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correspondances symboliques

[...] le rameau d’or qu’Énée, conduit par la Sibylle, va d’abord cueillir dans la forêt (cette même "selva selvaggia" où Dante situe aussi le début de son poème), c’est le rameau que portaient les initiés d’Éleusis, et que rappelle encore l’acacia de la Maçonnerie moderne, "gage de résurrection et d’immortalité". Mais il y a mieux, et le Christianisme même nous présente aussi un pareil symbolisme : dans la liturgie catholique, c’est par la fête des Rameaux que s’ouvre la semaine sainte, qui verra la mort du Christ et sa descente aux Enfers, puis sa résurrection, qui sera bientôt suivie de son ascension glorieuse ; et c’est précisément le lundi saint que commence le récit de Dante, comme pour indiquer que c’est en allant à la recherche du rameau mystérieux qu’il s’est égaré dans la forêt obscure où il va rencontrer Virgile ; et son voyage à travers les mondes durera jusqu’au dimanche de Pâques, c’est-à-dire jusqu’au jour de la résurrection.

Auteur: Guénon René

Info: Dans "L'Ésotérisme de Dante", éditions Gallimard, 1957, page 39

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

lecture

Et j’ai appris quelle merveille il y avait dans les mots. Que ces petits traits et ces petites marques sur une page pouvaient me faire pleurer, me mettre en colère ou me donner envie d’attraper Jem Mason pour l’embrasser et faire courir mes mains sur ses muscles durs. De simples marques sur une page sont capables de faire ça et des marques sur une page peuvent aussi vous faire sentir que votre esprit tout entier s’ouvre et explose en lumières célestes. M. Wordsworth disait qu’on naissait et qu’on était faits par Dieu, traînant des nuages de gloire, qu’on était au paradis à notre naissance mais qu’ensuite tout disparaissait. Dans ce poème, c’était un jeune homme plein de regrets et de tristesse. Comme tous les poètes dont j’ai lu les œuvres, alors je me demandais si on pouvait écrire un poème sans le rendre triste et beau comme eux le faisaient. Les poèmes, c’est de la tristesse et de la douceur dans les mêmes mots : c’est deux choses en une seule comme les fleurs et les épines.

Auteur: Kitson Mick

Info: Poids plume

[ poésie ] [ émotion ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

boulimie

Et ainsi je partis de là des figues dans les poches du pantalon et de la veste, des figues dans mes mains tendues, des figues dans la bouche. Maintenant je ne pouvais plus arrêter de manger, je devais essayer de me défendre autant que possible de la masse de fruits replets qui m’avait assailli. Mais ce n’était plus un repas, plutôt un bain, tellement l’arôme résineux pénétrait mes affaires, collait à mes mains, tellement il saturait l’air où je m’avançais en portant devant moi mon fardeau. Et puis arriva pour le goût le franchissement d’un col, lorsque satiété et dégoût, les derniers tournants, sont surmontés, et que s’ouvre la perspective d’un paysage gustatif insoupçonné : un torrent fade, ignorant les seuils, verdâtre, d’avidité, qui ne connaissait plus rien que le flot fibreux et filandreux de la chair du fruit ouvert, la métamorphose achevée de la jouissance en habitude, de l’habitude en vice. La haine de ces figues montait en moi, j’avais hâte de faire place nette, de me libérer, de liquider cette matière éclatante, gorgée, je mangeais pour l’anéantir.

Auteur: Benjamin Walter

Info: Dans "Manger" in Images de pensée, pages 134-135

[ attraction-répulsion ] [ combat ] [ destruction ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

cauchemar

Une brume d’un bleu pastel délicat stagne, accumulée au fond des vertigineuses tranchées qui s’ouvrent entre les parois verticales et parallèles des hautes façades, comme coupées au couteau dans une unique matière d’un brun noir. Elle enveloppe dans une transparence veloutée le flot docile des voitures semblable à quelque migration d’insectes. Précédées par les pinceaux de leurs phares, eux-mêmes veloutés, elles viennent s’accumuler aux croisements, s’immobilisent, repartent, s’égrènent, s’immobilisent de nouveau dans une sorte d’irréel silence, comme si le grondement qui s’élève de l’énorme ville, uniforme, étale pour ainsi dire, recouvrait ou plutôt absorbait indistinctement les millions de bruits confondus dans une unique et formidable rumeur, vaguement inquiétante, déchirée de loin en loin par le sporadique hululement de sirènes (police, ambulances, pompiers ?), croissant, s’exaspérant, strident, décroissant, mourant. Comme des cris de folles, d’oiseaux exotiques, ou les cornes de navires en perdition. Comme si la ville elle-même criait. Comme si, par intervalles, l’étincelant et orgueilleux amoncellement de cubes et de tours agonisait sans fin dans une sorte de diamantine apothéose, relançait de moment en moment vers le ciel opaque de longs signaux d’alarme, d’angoisse.

Auteur: Simon Claude

Info: Le jardin des plantes

[ irréalité ] [ léviathan ] [ sonorité ] [ trafic ] [ obscurité ]

 
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Ajouté à la BD par Plouin

philosophie antique

On englobe parfois Platon dans le rationalisme, ce qui est abusif, malgré l’allure en fait trop rationalisante de sa dialectique, ou sa manière de penser trop géométrique : mais ce qui chez Platon s’oppose de la façon la plus patente au rationalisme proprement dit, c’est sa doctrine de l’œil de l’âme. Cet œil, enseigne-t-il, est enseveli dans un marais, il doit donc en sortir et s’élever à la vision des choses réelles, à savoir les archétypes ; Platon sous-entend sans doute une régénération initiatique, car, dit-il, les yeux de l’âme ne sont pas assez forts chez l’homme ordinaire pour supporter la vision du divin ; c’est du reste cet arrière-plan mystérique qui peut fournir une explication du caractère quelque peu enjoué des dialogues platoniciens, car il semble bien s’agir là d’un exotérisme dialectique intentionnel destiné à adapter des connaissances sacrales à une publication devenue souhaitable à cette époque. Quoi qu’il en fût, toutes les spéculations de Platon ou de Socrate convergent sur une vision qui transcende la perception des apparences et qui s’ouvre sur l’essence des choses ; et celle-ci est l’"Idée", elle confère aux choses toute leur perfection, laquelle coïncide avec la beauté.

Auteur: Schuon Frithjof

Info: Dans "Logique et transcendance", éditions Sulliver, 2007, page 49

[ ésotérisme ] [ surplomb métaphysique ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

interprétation

La critique de Lacan est, à ce propos, très intéressante et aiguë : si l’on fait de la libido, entendue comme énergie, une substance, s’ouvre la porte à la mantique et à ses prêtres. L’homme connaît, au contraire, à l’intérieur de soi-même, des pulsions bien précises, puissance, faim, haine, sexualité, religion, etc. Aussi "religion", dit Jung. Et avec ce mot, il ouvre une possibilité de lecture de son œuvre que Lacan, saisi par d’autres aspects, n’a pas vue. Jung observe certains faits qui sont d’une grande importance, par exemple la forte ressemblance entre les symboles individuels et les symboles collectifs et mythologiques […]. Jung inclut ces observations à l’intérieur de sa conception du monde, mais il aurait pu aussi se limiter à soutenir que les images de but, les représentations-buts, ne sont pas seulement représentatives du Moi idéal ou de l’Idéal du Moi du sujet, mais qu’elles sont aussi inhérentes au développement génétiquement fixé de l’homme. […] Jung affirme ce que je viens de dire, mais il conduit son discours dans une dimension somme toute eschatologique qui pourrait être mise de côté en insistant plutôt sur l’idée que la tendance génétique vers des buts psychiques est à considérer comme une pulsion dont on pourrait commencer à apprendre à tenir compte.

Auteur: Maffei Giuseppe

Info: Dans "Les cahiers jungiens de psychanalyse", n°53, page 52

[ exégèse ] [ dialogue ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

rêverie

De hautes fougères flambent doucement, comme suspendues, portant leurs graines sous l’aile avant de les prodiguer autour d’elles. Les plantes s’élèvent-elles pour autre chose que ce don léger ? Ainsi voit-on des jeunes filles répandre le pollen de leurs regards. Mais le bois est désert. Je m’entends à peine avancer. Des pierres se sont éboulées parmi les aiguilles pourpres. Un ramier glisse du haut d’un arbre, descend obliquement, se pose : éventail de plumes grises qui s’ouvre sur le sol ; ou plutôt, morceau de silence détaché de l’espace. À moins que ce ne soit, sur mon cœur, un battement de paupières ? Que rien ne s’éloigne plus ! Les fougères, les roseaux tremblent.

Un grand serpent disparaît dans les hautes herbes jaunâtres.

Le silence pèse. Vais-je imaginer qu’une femme le dérange, qui approche entourée de ses cheveux, vais-je apprendre que ce sont des yeux qui ignorent le temps, et comment on marche quand on n’a ni regrets, ni désirs ? A-t-elle, pas plus liée par ses pieds au sol que la flamme à la bougie, le regard opaque (ou trop transparent) des bêtes ? Est-ce pourquoi elle aurait prêté l’oreille à l’une d’elles ? Le serpent nous répugne peut-être parce que nous savons son histoire. Elle, le voyait-elle seulement ? Ce n’était qu’un éclair paresseux ou une eau lente. Elle était encore prise dans le globe clos du jour : lequel de nos mots aurait-il eu un sens pour elle ? Sûrement pas danger, faute, mensonge…

Auteur: Jaccottet Philippe

Info: Paysages avec figures absentes

[ épiphanie ] [ Eurydice ] [ mirage ] [ nature ] [ femmes-par-homme ] [ question ]

 

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Ajouté à la BD par Plouin

beaux-arts

Dans l’exaltation de la beauté féminine, l’art hindou dépasse de loin l’art grec, dont l’idéal spirituel, progressivement réduit à un idéal purement humain, est le cosmos en tant qu’il s’oppose à l’indéfinité du chaos, et partant la beauté du corps mâle, avec ses proportions nettement articulées ; la beauté souple et indivise du corps féminin, sa richesse tour à tour simple et complexe, comme celle de la mer, échappe à l’art grec, du moins sur le plan intellectuel. L’hellénisme reste fermé à l’assentiment de l’Infini, qu’il confond avec l’indéfini ; ne concevant pas l’Infinité transcendante, il ne l’entrevoit non plus sur le plan "prakritique", c’est-à-dire comme océan inépuisable des formes. Ce n’est d’ailleurs qu’à l’époque de la décadence que l’art grec s’ouvre à la beauté "irrationnelle" du corps féminin, qui l’éloignera de son éthos. Dans l’art hindou, par contre, le corps féminin apparaît comme une manifestation spontanée et innocente du rythme universel, comme une vague de l’océan primordial ou une fleur de l’arbre du monde.

Quelque chose de cette beauté innocente enveloppe aussi les images de l’union sexuelle (maïthuna), qui ornent les temples hindous. Dans leur signification la plus profonde, elles expriment l’état d’union spirituelle, la fusion du sujet et de l’objet, de l’intérieur et de l’extérieur dans le samadhi. En même temps, elles symbolisent le complémentarisme des pôles cosmiques, de l’actif et du passif, l’aspect passionnel et équivoque de ces images s’effacent ainsi dans une vision universelle.

Auteur: Burckhardt Titus

Info: Principes et méthodes de l'art sacré, pp. 56-57

[ orient-occident ] [ dualité ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

théorie des discours

Dans les discours, la place de la vérité qui anime le discours, en étant son origine, est exclue du circuit d’échange intersubjectif, elle ne peut être que mi-dite. La production ne fait jamais retour sur la vérité subjective ou, pour le dire en d’autres termes, la jouissance ne peut jamais être complète. L’insatisfaction subjective est de structure. Dans ce dispositif, deux solutions s’ouvrent au sujet pour tenter de résoudre cette impasse de satisfaction. Il peut se plaindre à l’Autre de ce "monde si mal fait" qui empêche la jouissance, c’est ce que l’on retrouve dans toutes les sociétés régies par une incarnation totale de l’Autre, les sociétés déistes ou royales qui ont constitué l’âge ancien et l’âge classique. Il peut aussi tenter de remédier à l’impasse par la construction d’un savoir qui serait censé apporter la solution, c’est ce que propose la croyance en la science et en son progrès, c’est le moteur de l’âge moderne.

Les discours construisent l’inadéquation du sujet à son objet de jouissance, l’objet (a), l’unique trouvaille de Lacan ainsi qu’il l’affirmait. Ce qui meut alors le sujet, c’est la dimension du fantasme [...]. La castration ne veut pas dire autre chose. Il n’y a pas de souverain-bien qui comblerait le sujet. [...]

Il en va tout autrement dans les parlottes. Dans ce cadre l’objet conjoint au sujet et il y a croyance en une complétude possible par l’objet. La coupure inscrite au cœur du fantasme disparaît.

Auteur: Lesourd Serge

Info: Dans "Comment taire le sujet ?", éditions Érès, 2010, pages 166-167

[ différences ] [ psychanalyse ] [ post-modernité ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

souffrance

[...] dans l’organisation de la moelle épinière on trouve des neurones et des axones de la douleur au même niveau, à la même place, à certains étages qui est celle où, à d’autres étages, certains neurones, certains axones, liés essentiellement à la motricité tonique, se rencontrent.

Aussi bien, la douleur ne doit-elle pas être purement et simplement prise dans le registre des réactions sensorielles. Je dirai que ce que nous ont montré les incidences physiologiques, ce que la chirurgie de la douleur nous montre, c’est qu’il n’y a pas là quelque chose de simple qui puisse être considéré simplement comme une qualité de la réaction sensorielle, et que le caractère complexe - si l’on peut dire - intermédiaire entre l’afférent et l’efférent de la douleur, est quelque chose qui nous est suggéré par les résultats - il faut bien le dire - surprenants de telle ou telle section qui permet la conservation de la notion de douleur dans certaines affections internes - spécialement dans les affections cancéreuses - avec en même temps, la suppression, la levée, si l’on peut dire, d’une certaine qualité subjective qui en fait à proprement parler le caractère insupportable.

Bref, aussi bien ceci - qui est encore de l’ordre d’une exploration physiologique moderne qui ne nous permet pas encore de bien pleinement les articuler - ceci n’est que quelque chose où je vous prie de voir la suggestion que peut-être nous devons concevoir la douleur comme quelque chose qui dans l’ordre d’existence, est peut-être comme un champ qui s’ouvre, précisément, à la limite où il n’y a pas la possibilité pour l’être de se mouvoir.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre VII", L'éthique, 16 décembre 1959

[ excès ] [ inadéquation matérielle ] [ définie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson