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illusion

Un matin, au réveil, j’ai eu une idée. Une idée fumante, grosse comme une maison. La plus grande idée de ma vie, un vrai chef d’œuvre. J’allais trouver un boulot de veilleur de nuit dans un hôtel – voilà mon idée. Cela me donnerait l’occasion de lire et de travailler en même temps. J’ai sauté au bas de mon lit, avalé mon petit déjeuner, puis descendu l’escalier six à six. Sur le trottoir, je me suis arrêté quelques secondes pour ruminer mon idée. Le soleil brûlait la rue, arrachait de mes yeux les derniers lambeaux de sommeil. Bizarre. Maintenant que j’étais bien réveillé, mon idée ne me semblait plus aussi géniale ; c’était simplement l’une de ces idées qui naissent dans le demi-sommeil. Un rêve, un simple rêve, un délire fumeux. Je ne pouvais pas trouver de boulot de veilleur de nuit dans cette ville portuaire, pour cette simple raison qu’aucun hôtel n’employait de veilleur de nuit. Déduction mathématique assez élémentaire. J’ai donc remonté l’escalier jusqu’à notre appartement et je me suis assis.

Auteur: Fante John

Info: La route de Los Angeles

[ eurêka ] [ demi-sommeil ] [ élan rompu ]

 
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cadences biotiques

Les rythmes circadiens sont impliqués lors de certains des symptômes de la dépression, comme le réveil précoce et la variation diurne de l'humeur. L'importance possible du système circadien dans sa pathogenèse est suggérée par la capacité qu'ont les altérations expérimentales du rythme du sommeil et de l'éveil à modifier l'état clinique. La fréquence de chaque rythme biologique peut varier de quelques millisecondes à plusieurs mois ou années. La plupart des perturbations rythmiques identifiées dans les symptômes de la maladie maniaco-dépressive surviennent en cours de la journée - c'est-à-dire qu'il s'agit de rythmes circadiens - plus apparentes dans le cycle quotidien repos-activité. Les récurrences épisodiques de la maladie, par contre, sont généralement infradiennes*, oscillant autour de périodes de plusieurs mois ou années. La manie et la dépression épisodiques peuvent également refléter des perturbations des rythmes ultradiens, ceux qui oscillent plus d'une fois par jour, courants au niveau cellulaire et dans la sécrétion d'hormones, ainsi que dans des fonctions autonomes telles que la circulation, la pression sanguine, la respiration, le rythme cardiaque et les cycles du sommeil.

Auteur: Redfield Jamison Kay

Info: Touched with Fire: Manic-Depressive Illness and the Artistic Temperament. *infradien, cycle avec une période de plus de 24 heures

[ polyrythmes ]

 

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rêves

De nombreuses études chez l'animal montrent que les neurones de l'hippocampe et du cortex s'activent sans relâche au cours du sommeil. Leurs décharges neuronales "rejouent", à grande vitesse, les mêmes séquences d'activité que celles évoquées durant la journée précédente. Un rat court dans un labyrinthe, puis s'endort : les cellules de l'hippocampe qui codent pour les lieux de l'espace se réactivent immédiatement, avec une telle précision que l'on parvient à décoder quels endroits l'animal est en train d'explorer mentalement. Souvent, les décharges oniriques se déroulent plus vite que la réalité, parfois même en ordre inverse. Cette compression temporelle pourrait permettre au cerveau de traiter des informations dispersées dans le temps comme un seul épisode : accélérée, une séquence temporelle se transforme en une carte spatiale de neurones activés ou inhibés, qui permet la détection de régularités cachées, inaccessibles aux mécanisme normaux de l'apprentissage diurne. Quel qu'en soit le mécanisme ultime, il est clair que le sommeil est une période d'intense activité inconsciente qui consolide la mémoire et parfois, dans l'obscurité de la nuit, jette soudain la lumière sur des problèmes demeurés insolubles.

Auteur: Dehaene Stanislas

Info: Le code de la conscience

[ songes ] [ sciences ]

 

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insomniaques

Le travail est assez mal vu des Émanglons, et, prolongé, il entraîne souvent chez eux des accidents.

Après quelques jours d'un labeur soutenu, il arrive qu'un Émanglon ne puisse plus dormir.

On le fait coucher la tête en bas, on le serre dans un sac, rien n'y fait. Cet homme est épuisé. Il n'a même plus la force de dormir. Car dormir est une réaction. Il faut encore être capable de cet effort, et cela en pleine fatigue. Ce pauvre Émanglon donc dépérit. Comment ne pas dépérir, insomnieux, au milieu de gens qui dorment tout leur saoul ? Mais quelques-uns en vivant au bord d'un lac, se reposent tant bien que mal à la vue des eaux et des dessins sans raison que forme la lumière de la lune, et arrivent à vivre quelques mois, quoique mortellement entraînés par la nostalgie du plein sommeil.

Ils sont faciles à reconnaître à leurs regards vagues à la fois et insistants, regards qui absorbent le jour et la nuit.

Imprudents qui ont voulu travailler ! Maintenant il est trop tard.

Auteur: Michaux Henri

Info: L'Espace du dedans, Les émanglons, Mœurs et coutumes - Voyage en grande Garabande - 1936

[ labeur ]

 
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duplication

Les hommes se retournent dans leur miroir comme les enfants dans leur lit : pour trouver le sommeil. La constance apparente des choses est ce sommeil ; la permanence du visible alliée à la confiance que notre identité ne va pas nous faire faux bond pendant la nuit. Pour cela, nous composons énormément, avec ce monde comme avec nous. Nous recouvrons nos mutuels abîmes d'une fine bande de gaze. Nous attribuons nos inconsistances crasses aux hasards de la vie. Et nous nous aveuglons sur ce qui glisse en nous avec l'évidence du fildefériste ivre dans le cirque anticosmique du dieu mauvais. Le premier garant de cet aveuglement, c'est encore notre visage. En lui s'unifient, lorsque nous le regardons, les multiples puissances que nous savons s'éparpiller et s'affronter inlassablement dans notre âme jusqu'au plus complet déchirement. C'est pourquoi nous retournons, toujours, dans le miroir, vérifiant notre constance, appuyant notre permanence, implémentant notre confiance, et nous nous rassurons... Mais parfois, quelque chose d'étrange se passe. Un détail nous échappe, un amour nous trouble, un mort nous parle. Soudain, c'est le miroir qui se retourne dans l'homme ; et ce qu'il lui montre alors n'est pas bien glorieux.

Auteur: Thiellement Pacôme

Info: Dans "Trois essais sur Twin Peaks", page 7

[ reflet ] [ chute ] [ double ] [ monologue intérieur ] [ justifications ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

poème

Ouvre ton écorce, arbre,
Prends-moi dans ton écorce...

Les jours ont passé un par un,
Les jours ont passé deux par deux,
Nous nous sommes nourris d'amour,
Et de souffrance et de deuil.

M'ont déjà fatigué
Les jours amples ou étroits,
M'ont déjà fatigué
Coupables et innocents,
M'ont déjà fatigué
Cette tristesse rare
Et ces malheureuses nostalgies.
Alors, ouvre ton écorce, arbre,
Prends-moi dans ton écorce !

Prends-moi dans ton écorce,
En ce siècle sans fleurs ;
Je vais me fondre en toi
Comme un petit printemps,
Comme un chagrin secret,
Au fond de tes feuilles,
Je brillerai même triste
Et entrerai dans un profond sommeil.

Et que les vents viennent,
M'arrachent de tes mains,
Moi, je m'éveillerai, mon arbre,
Nous tonnerons ensemble.

Moi, je serai poussé avec toi,
Moi, je me courberai avec toi,
Et de l'emprise des vents
Je me délivrerai avec toi.

Et une nuit secrète,
Quand tous dormiront,
Je te répéterai des paroles magiques ;
Nous irons tout doucement
Nous nous lèverons en tapinois
Et rendrons insomniaque
Celle qui dort.

Dans son rêve,
Un arbre ensorcelé
Prendra forme humaine ;
Il soufflera tout bas,
Et d'une langue humaine,
Comme une merveilleuse légende,
Il lui confiera
Un immense amour perdu,
Et une infinie nostalgie...

Auteur: Tavoian Razmig

Info: trad. Louise Kiffer

[ nature ] [ symbiose ]

 

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instrumentalisation

En fait, les besoins de notre corps – et corrélativement nos devoirs à son égard – se réduisent à peu de choses : de l’air, une nourriture saine, un exercice modéré, un temps de repos et de sommeil.

Au lieu de cela, que font les matérialistes ? Ils traitent ce malheureux corps comme un vulgaire instrument de rendement, de plaisir et de vanité.

De rendement. Ils le surmènent par un travail excessif (gagner de l’argent étant le nerf de la civilisation utilitaire) et par un usage des loisirs aussi trépidant que le travail. [...]

De plaisir. Disons plutôt de distractions frelatées qui n’ont presque aucun rapport avec le sain plaisir des sens. On force le corps à manger quand il n’a pas faim, à boire quand il n’a pas soif, à veiller quand il tombe de sommeil ;on l’enfume quand il a besoin d’air pur, etc. [...]

De vanité. Ici, la liste des exemples est inépuisable. Ce corps ; on l’exhibe sans pudeur comme une marchandise à l’étalage. Ou bien on le martyrise pour obéir à des modes saugrenues. [...]

Et voilà où nous conduit le matérialisme ! L’oubli de l’âme entraîne le mépris du corps. On néglige, dans la mesure où l’on en fait une idole, les attentions élémentaires qu’on doit à un serviteur.

Auteur: Thibon Gustave

Info: Dans "L'équilibre et l'harmonie", Librairie Arthème, Fayard, 1976, pages 197-199

[ dissociation ] [ étranger ] [ souffrances inutiles ] [ chair-esprit ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

maquette

Trois heures, temps universel. Les rues se coupent à angle droit. L’asphalte est muet. Les maisons immobiles. Gisèle dort sous une couette fleurie. Jacky, tout habillé, ronfle sur son divan. Suff est allongé sur le dos dans son lit de fer. Mme Angstroem sue sous son édredon. Maximilian lit une bande dessinée à la lueur d’une lampe de poche. Harry est assis à la table de la cuisine devant une canette de bière. Marguerite mange le dernier praliné. La mère et sa fille enlacées sur le sol ressemblent à des momies. Le collectionneur et sa femme font chambre a part. Les deux orphelines dorment dans le lit de leurs parents. Le troll bande dans son sommeil. Les sept nains ont un dortoir à sept lits. La fumeuse agonise. Tudal écrit une longue lettre. Le terroriste campe au salon, un briquet serré dans la main. Sonia et Carlos astiquent leurs armes de poing. La vieille n’a pas changé ses draps depuis des lustres. La famille empaillée ne bouge pas d’un pouce. Mme Pristil écoute son mari jurer dans le noir. Paul entend son beau-père jurer dans la chambre de sa mère. Le squelette grince des dents sur le sommier à lattes. Le petit garçon dort avec son dinosaure en peluche. Son père porte un protège-moustache en roupillant. Sur le parking, les camionneurs au fond de leurs cabines dorment profondément.

Auteur: Biermann Mika

Info: Mikki et le village miniature

[ écriture ] [ modélisation ] [ simultanéïté ]

 

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signes acoustiques

Il s’est d’abord agi d’un merle. La fenêtre de ma chambre était restée ouverte pour la première fois depuis des mois, comme un signe de victoire sur l’hiver. Son chant m’a réveillée à l’aube. Il chantait de tout son cœur, de toutes ses forces, de tout son talent de merle. Un autre lui a répondu un peu plus loin, sans doute d’une cheminée des environs. Je n’ai pu me rendormir. Ce merle chantait, dirait le philosophe Étienne Souriau, avec l’enthousiasme de son corps, comme peuvent le faire les animaux totalement pris par le jeu et par les simulations du faire semblant. Mais ce n’est pas cet enthousiasme qui m’a tenue éveillée, ni ce qu’un biologiste grognon aurait pu appeler une bruyante réussite de l’évolution. C’est l’attention soutenue de ce merle à faire varier chaque série de notes. J’ai été capturée, dès le second ou le troisième appel, par ce qui devint un roman audiophonique dont j’appelais chaque épisode mélodique avec un “et encore ?” muet. Chaque séquence différait de la précédente, chacune s’inventait sous la forme d’un contrepoint inédit.

Ma fenêtre est restée, à partir de ce jour, chaque nuit ouverte. À chacune des insomnies qui ont suivi ce premier matin, j’ai renoué avec la même joie, la même surprise, la même attente qui m’empêchait de retrouver (ou même de souhaiter retrouver) le sommeil. L’oiseau chantait. Mais jamais chant, en même temps, ne m’a semblé si proche de la parole.

Auteur: Despret Vinciane

Info: Habiter en oiseau

[ turdus merula ] [ communication sonore ] [ homme-animal ]

 

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homme-animal

Il s’est d’abord agi d’un merle. La fenêtre de ma chambre était restée ouverte pour la première fois depuis des mois, comme un signe de victoire sur l’hiver. Son chant m’a réveillée à l’aube. Il chantait de tout son cœur, de toutes ses forces, de tout son talent de merle. Un autre lui a répondu un peu plus loin, sans doute d’une cheminée des environs. Je n’ai pu me rendormir. Ce merle chantait, dirait le philosophe Étienne Souriau, avec l’enthousiasme de son corps, comme peuvent le faire les animaux totalement pris par le jeu et par les simulations du faire semblant. Mais ce n’est pas cet enthousiasme qui m’a tenue éveillée, ni ce qu’un biologiste grognon aurait pu appeler une bruyante réussite de l’évolution. C’est l’attention soutenue de ce merle à faire varier chaque série de notes. J’ai été capturée, dès le second ou le troisième appel, par ce qui devint un roman audiophonique dont j’appelais chaque épisode mélodique avec un “et encore ?” muet. Chaque séquence différait de la précédente, chacune s’inventait sous la forme d’un contrepoint inédit.

Ma fenêtre est restée, à partir de ce jour, chaque nuit ouverte. À chacune des insomnies qui ont suivi ce premier matin, j’ai renoué avec la même joie, la même surprise, la même attente qui m’empêchait de retrouver (ou même de souhaiter retrouver) le sommeil. L’oiseau chantait. Mais jamais chant, en même temps, ne m’a semblé si proche de la parole. 

Auteur: Despret Vinciane

Info: Habiter en oiseau

[ richesse vocale ]

 

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