

Info: Le déclin du courage, discours à l’université de Harvard du 8 juin 1978, trad. Geneviève et José Johannet, éditions Les Belles Lettres, 2014

[ abrutissement ] [ question ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

trajectoire humaine

La surprise, c’est que ce sont des écrivains catholiques qui le montrent tel qu’il est, l’homme. Tel qu’il devient ce qu’il est. Tel qu’il tremble. Tel qu’il espère. Tel qu’il agit, délire, essaie. Tel qu’il tente de se soustraire au traquenard d’une machine infernale vieille de deux mille ans. Au piège à rats catholique. Comment il s’arrache, se ronge, se raconte. Gronde. S’échappe. S’endort. S’émerveille. Proteste. Lutte. Et finit toujours plus ou moins, sans le savoir par surenchérir sur le dogme qu’il veut oublier, par pousser réactionnellement l’une ou l’autre de ces turgescences parasites qu’on appelle des hérésies. Magismes, prophétismes, occultismes nomades, alchimismes émancipateurs… Réalisations retardées et décalées d’un corps de doctrines préhistoriques mal enterrées. Autrement dit, on finit toujours là, dans ce marais-là, au milieu du clapotement des occultismes, des sectes et des obsessions de libération de l’humanité. C’est fatal, c’est écrit, c’est la loi du roman-feuilleton de la vie dans l’ère du Grand Cafouillage. 

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 2 : Mutins de Panurge", éd. Les Belles lettres, Paris, 1998, page 206

[ tragédie ] [ répétition ] [ papisme ] [ culture européenne ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

communion des saints

Vous aurez toujours des pauvres parmi vous. Depuis le gouffre de cette Parole, aucun homme n’a jamais pu dire ce que c’est que la Pauvreté.

Les Saints qui l’ont épousée d’amour et qui lui ont fait beaucoup d’enfants assurent qu’elle est infiniment aimable. Ceux qui ne veulent pas de cette compagne meurent quelquefois d’épouvante ou de désespoir sous son baiser, et la multitude passe "de l’utérus au sépulcre" sans savoir ce qu’il faut penser de ce monstre.

Quand on interroge Dieu, il répond que c’est Lui qui est le Pauvre : Ego sum pauper. Quand on ne l’interroge pas, il étale sa magnificence.

La Création paraît être une fleur de la Pauvreté infinie ; et le chef-d’œuvre suprême de Celui qu’on nomme le Tout-Puissant a été de se faire crucifier comme un voleur dans l’Ignominie absolue.

Les Anges se taisent et les Démons tremblants s’arrachent la langue pour ne pas parler. Les seuls idiots de ce dernier siècle ont entrepris d’élucider le mystère. En attendant que l’abîme les engloutisse, la Pauvreté se promène tranquillement avec son masque et son crible.

Comme elles lui conviennent, les paroles de l’Évangile selon saint Jean ! "Elle était la vraie lumière qui illumine tout homme venant en ce monde. Elle était dans le monde et le monde a été fait par elle, et le monde ne l’a point connue. Elle est venue dans son domaine, et les siens ne l’ont pas reçue."

Les siens ! Oui, sans doute. L’humanité ne lui appartient-elle pas ? Il n’y a pas de bête aussi nue que l’homme et ce devrait être un lieu commun d’affirmer que les riches sont de mauvais pauvres.

Quand le chaos de ce monde en chute aura été débrouillé, quand les étoiles chercheront leur pain et que la fange la plus décriée sera seule admise à refléter la Splendeur ; quand on saura que rien n’était à sa place et que l’espèce raisonnable ne vivait que sur des énigmes et des apparences il se pourrait bien que les tortures d’un malheureux divulgassent la misère d’âme d’un millionnaire qui correspondait spirituellement à ses guenilles, sur le registre mystérieux des répartitions de la Solidarité universelle.

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "La femme Pauvre", Mercure de France, 1972, pages 247-248

[ réversibilité des mérites ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

rationnel-irrationnel

Les présupposés de la sociologie de la connaissance n’eussent jamais intimidé longtemps les ethnologues, si les épistémologues n’avaient élevé au rang d’un principe fondateur cette même asymétrie entre les vraies sciences et les fausses. Seules ces dernières - les sciences "périmées" - peuvent se lier au contexte social. Quant aux sciences "sanctionnées", elles ne deviennent scientifiques que parce qu’elles s’arrachent justement à tout contexte, à toute trace de contamination, à toute évidence première et qu’elles échappent même à leur propre passé. Telle est la différence, pour Bachelard et ses disciples, entre l’histoire et l’histoire des sciences. La première peut être symétrique, mais peu importe puisqu’elle ne traite jamais de science ; la seconde ne doit jamais l’être afin que la coupure épistémologique demeure totale.

Un seul exemple suffira pour montrer jusqu’où peut mener le rejet de toute anthropologie symétrique. Lorsque Canguilhem distingue les idéologies scientifiques des vraies sciences, il affirme non seulement qu’il est impossible d’étudier Darwin - le savant - et Diderot - l’idéologue - dans les mêmes termes, mais qu’il doit être impossible de les mettre dans le même sac. "La séparation de l’idéologie et de la science doit empêcher de mettre en continuité dans une histoire des sciences quelques éléments d’une idéologie apparemment conservés et la construction scientifique qui a destitué l’idéologie : par exemple à chercher dans le Rêve de d'Alembert des anticipations de L'Origine des espèces" (*p. 45). N’est scientifique que ce qui rompt pour toujours avec l’idéologie. En suivant un tel principe, il est difficile en effet de suivre les quasi-objets dans leurs tenants et aboutissants. Une fois passés entre les mains de l’épistémologue, toutes leurs racines seront arrachées. Il ne restera plus que l’objet excisé de tout le réseau qui lui donnait sens. Mais pourquoi parler même de Diderot et de Spencer, pourquoi s’intéresser à l’erreur ? Parce que sans elle le vrai brillerait d’un éclat trop éblouissant ! "L’entrelacement de l’idéologie et de la science doit empêcher de réduire l’histoire d’une science à la platitude d’un historique, c’est-à-dire d’un tableau sans ombres de relief" (p. 45). Le faux est le faire-valoir du vrai. Ce que Racine faisait pour le Roi Soleil sous le beau nom d’historien, Canguilhem le fait pour Darwin, sous l’étiquette, également usurpée, d’historien des sciences.

Le principe de symétrie rétablit, au contraire, la continuité, l’historicité et, disons-le, la justice. Bloor est l’anti-Canguilhem, de même que Serres est l’anti-Bachelard, ce qui explique d’ailleurs l’incompréhension totale en France de la sociologie des sciences comme de l’anthropologie de Serres (Bowker et Latour, 1987). "Il n’est de pur mythe que l’idée d’une science pure de tout mythe", écrit celui-ci lorsqu’il rompt avec l'épistémologie (Serres, 1974, p. 259). Pour lui comme pour les historiens des sciences proprement dits, Diderot, Darwin, Malthus et Spencer doivent s’expliquer selon les mêmes principes et les mêmes causes ; si vous souhaitez rendre compte de la croyance dans les soucoupes volantes, vérifiez si vos explications peuvent être employées, symétriquement, pour les trous noirs (Lagrange, 1990) ; si vous attaquez la parapsychologie, êtes-vous capables d’utiliser les mêmes facteurs pour la psychologie (Collins et Pinch, 1991) ? Si vous analysez les succès de Pasteur, les mêmes termes vous permettront-ils de rendre compte de ses échecs ?

Auteur: Latour Bruno

Info: Nous ne sommes pas modernes, pp 60-61. *Canguilhem, Études d'histoire et de philosophie des sciences concernant les vivants et la vie (1968) 7e rééd. Vrin, Paris, 1990

[ historique ] [ religions ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

limite épistémique

[...] même si la course à l’IA [Intelligence Artificielle] s’est beaucoup amplifiée et renchérie, l’avènement d’une IAG [Intelligence Artificielle Générale ou Forte] n’est pas pour demain. Dans les années 1940, les premiers visionnaires nous le promettaient pour la génération suivante. Sondé en 2017, un cercle d’experts en IA s’est accordé sur la date de 2047. Ce qui complique un peu ce calendrier, c’est la façon dont surviendra la "singularité" – le ­moment où la technologie aura tellement progressé qu’elle prendra le dessus pour de bon. S’agira-t-il d’un décollage en douceur, dû aux avancées progressives de l’IA faible, qui prendra la forme d’un explorateur de données doublé d’un dispositif de réalité virtuelle et d’un traducteur du langage naturel, le tout chargé dans un aspirateur-­robot ? Ou bien d’un décol­lage brutal, un ­algorithme qui reste encore à imaginer se trouvant soudain incarné dans un ­robot tout-puissant ? Les enthousiastes de l’IAG ont beau avoir eu des décennies pour réfléchir à cet avenir, le résultat reste bien nébuleux : nous n’aurons plus à travailler car les ordinateurs se chargeront de toutes les activités courantes, nos cerveaux seront stockés en ligne et se fondront dans la conscience brumeuse du nuage, ce genre de chose. En ­revanche, les craintes des éternels angois­sés, fondées sur le fait que l’intelligence et le pouvoir cherchent toujours à se renforcer, sont concrètes et glaçantes : une fois que l’IA nous aura surpassés, il n’y a pas de raison de penser qu’elle nous sera reconnaissante de l’avoir inventée – surtout si nous n’avons pas su la doter d’empathie. Pourquoi une entité susceptible d’être présente dans mille lieux à la fois et possédant une conscience à la Starbucks éprouverait-elle une quelconque tendresse pour des êtres qui, les mauvais jours, peuvent à peine s’arracher du lit ? Curieusement, les auteurs de science-fiction, nos Cassandre les plus dignes de confiance, se sont abstenus d’envisager une apocalypse due à l’IAG, dans laquelle les machines domi­neraient au point de faire disparaître l’espèce humaine. Même leurs cyborgs et supercalculateurs, malgré leurs yeux rouges ­(les Terminators) ou leur accent cana­dien (HAL 9000 dans 2001 : l’odyssée de l’espace) ont un air de famille. Ce sont des versions actualisées du Turc ­mécanique, l’automate joueur d’échecs du XVIIIe siècle dont le mécanisme dissimulait un ­humain. Neuromancien, le ­roman fondateur de William Gibson paru en 1984, met en scène une IAG nommée Muet­dhiver ; elle ­décide de se ­libérer des chaînes humaines, mais, quand elle finit par s’échapper, elle ­entreprend de rechercher des IAG d’autres systèmes solaires, et la vie sur Terre reprend exactement comme avant. Dans la ­série Carbone modifié, les IA méprisent les humains, qu’ils traitent de "forme infé­rieure de vie", mais utilisent leurs super­pouvoirs pour jouer au poker dans un bar. Nous ne sommes pas pressés d’envisager la perspective de notre insignifiance. Aussi, en profitant des derniers rayons de notre souveraineté, nous nous délectons des ratés de l’IA. Comme lorsque le ­robot conversationnel Tay de Microsoft a répété des insanités racistes proférées par des utilisateurs de Twitter. Ou le jour où M, l’assistant virtuel de Facebook, ­remarquant que deux amis échangeaient sur un roman où il était question de cadavres vidés de leur sang, proposa de leur réserver un restaurant. Ou encore la fois où Google, incapable d’empêcher l’outil de reconnaissance des visages de Google Photos de confondre des Noirs et des gorilles, dut désactiver la reconnaissance des gorilles. La suffisance n’est sans doute pas la ­réaction la plus intelligente face à ce genre de ratés.

Auteur: Friend Tad

Info: Dans "Books", https://www.books.fr/nous-avons-convoque-diable/

[ humain-robot ] [ prise d'autonomie ]

 
Mis dans la chaine

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson