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commérage

La calomnie ! Monsieur, vous ne savez guère ce que vous dédaignez ; j'ai vu les plus honnêtes gens près d'en être accablés ; croyez qu'il n'y a pas de plate méchanceté, pas d'horreurs, pas de conte absurde qu'on ne fasse adopter aux oisifs d'une grande ville, en s'y prenant bien.... D'abord un bruit léger, rasant le sol comme une hirondelle avant l'orage.... telle bouche le recueille, et, piano, piano, vous le glisse en l'oreille adroitement ; le mal est fait : il germe, il rampe, il chemine, et, rinforzando, de bouche en bouche, il va le diable ; puis tout à coup, ne sais comment, vous voyez la calomnie se dresser, siffler, s'enfler, grandir à vue d'oeil ; elle s'élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription

Auteur: Beaumarchais Pierre Augustin Caron de

Info: Barbier de Sév. II, 8

[ rumeurs ] [ malveillance ]

 

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contrastes

Ce qui me stupéfie le plus chez les gens, c’est leur sens de la stabilité, comme si c’était une qualité particulière, l’autosatisfaction fomentée par les habitudes, les goûts, les réactions. Le temps aussi, pour moi, n’est pas linéaire, mais fait de trous, de ravaudages, de cratères. Un peu comme le temps au moment des bombardements. On entend d’abord la bombe s’approcher, siffler, de plus en plus fort, à tout moment la bombe va tomber et exploser, mais tu ne sais pas exactement – et ce n’est qu’une dizaine de secondes – ni si elle va tomber sur toi ou à côté. Ensuite, on entend l’explosion et tu comprends que tu es encore intact, cette fois encore, tu n’as pas été touché. Une dizaine de secondes qui te séparent de la mort. Ensuite, tu replonges dans la vie et le temps recouvre sa durée habituelle. Voilà, c’est ce que je voulais dire en parlant de trou, ravaudage, cratère.

Auteur: Dimova Teodora

Info: Les dévastés

[ quête homéostatique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

exploiter

Et il trouva juste avant de s’endormir : par un effort de volonté surhumain, pour sauver sa peau et sa santé mentale, il devait se convaincre qu’il avait besoin de son acouphène pour vivre. Sans lui sa vie était impensable. Il s’en ennuierait, s’il arrivait à disparaître. Ce sifflement de bouilloire qui l’accompagnerait partout lui était désormais indispensable, il l’aiderait à se concentrer, la perte de l'ouïe elle-même ferait écran contre les sons qui l’agressaient. Il devait apprendre à s’en servir pour se débarrasser des fâcheux et des indésirables.
Oui, c’était cela, avant la maudite patience, avant la pierre philosophale, avant le creuset et la transmutation du plomb en or, avant Nicolas Flamel, Simon devait se convaincre que son acouphène faisait maintenant partie intégrante de son être et que, même .. oui, il l’aimait.
Mais c’était peut-être ça, la patience après tout.
Simon se tourna sur le côté droit et, pour la première fois, fit face à son problème plutôt que de s’y laisser submerger.

Auteur: Tremblay Michel

Info: L'Homme qui entendait siffler une bouilloire

[ souffrance ] [ inversion ]

 

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adultes résignés

Il y a aussi deux ou trois jeunes dans la boîte, des jeunes un peu moins jeunes que moi. On se ressemble pas. Ils ont pas l'air en forme non plus. Trop de cul posé, de docilité intégrée depuis la première école. Sur les rails de la vie ils roulent le chemin tracé, et laissent poliment les flaques de paternalisme des bides en surplomb leur mouiller les oreilles de ce qu'il faudrait savoir du monde. Et tout ça tombe de bouches pleines du lard rance des années passées à attendre d'être assez vieux pour justifier leur dégaine de gros sac et se dire que ça y est, à leur âge on va la fermer en face d'eux et les écouter parler, parce que c'est comme ça qu'ici tout fonctionne. Trente ans de carrière pour parader devant un résidu de jeunesse, des puits de science creusés dans l'eau, rien sous la couche, juste le vent qui fait siffler les bords du trou et clapoter mes oreilles.

Auteur: Johannin Simon

Info: Nino dans la nuit, pp 89-90, Allia, 2019

[ conservateurs fatalistes ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

science-fiction

Cette vision, indiscutable pour lui, antérieure même à toute raison, était que la littérature, comme tout art authentique, ne pouvait être que puissance de vie. Donc que le Livre, s'il existait, ne pouvait qu'incarner, avec la plus féroce intensité, la vie - et plus profondément qu'incarner, mot presque statique, la faire fulgurer, siffler, se découdre comme une peau, pour libérer, par éclat - par écart et petit bond, salto, vague haute déferlée, rouleau ou ressac - une coulée de sang pur, d'un rouge d'encre longue, que rien ne pouvait faire sécher, ni vent ni temps, ni le soleil au zénith. Rien, puisque le rythme capturé-relancé à chaque lecture, à chaque attaque de glotte placée au premier mot du premier vers, redéfroissait la totalité de la surface physique du son, lâchait au souffle toute la violence articulatoire des phonèmes briquetés et découplait, sur la page, la masse d'abord compacte des lettres aboutées, pour lui déplier à mesure, comme on offre à un enfant une plage, l'espace où s'architecture l'épars.

Auteur: Damasio Alain

Info: El Levir

[ écriture ] [ charnelle ] [ interprétée ]

 

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motivation

Cela fait sans doute longtemps que j'ai envie de réaliser un tel film. Une colère terrible en est à l'origine. Je peux toucher du doigt le moment exact. Il était 9 heures du soir, le 4 avril 1968. Vous connaissez sans doute cette chanson du groupe U2, In The Name of Love [Michael Moore se met à en fredonner quelques paroles - ndlr]. C'était un jeudi saint. Nous étions à la messe en famille. A la fin de l'office, comme à chaque fois, les pères étaient déjà sortis pour allumer les moteurs des voitures garées en face et écouter la radio. Et, brusquement, celles-ci interrompent leurs programmes pour diffuser un bulletin spécial: "Martin Luther King a été tué à Memphis." Et un de ces hommes de reprendre l'information et la crier vers l'assemblée qui quittait l'église: "Martin Luther King a été tué!" Et alors, tous, sur le perron, autour de moi, ils se mettent à siffler, à applaudir, de joie. J'avais treize ans. Voilà précisément où commence mon film.

Auteur: Moore Michael

Info: à propos de son film Bowling for Columbine, L'Humanité 9 octobre 2002

 

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propos de comptoir

- Avez-vous un sandwich au fromage ?

- Oui, monsieur.

Prendrais volontiers quelques olives, s'il y en avait. Préfère celles d'Italie. Bon verre de Bourgogne ; enlève ça. Lubrifie. Une brave salade fraîche comme l'innocence. Tom Kernan sait la faire. La relève comme il faut. Huile d'olive pure. Milly m'avait servi cette côtelette avec un brin de persil. Prendre un oignon d'Espagne. Dieu a fait l'aliment, le diable l'assaisonnement. Crabe à la diable.

- Femme va bien ?

- Très bien, merci... Alors un sandwich au fromage. En avez-vous au gorgonzola ?

- Oui, monsieur.

Blair Flynn expédiait son grog à petits coups.

- Chante-t-elle ces temps-ci ?

Sa bouche est à voir. Pourrait arriver à siffler dans sa propre oreille. Oreilles décollées pour faire pendant. Musique. Aussi calé là-dessus que l'épicier du coin. Tout de même il vaut mieux lui dire. Pas d'inconvénient. Annonce gratuite.

- Elle est engagée pour une grande tournée à la fin de ce mois. Vous en avez peut-être entendu parler.

Auteur: Joyce James

Info: in "Ulysse", éd. folio-poche, p. 250-251 - trad. Auguste Morel

[ cuisine ] [ monologue intérieur ] [ théologie ] [ art lyrique ] [ dialogue ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

anecdote

Le jour de la proclamation faite, par le premier consul, de la loi des cultes, il se leva de bonne heure, et fit entrer le service pour faire sa toilette. Pendant qu'on l'habillait, je vis entrer dans sa chambre M. Joseph Bonaparte avec le consul Cambacérès.



- Eh bien ! dit à celui-ci le premier consul, nous allons à la messe ; que pense-t-on de cela dans Paris ?



- Beaucoup de gens, répondit M. Cambacérès, se proposent d'aller à la première représentation et de siffler la pièce, s'ils ne la trouvent pas amusante. 



- Si quelqu'un s'avise de siffler, je le fais mettre à la porte par les grenadiers de la garde consulaire.



- Mais si les grenadiers se mettent à siffler comme les autres ?



- Pour cela, je ne le crains pas. Mes vieilles moustaches iront ici à Notre-Dame, tout comme au Caire ils allaient à la mosquée. Ils me regarderont faire, et en voyant leur général se tenir grave et décent, ils feront comme lui, en se disant : C'est la consigne.

Auteur: Wairy Louis-Constant

Info: In "Mémoires intimes de Napoléon Ier par Constant son valet de chambre", éd. Mercure de France, t.1, p. 149

[ histoire ] [ religion ] [ oecuménisme ] [ mimétisme ] [ obéissance ] [ chef ] [ modèle ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

jazz

Souvent, je songeais que mon père était né de la musique - une mélodie entêtée qui prit la forme d'un homme. Il entendait de la musique partout, dans le grincement de ressorts rouillés du lit et le bourdonnement des mouches. Pour lui, les robinets qui goutent étaient remplis de rythmes, comme les clignotements irréguliers du néon déglingué derrière notre fenêtre. Certains secouaient la tête et le prenaient pour un dingo, mais je n'ai jamais cru cela. Il mettait les enregistrements d'Art Tatum, d'Arthur Rubenstein et d'autres, et s'exclamait les yeux étincelants : " Qu'est-ce que c'est bath ! De toute beauté ! " On écoutait parfois des disques toute la nuit. Quand il n'y avait pas de concerts à la régulière, Papa avait de courts engagements dans des bars d'hôtel, où son jeu exquis n'était pas souvent, et c'est le moins que l'on puisse dire, pas apprécié à sa juste valeur. C'était toujours les mêmes types qui posaient problème - un ivrogne de passage, sans la moindre oreille musicale, d'ordinaire flanqué d'une quelconque pute flasque de bar d'hôtel. Ils chancelaient jusqu'au piano, appuyés sur les touches, et disaient un truc du style : " Et la pédale douce, vieux ? " ou bien " Tu connais celui-ci ? " avant de se mettre à siffler un air mièvre en crachotant dans l'oreille de papa des sifflements faux et puants. Il prenait chaque fois son mal en patience, ne prononçant jamais le moindre mot, mais moi qui le connaissais, je voyais son esprit se flétrir juste derrière ses yeux. Quand je sentais sa blessure, je m'imaginais être l'Abominable Docteur Phibes, échafaudant des morts diaboliques pour ces critiques de comptoir de bar, ou bien je me transformais en Rodan, attrapant mes victimes par leur cou gras et rougeaud avec mes talons-rasoirs. Je les emportais à tire-d'aile vers un caveau souterrain, où, bourreau masqué, j'attendais, prête à mettre fin partout à la vie des imbéciles et des chahuteurs qui ne reconnaissaient pas la beauté quand ils l'entendaient.

Auteur: Albany Amy-Jo

Info: Low Down : jazz, came, et autres contes de la princesse Be-Bop

[ univers sonore ] [ papa ]

 

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