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s'endormir

Enfant, elle perdait toujours un peu la tête quand elle avait sommeil. Elle entortillait ses cheveux en spirale autour de ses doigts en prononçant des phrases incohérentes. Ses parents savaient alors qu’elle avait dépassé son heure. C’était sa manière d’éloigner les démons qui la poursuivaient. Lorsqu’ils étaient trop près, son père lui avait appris à respirer lentement dans son lit et à desserrer autour d’elle les cercles maléfiques qui l’oppressaient. Ça l’aidait à sentir qu’elle n’était qu’un humain sur la terre parmi des milliards d’autres humains, un arbre comme les autres, invisible parmi les milliards d’arbres de la forêt, une feuille parmi les feuilles, aussi fragile soit-elle. Les démons s’échinaient dans les branches, perdaient sa trace et laissaient place aux rêves paisibles.

Auteur: Maudet Jean-Baptiste

Info: Des humains sur fond blanc

 

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Ajouté à la BD par miguel

femme-par-homme

Deux êtres humains ─ mais en fin de compte, qu'était la femme, sinon seulement une masse de chair ? Elle dormait à poings fermés. Les autres marchaient à présent dans la fumée des décombres. Tous avaient perdu leur foyer, et tous marchaient. L'idée de dormir ne les effleurait sans doute même pas. Les seuls à pouvoir dormir en ce moment, c'étaient les morts, et puis cette femme. Les morts ne se réveilleraient jamais plus, mais la femme ouvrirait bientôt les yeux ; et elle aurait beau être éveillée, cela n'ajouterait strictement rien à sa masse de chair engourdie de sommeil. La femme produisait un léger ronflement, presque imperceptible, qu'il entendait pour la première fois. Cela ressemblait au grognement d'un cochon. Une truie, voilà exactement ce qu'elle était.

Auteur: Sakaguchi Ango

Info: L'idiote

[ animal ] [ anonyme ] [ attraction-répulsion ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

écriture

Écrire, c'est oublier. La littérature est encore la manière la plus agréable d'ignorer la vie. La musique apaise, les arts visuels exaltent, les arts du spectacle (comme le théâtre et la danse) divertissent. La littérature, cependant, se retire de la vie, se transformant en sommeil. Les autres arts ne présentent pas un tel recul, les uns parce qu'ils utilisent des formules visuelles et donc vitales, les autres parce qu'ils vivent de la vie humaine elle-même.

Ce n'est pas le cas de la littérature. La littérature simule la vie. Un roman est un conte de ce qui n'a jamais été, une pièce de théâtre est un roman sans narration. Un poème est l'expression d'idées ou de sentiments dans une langue que personne n'utilise, car personne ne parle en vers.

Auteur: Pessoa Fernando (Alv. de Campos)

Info: Le livre de l'intanquilité

[ refuge ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

songe

A défaut de meilleure méthode, celle que j'adopterai sera donc celle-ci:
Rappelant d'abord quelques points capitaux sur lesquels nous venons de voir que la controverse s'était surtout exercée, je commencerai par grouper ensemble des observations tendant principalement à démontrer:
1° Qu'il n'est point de sommeil sans rêve;
2° Que ni l'attention, ni la volonté ne demeurent nécessairement suspendues pendant le sommeil.
Et, ces premières divisions faites, je chercherai ce que l'expérience peut nous enseigner sur la marche et le tissu des rêves, comme sur les moyens de les évoquer ou de les conduire; sans attacher d'ailleurs à la classification de ces notes plus d'importance qu'il ne convient dans un livre où l'auteur a moins en vue d'ériger un système, que de réunir des documents précis pour une science à venir.

Auteur: Hervey de Saint-Denys Léon d'

Info: Les rêves et les moyens de les diriger

[ contrôle ]

 

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femmes-par-femmes

"Adèle..." Adam sourit, les yeux gonflés de sommeil.
Il est nu.
"Ne parle pas." Adèle enlève son manteau et se jette sur lui. "S’il te plaît.
— Tu pourrais appeler... Il n’est même pas huit heures..."
Adèle est déjà nue. Elle lui griffe le cou, lui tire les cheveux. Il se moque et s’excite. Il la pousse violemment, la gifle. Elle saisit son sexe et se pénètre. Debout contre le mur, elle le sent entrer en elle. L’angoisse se dissout. Elle retrouve ses sensations. Son âme pèse moins lourd, son esprit se vide. Elle agrippe les fesses d’Adam, imprime au corps de l’homme des mouvements vifs, violents, de plus en plus rapides. Elle essaie d’arriver quelque part, elle est prise d’une rage infernale.
"Plus fort, plus fort", se met-elle à crier.

Auteur: Slimani Leïla

Info: Dans le Jardin de l'Ogre

[ sexuelle ] [ excitée ]

 

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savoir

La découverte scientifique n'est pas une preuve de génie, pas même d'intelligence. Il n'y faut que des connaissances techniques, servies par le hasard. Un "savant", qui mélange des corps, qui expérimente un sérum, qui "travaille" un animal tout vivant ligoté sur une table, ne sait pas ce qu'il produira, et cherche. C'est un mot courant dans les recherches de laboratoires : le phénomène possible. Le mathématicien Henri Poincaré a raconté avoir trouvé la solution de son problème le plus difficile dans l'inconscience du premier sommeil. Nous les avons vus, au début de la guerre, ces "savants", renier d'un coup de plume tout ce qu'ils admiraient auparavant chez leurs confrères allemands. Quand se sont-il trompés ? Quand ils admiraient, ou quand ils ont critiqué ? Si leur science vaut leur jugement, on voit si nous devons être sceptiques.

Auteur: Léautaud Paul

Info: Le théâtre de Maurice Boissard/Oeuvres/Mercure de France 1988, p.1356

[ serendipité ] [ dubitation ] [ rêve ] [ inspiration ]

 

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pensée-de-femme

Une fois, une femme (une aviatrice) a refusé de me rencontrer. Elle m'a expliqué pourquoi au téléphone : "Je ne peux pas. Je ne veux pas me souvenir. Trois ans passés à la guerre... Et durant trois ans, je n'ai plus été une femme. Mon organisme était comme en sommeil. Je n'avais plus de règles, plus de désir sexuel. J'étais une jolie femme, cependant... Quand mon futur mari m'a fait sa demande, c'était à Berlin. Devant le Reichstag. Il m'a dit : 'La guerre est finie. Nous sommes vivants. 'Épouse-moi.' J'aurais voulu pleurer. Crier. Le frapper ! Comment ça, l'épouser ? L'épouser - tout de suite ? Tu as bien regardé à quoi je ressemble ? Fais d'abord de moi une femme : offre-moi des fleurs, fais-moi la cour, dis-moi de belles paroles. J'en ai tellement envie ! [...]
Mais je ne peux pas raconter... Je n'ai pas la force de revenir en arrière... De devoir revivre encore une fois tout ça... "

Auteur: Alexievitch Svetlana

Info: La guerre n'a pas un visage de femme p. 13

 

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Ajouté à la BD par miguel

communauté

La canicule transforma la vie des citadins. Elle créa un sentiment de calvaire partagé et suscita des échanges entre inconnus. Pour une fois, il y avait un sujet de conversation commun à tout le monde. Le quotidien prit des allures communautaires qu'on avait presque oubliées. Les gens s'asseyaient sur leur perron. Les barbiers installaient des fauteuils à l'extérieur et rasaient leurs clients à l'ombre d'un arbre ou d'un store. Partout les fenêtres étaient grandes ouvertes, celles des bureaux, des appartements, des hôtels, des bibliothèques, des hôpitaux, des écoles, si bien que les bruits de la ville circulaient partout librement. Le mugissement lointain du flot des voitures, les cris ponctuant les jeux des enfants, une dispute dans l'immeuble voisin - tous ces sons et mille autres encore vous parvenaient tandis que vous travailliez, lisiez ou essayiez de trouver le sommeil. Aujourd'hui, on rentre chez soi pour échapper au vacarme urbain ; dans les années 20, il pénétrait en grande partie avec vous à l'intérieur.

Auteur: Bryson Bill

Info: L'été où tout arriva

[ torride ] [ tropical ]

 

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cinéma

Voici le jour de la Musique. J'ai refusé d'entendre ce que Georges Auric composait.
J'en veux recevoir le choc sans préparatifs. Une longue habitude de travailler ensemble m'oblige à lui faire une confiance absolue. Nous enregistrons de neuf heures du matin à cinq heures dans la Maison de la Chimie. Cette opération est la plus émouvante de toutes. Je le répète, ce n'est que sur l'élément musical que ce film peut prendre le large. Désormières est au pupitre. Jacques Lebreton dispose les instrumentistes et les choeurs. Le microphone est dressé sur une longue perche au centre de la salle. (...) Cette musique épouse le film, l'imprégne, l'exalte, l'achève. L'enchantement de la Bête nous endort et le spectacle de cette pénombre sonore est le rêve de notre sommeil. (...) Ce qui étonne (...), c'est le synchronisme accidentel dont une demi-seconde d'avance ou de retard du chef d'orchestre peur rompre le charme. Parfois, il empoigne l'image et la soulève, parfois, il l'étouffe.

Auteur: Cocteau Jean

Info:

[ image-son ]

 

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condition humaine

Je ressentis soudain quelque chose comme de la tendresse pour cet homme, cette tendresse que l'on ressent pour la commune médiocrité de l'humanité, pour le quotidien banal du chef de famille qui se rend à son travail, pour son humble et joyeux foyer, pour les petites joies et petites misères dont se compose forcément son existence, pour son innocence à vivre sans analyser -bref, pour le naturel tout animal de ce dos habillé. [...]



Or, le dos de cet homme dort. Cet être qui marche devant moi, d'un pas égal au mien, dort intégralement. Il marche, inconscient. Il vit, inconscient. Il dort, parce que nous dormons tous. La vie tout entière est sommeil. Nul ne sait ce qu'il fait, nul ne sait ce qu'il veut, nul ne sait ce qu'il sait. Nous dormons la vie, éternels enfants du Destin. C'est pourquoi je ressens, si je pense avec cette sensation, une tendresse immense et informe pour cette humanité infantile, pour cette vie sociale endormie, pour tous et pour tout.

Auteur: Pessoa Fernando (Alv. de Campos)

Info:

[ vanité ] [ compassion ] [ ignorance ] [ fraternité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson