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société de surveillance

Je veux imaginer sous quels traits nouveaux le despotisme pourrait se produire dans le monde : je vois une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils emplissent leur âme. […] Au-dessus de ceux-là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, détaillé, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle si, comme elle, il avait pour objet de préparer les hommes à l’âge viril ; mais il ne cherche, au contraire, qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance ; il aime que les citoyens se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur ; mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre ! 

Auteur: Tocqueville Alexis de

Info: De la démocratie en Amérique, 1840

[ big brother ] [ dictature technologique ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

dictature

Lorsqu'on observe des photographies de l'Extrême-Orient prises de nuit, on remarque une vaste zone curieusement dépourvue de toute lumière. Cet espace obscur, c'est la République populaire démocratique de Corée. [...] C'est au début des années quatre-vingt-dix qu'elle a disparu dans la nuit. Après la chute de l'Union soviétique, qui jusqu'alors fournissait ses alliés communistes en pétrole à bon marché, l'économie vieillotte et peu performante de la Corée du Nord s'est effondrée. Les centrales se sont mises à rouiller et à tomber en ruine. Les lumières se sont éteintes. Des Nord-Coréens affamés ont escaladé les poteaux électriques afin de chaparder du cuivre qu'ils échangeraient contre de la nourriture. Lorsque le soleil se couche, l'horizon devient gris et, bientôt, la nuit engloutit les petites maisons trapues. [...]
Lorsque des étrangers contemplent ce néant qu'est devenue la Corée du Nord de nos jours, ils songent à des villages reculés d'Afrique ou d'Asie du Sud-Est que l'électricité n'a pas encore atteints. Mais la Corée du Nord n'est pas un pays sous-industrialisé. C'est un pays qui s'est détaché du monde industrialisé.

Auteur: Demick Barbara

Info: Vies ordinaires en Corée du nord

[ terreur ] [ planète terre ] [ vue de l'espace ]

 

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barbarie

Pour finir, parlons d’autre chose, parlons de l’ "humain".

 C’est là un vocable, et sans doute un concept aussi, qu’on réserve pour les temps des grands massacres. Il faut la pestilence, Lisbonne et une boucherie religieuse majeure, pour que les êtres songent à s’aimer, à foutre la paix au jardinier d’à côté, à être simplissimes.

C’est un mot qu’on se renvoie aujourd’hui avec une fureur jamais égalée. On dirait des dum-dum.

Cela pleut sur les milieux artistiques avec une abondance toute particulière. C’est dommage. Car l’art ne semble pas avoir besoin du cataclysme, pour pouvoir s’exercer.

Les dégâts sont considérables déjà. Avec "Ce n’est pas humain", tout est dit. À la poubelle.

Demain on exigera de la charcuterie qu’elle soit humaine.

Cela, ce n’est rien. On a quand même l’habitude.

Ce qui est proprement épouvantable, c’est que l’artiste lui-même s’en est mis.

Le poète qui dit : Je ne suis pas un homme, je ne suis qu’un poète. Vite le moyen de faire rimer amour et congés payés.

Le musicien qui dit : Je donnerai la sirène à la trompette bouchée. Ça fera plus humain.

Le peintre qui dit : Tous les hommes sont frères. Allons, un petit cadavre.

Le philosophe qui dit : Protagoras avait raison.

Ils sont capables de nous démolir la poésie, la musique et la pensée pendant cinquante ans. 

 

Auteur: Beckett Samuel

Info: Dans "Le monde et le pantalon"

[ humanitarisme ] [ hypocrisie ] [ belle âme diabolique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

égoïsme

- De quel isolement parlez-vous ?

- De l’isolement dans lequel vivent les hommes, en notre siècle tout particulièrement, et qui se manifeste dans tous les domaines. Ce règne-là n’a pas encore pris fin et il n’a même pas atteint son apogée. A l’heure actuelle, chacun s’efforce de goûter la plénitude de la vie en s’éloignant de ses semblables et en recherchant son bonheur individuel. Mais ces efforts, loin d’aboutir à une plénitude de vie, ne mènent qu’à l’anéantissement total de l’âme, à une sorte de suicide moral par un isolement étouffant. A notre époque, la société s’est décomposée en individus, qui vivent chacun dans leur tanière comme des bêtes, se fuient les uns les autres et ne songent qu’à se cacher mutuellement leurs richesses. Ils en viennent ainsi à se détester et à se rendre détestables eux-mêmes. L’homme amasse des biens dans la solitude et se réjouit de la puissance des biens qu’il croit acquérir, se disant que ses jours sont désormais assurés. Il ne voit pas, l’insensé, que plus il en amasse et plus il s’enlise dans une impuissance mortelle. Il s’habitue en effet à ne compter que sur lui-même, ne croit plus à l’entraide, oublie, dans sa solitude, les vraies lois de l’humanité, et en vient finalement à trembler chaque jour pour son argent, dont la perte le priverait de tout. Les hommes ont tout à fait perdu de vue, de nos jours, que la vraie sécurité de la vie ne s’obtient pas dans la solitude, mais dans l’union des efforts et dans la coordination des actions individuelles.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Les frères Karamazov

[ individualisme ] [ grégarité ] [ avarice ] [ peur ]

 

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géopolitique

Francisco Franco, indépendamment d’autres aspects parfois discutables de son action politique, pouvait être considéré comme le véritable inventeur, au niveau mondial, du tourisme de charme, mais son œuvre ne s’arrêtait pas là, cet esprit universel devait plus tard jeter les bases d’un authentique tourisme de masse (qu’on songe à Benidorm ! qu’on songe à Torremolinos ! existait-il dans le monde, durant les années 1960, quoi que ce soit qui puisse y être comparé ?), Francisco Franco était en réalité un authentique géant du tourisme, et c’est à cette aune qu’il finirait par être réévalué, il commençait d’ailleurs à l’être dans quelques écoles hôtelières suisses, et plus généralement sur le plan économique le franquisme avait récemment fait l’objet de travaux intéressants à Harvard et à Yale, montrant comment le caudillo, pressentant que l’Espagne ne parviendrait jamais à raccrocher au train de la révolution industrielle qu’elle avait il faut bien le dire totalement manqué, avait hardiment décidé de brûler les étapes en investissant dans la troisième phase, la phase finale de l’économie européenne, celle du tertiaire, du tourisme et des services, donnant ainsi à son pays un avantage concurrentiel décisif à l’heure où les salariés des nouveaux pays industriels, accédant à un pouvoir d’achat plus élevé, souhaiteraient l’utiliser en Europe soit dans le tourisme de charme, soit dans le tourisme de masse, conformément à leur statut, il n’y avait ceci dit pour l’instant aucun Chinois au parador de Chinchon, un couple d’universitaires anglais des plus ordinaires attendait son tour derrière nous, mais les Chinois viendraient, ils viendraient certainement, je n’avais aucun doute sur leur venue, la seule chose était peut-être quand même de simplifier les formalités d’accueil, quel que soit le respect que l’on puisse et que l’on doive éprouver pour l’œuvre touristique du caudillo les choses avaient changé, il était peu probable maintenant que des espions venus du froid songent à se glisser dans l’innocente cohorte des touristes ordinaires, les espions venus du froid étaient eux-mêmes devenus des touristes ordinaires à l’instar de leur chef, Vladimir Poutine, le premier d’entre eux.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Dans "Sérotonine", pages 39-41

[ développement ] [ historique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson