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isolement

En 1988, une spéléo nommée Véronique Le Guen se porta volontaire pour une expérience extrême: vivre seule dans une grotte souterraine du sud de la France sans horloge pendant cent onze jours, sous la surveillance de scientifiques désireux d'étudier les rythmes naturels du corps humain en l'absence de repères temporels. Pendant un certain temps, elle s'installa dans un rythme de trente heures éveillée et vingt heures endormie. Elle s'est décrite comme étant "psychologiquement complètement déphasée, ne sachant plus quelles sont mes valeurs ou mon but dans la vie".
Lorsqu'elle est retournée dans la société, son mari le nota plus tard, elle semblait avoir un vide intérieur qu'elle n'était pas en mesure d'exprimer pleinement. "Seule dans la grotte, j'étais mon propre juge, dit-elle. Le juge le plus sévère. On ne peut mentir sinon tout est perdu. Le sentiment le plus fort au sortir de cette expérience c'est que dans ma vie je ne tolérerai jamais plus le mensonge."
Un peu plus d'un année plus tard, Le Guen avala une overdose de barbituriques et s'allonga dans sa voiture à Paris, suicidée à trente-trois ans."

Auteur: Finkel Michael

Info: The Stranger in the Woods: The Extraordinary Story of the Last True Hermit

[ absolu ] [ solitude ] [ sincérité absolue ]

 

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envahissement

Ce jour-là, il y avait une bande de galopins dans l’eau, deux surtout, qui se disputaient le récif en s’éclaboussant d’eau. Assis sur le sable, Stefano les regardait, vaguement écœuré. Nus et noirs ainsi que des fruits de mer, ils criaient en leur patois ; et, par-delà l’écume, la mer apparaissait à Stefano pareille à un paysage de verre, inutilement bruyante, et devant qui tous ses sens s’amenuisaient, comme l’ombre sous ses genoux. Il ferma les yeux, et le petit nuage de la pipe de Giannino passa devant lui. La tension devenait si douloureuse que Stefano se leva pour partir. Un gosse lui cria quelque chose. Sans se retourner, Stefano remonta vers le pays.
Stefano craignait que, cet après-midi, Elena vînt le retrouver. Ce matin, en se réveillant dans son lit, il l’avait tellement désirée, et charnellement ; et maintenant il n’en voulait plus. Il voulait demeurer seul, dans sa tanière. Les visages des autres dansaient autour de lui, rieurs, vagues, bruyants, sots, comme pendant le charivari de la veille : attentifs et hostiles ainsi qu’au début, ainsi qu’il y a une heure.

Auteur: Pavèse Césare

Info: Dans "Avant que le coq chante", La prison, trad. Nino Frank, éd. Gallilmard, 1953, page 151

[ besoin de solitude ] [ gens intolérables ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

angoisse

Elle but les dernières quelques gorgées d'eau bouillie, et se mit soudain à voir toutes ses peurs entrer, une par une, dans la maison. Solitude fut la première à se présenter - seule, bien sûre. Francisca la reconnu immédiatement, car elle parcourut avec une feinte timidité toute la maison en quête du bon endroit où se loger. Elle s'installa en fin de compte dans la poche intérieure de l'un des nouveaux manteaux de fourrure de Francisca et ne bougea plus. Culpabilité arriva peu après, pointant vers elle de logs doigts réprobateurs. Elle se glissa dans un chemisier en soie rouge et, enfonçant ses doigts à travers les longues manches, continua de harceler Francisca. Puis, main dans la main, Rejet et Abandon firent leur entrée. Ils se déplacèrent librement dans la pièce, sans faire attention à Francisca. Sous peu, ils choisirent une paire de chaussure fantaisie à talons aiguilles et disparurent chacun dans une chaussure différente. Francisca se rendit compte que ses peurs étaient venues en même temps que sa fortune. Elles avaient seulement attendu l'occasion propice, un moment de faiblesse et de désespoir complet, pour se révéler.

Auteur: Cañon James

Info: Dans la ville des veuves intrépides

[ solitude ] [ littérature ]

 

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écriture

J'écris, triste, dans ma chambre paisible, seul comme je l'ai toujours été, seul comme toujours je le serai. Et je me demande si ma voix, chose apparemment si insignifiante, n'incarne pas la substance de milliers de voix, l'avide besoin de se raconter des milliers de vies, la patience de millions d'âmes, soumises comme la mienne au destin quotidien, au rêve inutile, à l'espoir sans lendemain. Dans ces moments-là mon cœur bas plus fort par la conscience que j'en ai. Je vis plus car je vis plus grand. Je sens en ma personne une force religieuse, une espèce d'oraison, un semblant de clameur. Mais la réaction contre moi-même émane de mon intelligence... Je me vois à ce quatrième étage de la Rua dos Douradores, je sens que j'ai sommeil ; je regarde, sur ma feuille de papier à moitié rédigée, ma main dépourvue de beauté, et la cigarette bon marché que la gauche promène sur mon vieux buvard. Moi, ici, à ce quatrième étage, en train d'interpeller la vie ! de dire ce que les âmes sentent ! de faire de la prose comme les génies et les hommes célèbres ! Ici, moi, comme ça !...

Auteur: Pessoa Fernando (Alv. de Campos)

Info: Livre(s) de l'Inquiétude, pp 265-266. Trad : Marie-Hélène Piwnik. Christian Bourgeois éditeur 2018

[ solitude ] [ autoportrait ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

société

Nous avons coutume de considérer que nous formons un grand corps démocratique dont les membres sont liés entre eux par une communauté de sang et de langage, et dont l'unité indissoluble est assurée par tous les modes de communication qu'ait pu tramer l'ingéniosité de l'homme ; nos vêtements, notre alimentation sont identiques ; nous lisons les mêmes journaux (exactement, titre, poids et tirage mis à part) ; nous sommes le peuple le plus collectiviste du monde, hormis quelques peuplades primitives que nous tenons arriérés dans leur développement. Et pourtant...
Pourtant, malgré tant d'apparences qui sembleraient prouver que nous sommes étroitement liés et apparentés ; que nous vivons en bons voisins ; que nous avons bon caractère ; que nous sommes serviables, compatissants, fraternels presque, nous sommes un peuple solitaire, un troupeau morbide et dément, se démenant de tous côtés dans une rage frénétique et jalouse ; un peuple qui voudrait oublier qu'il n'est pas ce qu'il croit, un peuple qui n'est pas réellement uni ; dont les individus n'ont, les uns pour les autres, aucun dévouement réel, aucune attention réelle, ne sont, en vérité, que des unités brassées par Dieu sait quelle main invisible, selon une arithmétique qui n'est pas notre affaire.

Auteur: Miller Henry

Info: La Crucifixion en rose, tome 1 : Sexus

[ solitude ] [ égoïsme ]

 

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parasites

Horaires libres, je peux me lever à midi et bosser jusqu’à 3 heures du matin. Mon seul problème, c’est le quidam qui radine, à l’improviste. Et qui ne comprend pas ce que je fabrique entre ces quatre murs. Il s’assied sur un fauteuil et me regarde, il n’est là que pour capter mon énergie et me refiler du vent en échange. Il arrive qu’ils soient plusieurs, et qu’ils s’accrochent. Dans ces moments-là, à moins d’accepter de se laisser submerger par cette équipe de bons à rien, il me faut être cruel – eux aussi, cela dit, le sont en ne respectant pas mon travail. Je les fous donc à la porte à coups de pied dans le cul. Mais, parmi ces visiteurs imprévus, il en est, je le reconnais, qui me donnent le meilleur d’eux-mêmes, qui m’offrent sans compter leur force et leurs lumières, sinon tous les autres se contentent de faire rejaillir sur moi leur propre inutilité. Je ne vois pas ce qu’il y aurait d’humain à tolérer à ses côtés la présence de morts, au contraire je contribue par ma seule présence à l’accélération de leur décomposition, et d’ailleurs, lorsqu’ils me quittent pour regagner leurs cercueils, ils laissent toujours sur le plancher quelques lambeaux de leurs chairs méphitiques.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Un carnet taché de vin", pages 233-234 - A propos de son "métier" d'écrivain

[ vampirisme ] [ mort-vivant ] [ solitude ] [ casse-pieds ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

écriture

Pourquoi écrire, si je n'écris pas mieux ? Mais que deviendrais-je si je n'écrivais pas le peu que je réussi à écrire, même si, ce faisant, je demeure très inférieur à moi-même ? Je suis un plébéien de l'idéal, puisque je tente de réaliser ; je n'ose pas le silence, tel un homme qui aurait peur d'une pièce obscure. Je suis comme ceux qui apprécient davantage la médaille que l'effort, et qui se parent des plumes du paon.

Pour moi, écrire c'est m'abaisser ; mais je ne puis m'en empêcher. Ecrire, c'est comme la drogue qui me répugne et que je prends quand même, le vice que je méprise et dans lequel je vis. Il est des poisons nécessaires, et il en est de forts subtiles, composés des ingrédients de l'âme, herbes cueillies dans les ruines cachées de nos rêves, coquelicots noirs trouvés sur les tombeau de nos projets, longues feuilles d'arbres obscènes, agitant leurs branches sur les rives des eaux infernales de l'âme.

Ecrire, oui, c'est me perdre, mais tout le monde se perd, car vivre c'est se perdre. Et pourtant je me perds sans joie, non-pas comme le fleuve qui se perd à son embouchure - pour laquelle il est né, encore inconnu -, mais comme la flaque laissée dans le sable par la marée haute, et dont l'eau lentement absorbée ne retournera jamais à la mer.

Auteur: Pessoa Fernando (Alv. de Campos)

Info: Le livre de l'intranquillité

[ quête ] [ passe-temps ] [ mémoire ] [ solitude ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

absurdité

Bois du vin, car tu dormiras longtemps sous l'argile,
Sans un ami, un camarade, une femme ;
Veille à ne jamais dire ce secret à personne :
Les tulipes fanées ne refleuriront jamais.

Ô toi dont la joue est modelée sur le modèle
des roses sauvages !
Toi dont le visage est moulé comme celui des idoles de la Chine,
Hier ton amoureux regard changea le roi de Babylone
En un fou que le joueur fait manœuvrer
sur l'échiquier

Ni toi ni moi ne résoudrons le mystère de ce monde ; ni toi ni moi ne lisons cette écriture secrète.
Tous deux, nous aimerions savoir ce que cache ce voile ; mais quand le voile tombe, il n'y a plus ni toi ni moi.

Ne cherche aucun ami dans cette foire que tu traverses.
Ne cherche pas, non plus, un abri sûr.
D'une âme ferme, accueille la douleur, et ne songe pas à te procurer un remède que tu ne trouveras pas.
Dans l'infortune, souris.
Ne demande à personne de te sourire.
Tu perdrais ton temps.

Ma naissance n'apporta pas le moindre profit à l'univers.
Ma mort ne diminuera ni son immensité ni sa splendeur.
Personne n'a jamais pu m'expliquer
pourquoi je suis venu, pourquoi je partirai.

Cette voûte céleste sous laquelle nous errons, je la compare à une lanterne magique dont le soleil est la lampe. Et le monde est le rideau où passent nos images.

Auteur: Khayyâm Omar

Info:

[ solitude ] [ confiance personnelle ] [ monade ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

lecture

Je suis d'accord avec Proust, disait-il, sur le fait que les livres créent leur propre silence d'une manière que l'on atteint rarement avec des amis. Et le silence qui devient palpable quand on a terminé un Chant de Dante, disait-il, est tout à fait différent du silence qui devient palpable quand on a atteint la fin d’Oedipe à Colonne. Ce qui est arrivé de plus terrible aux gens aujourd'hui est qu'ils ont pris peur du silence. Au lieu de le rechercher comme un ami et une source de renouveau, ils essayent de toutes les façons possibles de le faire taire. Jusqu'il y a quelques années, disait-il, les gens avaient encore la possibilité de redécouvrir la valeur du silence lorsqu'ils qu'ils quittaient l'enceinte de leur maison. Même si leur première réaction instinctive en rentrant chez eux était d'allumer la radio ou la télévision, lorsqu'ils ouvraient leur porte pour sortir ils devaient laisser ces bruits derrière eux. Mais maintenant, disait-il, ils peuvent emporter leur Walkmans et les brancher dans leurs oreilles et ils n'ont plus jamais besoin de vivre sans leur horrible musique. C'est un drogue, disait-il, et elle doit être traitée comme une drogue. Elle est plus dangereuse que le cannabis et crée une dépendance comme l'héroïne. A la source, disait-il, se trouve l'habitude et la peur et le désespoir, la peur du silence est la peur de la solitude. Les gens ont peur du silence, disait-il, parce qu'ils ont perdu la capacité à faire confiance au monde pour leur accorder le renouveau. Pour eux le silence ne signifie que la reconnaissance d'avoir été abandonnés.

Auteur: Josipovici Gabriel David

Info: Moo Pak

[ calme ] [ solitude ]

 

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génie

Dans le temple de la science il y a beaucoup de jolies constructions de bons constructeurs. Ces derniers, divers et nombreux, jusqu'à la saturation, y ont participé pour divers motifs.
Beaucoup prennent la science comme un outil exaltant de puissance intellectuelle ; la science est leur propre sport spécial, celui avec lequel ils recherchent une expérience vive et la satisfaction de l'ambition ; d'autres ont déposé sur l'hôtel de la science tous les fruits de leurs cerveaux pour des buts purement utilitaires.
Si un ange du seigneur venait à jeter toutes les personnes appartenant à ces deux catégories hors du temple, celui-ci sera bien plus vide mais il y aurait toujours quelques hommes du passé et du présent encore à l'intérieur...
D'ailleurs si les personnes qui viennent d'être expulsés avaient été les seuls types existant le temple n'aurait jamais existé si ce n'est comme un bois qui ne se composerait de rien d'autres que de plantes grimpantes...
Ceux qui ont trouvé la faveur de l'ange sont des camarades quelque peu bizarres, peu communicatifs, solitaires, sauvages, mais bien plus différents les uns des autres que les gens expulsés.
Qu'est ce qui les a amenés là ? Dans ce temple... aucune réponse ne le dira vraiment. Peut-être pour s'échapper de la vie quotidienne, de sa crudité douloureuse, sa monotonie désespérante, une envie de quitter la servitude de ses propres désirs. Un esprit finement équilibré et acéré désire ardemment s'échapper d'environnements trop étroits et bruyants pour gagner le silence des hautes cimes, là où l'oeil parcourt librement l'immensité pure et tranquille et y discerner avec joie les contours apaisants d'un monument apparemment établi pour l'éternité.

Auteur: Einstein Albert

Info: à l'âge de 39 ans, Ideas and Opinions, Wings Books, 1988 p, 224-225 cité par Pirsig

[ élévation ] [ originalité ] [ solitude ] [ indépendance ] [ zen ] [ beauté ] [ harmonie ]

 

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