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teinte

Mais revenons dans la seconde moitié du XIXème siècle, lorsque partout en Europe se met en place un nouveau paysage industriel et que des régions entières changent d'aspect sous l'emprise de la mine, du charbon, du fer et de la métallurgie. Le noir s'immisce partout, jusqu'au cœur des grandes villes, telle Londres qui, au dire de Charles Dickens, possède vers 186 "les rues plus plus sales et les plus sombres que le monde ait jamais vues" et que "la suie et la fumée enveloppent continuellement d'un crasseux vêtement de deuil". La capitale anglaise n'a cependant pas le monopole de l'obscurité et de la saleté. Dans toutes les cités industrielles, les fumées déposent sur les immeubles, les objets et les personnes des couches e suie plus ou moins épaisses, plus ou moins grasses, dont il est pratiquement impossible de se débarrasser. D'où la permanence des vêtements masculins de couleurs sombres, spécialement le noir, trop cher pour être porté par les ouvriers - leurs tenues de travail sont bleues ou grises - mais qui dans les bureaux et le monde des affaires constitue une sorte d'uniforme.


Auteur: Pastoureau Michel

Info: Noir : Histoire d'une couleur. Toutes les couleurs du noir - XVIIIème-XXIème siècle, p.198

[ ébène ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

nuée ardente

Ceux qui ont passé la nuit dans les entrepôts du port et sur le rivage aperçoivent alors un mur incandescent rouler vers eux à une vitesse terrifiante.

Tout ce qui se trouve sur son passage est aussitôt englouti dans un bruit monstrueux. La terre vibre, comme sous le martèlement d’un immense troupeau de chevaux. Les habitants qui sont restés dans la ville se précipitent vers la mer, certains que dans l’eau ils seront à l’abri. (…)

Au port, les réfugiés voient le mur rougeoyant passer par-dessus les maisons, les engloutir, submerger la plage, avaler les hangars à bateaux, les entrepôts des commerçants. Quand la nuée atteint la mer, de gigantesques explosions projettent les ponces qui tapissent la surface avec une gerbe d’écume. Le feu se mélange à l’eau dans un bouillonnement intense et un bruit indescriptible, mais il n’y a plus personne pour l’entendre. D’épaisses colonnes de fumée grise, mélange de vapeur d’eau et de cendre, montent à l’assaut du ciel bleu, forment des nuages sombres où crépite la foudre.

Puis le silence retombe sur Herculanum, un silence étrange, profond, celui de la mort.

Auteur: Bordes Gilbert

Info: La dernière nuit de Pompéi

[ éruption ] [ volcanique ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

Afrique

Ce n'est pas pour rien qu'on a surnommé Mopti "la Venise du Soudan" : toutes ses activités sont plus ou moins liées à la vie du fleuve et au rythme de ses crues. Les Bozos qui sont les plus anciens occupants du lieu, fabriquent à la main ces longues et merveilleuses pirogues que l'on voit fendre silencieusement les eaux et dont certaines sont capables de transporter des tonnes de marchandises. Peuple de pêcheurs et de chasseurs, ils sont les "maîtres de l'eau" traditionnels de toute la région. Dans cette zone de confluence des eaux noires et des eaux blanches, on rencontre des ethnies de diverses origines, des plus claires aux plus sombres. Après les Bozos, les plus anciennes sont les Songhaïs et les Peuls. Les Bambara et les Dogons n'y sont venus que plus tardivement. Toute la région de la Boucle du Niger constituait autrefois, dans sa partie ouest, un véritable réservoir des richesses du pays en matière d'agriculture, d'élevage, de pêche et de chasse, sans parler des traditions religieuses et culturelles. L'homme y vivait à l'aise et l'artisanat traditionnel y était particulièrement développé. Le Macina, où les Peuls vinrent se fixer jadis en raison de la richesse de ses pâturages, est situé au coeur de cette région dont Mopti est l'un des fleurons.

Auteur: Bâ Amadou Hampâté

Info: Amkoullel, l'enfant Peul

[ historique ]

 

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souk

Pour arriver chez moi, il fallait monter des rues et des rues mauresques, tortueuses, coupées de couloirs sombres sous la forêt des porte-à-faux moisis.
Devant les boutiques inégales, on côtoyait des tas de légumes aux couleurs tendres, des mannes d’oranges éclatantes, de pâles citrons et de tomates sanglantes. On passait dans la senteur des guirlandes légères de fleurs d’oranger ou de jasmin d’Arabie lavé de rose avec, au bout, des petits bouquets de fleurs rouges.
Il y avait des cafés maures avec des pots de romarin et des poissons rouges flottant dans des bocaux ronds sous des lanternes en papier, des gargoulettes où trempaient des bottes de lentisque.
À côté, c’étaient des gargotes saures avec des salades humides et des olives luisantes, des étalages de confiseurs arabes avec des sucres d’orge et des pâtisseries poivrées, des fumeries de kif où on jouait du flageolet.
On frôlait des Mauresques en pantalons lâches et en foulards gorge-de-pigeon ou vert Nil, des Espagnoles avec des roses de papier piquées dans leurs crinières noires.
On pouvait acheter de tout, on entendait tous les langages, tous les cris de la vie méditerranéenne, bruyante, toute en dehors, mêlée aux réticences et aux chuchotements de la vie maure.
Enfin, au fond d’une impasse, par une porte branlante, on entrait dans un patio frais, plein d’une ombre séculaire.

Auteur: Eberhardt Isabelle

Info: Pages d'Islam, Le mage

[ marché ] [ foire ]

 

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art pictural

Le jeune Nakamura Tsune avait fait de la femme qu'il aimait des portraits puissants et sensuels. Il utilisait beaucoup de rouge et on disait de lui qu'il peignait dans le style de Renoir. Son oeuvre la plus célèbre et la mieux connue, le Portrait d'Erashenko, exprimait presque religieusement, mais au moyen de tons chauds et harmonieux, toute la noblesse et toute la mélancolie du poète aveugle. Toutefois, sa dernière oeuvre, le Portrait de la vieille mère de l'artiste, avait été exécutée avec une très grande sobriété et le peintre n'avait employé que des couleurs sombres et froides. On y voyait une vieille femme hâve et décharnée, assise de profil sur une chaise et, derrière elle, en guise de fond, un mur à moitié lambrissé. Dans ce mur, à la hauteur de son visage, une niche avait été excavée où l'on avait posé un pichet et, derrière la tête de la vieille femme, un thermomètre était accroché. Otoko ignorait s'il n'avait pas été ajouté par l'artiste pour les besoins de sa composition, mais ce thermomètre, ainsi que le chapelet qui pendait des mains de la vieille femme délicatement posées sur ses genoux, l'avaient vivement impressionnée. Ils symbolisaient en quelque sorte les sentiments de l'artiste qui allait précéder sa vieille mère dans la mort. Tel était peut-être le sens de ce portrait.

Auteur: Kawabata Yasunari

Info: Dans "Tristesse et beauté"

[ description ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

vieillesse

Môme, aie patience et foi, car la vie dure tant de jours, et chaque heure présente passera. Fils, fils, tu as été fou et ivre, furieux et sauvage, empli de haine et de désespoir, avec toutes les sombres confusions de l'âme - tout comme nous l'avons été. Tu trouvais la terre trop grande pour seule ta vie, tu trouvais ton cerveau et ta vigueur plus petits que la faim et le désir qui s'en nourrissaient - mais il en fut ainsi pour tous les hommes. Tu as trébuché dans les ténèbres, tu as été attiré par des directions opposées, tu as faibli, tu as raté le chemin, mais mon enfant, telle est la chronique de la terre. Et maintenant, parce que tu as connu folie et désespoir, et parce que tu recommenceras encore à désespérer avant de rejoindre le soir, nous qui avons pris d'assaut les remparts de la terre furieuse et avons été repoussés, nous qui avons été rendus fous par le mystère inconnaissable et amer de l'amour, nous qui avions faim de gloire et qui avons goûté toute la vie le tumulte, la douleur et la frénésie, et qui sommes maintenant assis tranquillement à nos fenêtres pour contempler tout ce qui désormais ne nous touchera plus - nous te demandons de prendre courage, car nous pouvons te jurer que tout ça passe.

Auteur: Wolfe Thomas Clayton

Info: You Can't Go Home Again

[ sérénité ] [ harangue ] [ père-fils ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

visionnaire

Les pièces de Shakespeare sont telles des planètes gravitant autour d'un astre qui serait notre présent, chacune d'elles, tour à tour, s'éloignant puis s'approchant de notre monde et de notre sensibilité. Si l'on veut suivre cette belle image, due à Peter Brook, le ciel shakespearien est, en cette fin d'année, particulièrement encombré. Entre autres pièces à l'affiche, le Festival d'automne propose deux Hamlet, l'un monté par le même Peter Brook, l'autre par l'allemand Peter Zadek qui a confié le rôle-titre à une femme. Quant aux Comédies de Shakespeare, elles viennent d'être rassemblées en deux volumes dans la collection Bouquins-Laffont, complétant ainsi une nouvelle édition bilingue intégrale qui fait autorité. Une conjonction si favorable ne nous met pas pour autant à l'abri des hypothèses farfelues et autres sornettes dont on affuble régulièrement Shakespeare. Après qu'on l'ait taxé d'être un prête-nom (pour Francis Bacon ou même Christopher Marlowe), homosexuel (en raison des ambiguïtés amoureuses qui transparaissent dans ses Sonnets), un astronome, un chef de guerre au service du Comte de Leicester, un espion même, il est suspecté aujourd'hui, par une équipe de chercheurs d'Afrique du Sud, d'avoir fumé du cannabis. Les visions suscitées par la drogue pourraient coïncider avec les sombres images et les puissants délires qui traversent son oeuvre. Fumette or not fumette ? Question bien futile qui n'ébranlera pas la mécanique céleste dont Shakespeare est le génial démiurge.

Auteur: Internet

Info: http://www.magazine-litteraire.com/dossiers/dos_393.htm

[ littérature ]

 

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progrès

Les technologies qui eurent les effets les plus profonds sur la vie humaine sont généralement simples. Un bon exemple d'une technologie simple avec des conséquences historiques profondes est le foin. Personne ne sait qui a inventé le foin, cette idée de couper l'herbe en automne et de la stocker en assez grande quantité pour maintenir vivants les chevaux et les vaches pendant l'hiver. Tout que nous savons est que la technologie du foin était inconnue pendant l'empire romain mais était utilisée dans chaque village de l'Europe médiévale. Comme beaucoup d'autres technologies crucialement importantes, le foin a émergé de manière anonyme pendant les prétendus âges sombres. Selon la théorie du "Foin dans l'Histoire", son invention fut l'événement décisif qui déplaça le centre de gravité de la civilisation urbaine du bassin méditerranéen vers Europe du nord et de l'ouest. L'empire romain n'avait pas besoin de foin parce que dans le climat méditerranéen l'herbe se développe suffisamment en hiver pour que les animaux se nourrissent. Au nord des Alpes, les grandes villes qui dépendaient des chevaux et des boeufs pour la puissance motrice ne pourraient pas exister sans foin. Ainsi c'est le foin qui a permis à ces populations de se développer et à ces civilisations de s'épanouir au milieu des forêts de l'Europe nordique. Le foin a déplacé la grandeur de Rome vers Paris et Londres, et, un peu plus tard vers Berlin, Moscou et New York.

Auteur: Dyson Freeman

Info: Infinite in All Directions, p. 135, Harper and Row, 1988

[ historique ] [ civilisation ] [ agriculture ] [ granges ]

 

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éloge

La traduction d’Eugène Onéguine, c’est, oui, de loin, de loin, de loin, la chose la plus importante que j’aie faite de ma vie – et je ne dis pas que l’intégrale de Dostoïevski, ce n’est rien du tout… Et je ne peux pas expliquer pourquoi, parce que, soit on comprend, soit on ne comprend pas. Je le dis souvent : une fois qu’on est entré dans Onéguine, qu’on a, non pas "compris" (il n’y a rien à comprendre, pas de sens caché, rien – tout est à la surface), mais "senti", alors, vraiment, votre vie change, et vous vivez dans ce sourire, ce sourire d’une tristesse infinie, mais dont émane une lumière étonnante : quelque chose d’intime (je veux dire que ça parle à chacun de nous différemment, selon sa vie, son enfance, ses propres souvenirs) et de totalement universel. Et, je le redis, léger. Et je repense, une fois encore, à cette phrase d’Alexandre Blok, en 1921, avant de se laisser mourir : "Notre mémoire conserve depuis l’enfance un nom joyeux : Pouchkine. Ce nom, ce son emplit de nombreux jours de notre vie. Les sombres noms des empereurs, des chefs de guerre, des inventeurs d’armes de destruction, des bourreaux et des martyrs de la vie. Et, à côté d’eux, ce nom léger : Pouchkine."

Cette légèreté-là, c’est ce qui fait que j’aime si fort la langue russe, et la Russie (et que je suis tellement blessé par son histoire).

Auteur: Markowicz André

Info: Partages

[ écrivain-sur-écrivain ] [ humus linguistique ] [ patrie idiomatique ] [ littérature ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

nombres

Ô mathématiques sévères, je ne vous ai pas oubliées, depuis que vos savantes leçons, plus douces que le miel, filtrèrent dans mon coeur, comme une onde rafraîchissante. J'aspirais instinctivement, dès le berceau, à boire à votre source, plus ancienne que le soleil, et je continue encore de fouler le parvis sacré de votre temple solennel, moi, le plus fidèle de vos initiés. Il y avait du vague dans mon esprit, un je ne sais quoi épais comme de la fumée ; mais, je sus franchir religieusement les degrés qui mènent à votre autel, et vous avez chassé ce voile obscur, comme le vent chasse le damier. Vous avez mis, à la place, une froideur excessive, une prudence consommée et une logique implacable. À l'aide de votre lait fortifiant, mon intelligence s'est rapidement développée, et a pris des proportions immenses, au milieu de cette clarté ravissante dont vous faites présent, avec prodigalité, à ceux qui vous aiment d'un sincère amour. Arithmétique ! Algèbre ! Géométrie ! Trinité grandiose ! Triangle lumineux ! Celui qui ne vous a pas connues est un insensé ! Il mériterait l'épreuve des plus grands supplices ; car, il y a du mépris aveugle dans son insouciance ignorante ; mais, celui qui vous connaît et vous apprécie ne veut plus rien des biens de la terre ; se contente de vos jouissances magiques ; et, porté sur vos ailes sombres, ne désire plus que de s'élever, d'un vol léger, en construisant une hélice ascendante, vers la voûte sphérique des cieux.

Auteur: Lautréamont Isidore Ducasse

Info: Les chants de Maldoror, 1869, GF 528, Flammarion 1990 II 10 p.162

[ éloge ] [ poésie ]

 

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