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non-dit

A chaque moment du temps, à côté de ce que les gens considèrent comme naturel de faire et de dire, à côté de ce qu'il est prescrit de penser, autant par les livres, les affiches dans le métro que par les histoires drôles, il y a toutes les choses sur lesquelles la société fait silence et ne sait pas qu'elle le fait, vouant au mal-être solitaire ceux et celles qui ressentent ces choses sans pouvoir les nommer. Silence qui est brisé un jour brusquement, ou petit à petit, et des mots jaillissent sur les choses, enfin reconnues, tandis que se reforment, au-dessous, d'autres silences.

Auteur: Ernaux Annie

Info: Les années, éditions Gallimard, 2008, p. 101

[ marge ] [ gamberge ] [ inconscient collectif ]

 

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vérité

Au bout du compte c'est le même organe qui nous sert à nous souvenir, qui nous sert à oublier. Et nous sommes faits de telle sorte que lorsque c'est notre raison qui recueille le reflet d'une réalité, c'est cette même raison qui, au moyen de tout un système d'oppositions compensatrices, tend à le faire s'estomper ; notre esprit est à l'aise dans l'irréel, jamais dans le réel ; la réalité le fait se tordre comme dans un miroir déformant. Il est bien connu que tout ceci est fort discutable, mais qu'est-ce qui ne l'est pas ? Le corpus même de nos croyances naît de la discussion de celles-ci ; et peut-être que la réalité elle-même n'est que l'opération par laquelle la raison entreprend de se juger soi-même.

Auteur: Mallea Eduardo

Info: Dialogues des silences

[ insoutenable ] [ cerveau ] [ réconfort ]

 

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femmes-par-homme

On dit les femmes "bavardes" et les enfants "timides". Elles ne sont pas "bavardes" et les enfants ne sont pas "timides" mais la musique de la parole féminine et les silences des enfants reflètent la longue histoire du verbe accaparé par celui qui a transmué la force musculaire en cette force tranquille de la parole qui menace sans menacer, qui menace par le temps qu'elle prend à s'étirer, à prendre son temps, à occuper le temps. Ainsi la musique de la parole féminine conserve-t-elle, étroitement mêlées en elle, les traces d'une longue plainte et d'une éternelle revendication. Il est rare que cette parole soit tranquille et ferme. Les mots par leur rapidité disent la peur qu'ils soient coupés. Reste comme une panique congénitale: Me laissera-t-il finir?

Auteur: Rezvani

Info: Parole d'honneur, in Théâtre : dernier refuge de l'imprévisible poétique

[ bâillonnées ]

 

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oralité

Dans l'onde sonore de la parole, un mot se fond dans le suivant sans discontinuité ; il n'y a pas de petits silences entre les mots parlés, comme il y a des espaces blancs entre les mots écrits. Nous hallucinons simplement les limites des mots lorsque nous atteignons la fin d'un segment sonore qui correspond à une entrée de notre dictionnaire mental. Cela devient évident lorsque nous écoutons un discours dans une langue étrangère : il est impossible de dire où se termine un mot et où commence le suivant. La fluidité de la parole est également visible dans les "homophones" (oronyms), chaînes de sons qui peuvent être transformées en mots de deux manières différentes : "The good can decay many ways / The good candy came anyways."

Auteur: Pinker Steven

Info: The Language Instinct : How the Mind Creates Language. chapitre 6, p 155

[ malentendu ] [ linguistique ] [ routine ] [ musicalité idiomatique ] [ divalence interprétative ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

naissance

Cette île, Ambahy, est de tous les regrets. À mes lèvres, j'ai porté le sel de ses plages et j'ai revu de mes yeux médusés la mère que l'on nous raconte née des lumières se donner à l'océan. Elle a ouvert son ventre et l'ombre en elle s'est engouffrée. Chante comme en une veillée de légendes : "L'ombre a enflé le ventre de la mère et nous a créés noirs et miséreux." Chante encore : " Dans le noir, nous retournerons. Dans le noir, nous retomberons. Dans le noir du ventre. Dans le noir de la tombe. " La mère s'est effacée comme une onde sur les dunes et je me demande encore si je n'ai pas rêvé. Silence. Le vent entrouvert vomit des silences. Cette île est de tous les regrets.

Auteur: Raharimanana Jean-Luc

Info: Nour, 1947

[ Madagascar ] [ obscurité ] [ océanique ]

 

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communication

Pour mieux comprendre, prenons, en guise d’ARNm, une phrase complète : "Ce matin je mange du gâteau au chocolat." Elle comporte un seul message, qui pourtant peut servir à construire d’autres messages de même nature, comme "Je mange", "Ce matin je mange", "Je mange du gâteau", "Je mange du chocolat". Mais elle peut aussi donner des messages qui ne sont pas de même nature, en s’adressant à quelqu’un d’autre et en lui donnant un ordre comme "Mange", "Mange du gâteau" ou "Mange du chocolat", et elle peut même utiliser l’exclamation : "Du chocolat !", etc.

Ajoutons à cette complexité que même les silences entre les mots donnent une information : imaginez ce livre sans espace entre les mots ! En clair, la cellule s’autorise toutes les combinaisons possibles à partir de l’ARNm, qui, lui, est passif.

Auteur: Henrion Caude Alexandra

Info: Les apprentis-sorciers

[ relativité ] [ intonation ] [ analogie ] [ génétique monocaténaire ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

uniformisation

En nous dérobant les mystères de la voûte céleste, l’électricité publique chasse du monde les inquiétudes remuantes et les bizarreries, les silences extralucides et les méditations de la nuit, en même temps que la nuit elle-même ; nous privant donc aussi de savoir ce qu’est le jour. C’est une diminution de la vie terrestre qui n’est pas négligeable, pour rester inaperçue ; et si avec les progrès du confort les amants prennent des douches, bavardent au téléphone et ont un tourne-disque, ils ont égaré ce charme puissant qui était de mêler leurs urines nocturnes dans un même vase, et c’est la froide lumière électrique qui dégrise leur nudité, au lieu qu’en s’épuisant la lampe à mèche, toujours inquiète, recueillait le témoignage des heures passées avec leurs ombres vivantes ; et c’est le radio-réveil qui les prévient du jour, etc.

Auteur: Bodinat Baudouin de pseudo

Info: La vie sur terre. Paris : Éditions de l’Encyclopédie des nuisances, p. 73.

[ progrès technologique ] [ inconvénients ] [ pollution lumineuse ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

reformulation

Deux semaines après leur cessez-le-feu, Mauricio et sa femme se rendent à leur première séance de thérapie de couple. Entre-temps les choses n’ont quasiment pas évolué. Mauricio a réussi à réintégrer le lit conjugal, c’est sa seule victoire. Tout le reste n’est que phrases laconiques, torrents de larmes, silences en voiture, et autres n’essaie-même-pas-de-me-toucher...

Le meilleur moment, c’est quand la psy demande à son épouse de parler de la clé de voûte de leur couple. Mauricio ricane en son for intérieur du jargon de ces gens. La "clé de voûte". Pourquoi ne pas utiliser une expression moins solennelle, moins prétentieuse ? Est-ce qu’ils pensent que ça fait moins sérieux de dire "qu’est-ce qui te plaît dans le fait d’être mariée à ce type" ? Est-ce qu’ils ont peur qu’on ne remette en question leurs tarifs s’ils se mettent à parler comme tout le monde ?

Auteur: Sacheri Eduardo

Info: Petits papiers au gré du vent

[ conseils aux conjoints ] [ mariage tendu ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

introspection

Oh ! Quelle sphère de visions invisibles et de silences entendus, cet insubstantielle contrée de l'esprit ! Quelles essences ineffables, ces souvenirs intouchables et ces rêveries inavouables ! Et l'intimité de tout cela ! Un théâtre secret de monologues sans paroles et de conseils préventifs, manoir invisible de tous les états d'âme, de toutes les rêveries et de tous les mystères, lieu de villégiature infini de déceptions et de découvertes. Un royaume entier où chacun de nous règne en solitaire, interrogeant ce qu'il veut, commandant ce qu'il peut. Retraite cachée où nous pouvons étudier le livre troublé de ce que nous avons fait et de ce que nous pouvons encore faire. Un introcosme qui est plus moi-même que tout ce que je pourrai trouver dans un miroir. Cette conscience qui est le moi des moi, qui est tout, et pourtant n'est rien du tout - qu'est-ce alors ?

Auteur: Jaynes Julian

Info: The Origin of Consciousness in the Breakdown of the Bicameral Mind

[ soliloque ] [ entendement ] [ question ] [ dualité conscient - inconscient ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

émerveillement

Elle rayonnait d'impatience. ... Les grains de beauté à la base de son cou ; ... et la cambrure de sa clavicule. Ma main le long des sentiers de son corps, l'anneau que j'ai retiré de son petit doigt avec les dents. ...
Elle croyait que la vie naissait au centre de la Terre, que le courant circulait dans les deux sens, mais surtout elle puisait ses sources dans son enfance. Elle parlait souvent de cela avec son accent rêche de la campagne, du temps passé avec son grand-père, des routes qu'ils avaient parcourues ensemble, et des silences. Lorsqu'elle évoquait sa mémoire, elle baissait son fichu sur l'arête de son nez pour qu'il lui couvre le visage. Elle trouvait sa peau trop sombre, trop noire, trop tzigane pour s'estimer belle d'une façon ou d'une autre. ... et moi je passais ces journées comme si la Lune s'était posée sur la Terre.

Auteur: McCann Colum

Info: Zoli

[ amour ] [ attirance ] [ couple ]

 

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