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peinture

Le Titien. Dieu sait comment ce gros album avec une jaquette vernissée avait trouvé refuge à la maison. Sans doute, en avait-on gratifié le père à l'usine, pour quelque perfectionnement d'un arbre de cardan. Ils auraient mieux fait de lui passer un vivant billet de vingt roubles avec la trogne de Lénine dans des nuées d'ombres lilas. Ce n'était pas le point de vue d'Ogariov. Il aimait le Titien. Le Titien était une fête, chipée et secrète. Danaé, la Madone tzigane, un portrait de jeune femme. La charmante Salomé soulevant une tête morte et monstrueuse. Des nudités alanguies et gourmandes. Des yeux sombres et tristes, des bouches minuscules, des cous tendres, des plissés fondus dans l'obscurité qui augurent un certain plaisir. Des fossettes sur les joues et les coudes. La gorge desséchée. L'Italie, Florence, la Renaissance, Santa Maria del Fiore, Santa Croce, Santissima Annunziata - des mots superbes qui ne signifiaient rien. Ils ne recouvraient aucun sens, rien d'une manière générale, sauf de la lumière.

Auteur: Stepnova Marina

Info: Leçons d'Italie

[ art pictural ]

 

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désidôlatrie

"Je ne dis même pas: la politique, c'est l'inconscient, mais tout simplement: l'inconscient, c'est la politique."

La précision syntaxique de Lacan est toujours au service de la logique du sens: "la politique, c'est l'inconscient" mettrait l'inconscient en place de "grand Autre" qui en tant que doté de quelque subtile substance existerait, dominerait et régulerait l'activité politique réelle, où l’engagement politique prendrait ses vraies racines non pas dans l'idéologie ou l'intérêt personnel, mais dans de sombres motivations libidinales inconscientes... or Lacan, soulignant l’asymétrie de la proposition, enfonce le clou: "l’inconscient c’est la politique" signifie dès lors que c’est le grand Autre lui-même qui perd son caractère dominant, il n'est plus l'Inconscient majuscule, substantiel et unique, mais se transforme par ce renversement même en un champ langagier inconsistant et fragile, surdéterminé par les luttes et enjeux politiques.

Voilà qui permet d’approcher en quoi la psychanalyse est une clinique du discours ET un discours, sans lequel elle ne saurait opérer en tant que psychanalyse.

Auteur: Dubuis Santini Christian

Info: Publication facebook du 03.09.20

[ discours du maître ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

contemplation

Cet endroit ensoleillé, tel un trou percé par la lumière entre les bois sombres et humides de cèdres et de bambous, ouvert vers le ciel, était différent du souvenir qu’elle en avait gardé, mais il lui plut immédiatement, sans qu’elle sache vraiment pourquoi. 

Il était parsemé de vieilles souches d’arbres et des violettes poussaient entre les fondrières. La floraison était déjà terminée, les capsules de graines semblaient sur le point d’éclater. Imaginer toutes ces violettes en fleurs la rendit heureuse. Mais lui fit aussitôt regretter d’avoir manqué un tel spectacle. 

Elle s’assit sur l’une des souches et sentit son esprit s’apaiser, tandis qu’une sensation de calme se diffusait en elle. Cernée par les jeunes camphriers, les châtaigniers et les bouleaux, elle avait l’impression qu’une petite chose très précieuse – une petite chose douce, chaude et adorable – se cachait quelque part dans les environs. Comme un petit, un tout petit nid douillet, festonné de plumes duveteuses d’un petit, d’un tout petit oiseau.

Auteur: Nashiki Kaho

Info: L'été de la sorcière

[ nature ] [ symbiose ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

silence nocturne

J'aime la nuit. Ses sanglots dans les tuyaux. Le frigo qui se remet en marche. L'eau qui coule du robinet pour le chat. Il ne boit qu'à l'eau fraîche qui l'éclabousse. Sa langue rose. Je revisite le silence. Les nuits du monde. Les nuits immenses et lointaines qui bruissent. Les présences animales dans la nuit sans lune, le scarabée qui se hâte, celui qui te veut du bien ou du mal, un cheval qui broute malgré tout, un regard qui fuit, une invention qui te file le frisson, la lune qui court sur le grand piano céleste, effleure les arbres, explose, sur le bord de la rivière, découvre un pêcheur solitaire sans nom et sans sommeil, l'homme est un ami. Il salue la lune qui court, en trébuchant dans la forêt aux mille vies, mille odeurs, mille rêves sombres, mille matins saveurs. 



Les loups en colonne trottinent le long de la lisière. J'incante la nuit. J'incante la lune. Je suis un adorateur.

Auteur: Bohringer Richard

Info: Traîne pas trop sous la pluie

[ dilection ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

ambiance

Je ne me souviens pas clairement quand tout a commencé, mais c'était il y a des mois. La tension générale était horrible. A une période de bouleversements politiques et sociaux vint s'ajouter la crainte, bizarre et obscure, d'un abominable danger physique, répandu partout, menaçant tout - comme on ne peut en imaginer que dans les plus atroces fantasmes nocturnes. Je me souviens que les gens marchaient, le visage blême et préoccupé, et chuchotaient des mises en garde et des prophéties que nul n'osait consciemment répéter, ou s'avouer à lui-même avoir entendues. Un monstrueux sentiment de culpabilité s'étendait sur tout le pays, et des abysses entre les étoiles soufflaient des vents glacés qui faisaient frissonner les hommes dans des lieux sombres et solitaires. L'enchaînement des saisons connut des altérations démoniaques : la chaleur de l'automne persista d'effrayante façon, et chacun sentit que la Terre et peut-être l'univers avaient échappé au contrôle des dieux, ou des forces, inconnus, pour passer sous celui d'autres dieux, d'autres forces, qui restaient ignorés.

Auteur: Lovecraft Howard Phillips

Info: "Nyarlathothep"

[ description ] [ conscience collective ] [ attente ] [ angoisse ] [ pressentiment ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

nature

Vienne est le règne de l'ombre, la ville est noire, tout y est artificiel. Je veux être seul. Je veux aller en forêt de Bohême. Mai, juin, juillet, août, septembre, octobre ; il me faut voir et explorer des choses nouvelles, je veux goûter de sombres eaux, des arbres grinçants, je veux voir des airs sauvages, m'étonner de clôtures décomposées, je veux les vivre, je veux entendre de jeunes forêts de bouleaux et des feuilles frémissantes, voir de la lumière, du soleil et jouir du vert bleuté des vallées humides au crépuscule. Sentir briller des poissons rouges, voir se construire des nuages blancs, parler aux fleurs. Contempler des herbes, des gens aux joues roses, de vieilles églises respectables, savoir dire les petits clochers ; je veux parcourir sans retenue de rondes collines couvertes de champs et traverser de grandes étendues, je veux embrasser la terre et humer les mousses chaudes et douces ; alors je donnerai forme à de belles oeuvres : des champs rayonnant de couleurs...

Auteur: Schiele Egon

Info: Lettre à son futur beau-frère

[ symbiose ] [ création ] [ manque ]

 

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mystère

Qui a dit de l'eau qu'elle est incolore, inodore et sans saveur ?... L'eau a une couleur que révèle la soif. L'eau a la couleur des chants d'oiseaux, le moineau en particulier, de ces oiseaux que n'affole pas cette guerre venue de la mer tant que demeure préservé leur morceau de ciel. L'eau a le goût de l'eau, cette odeur de l'air chaud, en fin d'après-midi, quand il s'élève des champs où se bercent les vagues lourdes des épis, le long d'étendues parsemées de zébrures sombres, pareilles aux ombres fugaces que laissent derrière elles les ailes des moineaux quand ils rasent les moissons. Car il ne suffit pas de voler pour être oiseau. L'une des pires choses de la langue arabe, c'est peut-être que l'avion - tâïra - soit le féminin de l'oiseau - tâïr. Les oiseaux poursuivent leur chant, affirment leur présence au milieu du fracas des bombardements maritimes. Qui a dit que l'eau est inodore, incolore et sans saveur? Qui a dit que l'avion est le féminin de l'oiseau?

Auteur: Darwich Mahmoud

Info: Une mémoire pour l'oubli

[ vocabulaire ] [ aqua simplex ]

 

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nature

La rivière était haute et nerveuse. Les berges sifflaient et de petits tourbillons glougloutaient éperdument à la surface avant d'être balayés et ramenés dans les rangs. Je sentais la terre trembler sous mes pieds, je sentais l'euphorie du courant et j'en étais tout réjoui et comme paralysé d'émotion. J'aimais cette rivière. Je sentais mon coeur battre chaque fois que je l'approchais. Je comptais parmi les plus belles choses de ma vie le simple fait de m'asseoir à ses côtés, la regarder, l'écouter, sous le soleil, sous la pluie, qu'elle fût calme ou exaspérée, limpide ou noire comme de l'encre, je connaissais ses humeurs, ses chants, ses sortilèges, elle me parlait, me réconfortait ou me plongeait dans de sombres états d'âme, elle dansait comme un ange ou se dandinait comme une infâme putain, j'avais passé des heures et des heures avec elle, les yeux fixés dans ses reflets, alanguis ou rougis de larmes ou fiévreusement écarquillés lorsque le jour tombait et qu'un dernier rayon déclenchait la plus étonnante et hiératique symphonie que je pouvais imaginer, certainement oui j'éprouvais à son égard un amour véritable.

Auteur: Djian Philippe

Info: Crocodiles

[ contemplation ] [ eau ]

 

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radioactivité

Ce que j'ai face à moi, ce que je dessine n'est pas la vérité ! Je ne vois pas le désastre, mais une explosion de couleurs resplendissantes. Seul le compteur me dit : " C'est contaminé, ne reste pas là ! "
Comment dessiner l'invisible ?
J'avais imaginé dessiner des forêts noires, des arbres tordus, décharnés, étranges ou monstrueux... J'avais mes craies noires, mes encres sombres, mes fusains... Mais la couleur s'impose à moi.
Mon dessin ne dit rien du réel. Quelle étrangeté que de devoir représenter ce que je ne vois pas, ne ressens pas ! Mes sens me disent le contraire de ce que m'indique le dosimètre. Je suis pris de vertige. Pripiat, ville désolée, colle à ce que je m'imaginais de la catastrophe, correspond à l'image que je me faisais du désastre. Mais ici dans la zone ? Cette vibration subtile des couleurs couvre l'effroyable réalité qui se cache à mes yeux. Dessiner, c'est soulever la surface du visible et je me sens impuissant. Va pour Pripiat et ses rues vides et grises, Mais les forêts bleues ? Quoi, alors ? La beauté ? Comment ça, la beauté ?

Auteur: Lepage Emmanuel

Info: Un printemps à Tchernobyl

[ atomique ]

 

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répartie

Quand le comte, qui ne fit rien pour se dérober, fut à sa hauteur, le duc vint vers lui de sorte que, flanqué de ses deux amis, il lui barra la route.
Beaufort n'y alla pas par quatre chemins :
- Mais ne serait-ce point le comte de Nissac ?... Voyez-vous, cher comte, je vous regardais, et je regardais également ce bassin et les poissons qui le peuplent en me disant "Tiens, voilà le premier Nissac qui n'est point marin. Souffrez-vous donc du roulement de la mer ? Refusez-vous de servir de nourriture aux crabes comme vos glorieux ancêtres ?... En un mot, seriez-vous un lâche, Nissac ?"
Les compagnons du duc partirent aussitôt à rire, forçant un peu la mesure.
Nissac, cependant, ne quittait pas Beaufort du regard et le duc, confronté à ces yeux sombres, froids et inexpressifs en ressentit un passager malaise.
Nissac répliqua enfin :
- Ce genre de question ne souffre pas de réponse mais une démonstration.
- J'en suis tout aise et désolé pour vous qui allez mourir !
- Je sais, je sais : des tas de cadavres m'ont dit cela bien avant vous.

Auteur: Fajardie Frédéric H.

Info: Les Foulards rouges

[ menace ] [ mort ]

 

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