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monisme

L’amour se suffit à lui-même, il plaît par lui-même et pour lui-même. Il est à lui-même son mérite, à lui-même sa récompense. L’amour ne cherche hors de lui-même ni sa raison d’être ni son fruit. Son fruit, c’est l’amour même. J’aime parce que j’aime, j’aime pour aimer ! Quelle grande chose que l’amour, si du moins il remonte à Dieu, son principe, s’il retourne à son origine, s’il reflue vers sa source, pour y puiser toujours son jaillissement. De tous les mouvements de l’âme, de ses sentiments, de ses affections, seul l’amour permet à la créature de répondre à son Créateur, non pas certes d’égal à égal, mais tout de même dans une réciprocité de ressemblance. [...] Car dans son amour, Dieu ne veut rien d’autre que d’être aimé. Il n’aime que pour qu’on l’aime. Car il le sait : ceux qui l’aiment trouvent précisément dans cet amour la plénitude de la joie. Oui, quelle grande chose que l’amour !

Auteur: Clairvaux Bernard de

Info: Sermon sur le Cantique des Cantiques

[ infini ] [ divin ] [ dévotion ]

 
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anima

Déjà il jouissait seul de sa pensée
ce miroir heureux, et moi je goûtais
la mienne, en mêlant la douceur à l’amertume ;

et la dame qui m’amenait à Dieu
dit : “Change de pensée ; pense que je suis
auprès de Celui qui allège tous les torts.”

Je me tournai vers le son amoureux
de mon réconfort : et l’amour que je vis
alors dans les yeux saints, je renonce à le dire ;

non que je me défie de ma parole,
mais parce que la mémoire ne peut se retourner
aussi loin sur elle-même, si autrui ne la guide.

De cet instant je peux seulement redire
que, la contemplant, mon affection
fut libérée de tout autre désir,

tant que le plaisir éternel, qui rayonnait
directement en Béatrice, me contentait
par le reflet venu du beau visage.

En me vainquant par la lumière d’un sourire,
elle me dit : “Tourne-toi et écoute ;
le paradis n’est pas tout dans mes yeux.”

Auteur: Dante Alighieri

Info: La Divine Comédie, "Paradis", chant XVIII (trad. Jacqueline Risset)

[ absoluité ] [ couple ]

 

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répétition

Le théâtre de Shakespeare n’est pas seulement un roman, c’est un yoga. Le pratiquer, c’est se délivrer de ses passions en les transfigurant par la compassion universelle. Mais pour cela il faut sans cesse repasser par les mêmes scènes, les mêmes systèmes de relation entre personnages, les mêmes figures de l’amour et de la jalousie, les mêmes relations de colère et de passion. Comme dans un labyrinthe dont on va finir par trouver la sortie, il faut revivre les mêmes scènes en y croyant toujours un peu moins, en les voyant toujours d’un peu plus loin, en étant à la fois "dedans" et "dehors", impliqué et détaché. Le théâtre de Shakespeare est un yoga en tant qu’il produit une métempsychose permanente des affects qui l’ont précédé, en tant qu’il fait passer les relations des personnages d’une pièce précédente dans une pièce nouvelle, et en tant que cette pièce nouvelle sera un nouveau tour de cercle, une nouvelle spire dans la spirale du récit originel.

Auteur: Thiellement Pacôme

Info: Dans "Sycomore sickamour", page 113

[ distanciation ]

 

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fantasme

On considère généralement l’amour comme une passion, et même la plus exemplaire de toutes. Or, au risque de passer une fois de plus pour quelqu’un que démange le goût du paradoxe, je pense que cette vue est fausse, pour plusieurs raisons dont la principale – et la seule dont je parlerai ici – me semble être que les passions se définissent toujours par la poursuite éperdue d’un objet absent ou irréel, alors que l’amour est toujours, du moins sous sa forme la plus courante, l’amour de quelque chose et, le plus souvent, de quelque personne. Sans doute arrive-t-il que l’amour trébuche par perte de l’objet aimé et donne alors, lorsqu’il persiste et dure, dans des comportements égarés dont on peut justement dire qu’ils sont passionnels. Mais précisément, c’est quand l’objet d’amour vient à manquer, quand l’amour ne peut plus appréhender ce dont il déclarait auparavant faire pitance, bref quand l’objet aimé en vient à perdre, aux yeux de l’amoureux, toute réalité tangible, que se déclare un amour fou et passionnel.

Auteur: Rosset Clément

Info: "Le régime des passions" in L'école du réel, page 355

[ désir ]

 

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inquiétude diffuse

Mais que veille-t-elle, cette âme inquiète pour ne pas pouvoir s’abandonner au repos ? Quel désir au-delà du désir se rappelle ainsi à elle ? Soudain vous êtes éveillés en pleine nuit, pour rien. Pas envie de lire ni de faire l’amour, et plus vous cherchez la manne réparatrice du sommeil, plus elle semble se détacher de vous. Vous avez peur comme des écoliers d’être épuisés demain alors que vous êtes seulement dans la fatigue de vivre. Peu d’insomnies en temps de guerre ou dans les affres de la passion (des nuits blanches, oui), ni dans l’extrême tristesse d’un deuil ou d’une épreuve, non l’insomnie appartient plutôt à l’entre-vie, ces moments où l’on n’habite pas sa propre existence sans pouvoir pour autant se déprendre du "souci de soi". Est-ce le souvenir d’une terreur ancienne ? Là, seul dans la nuit, je retrouve ce face-à-face dont tout, dans la vie quotidienne, me détourne. […] L’insomnie est faite de cette solitude : c’est notre veille d’être vivant, loin de ces loyautés multiples auxquelles nous obéissons depuis l’enfance.

Auteur: Dufourmantelle Anne

Info: Dans "En cas d'amour", pages 151-152

[ lucidité ] [ autres règles ] [ explication ]

 

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dieu incarné

Les religions préchrétiennes restent au niveau de la "sagesse" ; en mettant l’accent sur l’insuffisance de tout objet fini et temporel, elles prêchent soit la modération dans les plaisirs (il faut éviter tout attachement excessif aux objets finis, puisque le plaisir est éphémère), soit le retrait de la réalité temporelle au profit du Vrai Objet Divin qui seul procure la félicité. Le Christianisme, en revanche, a fait du Christ un individu mortel et temporel : la croyance en l’Événement temporel de l’Incarnation est la seule manière d’atteindre la vérité et le salut éternels. En ce sens-là, le Christianisme est une "religion de l’amour" : en amour, l'objet fini et temporel "vaut plus que tout". Le même paradoxe est également à l’œuvre dans l’idée spécifiquement chrétienne de conversion et de rémission des péchés : la Conversion est un événement temporel qui change l’éternité. [...] Voilà donc la "bonne nouvelle" du Christianisme : la conversion authentique permet à chacun de se "re-créer" soi-même, c’est-à-dire de répéter cet acte et donc de changer (les effets) de l’éternité elle-même.

Auteur: Zizek Slavoj

Info: Dans "Fragile absolu", éditions Flammarion, 2010, page 141

[ radicalité ]

 
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attachement

Par le don consenti, je romps les liens de la sujétion. C’est pourquoi je dois rester fidèle à l’amour et, en me donnant à lui librement, je subirai le déchirement et par là je deviendrai l’enfant de la grande Mère, j’accéderai à ma nature stellaire, à la libération de la sujétion aux êtres et aux choses. Si je suis lié aux êtres et aux choses, ma vie ne peut pas progresser vers ses destinations, et moi-même je ne puis accéder à ma nature propre, la plus profonde. […] Tant que je ne consens pas librement au déchirement, des parties de mon Soi restent secrètement auprès des êtres et des choses et me lient à eux et elles, et je suis donc contraint, que je le veuille ou non, d’avoir part à leur sort, d’être mêlé et lié à eux et elles. Seule la fidélité à l’amour et le don librement consenti de soi à l’amour peuvent rompre cette sujétion et cette confusion et ramener à moi ces parties de mon Soi qui demeuraient secrètement auprès des êtres et des choses. 

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans le "Livre Rouge", trad. Béatrice Dunner, La Compagnie du Livre rouge, Paris, 2012, pages 602-603

[ dépassement ] [ idéalisme ] [ individualisme ] [ développement personnel ] [ new age ]

 

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révélateur

Positano guérit de tout, vous ouvre l’esprit sur les douleurs passées, vous éclaire sur les présentes, et vous préserve souvent de tomber dans l’erreur. C’est curieux, mais parfois j’ai l’impression que cette conque protégée à l’arrière par les bastions des montagnes oblige, comme un " miroir de vérité ", à se regarder bien en face, avec devant soi cette grande mer presque toujours limpide et calme, qui, elle aussi, pousse à la révision de ce que nous sommes. C’est pour ça que les couples de vingt ans arrivent là en croyant être heureux et en quelques semaines se séparent, ou qu’au contraire des gens restés seuls depuis des années et des années trouvent ici un compagnon. Des hommes persuadés d’être des mâles à cent pour cent se découvrent amoureux d’un garçon. Oui, pour les problèmes moraux c’est la même chose, ici, on ne peut échapper à l’impulsion de la vérité. Lorenzo appelle Positano le tombeau de l’amour et il a raison, mais bien souvent la vérité ne peut éclore qu’en passant à travers la mort absolue de ce que l’on était auparavant, ou croyait être.

Auteur: Sapienza Goliarda

Info: Rendez-vous à Positano

[ identité ]

 

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anti-prédétermination

Mythe stupide et vénéneux de l’âme sœur créée spécialement pour chacun de nous et qu’il suffit de rencontrer pour réaliser sur terre le paradis de l’amour. Certes, un minimum d’harmonie préétablie est indispensable à l’éclosion d’un grand amour, mais ce minimum de consonance entre les âmes, des centaines de femmes le réalisent a priori à l’égard de chaque homme et des centaines d’hommes à l’égard de chaque femme. Il faut toute la candeur de la jeunesse, toute son ignorance de la vie pour méconnaître cette vérité. Et il faut aussi beaucoup d’orgueil : il faut se croire unique et solitaire comme un dieu que seul un autre dieu, également unique et solitaire, peut comprendre et peut combler. [...]

En réalité, l’harmonie unique et irremplaçable entre deux âmes n’est, à l’heure de la rencontre, qu’une ébauche indéterminée au sein d’une gangue d’illusion. C’est de la communion quotidienne, des joies, des douleurs, des efforts et des sacrifices partagés, qu’elle tire ensuite sa forme précise et immuable. "L’âme sœur", "la moitié de nous-même", n’est pas donnée a priori, mais a posteriori : c’est notre amour et notre fidélité qui la créent.

Auteur: Thibon Gustave

Info: "Ce que Dieu a uni", libraire Arthème Fayard, 1962, pages 180-181

[ travail de volonté ]

 

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habitudes

La routine est le seul style de vie à ma portée. Par routine, j’entends un petit répertoire d’activités tranquilles, les unes agréables les autres obligatoires. Le secret, pour leur conférer l’apparence du bonheur, est de rendre les contraintes plaisantes et d’éviter que les plaisirs ne deviennent contraignants — car si on a tout à gagner à joindre le plaisir aux premières, on perd beaucoup à mettre de l’obligation dans les seconds. En somme, la routine à laquelle je me plie ressemble à cette sagesse petite-bourgeoise prônée par Montaigne visant une existence "sans miracle ni extravagance". Rien n’égale en charme, à mes yeux, le train paisible de l’amour, de l’écriture, de la lecture et autres agréments, auquel je me laisse aller sans réserve ni vergogne. — Mais alors, me dira-t-on, que faites-vous de l’aventure ? De la lutte ? Hélas ! L’une demande une curiosité et l’autre une vitalité que je n’ai pas. Les chasseurs de nouveaux horizons me rasent. Les rebelles me lassent. La vraie vie est ailleurs ? Qu’ils y aillent. Mon utopie est ici, entre la plage, ma chambre, ma bibliothèque. Et c’est un territoire que je défendrai manu militari.

Auteur: Schiffter Frédéric

Info: Journées perdues

[ éloge ] [ familiarité des jours ] [ simplicité ]

 

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