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psychologie analytique

J’ai une grande admiration pour Jung, pour le penseur et pour l’homme qu’il était. Je l’ai rencontré en août 1950 aux Conférences Eranos d’Ascona. Après une demi-heure de conversation, j’avais l’impression d’écouter un sage chinois ou un vieux paysan de l’Europe orientale, encore enraciné dans la Terre-Mère et cependant tout proche du Ciel. J’étais fasciné par l’admirable simplicité de sa présence, par la spontanéité, l’érudition et l’humour de sa conversation. Il avait, à l’époque, soixante-quinze ans. Je l’ai revu ensuite presque tous les ans, à Ascona ou à Zurich ; la dernière fois, un an avant sa mort, en 1960. Et à chaque rencontre j’étais profondément impressionné par la plénitude, et je dirais la "sagesse" de sa vie.

Son œuvre, il m’est difficile de la juger. Je ne l’ai pas lue entièrement et je n’ai pas l’expérience de la psychanalyse, freudienne ou jungienne. Jung s’intéressait au yoga et au chamanisme. L’intérêt pour l’alchimie est un autre de nos points communs. Vous savez que j’étais encore au lycée quand je me suis intéressé à l’alchimie et je crois bien avoir écrit mon premier livre sur l’alchimie indienne avant que Jung ait publié quelque chose dans ce domaine, mais quand je l’ai rencontré il avait écrit Psychologie et Alchimie. Nos voies, en somme, sont parallèles. Pour Jung l’alchimie est une image, ou un modèle, de l’individuation. Je ne sais pas exactement ce que je dois à Jung, j’ai lu bon nombre de ses livres, et notamment Psychologie du transfert ; j’ai eu de longues conversations avec lui à Eranos. Il croyait en une sorte d’unité fondamentale de l’inconscient collectif, et moi je considère également qu’il y a une unité fondamentale des expériences religieuses.

Auteur: Eliade Mircea

Info: (Entretiens avec Claude-Henri Rocquet) – L’épreuve du labyrinthe (Belfond)

[ témoignage ] [ éloge ] [ consensualité ]

 
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progrès

Selon des traditions dignes de foi, ce serait au cours du XVIe siècle, période d’intense animation spirituelle, que l’homme, renonçant à violer les secrets de la nature comme il l’avait tenté jusqu’alors pendant vingt siècles de spéculation religieuse et philosophique, se contenta, d’une façon que l’on ne peut qualifier que de "superficielle", d’en explorer la surface. Le grand Galilée, par exemple, qui est toujours le premier cité à ce propos, renonçant à savoir pour quelle raison intrinsèque la Nature avait horreur du vide au point qu’elle obligeait un corps en mouvement de chute à traverser et remplir espace après espace jusqu’à ce qu’il atteignît enfin le sol, se contenta d’une constatation beaucoup plus banale : il établit simplement à quelle vitesse ce corps tombe, quelle trajectoire il remplit, quel temps il emploie pour la remplir et quelle accélération il subit. L’Eglise catholique a commis une grave faute en forçant cet homme à se rétracter sous peine de mort au lieu de le supprimer sans plus de cérémonies : c’est parce que lui et ses frères spirituels ont considéré les choses sous cet angle que sont nés plus tard (et bien peu de temps après si l’on adopte les mesures de l’histoire) les indicateurs de chemin de fer, les machines, la psychologie physiologique et la corruption morale de notre temps, toutes choses à quoi elle ne peut plus tenir tête. Sans doute est-ce par excès d’intelligence qu’elle a commis cette faute, car Galilée n’était pas seulement l’homme qui avait découvert la loi de la chute des corps et le mouvement de la terre, mais un inventeur à qui le Grand capital, comme on dirait aujourd’hui, s’intéressait ; de plus, il n’était pas le seul à son époque qu’eût envahi l’esprit nouveau. Au contraire, les chroniques nous apprennent que la sobriété d’esprit dont il était animé se propageait avec la violence d’une épidémie ; si choquant qu’il soit aujourd’hui de dire de quelqu’un qu’il est animé de sobriété, quand nous penserions plutôt en être saturés, le pas que l’homme fit à cette époque hors du sommeil métaphysique vers la froide observation des faits dut entraîner, si l’on en croit quantité de témoignages, une véritable ardeur, une véritable ivresse de sobriété. Si l’on se demande comment l’humanité a pu penser à se transformer ainsi, il faut répondre qu’elle a agi comme tous les enfants raisonnables quand ils ont essayé trop tôt de marcher ; elle s’est assise par terre, elle a touché la terre avec une partie du corps peu noble sans doute, mais sur laquelle on peut se reposer. L’étrange est que la terre se soit montrée si sensible à ce procédé et qu’elle se soit laissé arracher, depuis cette prise de contact, une telle foison de découvertes, de commodités et de connaissances qu’on en crierait presque au miracle. 

Auteur: Musil Robert

Info: Dans "L'homme sans qualités", tome 1, trad. Philippe Jaccottet, éditions du Seuil, 1957, pages 472-473

[ sciences ] [ matérialisme ] [ dénigrement ] [ décadence ]

 

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