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visionnaire

La plupart des mathématiciens, je l'ai dit tantôt, sont portés à se cantonner dans un cadre conceptuel, dans un "Univers" fixé une bonne fois pour toutes - celui, essentiellement, qu'ils ont trouvé "tout fait" au moment où ils ont fait leurs études. Ils sont comme les héritiers d'une grande et belle maison toute installée, avec ses salles de séjour et ses cuisines et ses ateliers, et sa batterie de cuisine et un outillage à tout venant, avec lequel il y a, ma foi, de quoi cuisiner et bricoler. Comment cette maison s'est construite progressivement, au cours des générations, et comment et pourquoi ont été conçus et façonnés tels outils (et pas d'autres. . . ), pourquoi les pièces sont agencées et aménagées de telle façon ici, et de telle autre là - voilà autant de questions que ces héritiers ne songeraient pas à se demander jamais. C'est ça "l'Univers", le "donné" dans lequel il faut vivre, un point c'est tout ! Quelque chose qui paraît grand (et on est loin, le plus souvent, d'avoir fait le tour de toutes ses pièces), mais familier en même temps, et surtout : immuable. Quand ils s'affairent, c'est pour entretenir et embellir un patrimoine : réparer un meuble bancal, crépir une façade, affuter un outil, voire même parfois, pour les plus entreprenants, fabriquer à l'atelier, de toutes pièces, un meuble nouveau. Et il arrive, quand ils s'y mettent tout entier, que le meuble soit de toute beauté, et que la maison toute entière en paraisse embellie. Plus rarement encore, l'un d'eux songera à apporter quelque modification à un des outils de la réserve, ou même, sous la pression répétée et insistante des besoins, d'en imaginer et d'en fabriquer un nouveau. Ce faisant, c'est tout juste s'il ne se confondra pas en excuses, pour ce qu'il ressent comme une sorte d'enfreinte à la piété due à la tradition familiale, qu'il a l'impression de bousculer par une innovation insolite. Dans la plupart des pièces de la maison, les fenêtres et les volets sont soigneusement clos - de peur sans doute que ne s'y engouffre un vent qui viendrait d'ailleurs. Et quand les beaux meubles nouveaux, l'un ici et l'autre là, sans compter la progéniture, commencent à encombrer des pièces devenues étroites et à envahir jusqu'aux couloirs, aucun de ces héritiers-là ne voudra se rendre compte que son Univers familier et douillet commence à se faire un peu étroit aux entournures. Plutôt que de se résoudre à un tel constat, les uns et les autres préféreront se faufiler et se coincer tant bien que mal, qui entre un buffet Louis XV et un fauteuil à bascule en rotin, qui entre un marmot morveux et un sarcophage égyptien, et tel autre enfin, en désespoir de cause, escaladera de son mieux un monceau hétéroclite et croulant de chaises et de bancs...

Auteur: Grothendieck Alexandre

Info: Récoltes et Semailles, texte autobiographique

[ création ] [ recul ] [ originalité ]

 

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humour

Un jour un maître kabbaliste juif, un initié chrétien et un soufi étaient voyage très loin de leurs patries. Après avoir terminé leurs affaires, sur le chemin du retour vers leur ville, il leur restait deux jour de marche avant d'atteindre la ville. Comme ils avaient plus rien à manger, hormis un halva (gâteau très sucré), s'imposa l'idée de jeûner la journée et de dormir la nuit sans rien manger. Comme ça le matin, ils pourraient partager la "halva" pour reprendre des forces avant de se remettre en route.
La nuit, ils s'arrêtèrent dans une gîte pour dormir. C'étaient des saints hommes qui avaient l'habitude de faire des expériences mystiques via des pratiques ésotérique. Le matin, entre initiés, chacun racontait ses rêves (ou voyages astraux) pour en discuter les interprétations.Cette nuit-là dans le gîte chacun fit sa prière, demandant à Dieu de l'inspirer.
Au matin, avant de reprendre la marche de cette longue dernière journée, chacun conta ses songes.

Le maître kabbaliste commença : "Cette nuit je suis monté dans la merkavah... j'ai exploré différents sephiroths de l'arbre jusqu’à atteindre kether et j'ai vu l'ange Metraton."
- Ôh ! quel rêve magnifique ! tu as vu Metraton ? en tous cas la grâce de jehovah était vraiment avec toi dirent l'initié chretien et le soufi.
"Oui,la grâce de jehovah est vraiment avec moi."
L'initié chrétien raconta alors:
"Cette nuit dans mon rêve, j'ai vu notre seigneur Jésus-Christ dans toute sa gloire descendre vers moi. Il était accompagné des anges, des archanges, des trônes, puissances, etc...
Ces êtres de lumière chantaient : HOSANNA FILS DE DAVID... LE CIEL ET LA TERRE SONT EMPLI DE TA GLOIRE.
Dans mon rêve je suis entré en extase tellement le chant des anges était magnifique. Une musique céleste comme vous n'avez jamais entendu."
Waouh ! s'écrièrent le maître kabbaliste et le soufi. - Tu as vu le messie en personne ? Le fils de Dieu ? En tous cas, voilà un vrai rêve mystique.
Et toi l'ami soufi, qu'as-tu as vu ? demandèrent le maitre kabbaliste et l'initié chrétien.
"HEU ! moi je ne sais ce qui se passe. Je n'ai vu ni l'ange Metraton, ni le Christ."
- Ah bon ! tu n'a pas rêvé ?
"Si,si... J'ai fait un rêve, bien sûr, dans lequel j'ai vu le prophète Mohammed. Qui m'a dit : ET TOI ! QUE FAIS-TU LA A DORMIR ??!... LÈVE-TOI ET MANGE LE GÂTEAU (halva)...
- Et ?
"Je me suis levé et je l'ai mangé pour obéir à cet ordre."
Le kabbaliste et l'initié chrétien jetèrent un d'oeil là ou il y avait le gâteau pour constater sa disparition.
Un peu déprimé et le ventre vide d'avoir jêuné, ils dirent:
- TON RÊVE EST PLUS ÉLEVÉ QUE LE NOTRE, EN VÉRITÉ TU AS FAIT UN TRÈS BEAU RÊVE.
Et le voyage continua...

Auteur: Internet

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[ gnostique ] [ monothéïsmes ] [ éveil ] [ pragmatisme ]

 

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déclaration d'amour

Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.
Comme le renouveau mettra nos coeurs en fête,
Nous nous croirons encore de jeunes amoureux,
Et je te sourirai tout en branlant la tête,
Et nous ferons un couple adorable de vieux.
Nous nous regarderons, assis sous notre treille,
Avec de petits yeux attendris et brillants,
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs.
Sur le banc familier, tout verdâtre de mousse,
Sur le banc d'autrefois nous reviendrons causer;
Nous aurons une joie attendrie et très douce,
La phrase finissant souvent par un baiser.
Combien de fois jadis j'ai pu dire : "Je t'aime!"
Alors, avec grand soin, nous le recompterons.
Nous nous ressouviendrons de mille choses, même
De petits riens exquis dont nous radoterons.
Un rayon descendra, d'une caresse douce,
Parmi nos cheveux blancs, tout rose, se poser,
Quand, sur notre vieux banc tout verdâtre de mousse,
Sur le banc d'autrefois nous reviendrons causer.
Et, comme chaque jour je t'aime davantage,
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain
Qu'importeront alors les rides du visage,
Si les mêmes rosiers parfument le chemin?
Songe à tous les printemps qui dans nos coeurs s'entassent.
Mes souvenirs à moi seront aussi les tiens.
Ces communs souvenirs toujours plus nous enlacent
Et sans cesse entre nous tissent d'autres liens;
C'est vrai, nous serons vieux, très vieux, faiblis par l'âge,
Mais plus fort chaque jour je serrerai ta main,
Car, vois-tu, chaque jour je t'aime davantage
Aujourd'hui plus qu'hier et bien moins que demain!
En ce cher amour qui passe comme un rêve
Je veux tout conserver dans le fond de mon coeur,
Retenir, s'il se peut, l'impression trop brève,
Pour le ressavourer plus tard avec lenteur.
J'enfouis tout ce qui vient de lui comme un avare
Thésaurisant avec ardeur pour mes vieux jours.
Je serais riche alors d'une richesse rare,
J'aurais gardé tout l'or de mes jeunes amours,
Ainsi de ce passé de bonheur qui s'achève
Ma mémoire parfois me rendra la douceur;
Car de ce cher amour qui passe comme un rêve
J'aurais tout conservé dans le fond de mon coeur.
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs,
Au mois de mai, dans le jardin qui s'ensoleille,
Nous irons réchauffer nos vieux membres tremblants.
Comme le renouveau mettra nos coeurs en fête,
Nous nous croirons encore aux jours heureux d'antan,
Et je te sourirai tout en branlant la tête,
Et tu me parleras d'amour en chevrotant.
Nous nous regarderons, assis sous notre treille,
Avec des yeux remplis des pleurs de nos vingt ans...
Lorsque tu seras vieux et que je serai vieille,
Lorsque mes cheveux blonds seront des cheveux blancs!

Auteur: Gérard Rosemonde

Info: Le dernier rendez-vous

[ poème ]

 

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déclaration d'amour

Anetchka, mon trésor, je ne cesse de penser à toi ; dans toutes les images et représentations possibles et imaginables. Tu sais qu'après chaque longue séparation, je m'éprends de toi et te reviens, chaque fois, amoureux. Mais, mon ange, cette fois, il en va quelque peu autrement : tu as sans doute remarqué que j'ai, cette fois, quitté Pétersbourg, déjà amoureux de toi. Suite à notre grosse dispute, j'ai pu être ronchon et, en me préparant pour le voyage, me montrer impatient (tel est mon caractère) mais, dans le même temps, je tombais amoureux de toi, je m'en suis d'ailleurs rendu compte et émerveillé moi-même. Au cours des neuf années de notre vie commune, j'ai été amoureux de toi quatre ou cinq fois, pour quelque temps chaque fois. (Je me rappelle même avec délectation qu'il y a 4 ans de cela, j'étais épris de toi, alors que nous nous étions, je ne sais pourquoi, sérieusement disputés et ne nous étions plus parlés de plusieurs jours ; nous avions été invités je ne sais plus où, je m'étais assis dans un coin et je te regardais, je t'admirais, le coeur battant, toi qui pouvais parler gaiement avec d'autres.) Figure-toi que l'idée m'est venue, ici, que si je m'étais épris de toi, les derniers jours, à Pétersbourg, c'est en partie parce que nous dormions ensemble. Il y a beau temps que nous ne le faisions plus, de nombreuses années (depuis les enfants), et cela a pu avoir un effet sur moi. Ne dis pas, Ania, que cette idée est trop prosaïque ; il n'y a pas, en l'occurrence, que du prosaïsme. L'idée, qu'un être m'appartient totalement, qu'il ne veut pas se détacher de moi, au point de dormir avec moi dans le même lit, cette idée, donc, joue terriblement. Certes, je me suis montré égoïste : tu dormais sur des chaises, c'était inconfortable pour toi, cependant, chaque fois qu'au matin je me couchais à mon tour, il m'était si agréable de te trouver à mes côtés que cette sensation, au bout du compte, était pour moi absolument neuve ; nous avions pourtant dormi ensemble auparavant, mais je l'avais oublié depuis longtemps. Juge donc, maintenant que nous sommes séparés, avec quelle volupté je songe à toi. Et bien que, je le répète, j'aie été épris de toi trois ou quatre fois plusieurs jours d'affilée, à divers moments, il n'en a jamais été comme à présent. Je pense à toi et te vois chaque instant en pensée, je passe en revue tout ce dont nous avons parlé. (...) Ecris-moi, mon trésor, je voudrais noircir, à ton intention, quelque 10 pages sur ce thème. Je t'embrasse jusqu'au dernier atome, d'ici je t'embrasse à chaque instant tout entière, absolument tout entière. Je t'aime jusqu'au tourment, Ania, ne te moque pas de moi. Il m'est même doux de t'avouer mon amour. Embrasse les enfants. Je les bénis tous. Ton F. Dostoïevski.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: A Anna Grigorievna Dostoïevskaia, lettre du 13 juillet 1876. Ems, Correspondance, Tome III, Bartillat, pp. 366-367

[ . ]

 

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songe

Des scientifiques ont découvert que les "rêveurs lucides" - les personnes qui ont conscience d'être en train de rêver - sont capables d'apprendre des choses et d'acquérir de nouvelles compétences en contrôlant leurs rêves.
Vous rêvez que vous êtes poursuivi par un monomaniaque qui veut vous tuer à coup de baguette de pain parce que vous portez le pull-over rouge tricoté par mémé? Vous n'avez qu'une seule option : attendre de vous réveiller. Une des principales différences entre le rêve et la réalité est le manquer de contrôle : on ne peut décider de faire un rêve, et lorsqu'on rêve, on est passif face aux événements. Une théorie, largement répandue, mais qui pourrait bien être mise à mal par les récents travaux d'un groupe de chercheurs de l'université de Yale.
Ce groupe de scientifiques a découvert que les "rêveurs lucides" - les personnes qui ont conscience d'être en train de rêver - sont capables d'acquérir de mémoriser des données et d'apprendre des choses à travers leurs rêves.
On savait jusqu'à présent que ce type de rêveurs parvenait à exercer un contrôle délibéré, non seulement sur le contenu, mais aussi sur le déroulement de leurs rêves. Tout en dormant, ils gardent leur libre arbitre. Dans un ouvrage intitulé Exploring the world of lucid dreaming, publié en 1997, Stephen LaBerge et Howard Rheingold détaillaient déjà une méthode pour parvenir à "se réveiller dans son rêve", et à en contrôler certains aspects. De nombreux "rêveurs lucides" ont racontent pouvoir voler à volonté. D'autres décrivent une sensation d'euphorie et de bien-être. Une femme a affirmé que son premier rêve lucide lui avait procuré "la sensation délicieuse de se fondre dans les couleurs et la lumière, avec un final digne du meilleur orgasme". Rien de moins.
Le grand défi des chercheurs est désormais de parvenir à "entraîner" ces personnes en leur disant de quoi rêver. Être le maître de ses rêves, permettrait de les manipuler dans le but d'apprendre et d'acquérir de nouvelles connaissances - bien qu'il soit impossible d'apprendre à jouer au violon de cette façon.
Les chercheurs ont aussi découvert que les "rêveurs lucides" ont un autre avantage sur les rêveurs "normaux" : ils sont en effet meilleurs pour tous les jeux d'argent et de hasard. Ces activités font en effet appel à des zones du cerveau - très bien maîtrisées par les "rêveurs lucides" - qui contrôlent les prises de décisions qui reposent sur l'émotion et les interactions sociales.
Les sceptiques avancent que la seule manière de connaître le contenu d'un rêve est à travers ce que le rêveur rapporte à son réveil, et qu'il est donc très difficile de savoir si quelqu'un maîtrise vraiment son rêve. Lorsque nous sommes éveillés, des techniques d'imagerie permettent dans une certaine mesure de savoir à quoi on pense. En théorie, il est possible de faire la même chose pendant le sommeil, car c'est un état où les pensées ont un contenu déterminé. Problème : les rêves font appel à l'inconscient, il est donc plus compliqué de décoder les pensées qui y sont liées, et de les contrôler.

Auteur: Internet

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[ onirisme ]

 

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besoin de transcendance

A leur parler, on ressent souvent qu’il y a en un déprimé un grand virage non encore négocié, ainsi que l’attente d’un basculement radical de valeurs, avec un appel fervent envers une autre forme de vie. En attendant, les déprimés sont de la nuit, et dans la nuit. Mais tous ceux qui désirent atteindre une manière nouvelle doivent passer par la nuit et par l’obscur. On appelle cela parfois : la traversée du désert, la nuit des sens. Et on pourrait également appeler la dépression : la nuit du Sens.
Au commencement de toute rénovation de l’esprit et de l’âme, se trouve la "mort", qui est le détachement et l’arrachement ultimes des anciennes visions, des anciennes valeurs, des anciennes façons de vivre. C’est l’arrachement de l’absurde et du non-sens, comme on arracherait une vieille peau. C’est la mue de l’âme. Mais tant que les lumières nouvelles n’ont pas jailli, cet abandon des choses anciennes est ressenti comme une nuit. Car l’être humain ne peut approcher son "noyau* profond qu’après avoir rejeté ce qui n’’est pas essentiel pour lui, et que ne correspond pas à son organisation et son ordre intérieurs.
L’alchimie passe, elle aussi, par la nuit. Après le mariage du souffre et du mercure, apparaît la couleur noire. C’est la phase de "putréfaction", mais aussi de promesse. Puis la pierre devient progressivement blanche ; c’est la résurrection. La matière noire renaît, perd de sa noirceur, jusqu’à atteindre le rouge de la rubification, que l’on peut symboliser par un jeune roi couronné. Ainsi, "l’or philosophal" se trouve enclos dans le noir de l’âme, et dans la promesse de la nuit du Sens…
On a tendance à cloisonner le déprimé dans l’ "anormal". Mais est-ce aussi anormal qu’on voudrait le dire ? Et anormal par rapport à quoi ? Par rapport à la vie courante ? C’est-à-dire ? N’existe-t-il pas un "endroit" de cet "envers" qui est le sien ? Et cet envers sur lequel il marche ne marque-t-il pas une frontière entre ce qu’il parait être pour l’instant et l’appel qui se trouve en lui ? Posons même la question : paradoxalement, n’est-il pas plus profondément normal que la plupart des gens dits normaux ?
La dépression fait songer à ces états de personnes ayant frôlé la mort et qui en reviennent en décrivant des images de tunnel au bout duquel se trouvaient d’intenses lumières. Cependant, en cloisonnant les déprimés dans l’anormal, on les étiquette, on les bourre de médicaments. Mais on ignore qu’il y a en eux "autre chose", qui n’est deviné que d’eux seuls. Qu’il y a en eux un profond secret, et un mystère central. Alors, ne faut-il pas retourner, faire basculer, la notion de dépression ? Comme on doit le faire avec tant de choses ? Au lieu de se trouver "en-bas", ils sont probablement, au contraire, proches d’un "en-haut" qu’ils ne peuvent temporairement atteindre. En attendant, leur nuit est un retour au sein maternel…
Cette "anormalité" de la dépression ne serait-elle pas le chemin vers une supra-normalité ? Ne serait-il pas une démarche vers un "quelque chose" que la plupart ignorent ? Dit autrement : la dépression n’est-elle pas le canal, le tunnel vers une lumière, et vers une haute valeur ignorée ou refoulée chez la plupart ?

Auteur: Daco Pierre

Info: Dans "Psychologie et liberté intérieure"

[ nouveau regard ] [ adéquation au monde ] [ toucher le fond ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

réflexivité

Le développement de la programmation et des codages informatiques semblent de nature à expandre et enrichir nos capacités de réflexion. J'en veux pour preuve l'apparition d'écrivains informaticiens comme Ted Chiang ou Greg Egan, clairs héritiers d'une pensée cybernétique qu'on dit initiée par Leibniz. 

Prenons le concept d'instanciation informatique  (en programmation objet : "qui définit les interactions de briques logicielles manipulées par un programme, les objets, conteneurs symboliques et autonomes incluant/englobant informations et mécanismes concernant un sujet, tangible ou conceptuel"

Ce concept initialise donc un "objet" à partir d’un espace mémoire réservé. Ceci en fonction d’un ensemble de caractéristiques nommées "classe", chaque classe regroupant membres, méthodes et propriétés/attributs/comportements communs à un ensemble d'objets. 

Comme FLP s'occupe uniquement de textes - c'est à dire des manières dont nous codons/décrivons en français nos réels et imaginaires communs d'humains parlants - nous appréhenderons pour l'instant ces classes comme des mots/concepts, si possible précisément définis. 

C'est sur la notion d'instanciation que nous voulons mettre l'accent ici.  

Cette idée "d'initialiser, à partir d’un espace mémoire réservé, un objet doté d’un ensemble de caractéristiques", peut-être perçue comme la désignation d'un lieu/source, c'est à dire un point focalisateur, plus ou moins dense, qui peut correspondre (au sens de la pensée de CS Pierce) soit à :

1) un mot/concept "quasi esprit" soit

2) carrément à une secondéité, c'est à dire un autre "esprit interprétant", donc capable d'intention. Ce point 2 faisant automatiquement basculer ce concept d'endroit/source vers le mystique ou le paranormal.

Endroit/source numéro 2 instanciateur, qui, à partir d'une volonté/désir dont nous ne connaissons rien, impulse/apporte/inspire une idée à notre esprit voire à nos songes. "Eclair, point stimulateur" insaisissable, dont la localisation potentielle laisse du coup entrevoir d'infinies possibilités sur beaucoup des échelles dont nous avons usage : temporelles, géographiques, dimensionnelles, vibratoires... Et qui nous atteint/stimule/oriente via des biais x ou y difficilement saisissables (ceux qui ne sont pas de la simple analogie/association issus de la source 1 donc). Enigmes inspiratrices/réflexives que d'aucun formaliseront sous des termes comme inconscient, télépathie, inspiration divine, manipulation extraterrestre, etc.  Nous voilà très proche de la notion de projectionniste.

C'est donc la tentative de préciser un peu mieux cette idée d'"influence externe", c'est à dire que ce ne serait pas QUE le pur hasard indéterministe qui oriente les choses et nos vies. 

Ainsi ce concept "d'impulsion externe", à l'instar de l'instanciation informatique décrite plus haut, peut être imaginé/modélisé comme un foyer de départ présentant plus ou moins de densité et de dégradés, allant du simple point focal jusqu'aux multivers intriqués, en passant par toutes les combinaisons de monades qu'on voudra. "Impulsion interne" fonctionnera pareillement ici, pour qui voudra mettre l'inconscient en avant. 

Mais revenons sur terre. C'est la rencontre avec certaines de ces idées-points-espaces instanciateurs, sous forme de mots/concepts "quasi esprit" (source 1), bien sûr représentés par des termes que nos imaginaires tripotent tous à leur manière - que FLP tente de stimuler. Avec une bonne dose de sérendipité. 

Tout ceci dans le cadre d'une lecture analytique qui s'essaye à coller le plus possible au sémantique, à la clarté du sens et à la désambiguation. A l'exception bien sûr de certains domaines comme la poésie, les jeux de mots ou l'humour. Domaines, évidemment eux aussi, "instanciateurs".

Auteur: Mg

Info: 6 janvier 2022

[ citation s'appliquant à ce logiciel ] [ mots carrefours impulsants ]

 

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lecture

Dès que j’avais un livre, mon premier soin était de m’enfermer avec dans ma chambre d’hôtel comme pour une séance d’initiation, et je ne décrochais pas avant d’en avoir terminé, qu’il eût deux cents ou mille pages. Lire les paroles qu’un homme, dont on ne connaît généralement ni le visage ni la vie, a écrites tout spécialement à votre intention sans oser espérer que vous les liriez un jour, vous qui êtes si loin, si loin sur d’autres continents, d’une autre langue. Peut-être habite-t-il une grande maison de campagne au bord du Tibre ou un quarante-septième étage dans New York illuminé, peut-être est-il en train de pêcher l’écrevisse, de piler la glace pour le whisky de cinq heures, de caresser sa femme sur le divan, de jouer avec ses enfants ou de se réveiller d’une sieste en songeant à tout ce qu’il voulait mettre de vérité dans ses livres, sincèrement persuadé de n’avoir pas réussi bien que tout y soit quand même, presque malgré lui. Il a écrit pour vous. Pour vous tous. Parce qu’il est venu au monde avec ce besoin de vider son sac qui le reprend périodiquement. Parce qu’il a vécu ce que nous vivons tous, qu’il a fait dans ses langes et bu au sein, il y a de cela trente ou cinquante ans, a épousé et trompé sa femme, a eu son compte d’emmerdements, a peiné et rigolé de bons coups dans sa vie, parce qu’il a eu faim de corps jeunes et de plats savoureux, et aussi de Dieu de temps à autre et qu’il n’a pas su concilier le tout de manière à être en règle avec lui-même. Il s’est mis à sa machine à écrire le jour où il était malheureux comme les pierres à cause d’un incident ridicule ou d’une vraie tragédie qu’il ne révèlera jamais sous son aspect authentique parce que cela lui est impossible. Mais il ne tient qu’à vous de reconstituer le drame à la lumière de votre propre expérience et tant pis si vous vous trompez du tout au tout sur cet homme qui n’est peut-être qu’un joyeux luron mythomane ou un saligaud de la pire espèce toujours prêt à baiser en douce la femme de son voisin. Qu’il ait pu écrire les deux cents pages que vous avez sous les yeux doit vous suffire. Qu’il soit l’auteur d’une seule petite phrase du genre : "A quoi vous tracasser pour si peu, allez donc faire un somme en attendant", le désigne déjà à nous comme un miracle vivant. Même si vous deviez oublier cette phrase aussitôt lue et n’y repenser que le jour où tout va de travers, à commencer par le réchaud à gaz ou la matrice de votre femme. Et si par hasard vous avez la prétention de devenir écrivain à votre tour, ce que je ne vous souhaite pas, lisez attentivement et sans relâche. Le Littré, les articles de dernière heure, les insertions nécrologiques, le bulletin des menstrues de Queen Lisbeth, lisez, lisez, lisez tout ce qui passe à votre portée. A moins que, comme ce fut souvent mon cas, vous n’ayez même pas de quoi vous achetez le journal du matin. Alors descendez dans le métro, asseyez-vous au chaud sur un banc poisseux --- et lisez ! Lisez les avis, les affiches, lisez les pancartes émaillées ou les papiers froissés dans la corbeille, lisez par-dessus l’épaule du voisin, mais lisez !...

Auteur: Calaferte Louis

Info: Le septentrion, N’OUBLIEZ PAS DE LIRE

[ injonction ] [ drogue ] [ refuge ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

taiseux

Plus tard, quand elle revint dans la pièce pour éplucher les pommes de terre à côté de son mari, elle le trouva installé à la table donc il avait enlevé le napperon. Il y avait étalé ses couteaux à sculpter, et déjà de petits copeaux jonchaient le sol tout autour de lui.

- Que fais-tu donc, Otto ? demanda-t-elle avec un étonnement sans bornes.

- C’est pour voir si je suis encore capable de sculpter, répondit-il.

Elle était un peu irritée. Otto avait beau ne pas être grand psychologue, il devait pourtant se douter de l’impatience avec laquelle il attendait les explications qu’il avait promis de lui donner. Et voilà qu’il avait exhumé ses couteaux à sculpter et qu’il tripotait ses petits morceaux de bois, tout à fait comme au début de leur mariage, lorsqu’il la mettait au désespoir par son éternel silence ! Alors, elle n’avait pas autant qu’aujourd’hui l’habitude de ce mutisme, qui pourtant aujourd’hui lui semblait encore plus intolérable... Justement aujourd’hui ! ... Sculpter du bois ! Grands dieux, voilà tout ce que cet homme trouvait à faire après de tels évènements ! Ce silence si âprement défendu, allait-il le rendre plus insupportable encore ? Y aurait-il de longues heures pendant lesquelles il sculpterait le bois sans prononcer une parole ? ... Pour elle, quelle nouvelle et cruelle désillusion ! ... Mais elle ne pourrait pas la supporter aussi passivement que toutes les autres.

Inquiète, au bord du désespoir, elle regardait pourtant avec une certaine curiosité le morceau de bois long et épais qu’il tournait pensivement dans ses grosses mains et dont il faisait sauter çà et là quelques copeaux.

- Qu’est-ce que ce sera, Otto ? demanda-t-elle, un peu malgré elle.

[...] A cette question presque involontaire, Otto parut d’abord ne vouloir répondre de nouveau que par un grognement. Mais il s’avisa peut-être que, ce matin, il avait exigé un peu trop d’Anna. Ou peut-être était-il tout simplement disposé à s’expliquer.

- Ce sera une tête, dit-il. Je veux voir si je suis encore capable de sculpter une tête... Jadis, j’ai sculpté beaucoup de têtes de pipes.

Et il se remit à travailler son morceau de bois.

- Des têtes de pipes ? ... Voyons, Otto, réfléchis ! ... Le monde s’écroule, et tu penses à des têtes de pipes ! ... Quand j’entends ça ! ...

Il ne semblait faire grand cas ni de sa colère ni de ses paroles.

- Naturellement, ce ne sera pas une tête de pipe… Je veux seulement voir si je suis capable de sculpter notre garçon tel qu'il était.

La mauvaise humeur d'Anna tourna court sur-le-champ. Ainsi, c'était au petit qu'il pensait ! Et s'il pensait au petit, et songeait à sculpter une image de lui, c'est qu'il pensait aussi à elle et qu'il voulait lui faire plaisir. Elle se leva de sa chaise, laissant là ses pommes de terre, et dit :

- Attends, Otto, je t'apporte les photos. Pour que tu saches comment notre petit était réellement…

Il eut un mouvement de refus :

- Je ne veux pas voir de photos. Je veux évoquer Otto par la sculpture, tel que je l'ai ici en moi.

Il se toucha le front. Après un silence, il ajouta encore :

- Si j'en suis capable !

Elle était tout émue. Leur fils vivait donc également en lui ; il avait en lui une image bien nette de leur fils.

Auteur: Fallada Hans

Info: Dans "Seul dans Berlin", traduit de l’allemand par A. Virelle et A. Vandevoorde, éditions Denoël, 2002, pages 156 à 158

[ père-fils ] [ père-par-mère ] [ couple ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

femmes-hommes

Malgré toutes les concessions que je suis prêt à faire aux préjugés monogames, je n'admettrai jamais qu'on puisse parler chez l'homme et chez la femme d'égalité des droits en amour : cette égalité n'existe pas.

C'est que, par amour, l'homme et la femme entendent deux choses différentes, — et c'est une des conditions de "l'amour" que l'un ne suppose pas chez l'autre le même sentiment, la même idée de l'amour.

Ce que la femme entend de l'amour est assez clair : complet don (plus qu'abandon) de corps et d'âme sans réserve ni restriction.

Elle songe avec honte et frayeur à un don où se mêleraient des clauses et des restrictions.

C'est cette absence de condition qui fait de son amour une véritable foi.

— L'homme, lorsqu'il aime la femme, exige d'elle cet amour-là, il est donc, quant à lui-même, tout ce qu'il y a de plus éloigné des hypothèses de l'amour féminin ; à supposer qu'il y ait aussi des hommes auxquels le besoin d'un abandon complet ne serait pas étranger, eh bien, ces hommes ne seraient pas - des hommes.

Un homme qui aime comme une femme devient esclave ; une femme, au contraire, qui aime comme une femme devient une femme plus accomplie ...

La passion de la femme, dans l'absolu renoncement à ses droits propres, suppose précisément qu'il n'existe point, de l'autre côté, un pathos semblable, un pareil besoin de renonciation : car si tous deux renonçaient à eux-mêmes par amour, il en résulterait - un je-ne-sais-quoi, peut-être l'horreur du vide ?

— La femme veut être prise, acceptée comme propriété, elle veut se fondre dans l'idée de "propriété", de "possession" ; aussi désire-t-elle quelqu'un qui prend, qui ne se donne et ne s'abandonne pas lui-même, qui, au contraire, veut et doit enrichir son "moi" par une adjonction de force, de bonheur, de foi, par quoi la femme se donne elle-même.

La femme se donne, l'homme prend — je pense qu'aucun contrat social ne permettra de passer par-dessus cette différence de nature ; la meilleure volonté de justice n'en peut mais : si désirable qu'il puisse être de ne pas toujours avoir devant les yeux ce qu'il y a de dur, de terrible, d'énigmatique et d'immoral dans cet antagonisme.

Car l'amour, l'amour conçu dans sa totalité, dans sa grandeur, dans toute sa plénitude, est du ressort de la nature et, en tant que tel, est et demeura quelque chose "d'immoral" pour l'éternité.

La fidélité est, bien sûr, comprise dans l'amour de la femme, par définition, elle en est une conséquence ; chez l'homme, l'amour peut parfois entrainer la fidélité, soit sous forme de reconnaissance ou idiosyncrasie du goût, ce que l'on a appelé "affinité élective", mais elle ne fait pas partie de la nature de son amour, — et cela si peu que l'on peut presque parler d'une antinomie naturelle entre l'amour et la fidélité chez l'homme : lequel amour est un désir de possession et nullement un renoncement et un abandon ; or le désir de possession finit chaque fois qu'il y a possession ...

De fait, c'est le désir subtil et jaloux de l'homme, qui s'avoue rarement et de façon tardive cette "possession", qui fait durer encore son amour ; dans ce cas, il est même possible que l'amour grandisse après l'abandon de soi - l'homme n'avoue pas aisément que la femme n'a plus rien à lui "abandonner".

Auteur: Nietzsche Friedrich

Info:

[ complémentarité ] [ dissemblance équilibrante ] [ femmes-par-homme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson