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floraison

Avant que la fleur de coquelicot s’ouvre, son calice est dur et bombé comme la coque verte d’une amande. Un jour, la coque éclate en deux morceaux qui tombent sur le sol. Il a suffi, pour la briser, d’une petite boule de mousseline chiffonnée, serrée dur comme un poing. Alors les fines membranes se déplissent, le rose à peine teinté vire au rouge le plus vif qui existe dans la nature. On dirait que la force qui fait éclater le calice, c’est le désir acharné de ce rouge de se rendre visible, d’exister.

Auteur: Berger John

Info: Joue-moi quelque chose

[ éclosion ] [ explosion ]

 

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autoportrait

Je lève les yeux vers le miroir. Le visage qui se trouve face à moi n'est pas le mien. Mes cheveux n'ont aucun volume et sont bien plus courts que la coupe que j'ai d'habitude ; la peau des joues et du cou est flasque, les lèvres sont minces, les coins de la bouche tombent. De ma gorge serrée sort un halètement inarticulé qui deviendrait un cri d'effroi si je ne le réprimais pas, puis je remarque les yeux. Ils sont entourés de rides, oui mais, malgré tout le reste, je vois bien que ce sont les miens.

Auteur: Watson Steve J.

Info: Avant d'aller dormir

[ méconnaissable ] [ self-description ]

 
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femmes-hommes

Un vrai homme, ce n'est pas un musculeux du genre " sois beau et tais-toi ". Ce qui exclut d'emblée certains sportifs, Tarzan et surtout les membres des boys bands. Seules les femmes au-dessous de 20 ans sont folles de ces corps parfaitement lisses de ces éphèbes chantants. Agréables à l'oeil mais comme un Picasso sans signature : aucune authenticité. Un vrai homme, ce n'est pas non plus l'opposé, un Leonardo DiCaprio (désolée pour les fans qui vont m'étriper !). Aussi mignon qu'il soit, on a davantage envie de le materner que d'être serrée dans ses bras peu virils.

Auteur: Jhaveri Cynthia

Info: TV Guide n°15

[ hommes-par-femmes ] [ vrai ]

 

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personnage

Le plus simple, commencer par... le commencement !
A le voir, M. Holmes était un homme entre deux âges, court et gros, avec des cheveux tirant sur le roux qui commençaient tout juste à se clairsemer sur le sommet du crâne. Il avait des lèvres serrées de pasteur minaudier, un long nez astucieux et pointu, légèrement crochu. Son regard était froid, amical et rusé. Lorsqu'il avait fait une plaisanterie heureuse, que toute la classe était entrain de rire, il joignait les mains derrière le dos, sous sa robe professorale, et, avec afféterie, baissait le nez vers ses petites chaussures jaunes bien cirées.

Auteur: Isherwood Christopher

Info: Le lion et son ombre

[ visage ]

 

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averse

La pluie, fraîche et odorante se faisait plus serrée, redoublait son crépitement derrière la porte ouverte sur la terrasse ; dans la maison assombrie, tout le monde était allé dormir après le déjeuner, et Dieu comme ils avaient eu peur quand ce coq noir, aux reflets verts métalliques, à l'immense couronne flamboyante, avait lui aussi fait irruption du jardin, faisant cliqueter ses ergots sur le plancher, juste à la seconde brûlante où ils avaient abandonné toute prudence. Quand il les avait vu bondir du divan, il s'était penché et s'en était retourné sous la pluie, à toute allure, comme par délicatesse, la queue baissée, étincelante...

Auteur: Bounine Ivan Alex

Info: Les Allées sombres, Roussia, p.73

[ trombe ]

 

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saison

Un ciel bleu, sec et froid, dur comme un diamant, tintant comme une cloche immense, allègre et joyeux comme un petit caillou, net, limpide, frais, eau glaciale sans une ride, infini, semblable à un aigle planant au-dessus de Paris, dardant sa froide précision céleste sur les maisons, bleuissant les toits, rosissant les murs, enveloppant chaque chose dans sa gaine inflexible. Voilà le temps que j'aime. Un temps dur et tendre à la fois, infaillible. Les gens dans la rue ont le visage rose, le nez pincé par le froid, les lèvres serrées et pâlies, les traits un peu figés mais resplendissants de bien-être. C'est un temps qui sait ce qu'il veut. Mon bel hiver !

Auteur: Huguenin Jean-René

Info: Journal

[ littérature ]

 
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parents

Je remarquai de bonne heure que mon père évitait comme le feu le contact de ma mère. Pis encore, il évitait sa vue et, quand il lui parlait, il regardait en général de côté ou s'examinait les ongles. Rien de plus triste en son genre que ce regard obstinément baissé. Parfois, cependant, il la regardait en biais, avec les marques d'un dégoût sans bornes. [...] Et comment dans ces conditions expliquer mon existence? Comment étais-je venu au monde? Je pense qu'on m'avait conçu dans une sorte de contrainte, les dents serrées, en faisant violence à l'instinct - autrement dit, je suppose que mon père a lutté un certain temps contre son dégoût au nom du devoir conjugal (il plaçait plus haut que tout son honneur viril) et qu'un bébé, moi, a été le fruit de cet héroïsme.

Auteur: Gombrowicz Witold

Info: Bakakaï

[ jugement ] [ reproduction ] [ enfant ]

 

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femmes-par-homme

j’ai vu des femmes sans beauté devenir presque jolies, du moins radieuses, au début de leur amour, fut-il désespéré, encore que le bonheur leur prêtât quelque chose de stupide, et que l’espèce de beauté qu’on peut leur trouver à ce moment ressemblât surtout à la paix rayonnante que donne au visage la satisfaction sexuelle qui délivre le visage de toute tension ou angoisse, et fait qu’on peut, à la terrasse d’un café, s’amuser à repérer dans la rue les femmes qui sortent des bras de leur amant, à la fin de l’après-midi, avec, pour quelques-uns, serrée dans leur ventre, comme le témoignage de leur amour, la semence de l’amant, certaines m’ayant dit n’éprouver pas de plus grand délice que de la sentir couler d’elles, peu à peu, dans la rue, au moment où elles sentent sur elles tant de regards inconnus.

Auteur: Millet Richard

Info: Le goût des femmes laides

[ pensée-de-femme ] [ coquilles pleines ] [ ensemencées ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

femme-par-homme

Maintenant qu’il était seul, il se la remémorait, serrée dans sa robe noire, sous son manteau de fourrures dont le collet tiède l’avait caressé, alors qu’il l’embrassait le long du cou ; sans bijoux, mais les oreilles piquées de flammèches bleues par des saphirs, un chapeau loutre et vert sombre sur ses cheveux blonds, un peu fous, ses hauts gants de suède fauves, embaumant ainsi que sa voilette, une odeur bizarre où il semblait rester un peu de cannelle perdue dans des parfums plus forts, une odeur lointaine et douce que ses mains gardaient encore alors qu’il les approchait du nez ; et il revoyait ses yeux confus, leur eau grise et sourde subitement égratignée de lueurs, ses dents mouillées et grignotantes, sa bouche maladive et mordue. - Oh ! Après demain, se dit-il, ce sera vraiment bon de baiser tout cela !

Auteur: Huysmans Joris-Karl

Info: Là-bas

[ personnage ] [ désirée ] [ envoûtante ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

dernières paroles

Pour mon Daddy, avec tout ce que cela aura peut-être de dur, de cruel, selon les circonstances. J'espère seulement qu'il comprendra que "tout" vient de moi, que je l'ai voulu et que peut-être, enfin, je cesse de me torturer moi-même.... ...j'ai osé dire je t'aime! (c'est ça?...) Take care of yourself, for me, for all what I was not able to be - (By my own fault). Ta petite? fille! Tu sais... La chose la plus extraordinaire aura été d'avoir un "Daddy" puis un "Dad", d'avoir aimé "l'homme", de loin comme une amante, d'avoir lu presque tout du "Simenon", la gorge serrée, d'avoir enfin englobé "l'être humain" tout entier, du petit garçon à aujourd'hui, au fil des pages et de mes propres souvenirs... Un "Monsieur", aussi, magnifique dans son costume de soie et qui m'enlève dans ses bras, porté par la musique... Une tendresse que jamais je n'aurai retrouvée. Marie-Jo

Auteur: Simenon Marie-Jo

Info:

[ suicide ]

 

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