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autoportrait

Par la réflexion et par l’expérience intérieure, j’ai découvert que rien n’a de sens, que la vie n’a aucun sens. Il n’empêche que tant qu’on se démène on projette un sens. Moi-même, j’ai vécu dans des simulacres de sens. On ne peut pas vivre sans projeter un sens. Mais les gens qui agissent croient implicitement que ce qu’ils font a un sens. Autrement ils ne se démèneraient pas. Si on tire la conclusion pratique de ma vision des choses, on resterait ici jusqu’à notre mort, on ne bougerait pas, cela n’aurait aucun sens de quitter le fauteuil où on est. Mon existence en tant qu’être vivant est en contradiction avec mes idées. Puisque je suis vivant, je fais tout ce que les vivants font, mais je ne crois pas à ce que je fais. Les gens croient à ce qu’ils font, car ils ne pourraient pas le faire autrement. Je ne crois pas à ce que je fais, mais j’y crois un peu malgré tout : c’est à peu près ça ma position.

Auteur: Cioran Emil Michel

Info: Entretiens

[ profession de foi ] [ positionnement ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

nuisances musicales

Usine désaffectée, fort de la Bastille ou forêt : le lieu de la fête techno, quelles que soient ses particularités, se trouve lui aussi déréalisé par le dispositif technique de la fête. Les effets visuels (lumières, fumées, décorations) mêlées au son contribuent à recomposer un espace virtuel familier pour les teufers. Pourquoi alors s’ingénier à investir tel lieu plutôt que tel autre – au-delà des aspects pratiques ? Comme les sonorités "ethniques" et les références mystiques, le site apporte à la techno la part de "vraie vie" dont, tel un vampire, elle se nourrit. La rave est souvent pourvue d’un supplément de conscience par l’affichage d’une communion – encore – avec la nature. Communion que ne semblent pas apprécier à sa juste mesure les populations des bois et prairies choisis pour ces cérémonies de fraternisation avec l’écosystème. Après le festival Hadra 2006, à Chorges dans les Hautes-Alpes, "sur les 60 espèces qui fréquentaient le site, la moitié seulement est revenue dans la foulée" a constaté la Fédération Rhône-Alpes des associations de protection de la nature. Ingrates belettes.

Auteur: PMO Pièces et main-d'oeuvre

Info: Dans "Techno, le son de la technopole", pages 57-58

[ simulacre ] [ nature imaginaire ] [ festivals ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

transcendant

[…] on peut dire que les rites ont toujours pour but de mettre l’être humain en rapport, directement ou indirectement, avec quelque chose qui dépasse son individualité et qui appartient à d’autres états d’existence ; il est d’ailleurs évident qu’il n’est pas nécessaire dans tous les cas que la communication ainsi établie soit consciente pour être réelle, car elle s’opère le plus habituellement par l’intermédiaire de certaines modalités subtiles de l’individu, modalités dans lesquelles la plupart des hommes sont actuellement incapables de transférer le centre de leur conscience. Quoi qu’il en soit, que l’effet soit apparent ou non, qu’il soit immédiat ou différé, le rite porte toujours son efficacité en lui-même, à la condition, cela va de soi, qu’il soit accompli conformément aux règles traditionnelles qui assurent sa validité, et hors desquelles il ne serait plus qu’une forme vide et un vain simulacre ; et cette efficacité n’a rien de "merveilleux" ni de "magique", comme certains le disent parfois avec une intention manifeste de dénigrement et de négation, car elle résulte tout simplement des lois nettement définies suivant lesquelles agissent les influences spirituelles, lois dont la "technique" rituelle n’est en somme que l’application et la mise en œuvre.

Auteur: Guénon René

Info: Dans "Aperçus sur l'initiation", Éditions Traditionnelles, 1964, page 110

[ sacré ] [ initiatique ] [ transmission ]

 
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portrait

J'eus, un jour, la fantaisie d'entendre le cours de M. Renan, titulaire de la chaire d'hébreu au collège de France.

Je ne l'avais jamais aperçu dans l'espace et je voulais que mes yeux me donnassent une idée de plus sur ce sophiste mellifluent qui déconcerte et surmène l'imagination en sens inverse de la splendeur morale et de toute vraie grandeur.

Je vis un homme de taille médiocre, à l'embonpoint élastique, agile et fermement planté sur de petites jambes de montagne, évidemment calculées pour porter leur homme aussi bien sur les rocs de l'explorateur phénicien que sur les tréteaux basculants du conférencien.

L'impression première et immédiate est celle d'un vieux frère de la doctrine chrétienne, frère Potamien ou Junipère, qui aurait distribué les fruits de l'arbre de la science à trois ou quatre générations.

Face glabre, au nez vitellien, légèrement empourpré et picoté de petites engrêlures qui tiennent le milieu entre le bourgeon de la fleur du pêcher et les bubulettes vermillonnes d'un pleurnichage chronique, assez noblement posé d'ailleurs, au dessus d'une fine bouche d'aruspice narquois et dubitatif - comme un simulacre romain de la Victoire ailée et tranquille, au bord d'une route tumultueuse de la haute Asie, encombrée du trafic suspect de Babel ou de Chanaan...

Auteur: Bloy Léon

Info: Propos d'un entrepreneur de démolitions, 1er septembre 1883

[ description ] [ laideur ] [ vacherie ]

 
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bilan philosophique

Chez le premier Baudrillard, dans ses cinq premiers livres, on trouve un critique marxiste de la société capitaliste, comme société d’exploitation et plus encore comme société d’aliénation. Il ne renoncera jamais à cette critique-là, mais, chez le deuxième Baudrillard, et à partir de De la séduction, on se situe de plus en plus dans une analyse axée autour des simulacres et de la simulation, c’est-à-dire dans une déréalisation du réel au profit du simulacre. Baudrillard prolonge d’une certaine façon l’analyse de la société du spectacle de Guy Debord. Mais, chez Debord, derrière le spectacle, on trouve encore une trace du réel ; alors que, chez Baudrillard, au fil du temps, la notion de réel paraît de plus en plus absente. Il n’y a plus pour lui que du spectacle, comme il l’avoue explicitement. Le spectacle demeure quelque chose de très négatif à ses yeux. Il dit qu’il ne juge pas, mais il juge tout de même. En tout cas, cette déréalisation définit sa conception du monde contemporain. Mais il n’y pas vraiment ici d’analyse historique de la modernité comme on peut la trouver chez Marcel Gauchet ou d’autres auteurs. C’est une "critique" de la modernité, si vous voulez, mais sans que le vocable ne soit utilisé.

Auteur: Latouche Serge

Info: https://linactuelle.fr/index.php/2019/03/21/baudrillard-serge-latouche-decroissance-castoriadis/

[ évolution ] [ résumé ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

évasion

La liberté de penser est imprescriptible : si vous barrez à l'homme les vastes horizons, il s'en vengera par la subtilité : si vous lui imposez un texte, il y échappera par le contresens. Le contresens, aux époques d'autorité, est la revanche que prend l'esprit humain sur la chaîne qu'on lui impose ; c'est la protestation contre le texte. Ce texte est infaillible ; à la bonne heure. Mais il est diversement interprétable, et là recommence la diversité, simulacre de liberté dont on se contente à défaut d'autre. Sous le régime d'Aristote, comme sous celui de la Bible, on a pu penser presque aussi librement que de nos jours, mais à la condition de prouver que telle pensée était réellement dans Aristote ou dans la Bible, ce qui ne faisait jamais grande difficulté. Le Talmud, la Massore, la Cabale sont les produits étranges de ce que peut l'esprit humain enchaîné sur un texte. On en compte les lettres, les mots, les syllabes, on s'attache aux sons matériels bien plus qu'au sens, on multiplie à l'infini les subtilités exégétiques, les modes d'interprétation, comme l'affamé, qui, après avoir mangé son pain, en recueille les miettes. Tous les commentaires des livres sacrés se ressemblent, depuis ceux de Manou jusqu'à ceux de la Bible, jusqu'à ceux du Coran. Tous sont la protestation de l'esprit humain contre la lettre asservissante, un effort malheureux pour féconder un champ infécond. Quand l'esprit ne trouve pas un objet proportionné à son activité, il s'en crée un par mille tours de force.

Auteur: Renan Ernest

Info: L'Avenir de la science, Pensées de 1848, 1890, Flammarion 1995 <p.124>

 

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simulacre

Je me souviens avoir entendu le grand poète espagnol Rafael Alberti à une lecture. J'étais très jeune et il me parut donc très vieux, avec ses cheveux blancs qui lui tombaient sur les épaules et son costume blanc. J'étais choquée aussi de le voir accompagné par une femme qui ne semblait pas beaucoup plus âgée que moi ; elle portait une jupe si courte qu'on pouvait voir sa culotte quand elle marchait, et des bottes blanches en plastique, des "go-go" comme on les appelait. Je me rappelle que l'un d'eux portait une cage à oiseaux, blanche, avec une colombe blanche à l'intérieur, mais à vrai dire, il est possible que j'aie inventé ce détail, au cours des années, peut-être pour accentuer en moi l'impression que j'avais eue, et qui subsiste : que c'était la lecture poétique la plus étrange à laquelle j'aie assisté. Alberti lisait ses poèmes en espagnol et son traducteur américain, Ben Bellit, les lisait en anglais. Ben était sobre, timide, d'allure assez conventionnelle ; il portait une veste en tweed et une cravate. Alberti donna à Ben un pistolet jouet, ce qu'on appelait un pistolet à pétard, un jouet qui pouvait faire beaucoup de bruit, et il a dit à Ben de se tirer dans la tête à chaque fois que lui, Alberti, lui ferait signe, et c'est exactement ce qui se passa : Alberti lisait en espagnol, s'arrêtait, regardait Ben, et Ben, non sans réticence, se tirait dans la tête. Mais quand Ben lisait des poèmes, Alberti tenait le pistolet, et de temps en temps il se tirait dans la tête avec un réel entrain. Il me semble que c'était une grande leçon de traduction.

Auteur: Ruefle Mary

Info: In "Madness, rack, and honey", éd. Wave Books, p. 235 - ma traduction

[ inculpation ] [ passeur ] [ mémoire ] [ codes vestimentaires ] [ spectacle littéraire ]

 
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argent roi

Une variante très "actuelle" du sentimentalisme idéologique que nous avons en vue, et très répandue chez les croyants eux-mêmes, est la hantise démagogique du "social". Autrefois, quand tout le monde était religieux, la pauvreté préservait les pauvres de l'hypocrisie, ou d'une certaine hypocrisie ; de nos jours, la pauvreté entraîne trop souvent l'incroyance et l'envie — dans les pays industrialisés ou touchés par la mentalité industrialiste — en sorte que riches et pauvres sont quittes ; à l'hypocrisie des uns répond l'impiété des autres. Il est profondément injuste de préférer cette nouvelle tare des pauvres à la tare habituelle — et traditionnellement stigmatisée — des riches, d'excuser l'impiété des uns par leur pauvreté sans excuser l'hypocrisie des autres par leur richesse ; si les pauvres sont victimes de leur état, les riches le sont tout autant du leur, et si la pauvreté donne droit à l'impiété, la richesse donne droit au simulacre de la piété. S'il faut plaindre spirituellement les uns, il faut plaindre et excuser sous le même rapport les autres, d'autant que la différence ne repose que sur des situations tout extérieures et facilement réversibles, et non sur la nature foncière des hommes ; on ne peut préférer les pauvres que quand ils sont meilleurs que les riches par leur sincérité spirituelle, leur patience, leur héroïsme secret — de tels pauvres existent toujours, de même que des riches détachés de leur richesse — et non quand ils sont pires par leur incroyance, leur envie et leur haine. Les Chrétiens persécutés sous Néron souffraient davantage que ne souffrent aujourd'hui les ouvriers mal payés, sans qu'aucune théologie leur accordât le droit de ne plus croire en Dieu et de mépriser sa Loi ; la tradition n'a jamais admis cette sorte de chantage économique à l'égard de Dieu.

Auteur: Schuon Frithjof

Info: Dans "La transfiguration de l'homme"

[ corruptibilité ] [ détachement vertueux ] [ valeur relative ] [ fric ]

 

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espérance innée

(L'océan-Solaris projette des créatures enfouies dans la mémoire et l'inconscient des humains en orbite. Ici sa femme Harey, qui s'est suicidée à cause de lui dix ans auparavant ! Il a compris que cette "visiteuse", est un simulacre)

En surface, j'étais calme : en secret, sans vraiment l'admettre, j'attendais quelque chose. Qu'elle revienne ? Comment aurais-je pu attendre cela ? Nous savons tous que nous sommes des créatures matérielles, soumises aux lois de la physiologie et de la physique, et que même la puissance de tous nos sentiments réunis ne peut vaincre ces lois. Tout ce que nous pouvons faire, c'est les détester. La foi séculaire des amoureux et des poètes dans le pouvoir de l'amour, plus fort que la mort, qui finit vitae sed non amoris*, est un mensonge, inutile et même pas drôle. Faut-il donc se résigner à être une horloge qui mesure le passage du temps, un jour hors d'usage, un jour réparée, et dont le mécanisme génère le désespoir et l'amour dès que son créateur la met en marche ? Faut-il s'habituer à l'idée que chaque homme revit d'anciens tourments, qui sont d'autant plus profonds qu'ils en deviennent comiques à force d'être répétés ? Que l'existence humaine se répète, bel et bien, mais qu'elle se répète tel un air rabâché, ou comme le disque qu'un ivrogne continue de relancer en mettant des pièces dans le juke-box...

Dois-je continuer à vivre ici alors, parmi les objets que nous avons tous deux touchés, dans l'air qu'elle a respiré ? Au nom de quoi ? Dans l'espoir de son retour ? Je n'espérais rien. Et pourtant, je vivais dans l'attente. Depuis qu'elle était partie, c'était tout ce qui restait. Je ne savais quelles réalisations, quelles moqueries, ni même quelles tortures m'attendaient encore. Je ne savais rien, et persistais dans cette idée que le temps des miracles cruels n'était pas révolu.

Auteur: Lem Stanislaw

Info: Solaris. *La vie se termine, pas l'amour.

[ science-fiction ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

éphémère

C'est bien peu de chose que l'homme, et tout ce qui a fin est bien peu de chose. Le temps viendra où cet homme qui nous semblait si grand ne sera plus, où il sera comme l'enfant qui est encore à naître, où il ne sera rien. Si longtemps qu'on soit au monde, y serait-on mille ans, il en faut venir là. Il n'y a que le temps de ma vie qui me fait différent de ce qui ne fut jamais : cette différence est bien petite, puisqu'à la fin je serai encore confondu avec ce qui n'est point, et qu'arrivera le jour où il ne paraîtra pas seulement que j'aie été, et où peu m'importera combien de temps j'aie été, puisque je ne serai plus. J'entre dans la vie avec la loi d'en sortir, je viens faire mon personnage, je viens me montrer comme les autres ; après, il faudra disparaître. J'en vois passer devant moi, d'autres me verront passer ; ceux-là mêmes donneront à leurs successeurs le même spectacle ; et tous enfin se viendront confondre dans le néant.

Ma vie est de quatre-vingts ans tout au plus ; prenons-en cent : qu'il y a eu de temps où je n'étais pas ! qu'il y en a où je ne serai point ! et que j'occupe peu de place dans ce grand abîme de temps ! Je ne suis rien ; ce petit intervalle n'est pas capable de me distinguer du néant où il faut que j'aille. Je ne suis venu que pour faire nombre, encore n'avait-on que faire de moi ; et la comédie ne se serait pas moins bien jouée, quand je serais demeuré derrière le théâtre. Ma partie est bien petite en ce monde, et si peu considérable que, quand je regarde de près, il me semble que c'est un songe de me voir ici, et que tout ce que je vois ne sont que de vains simulacres.

Auteur: Bossuet Jacques Bénigne

Info: Sermon sur la Mort , et autres Sermons. Méditation sur la brièveté de la vie

[ incarnation ] [ existence ] [ moi ] [ ego ]

 

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