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surdité

L'histoire des sourds est une longue histoire de combat. Quand, en 1620, un moine espagnol a inventé les rudiments de la langue des signes, que l'abbé de l'Epée l'a développée plus tard, ils ne se doutaient pas que le formidable espoir qu'ils avaient donné au monde des sourds allait s'éteindre brutalement. L'abbé avait fondé un institut spécialisé dans l'éducation des sourds.
Au XVIIIème siècle, sa renommée fut si grande, que le roi Louis XVI vint admirer son enseignement. C'était une révolution, toute l'Europe s'y intéressait.
Au XIXème siècle, c'est l'interdit officiel. La "mimique", ainsi qu'on l'appelle, doit disparaitre des écoles. Refusée, parce que indécente et empêchant soi-disant les sourds de parler. Ecartée parce que cataloguée comme "langue de singe" !
On a ainsi obligé les enfants à articuler des sons qu'ils n'avaient jamais entendus et n'entendraient jamais. On a fait d'eux des sous-développés. Médecins, éducateurs, Eglises, le monde des entendants s'est uni avec une violence incroyable contre nous. Seule la parole était reine.
Il a fallu attendre le décret de janvier 1991 pour que l'interdiction soit levée. Pour que les parents aient le choix du bilinguisme pour leurs enfants. Un choix important, car il permet à l'enfant sourd d'avoir sa propre langue, de se développer psychologiquement, et aussi de communiquer en français oral ou écrit avec les autres. Il s'était écoulé un siècle de ce que j'appelle un terrorisme culturel de la part des entendants. Alors que durant de temps, aux Etats-Unis par exemple, la langue des signes était un droit et devenait une véritable culture à part entière.

Auteur: Laborit Emmanuelle

Info: Le cri de la mouette

[ historique ]

 

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femmes-hommes

Ce monstrueux hasard à la base : l’homme qui est forcé de prendre une compagne pour la vie, alors qu’il n’y a pas de raison pour que ce soit celle-là plutôt qu’une autre, puisque des millions d’autres sont aussi dignes d’être aimées. L’homme qui est forcé par la nature de répéter à dix femmes les mêmes mots d’amour, y compris à celle qui lui est destinée, faux s’il le lui cache, cruel s’il le lui avoue. L’homme qui est forcé par la nature de tromper sa femme, avec tout ce qui s’ensuit de mensonges et de bassesse, malfaisant s’il laisse aller la nature, malheureux s’il la combat. La jeune fille qui devient enfant dans les larmes, et mère dans les gémissements. L’enfant, fait naturel, qui enlaidit et déforme la femme. L’acte soi-disant naturel par excellence, et qui ne peut être fait qu’à certaines époques, dans certaines conditions, avec certaines précautions. La terreur de l’enfant, ou la terreur de la maladie, comme un spectre au-dessus de chaque alcôve. L’acte soi-disant naturel par excellence entouré de toute une pharmacie qui le salit, l’empoisonne et le ridiculise. En vérité, quel homme, à condition qu’il réfléchisse un peu, ne se dira pas, lorsqu’il s’approche d’une femme, qu’il met le doigt dans un engrenage de malheurs, ou tout au moins un engrenage de risques, et qu’il provoque le destin ? Et cependant il le désire, la femme le désire, la société le désire, et la nature, si elle était capable de désirer quelque chose, le désirerait aussi, et tout cela est l’amour, qui est le fil de flammes qui retient le vivant à la terre, et suffirait à justifier la création.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Les jeunes filles (I/IV) : Les Jeunes filles

[ reproduction moteur ] [ hommes-par-hommes ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

désenchantement général

La lente annulation de l'avenir s'est accompagnée d'une déflation des attentes. Rares sont ceux qui croient qu'au cours de l'année à venir sortira un disque aussi génial que, par exemple, Funhouse des Stooges ou There's A Riot Goin' On de Sly Stone. On s'attend encore moins à des ruptures comme celles provoquées par les Beatles ou le disco. Le sentiment d'être en retard, de vivre après la ruée vers l'or, est aussi omniprésent qu'il est désavoué. Comparez le terrain en friche de l'époque actuelle avec la fécondité des périodes précédentes et vous serez rapidement accusé de "nostalgie". Mais la dépendance des artistes actuels à l'égard de styles établis il y a longtemps suggère que le moment actuel est en proie à une nostalgie formelle, dont nous reparlerons bientôt.

Ce n'est pas que rien ne se soit passé pendant la période où la lente annulation de l'avenir s'est installée. Au contraire, ces trente années ont été une période de changements massifs et traumatisants. Au Royaume-Uni, l'élection de Margaret Thatcher avait mis fin aux compromis difficiles du soi-disant consensus social de l'après-guerre. Le programme politique néolibéral de Thatcher a été renforcé par une restructuration transnationale de l'économie capitaliste. Le passage à ce qu'on appelle le post-fordisme - avec la mondialisation, l'informatisation omniprésente et la précarisation du travail - a entraîné une transformation complète de l'organisation du travail et des loisirs. Dans le même temps, au cours des dix à quinze dernières années, l'internet et la technologie des télécommunications mobiles ont modifié la texture de l'expérience quotidienne au-delà de toute reconnaissance. Pourtant, peut-être à cause de tout cela, on a de plus en plus l'impression que la culture a perdu la capacité de saisir et d'articuler le présent. Ou peut-être que, dans un sens très important, il n'y a plus de présent à saisir et à articuler.


Auteur: Fisher Mark

Info: Ghosts of My Life: Writings on Depression, Hauntology and Lost Futures

[ pop-culture ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

dévouement individualiste

L’intellectualisation consiste en somme dans le processus de diffusion de l’abstraction intellectuelle dans le comportement d’être qui ne sont pas des intellectuels, mais qui y sont devenus réceptifs par la vulgarisation de la pensée idéologique. Cette abstraction renonce au raisonnement, au contact des actions concrètes, pour envisager les choses essentiellement sous l’angle des intentions vagues, des velléités et des fins indéterminées, en entretenant une sourde révolte contre un monde considéré comme débile, en tout cas insensible à la gravité des idées abstraites. Il en résulte une insatisfaction contestataire, souvent ensevelies dans des âmes dépitées face à l’incompréhension prétendue des autres, sous prétexte qu’ils seraient insensibles aux immenses malheurs d’un monde à sauver. L’imagination se dépouille de toute ironie pour devenir sérieuse et compassée, comme s’il fallait par exemple être à tout instant à l’écoute du Tiers Monde, à l’affût des conversations pour débusquer les ombres du racisme, prêt à manifester en faveur de la paix ou disposé à libérer le genre humain chaque fois d’une autre aliénation. L’événement le plus insignifiant est interprété comme déterminant pour le destin du monde. Tout se passe comme si on voulait nous condamner à une existence chagrine, dépourvue de tout humour et de toute gaîté. En fin de compte tout sentiment s’épuise dans un sentimentalisme militant et toute émotion dans une dramatisation sentencieuse. L’insatisfaction se traduit le plus souvent par un ténébreux mécontentement pour la profession qu’on occupe. En effet on se plaît à rêver d’une profession seconde, sous la forme par exemple d’une velléité de s’engager aux côtés des médecins sans frontières, sans aucune qualification dans le domaine de la santé, rien que pour jouer avec son désir indistinct de dévouement dans toutes sortes d’associations humanitaires, fraternelles ou soi-disant culturellement libératrices (féminisme, écologisme, etc.). La priorité écologique par exemple n’est pas donnée à une réflexion sur les conditions de la sauvegarde de la nature, mais à la manifestation rhétorique* préconisant cette sauvegarde.

Auteur: Freund Julien

Info: Politique et impolitique, page 11

[ popularisation ] [ erreur catégorielle ] [ amateurisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

psychothérapies

Le Discours de l'Analyste n'est pas le discours tenu par des psychanalystes, (la plupart des soi-disant "psychanalystes" n’ont pas la moindre idée de ce qu’implique de décisif dans le rapport du sujet au réel la structure appelée "Discours de l’Analyste"; pour l'écoute analytique, ce n'est pas le sujet qui tient un discours, mais un Discours qui "tient" le sujet, le sujet entendu au sens lacanien (noté $) ne parle pas, ça parle de lui, et c'est par là qu'il s'appréhende (raison pour laquelle s’il y a bien un sujet de l'inconscient, il n’y a pas d'inconscient du sujet…)

Pour approcher le genre de relation que la théorie analytique entretient avec la psychologie — qui ne répond pas du Discours de l’Analyste, mais du Discours du Maître ou de ses succédanés —, si nous prenons par exemple la locution "ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain": pour le psychologue arrimé au sens commun, voire au "bon sens", les choses se présentent dans une perspective apparemment simple, et même simpliste: il s'agit d'évacuer l'eau sale (symptômes, phobies, tics, tocs, etc.) et de garder le bébé (le moi) aussi propre que possible, débarrassé de ses souillures…

Dans la cure psychanalytique, c'est l'exact contraire, il s'agit de "jeter" le bébé (mettre en "suspens" le moi de l'analysant) et garder l’eau du bain afin que le patient puisse se confronter lui-même à son "eau sale" (ses symptômes, ses fantasmes…) à travers quoi s'organise une certaine jouissance, le plus souvent ruineuse, par lui-même ignorée.

Pour le dire autrement, le principe de l'association libre, de l’interprétation et de la scansion propres à la psychanalyse, permet une mise en suspension du moi de l'analysant (sa "maîtrise" — ou plutôt son illusion de maîtrise!) de façon à ce que "l'eau sale" de la jouissance puisse lui arriver aux oreilles, charriée par sa propre parole, que le psychanalyste s’est engagé à entendre…

Auteur: Dubuis Santini Christian

Info: Publication facebook du 23.06.2021

[ différences ] [ révélation ] [ inversion ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

humour

Actuellement,

mon immeuble est sens dessus dessous.

Tous les locataires en dessous

voudraient habiter au-dessus !

Tout cela parce que le locataire

qui est au-dessus

est allé raconter par en dessous

que l'air que l'on respirait au-dessus

était meilleur que celui que l'on respirait à l'étage

en dessous !

Alors, le locataire qui est en dessous

a tendance à envier celui qui est au-dessus

et à mépriser celui qui est en dessous.

Moi, je suis au-dessus de ça !

Si je méprise celui qui est en dessous,

c'est parce qu'il convoite l'appartement

qui est au-dessus, le mien !

Remarquez... moi, je lui céderais bien

mon appartement à celui du dessous,

à condition d'obtenir celui du dessus !

Mais je ne compte pas trop dessus.

D'abord, parce que je n'ai pas de sous !

Ensuite, au-dessus de celui qui est au-dessus,

il n'y a plus d'appartement !

Alors, le locataire du dessous

qui monterait au-dessus

obligerait celui du dessus

à redescendre en dessous.

Or, je sais que celui du dessus n'y tient pas !

D'autant que, comme la femme du dessous

est tombée amoureuse de celui du dessus,

celui du dessus n'a aucun intérêt à ce que

le mari de la femme du dessous

monte au-dessus!

Alors, là-dessus...

quelqu'un est-il allé raconter à celui du dessous

qu'il avait vu sa femme bras dessus,

bras dessous avec celui du dessus?

Toujours est-il que celui du desssous

l'a su!

Et un jour que la femme du dessous

était allée rejoindre celui du dessus,

comme elle retirait ses dessous...

et lui, ses dessus...

soi-disant parce qu'il avait trop chaud en dessous...

Je l'ai su, parce que d'en dessous,

on entend tout ce qui se passe au-dessus...

Bref ! Celui du dessous leur est tombé dessus !

Comme ils étaient tous les deux soûls,

ils se sont tapés dessus!

Finalement, c'est celui du dessous

qui a eu le dessus !

Auteur: Devos Raymond

Info: Matière à rire, Sens dessus dessous

[ jeu de mots ] [ dans tous les sens ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

parentalité

L'enfant ne reçoit de la mère que parce que la mère a reçu de l'enfant.

On oublie qu'un enfant apporte une force fantastique à un adulte.

On croit que la mère donne comme si c'était à une poupée devenue vivante ; c'est la vie même qui l'a habitée qui lui a donné cette force fantastique morale qui se métabolise en sentiments maternels.

C'est l'enfant qui crée la mère.

La mère donne naissance à l'enfant que son homme lui a permis de mettre au monde ; situation triangulaire ; l'enfant apporte à sa mère une force qu'elle lui rend sous forme d'amour.

En ce moment, ce qui est terrible, c'est que les parents pensent : "Avoir un enfant, on ne pourra jamais, la vie est trop difficile ; on n'a pas d'argent, pas de place, pas de travail ... comment fera-t-on ?"

Ils ne pensent pas que l'enfant amène avec lui une grande force.

Certains recourent à l'IVG.

Je trouve cette histoire de l'IVG soi-disant légalisée terrible.

C'est tout à fait différent de dépénaliser l'aide à une femme à ne pas laisser venir son enfant à terme que de légaliser l'avortement.

Dépénaliser, c'était indispensable parce qu'il n'y avait que les personnes riches qui pouvaient se faire avorter sans le risque de devenir infirmes et stériles pour la vie.

Mais légaliser l'avortement est une folie décadente pour une société : c'est stupide, cela veut dire qu'elle est bien malade.

C'est fou la force qu'un enfant apporte à ses parents.

C'est une chose qui n'est pas assez dite.

Toutes les personnes qui ont eu des enfants au milieu de difficultés considérables, économiques ou autres, vous diront que l'enfant leur donne la force de traverser quantité d'épreuves.

Avant d'avoir un enfant ils disent : "On n'aura plus de liberté !", mais quand l'enfant est là ils n'ont plus envie de leur liberté, tellement il remplit leur existence de la joie de vivre, d'être avec lui, bien sûr à condition qu'ils soient suffisamment adultes pour être prêts à vivre cette expérience unique pour le premier enfant et qui se répète pour les enfants suivants.

"L'adulte doit donner", dites-vous ; mais non : il se trouve que l'adulte donne parce que l'enfant lui a donné.

Auteur: Dolto Françoise

Info:

[ problèmes dérisoires ] [ moteur ] [ motivation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

voyance

Le patient, en mars dernier, se décida à consulter la diseuse de bonne aventure, et il lui proposa la date de naissance de son beau-frère, sans bien entendu le nommer ou lui révéler qu’il pensait à lui. L’énoncé de l’oracle fut : en juillet-août prochain, cette personne mourra d’un empoisonnement causé par des écrevisses ou des huîtres. Après m’avoir raconté cela, il ajouta : c’est vraiment faramineux.

Ne comprenant pas, je lui répliquai vigoureusement : qu’y a-t-il de si faramineux ? Voilà déjà plusieurs semaines que vous êtes revenu chez moi ; si votre beau-frère était effectivement mort, vous me l’auriez raconté depuis longtemps ; il est donc toujours vivant. La prophétie s’est produite en mars, elle devait s’accomplir au milieu de l’été, nous sommes maintenant en novembre. Elle ne s’est donc pas réalisée, qu’y trouvez-vous de si merveilleux ?

Il me répondit : bien sûr que ce n’est pas arrivé. Mais ce qui est remarquable, c’est ceci : mon beau-frère est un grand amateur d’écrevisses, d’huîtres, etc., et il a effectivement été empoisonné par des écrevisses en août de l’année dernière, et il en est presque mort. Il n’en fut plus question.

Voulez-vous que nous discutions maintenant ce cas.

[…] L’affaire s’explique sans reste, si nous voulons admettre que ce savoir s’est transféré à elle, la soi-disant prophétesse, par des voies inconnues excluant les modes de communication qui nous sont connus. C’est-à-dire qu’il nous faut conclure : il y a du transfert de pensée. Le travail astrologique de la diseuse de bonne aventure y a joué le rôle d’une activité qui détourne et occupe de façon anodine ses forces psychiques de manière à ce qu’elle puisse recevoir et transmettre l’effet des pensées d’un autre, devenir un véritable "médium". Nous connaissons par exemple dans le trait d’esprit de semblables arrangements, lorsqu’il s’agit d’assurer à un processus psychique une décharge plus automatique. 

Mais l’analyse fournit à ce cas un surcroît de sens. Elle nous apprend que ce n’est pas un fragment quelconque de savoir indifférent qui s’est transmis par voie d’induction d’une personne à une autre, mais qu’un souhait extraordinairement fort de quelqu’un […] peut se trouver une expression consciente légèrement voilée à l’aide de quelqu’un d’autre […]. On pourrait reconstruire le cours des pensées du jeune homme après la maladie et le rétablissement du beau-frère haï comme rival. Bien, ce coup-ci c’est vrai qu’il en a vraiment réchappé, mais c’est bien pourquoi il ne va pas renoncer à ce goût dangereux et, la prochaine fois, espérons qu’il en mourra. C’est cet "espérons" qui est transformé en prophétie.

Auteur: Freud Sigmund

Info: "Psychanalyse et télépathie", trad. Wladimir Granoff et Jean-Michel Rey in "La transmission de pensée", éd. Flammarion, 2005, pages 47 à 53

[ explication psychanalytique ] [ désir refoulé ] [ inconscient ] [ parapsychologie ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

facilité technologique

La propagation de la musique par des moyens mécaniques, comme le disque, et sa diffusion par la radio, ces formidables conquêtes de la science, qui ont toutes les chances de s’élargir encore davantage, méritent quant à leur importance et à leurs effets dans le domaine de la musique un examen des plus attentifs. Evidemment, la possibilité pour les auteurs et les exécutants d’atteindre les grandes masses, et la facilité pour celles-ci de prendre connaissance des oeuvres musicales constituent un avantage indiscutable. Mais il ne faut pas se dissimuler que cet avantage présente en même temps un grand danger. Autrefois un Jean-Sébastien Bach était obligé de faire dix lieues à pied pour aller dans une ville entendre Buxtehude dans ses oeuvres. Aujourd’hui l’habitant de n’importe quel pays n’à qu’à tourner un bouton ou faire marcher un disque pour obtenir l’audition d’une pièce de son choix.

Eh bien ! C’est précisément dans cette facilité inouïe, dans cette absence de tout effort que siège le vice de ce soi-disant progrès. Car dans la musique, plus que dans tout autre branche de l’art, la compréhension n’est donnée qu’à ceux qui y apportent un effort actif. La réception massive ne suffit pas. Ecouter certaines combinaisons de sons et s’y habituer automatiquement n’implique pas nécessairement le fait de les entendre et de les saisir, car on peut écouter sans entendre, comme on peut regarder sans voir. L’absence d’un effort actif de leur part et leur goût qu’ils prennent à cette facilité, rendent les gens paresseux. […]

Ainsi les facultés actives, sans la participation desquelles on ne saurait s’assimiler la musique, s’atrophient peu à peu chez à l’auditeur à force de ne plus être exercées. Cette paralysie progressive entraîne des conséquences extrêmement graves. Sursaturés de sons, blasés sur leurs combinaisons les plus variés, les gens tombent dans une sorte d’abrutissement qui leur enlève toute capacité de discernement et les rend indifférents à la qualité même des morceaux qu’on leur sert. Il plus que probable qu’une pareille suralimentation désordonnée leur fera bientôt perdre l’appétit et le goût de la musique.

Certes, il y aura toujours des exceptions, des personnes qui, dans le tas, sauront choisir ce qui leur plaît. Mais en ce qui concerne les masses, on a toutes les raisons de craindre que, au lieu de développer en elles l’amour et la compréhension de la musique, les moyens modernes de la répandre ne les amènent à des résultats exactement contraires, c’est-à-dire à l’indifférence ainsi qu’à l’impuissance de s’y reconnaître, de s’y orienter et d’éprouver une réaction de quelque valeur.

Auteur: Stravinsky Igor

Info: En 1935

[ streaming ] [ dématérialisation ] [ pessimisme ] [ abrutissement ]

 
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violeur

[...] ... Lors d'une réunion commune aux policiers et aux gendarmes, à Lille, le 2 septembre 2003, Nicolas Sarkozy déclare ne pas être resté sourd à la douleur des familles et associations de victimes. Il souhaite "ouvrir un grand débat sur la répression et la prévention des crimes sexuels. La prison ne guérit pas ceux qui ont des pulsions monstrueuses" et que le délinquant sexuel soit "obligé de pointer dans un commissariat, de signaler un changement de domicile, d'indiquer où il se trouve et de présenter des éléments prouvant qu'il suit un traitement (...) Il ne s'agit pas de condamner à perpétuité des gens, mais de protéger à perpétuité des victimes potentielles (...) Nous voulons un fichier dynamique, pour localiser par exemple en quelques minutes toutes les personnes condamnées depuis vingt ans qui habitent près du lieu où un enfant vient d'être enlevé." (Le Monde, le 5 septembre 2003). Comme d'habitude, cette déclaration a provoqué une levée de boucliers des différents syndicats de magistrats qui estiment qu'il s'agit d'une "condamnation à perpétuité" des délinquants sexuels. Prévu par la loi Guigou, le soi-disant suivi socio-judiciaire n'a touché que 417 personnes en 2001. Parallèlement, le nombre de détenus condamnés pour des crimes et délits sexuels ne cesse de grimper : il passe de 1 118 en 1980 à 8 109 en 2002. Dans son dernier rapport d'activité paru en juillet 2003, l'administration pénitentiaire indique que "le viol et les agressions sexuelles sont désormais la première cause d'incarcération des condamnés (24% contre 9 % en 1990)" avant l'infraction sur les stupéfiants (12 %) et le vol qualifié (12 %). En 1997, un rapport de recherche de la Direction générale de la santé a mobilisé pendant trois ans dix-huit maisons d'arrêt et centres de détention en France pour étudier une population de 176 délinquants sexuels. On y apprend que plus d'un tiers d'entre eux ont subi une agression sexuelle avant l'âge de dix ans, agressions qui se sont souvent répétées pendant l'enfance et l'adolescence. 45 % sont des récidivistes, chaque délinquant récidive trois fois en moyenne. Dans tous les cas, le rapport souligne une progression dans la gravité du délit. La recherche prouve que plus d'un agresseur sur deux ne se rend compte ni de la portée de son acte, ni des conséquences qu'il entraîne pour la victime : "Une telle occurrence montre que ces sujets, une fois leur peine purgée, se retrouveront donc face à leur malaise interne avec aussi peu de moyens psychiques d'y faire face qu'avant ... Une fois en dehors d'un cadre judiciaire, l'agresseur sexuel ne cherchera nullement à tenter une démarche dont aucun bien-fondé ne lui apparaît. Une fois quittés les rets de la justice, leur volonté disparaît."

Auteur: Bourgoin Stéphane

Info: Serial Killers: Enquête mondiale sur les tueurs en série

[ pervers ] [ psychose ]

 

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