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hommes-femmes

Et j'ai l'impression qu'on jugeait à l'emporte-pièce, certains trucs, il y avait des trucs... Le consentement, c'est plus compliqué que ce qu'on a. Je veux dire, on a voulu, on a pensé qu'on allait tout régler avec une formule: quand c'est non, c'est non. Mais c'est plus compliqué que ça, car une fois que tu as dit ça, tu n'as rien dit. Parce qu'en réalité, bien souvent, quand c'est oui c'est non aussi. Enfin je veux dire, si moi j'avais refusé de coucher à chaque fois que je n'avais pas eu envie, je ne serais jamais restée avec un mec plus de trois mois quoi. C'est la réalité, genre on le sait. Les femmes, une fois qu'on est dans une relation, très souvent on baise sans en avoir envie. Alors ça ne posait pas de problème avant parce qu'avant il y avait un échange avec le mec. C'est-à-dire qu'avant, on baisait autant de fois que le mec voulait baiser mais en échange, on avait un confort matériel, il y avait une sécurité, il y avait quelque chose. En plein hiver, il sortait, il allait couper du bois sous la neige, il allait tuer un chevreuil pour nous nourrir et nous faire des robes, et quand il rentrait on lui suçait un peu la bite. Et même si ça sentait un peu le castor, il y avait un win-win. Il y avait quelque chose en fait qui se passait. Mais aujourd'hui, maintenant qu'on est égaux, il n'y a plus d'échange. C'est, tu rentres d'une journée de boulot, tu es crevée, il faut lui sucer la bite s'il a envie d'avoir sa bite qui se fait sucer et après il faut écouter ses problèmes. Non, il y a un malaise là. Il y a un gros malaise.

Auteur: Gardin Blanche

Info: Montreux Comedy, vidéo #balancetonporc

[ faux égalitarisme ] [ avantages réciproques ] [ couple ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

épitaphe

Riboux Caroline
(1967-1989)
bonjour bonjour je suis l'idiote du village il y en a toujours une assise sur un banc de la place de la mairie ou debout devant l'élise la bave aux lèvres c'est moi le regard débile oh pas trop quand mais quand même au bout d'une minute à me demander le chemin pour Landon et la voiture repartait et ils disaient c'est fous tous ces idiots du village y a qu'ici qu'on voit ça faudrait les enfermer mais ça aussi je l'étais au service psychiatrique de l'hôpital de Landon quand maman ne pouvait plus me calmer avec les quatorze valiums par jour un an à crier hurler derrière la grille un an à griffer les murs taper contre la porte pisser sur moi et manger mes excréments typique disait le docteur typique j'étais une idiote typique et au bout d'un an j'étais encore l'idiote oui c'est moi l'idiote bonjour bonjour alors je suis restée à la maison avec maman et papa je cassais rout papa réparait maman pleurait et je crevais les yeux du chat et papa l'enterrait et maman pleurait et je poussais des grognements et des gémissements et maman me prenait dans ses bras et papa pleurait j'étais vraiment l'idiote l'idiote typique avec les gamins qui attachaient mon pied au banc ou me cachaient dans les toilettes de la mairie j'étais quand même l'idiote du village avec mon sourire béat à rester toute la journée dehors sans bouger avec cette mare de bave à mes pieds et à rentrer pour casser ce que papa avait rafistolé et me blottir dans le giron de maman faut les comprendre et je les comprends mais je ne pouvais rien dire mais rien de rien ne sortait typique pour une idiote de village typique sauf quand maman m'a fait boire du théralène mélangé à de l'aspirine et qu'enfin j'ai arrêté de respirer alors c'est venu d'un coup d'un seul je me suis mise à parler et à parler que je n'arrête plus mais bon typique vont dire typique pour l'idiote du village.

Auteur: Kermann Patrick

Info: La mastication des morts

 

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taudis

Le malheur est une larve accroupie dans les lieux humides. Les deux bannis de la Joie crurent flotter dans des limbes de viscosité et de crépuscule. Le feu le plus ardent ne parvenait pas à sécher les murs, plus froids à l’intérieur qu’au dehors, comme dans les cachots ou les sépulcres, et sur lesquels pourrissait un papier horrible.

D’une petite cave haineuse que n’avait certainement jamais élue la générosité d’aucun vin, parurent monter, au commencement de la nuit, des choses noires, des fourmis de ténèbres qui se répandaient dans les fentes et le long des joints d’un géographique parquet.

L’évidence d’une saleté monstrueuse éclata. Cette maison, illusoirement lessivée de quelques seaux d’eau, quand elle attendait des visiteurs, était, en réalité, gluante, à peu près partout, d’on ne savait quels sédiments redoutables qu’il aurait fallu racler avec un labeur sans fin. La Gorgone du vomissement était accroupie dans la cuisine, que l’incendie seul eût été capable de purifier. Dès la première heure, il avait fallu installer un fourneau dans une autre pièce. Au fond du jardin, de quel jardin ! persévérait un amas de détritus effrayants que le propriétaire avait promis de faire enlever et qui ne devait jamais disparaître.

Enfin, tout à coup, l’abomination. Une odeur indéfinissable, tenant le milieu entre le remugle d’un souterrain approvisionné de charognes et la touffeur alcaline d’une fosse d’aisances, vint sournoisement attaquer la muqueuse des locataires au désespoir.

Cette odeur ne sortait pas précisément des latrines, à peu près impraticables, d’ailleurs, ni d’aucun autre point déterminé. Elle rampait dans l’étroit espace et s’y déroulait à la manière d’un ruban de fumée, décrivant des cercles, des oves, des spirales, des lacets. Elle ondulait autour des meubles, montait au plafond, redescendait le long des portes, s’évadait dans l’escalier, rôdait d’une chambre à l’autre, laissant partout comme une buée de putréfaction et d’ordure.

Quelquefois elle semblait disparaître. Alors on la retrouvait au jardin, dans ce jardin des bords du Cocyte, clos d’un mur de bagne capable d’inspirer la monomanie de l’évasion à un derviche bancal devenu équarrisseur de chameaux atteints de la peste.

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "La femme Pauvre", Mercure de France, 1972, pages 294-295

[ ambiance odorifique ] [ puanteur ] [ description ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

représailles

La morale nous dicte souvent qu'il est vain et inutile de se venger, que l'on continue d'être malheureux malgré tout...
Un jour, celui du mariage de ma soeur cadette, je vaquais à mes occupations en ville. Je devais ensuite passer chez moi me préparer avant de rejoindre la fête. J'habitais au centre de Lausanne et avais une petite routine qui consistait à rester en embuscade dans un endroit stratégique du parking devant chez moi afin d'être le premier à profiter d'une place qui se libère. Ce samedi-là j'ai attendu un peu plus que de coutume, une petit dizaine de minutes, jusqu'à qu'une Audi verte commence à se dégager d'un emplacement quinze mètres devant moi. Super me suis-je dit, clignotant activé afin de m'engager. Et là, sournoisement, je l'avais pas vue venir, une petite MG décapotable bleu ciel conduite par une jolie nana m'est passé devant sans tambour ni trompette pour me piquer la place. Je suis sorti de la Fiat pour demander des explications à la jolie femme. Qui m'a ri au nez, mi hautaine, mi moqueuse.
Ce genre d'épisode, à vingt ans, vous fait aisément monter à haute température. En une seconde. Mais que voulez-vous faire en pareille occurrence, mettre des baffes à la provocatrice ? Pas possible...
Dandinant du cul la nénette s'est barrée en m'ignorant superbement. Elle avait disparu depuis quelques secondes qu'une place se libérait non loin permettant rapidement de me garer. La fumée me sortait encore des oreilles. Au sortir de la Fiat j'avisais un conteneur de déchets devant l'entrée d'immeuble à une dizaine de mètres. La MG décapotée me tendait les bras. Ni une ni deux, j'ai sorti deux sacs poubelles, les ai portés jusqu'à la petite anglaise bleu ciel puis les ai éventrés avant de les vider sur les sièges avant tous proprets et parfumés de la petite voiture de luxe. Un contenu vraiment répugnant, avec fumet à l'avenant. "Quelle chance !" ai-je pensé.
Je suis ensuite allé me changer et me doucher avant de récupérer ma bagnole. La MG n'était plus là, avec un emplacement, toujours libre, constellé d'immondices que la stupide conductrice avait bien dû évacuer comme elle pouvait. Devant témoins espérai-je.
J'ai ensuite pris la route, tout à fait détendu, vers les épousailles de ma frangine. Aujourd’hui encore je regarde cet épisode comme une petite victoire, qui sauva l'humeur du reste de ma journée. Avec une petite pensée pour le concierge, où l'employé communal, qui a du se taper le nettoyage.

Auteur: Mg

Info: 26 avril 2016

[ thérapie ] [ revanche ] [ anecdote ]

 

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normalisation

(Un texte pour nous rappeler où nous mène le socialisme infantilisant normatif.

Enfants, nous allions dans des voitures sans ceinture de sécurité, ni airbags !

Nos berceaux étaient peints avec des couleurs brillantes à base de plomb.

Pas de bouchons de sécurité sur les bouteilles de médicaments ni sur les tiroirs et les portes !

Quand nous partions à vélo nous n'avions ni casque ni protection pour les coudes et les genoux !

Nos parents ne portaient pas plainte contre la mairie parce qu'il avait un trou dans le goudron qui nous avait fait tomber !

On buvait de l'eau du robinet, du jardin ou là où on en trouvait jusqu'à ce qu'on n'ait plus soif !

On n'avait pas de bouteille minérale.

On mettait des heures à construire des voitures avec des caisses et des tuyaux qui ne respectaient pas mes normes AFNOR ou CEE

Après quelques chocs on avait appris à résoudre le problème !

On se laissait tomber contre un arbre ou par terre !

Le SAMU n'intervenait pas à chaque chute !

On sortait jouer à la seule condition de rentrer pour l'heure du repas.

On allait à l'école pour travailler et apprendre et non pour développer notre potentiel de créativité ou notre popularité !

Lorsqu'on ne travaillait pas, l'instituteur nous donnait des punitions ou des coups de règles sur les doigts !

Nos parents ne sont jamais aller porter plainte ni frapper l'instit', on savait qu'on l'avait mérité !

On n'avait pas de portable, on écrivait des lettres et des cartes postales !

On se coupait, on se cassait les os, on perdait des dents, mais il n'y avait jamais de plainte déposée pour ces accidents.

Personne n'était coupable sauf nous-mêmes !

On jouait aux gendarmes et aux voleurs, on jouait avec des pétards, on n'a jamais fait brûler des voitures !

On partageait un coca à 4 (quand on pouvait se l'acheter car c'était la bouteille en verre de 1 litre).

On buvait tous à la même bouteille et personne n'est mort de le faire !

On n'avait pas de Playstation, Mp3, Nintendo, 99 chaines de tv par le câble

Par contre on avait de vrais amis, on sortait, on prenait nos vélos ou on marchait jusqu'à chez nos copains.

On sonnait ou on entrait tout simplement et on allait jouer !

On jouait avec des bâtons, avec des balles de tennis, à cache-cache, aux football, au ballon prisonnier, à la poupée, aux petites voitures et non au SIM'S et SECOND LIFE.

Certains n'étaient pas de très bons élèves ils devaient simplement redoubler l'année quand ils ne réussissaient pas.

Personne n'allait chez les psychologues ou les pédopsychiatres !

On a fait l'expérience de la liberté, du succès et des échecs des responsabilités !

Bref on a appris à se débrouiller. Etes-vous aussi de cette génération ?

Auteur: Internet

Info:

[ réglementations ] [ déresponsabilisation ] [ vingtième siècle ]

 

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déclaration d'amour

Ma douce petite putain de Nora,
J'ai fait ce que tu m'avais prescrit, vilaine petite fille, et me suis astiqué deux fois pendant que je lisais ta lettre. Je suis enchanté de savoir que tu aimes être baisée par le cul. Oui, maintenant je me souviens de cette nuit où je t'ai baisée si longtemps par derrière. Jamais je ne t'ai baisée aussi salement, mon amour. Mon dard était planté en toi pendant des heures, allant et venant sous ta croupe retroussée. Je sentais tes fesses grasses et moites sous mon ventre, et je voyais ton visage rouge et tes yeux déments. A chaque fois que je te pénétrais, ta langue sortait effrontément d'entre tes lèvres, et si je te pénétrais plus fort et plus profond que d'habitude, de gros pets sales sortaient en crépitant de ton derrière. Tu avais un cul plein de pets cette nuit mon amour, et je t'en ai vidé en te baisant, des gros et gras sympathiques, de longs venteux, de simples petits craquements rapides, et beaucoup de vilains petits pets minuscules s'achevant par un long souffle de ton trou. C'est merveilleux de baiser une femme qui pète quand chaque coup de reins lui en fait sortir un. Je crois que je reconnaîtrais les pets de Nora en tous lieux. Je crois que je pourrais les distinguer dans une pièce pleine de femmes qui pètent. Ils ressemblent à un bruit de petite fille, et non aux pets humides et venteux dont j'imagine que les grasses épouses sont capables. Ils sont soudains, secs et sales comme ceux qu'une fillette insolente lâcherait la nuit pour rire dans le dortoir d'un pensionnat. Je souhaite que Nora ne cesse jamais de me péter à la face pour que je puisse connaître toujours leur odeur.
Tu dis que lorsque je reviendrai tu me suceras et tu veux que je lèche ton con, petite canaille dépravée. J'espère que tu me surprendras une fois tout habillé pendant mon sommeil, que tu te glisseras au-dessus de moi avec, dans tes yeux endormis, une lueur libertine, que tu déferas doucement, bouton après bouton, la braguette de mon pantalon, et que tu prendras délicatement la queue de ton amant, puis que tu la goberas dans ta bouche humide et la suceras avidement jusqu'à ce qu'elle devienne plus grosse et plus dure et que j'éjacule dans ta bouche. Une fois également je te surprendrai pendant que tu dormiras, je soulèverai tes jupes et je relèverai doucement tes dessous brûlants, puis je m'allongerai lentement à côté de toi et je commencerai à te lécher autour de ta motte en prenant mon temps. Tu commenceras à remuer et à t'agiter, puis je lècherai les lèvres de ta chatte mon amour. Tu commenceras à grogner et à grommeler, à soupirer et à péter de désir dans ton sommeil. Alors je lècherai de plus en plus vite comme un chien affamé jusqu'à ce que ton con soit une masse de bave et que ton corps se torde sauvagement.
Bonne nuit, ma petite Nora péteuse, mon sale petit oiseau baiseur ! Il y a un joli mot, mon amour, que tu as souligné pour me faire mieux m'astiquer. Ecris- moi encore sur ce sujet et sur toi, tendrement, et plus salement, plus salement. JIM

Auteur: Joyce James

Info: lettre du 8 décembre 1909 à Nora sa femme

[ sodomie ] [ obscénité ] [ érotisme ] [ sexe ]

 

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dédication

Il avait pris comme nom de scène Ching Ling Foo.

Je n’eus qu’une seule occasion d’assister à son numéro, il y a de cela quelques années, a l’Adelphi Theater de Leicester Square. Le spectacle terminé, je gagnai l’entrée des artistes et envoyai ma carte à Ching, qui sans plus attendre m’invita aimablement dans sa loge. Il s’abstint de parler de ses illusions, mais je ne pouvais détacher le regard de l’objet posé près de lui sur un piédestal — son accessoire le plus célèbre : un grand aquarium sphérique à poissons rouges qui, en semblant surgir du néant, marquait le fantastique apogée de son numéro. Ching me proposa d’examiner le bocal, lequel était des plus normaux. Il renfermait au moins une douzaine de poissons ornementaux, tous vivants, et était empli d’eau. Je cherchai à le soulever, car je savais de quelle manière Ching le faisait apparaitre, et je m’ébahis de son poids.

Mon hôte ne dit mot en me voyant aux prises avec l’aquarium. De toute évidence, il se demandait si je connaissais ou non sa technique et répugnait à donner, même à un collègue, le moindre indice susceptible de la trahir. Quant à moi, j’ignorais comment lui révéler que son secret n’en était en effet plus un pour moi, si bien que je tins également ma langue. Je restai en sa compagnie une quinzaine de minutes, qu’il passa assis, à hocher poliment la tête tandis que je le complimentais. A mon arrivée, il avait déjà troqué son costume de scène contre un pantalon foncé et une chemise bleue à rayures, bien qu’il ne se fût pas encore démaquillé. Quand je me levai pour rendre congé, il quitta sa chaise, devant le miroir, afin de me raccompagner a la porte. Il marchait la tête basse, les bras pendants, en trainant les pieds comme si ses jambes l’avaient énormément fait souffrir.

A présent que des années ont passé et que Ching est mort, je puis dévoiler son secret le plus jalousement gardé, un secret dont, cette nuit-là, j’eus le privilège d’entrevoir l’étendue obsessionnelle.

Le célèbre aquarium se trouvait sur scène durant tout le spectacle, prêt à sa soudaine et mystérieuse apparition, habilement dissimulé au public. Ching le portait sous l’ample robe de mandarin qu’il affectionnait, coincé entre les genoux, jusqu’à sa sensationnelle matérialisation - véritable miracle, eût-on dit - à la fin du numéro. Aucun spectateur ne parvint jamais à deviner comment il réalisait ce tour, bien qu’il eût suffi d’un instant de réflexion logique pour percer le mystère.

Mais la logique se trouvait en conflit magique avec elle-même! Le seul endroit où il était possible à Ching de cacher le lourd aquarium était l’intérieur de sa robe, et il était logiquement impossible qu’il l’y mît. Il semblait évident à tout un chacun que Ching Ling Foo, le frêle Chinois, accomplissait son numéro d’une démarche trainante, douloureuse. Lorsqu’il faisait la révérence, pour conclure, il s’appuyait sur son assistante, laquelle le soutenait ensuite tandis qu’il sortait de scène en clopinant.

La réalité était totalement différente. Ching était un homme vigoureux d’une grande force physique,

et porter l’aquarium de cette manière lui était tout à fait possible. Cela dit, la taille et la forme du bocal le contraignaient à traîner les pieds tel un mandarin, mettant son secret en péril, car l’attention se concentrait alors sur sa manière de se déplacer. Donc, pour préserver le mystère, il traina les pieds sa vie durant. Jamais, à aucun moment, chez lui ou dans la rue, de jour ou de nuit, il n’adopta une démarche normale, de crainte que son secret ne fût dévoilé. Telle est la nature de celui qui joue le rôle du sorcier.

Le public sait bien qu’un magicien pratique ses tours des années durant, qu’il répète avec soin chaque numéro, mais peu de gens ont conscience de l’étendue du désir de tromper qu’entretient l’illusionniste : l’apparente contradiction qu’il apporte aux lois de la nature devient une obsession qui gouverne chaque instant de sa vie.

Auteur: Priest Christopher

Info: Le prestige

[ illusionniste ] [ abnégation ] [ magicien ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

femmes-par-homme

Au respectable Luigi Guicciardini de Mantoue qui m’est aussi cher qu’un frère, Diantre, Luigi, voyez à quel point, dans des affaires de même sorte, la fortune donne aux hommes différentes fins. Vous qui veniez de vous foutre d’elle, vous avez eu envie de vous refoutre d’elle et vous en voulez une autre prise. Pour ma part, arrivé là depuis quelques jours, aveuglé par les frustrations du mariage, je tombai sur une vieille femme qui lavait mon linge. Elle habitait une maison plus qu’à demi enterrée, où la lumière ne pénétrait que par l’entrée. Un jour, passant par là, elle me reconnut et m’ayant fait bon accueil, elle me demanda de daigner entrer un moment chez elle, où elle avait de belles chemises à me montrer, dans le cas où je désirerais lui en acheter. Croyant à une bonne affaire, une fois à l’intérieur, je vis dans une faible lumière une femme, dont la tête et le visage étaient cachés par un bout de toile, qui jouait la honteuse, reléguée dans un coin de la pièce. La vieille scélérate me prit par la main et, m’ayant mené à cette dernière, elle me dit : – Voilà la chemise que je veux vous vendre, mais essayez-la d’abord, vous paierez ensuite. – Moi, tout timide que je suis, j’en fus tout déconfit, mais je restai seul avec elle dans le noir, puisque la vieille femme était sortie sur le champ en refermant la porte. Pour faire bref, je forniquai un coup et bien que je trouvai ses cuisses flasques et son con humide, et que son haleine empestait un peu, je n’en étais pas moins empreint d’un rut si désespéré que je la possédai. Une fois l’affaire conclue, me venant aussi l’envie de voir la marchandise, je prélevai un tison rougeoyant de l’âtre et j’allumai une lanterne qui pendait là, mais à peine avais-je allumé la lumière qu’elle faillit me tomber des mains. Hélas, je manquai de tomber raide mort sur le sol tant cette femme était laide. La première chose qu’on voyait d’elle était une touffe de cheveux à mi-chemin entre le noir et le blanc, d’un gris sale, et bien qu’elle fut au sommet de son crâne chauve, sur la calvitie duquel on voyait se promener à découvert quelques poux, de rares cheveux, dont l’implantation descendait jusqu’au-dessus des yeux, venaient s’y ajouter. Sa petite tête ridée était traversée en son milieu par une cicatrice de feu, comme si elle avait été marquée au fer rouge près de la colonne du Marché. Ses cils, au niveau de leurs racines, formaient des bouquets de poils plein de lentes. Ses yeux, dont l’un était plus grand que l’autre, n’étaient pas à la même hauteur, leurs coins étaient plein de chassie et leurs paupières recouvertes d’emplâtres. Son nez tout fripé s’enfonçait dans son visage et l’une de ses narines, entaillée, était remplie de morve. Sa bouche ressemblait à celle de Laurent de Médicis mais, tordue d’un côté, il en sortait un filet de bave, car faute de dents elle ne pouvait retenir la salive. Une moustache clairsemée recouvrait sa lèvre supérieure de poils assez longs, et de son menton en galoche, à la fois long et pointu, pendait un lambeau de peau qui descendait jusqu’à la base de sa gorge. Comme la vue de ce monstre me stupéfia et que je me sentis tout à fait perdu, la femme s’en aperçut et voulut me dire : – Qu’avez-vous monsieur ? – mais en vain, parce qu’elle était bègue, et tandis qu’elle ouvrait la bouche, il s’en échappa une haleine si pestilentielle que se trouvèrent offensées par cette puanteur les portes de deux sens très dédaigneux, mes yeux et mon nez, et portées à un dédain si grand que mon estomac, ne pouvant supporter une telle offense, en fut si affecté qu’il s’ouvrit et que je vomis sur la vieille femme. L’ayant ainsi payée de la monnaie qu’elle valait, je partis. Et j’en atteste le ciel, je ne crois pas que, tant que je resterai en Lombardie, le rut me reprenne. Pour vous, remerciez Dieu de l’espoir que vous avez de retrouver tant de plaisir, moi je le remercie d’avoir désormais la certitude de ne plus jamais vouloir ressentir tant de dégoût. Nicolas

Auteur: Machiavel Nicolas

Info: 8 décembre 1509, lettre à son ami Luigi Guicciardini

[ dégoût ] [ hideuse ] [ anecdote ] [ épistole ] [ mésaventure ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

retour à la vie

Arrivé à Istanbul, je tombai gravement malade. On m’a dit par la suite que j’avais dû être empoisonné mais je ne trouve personne à accuser sinon moi-même qui, dans mon indifférence, pouvait manger ce qui restait dans les rues après un marché et boire des eaux qui ne coulaient pas toutes de source. Je mangeais si peu qu’à mon avis c’est dans les eaux sales du Bosphore qu’il faut chercher le microbe fatal.

On me trouva dans la rue sans connaissance. Voyant que j’étais européen, on me conduisit dans un hôpital où vivaient encore des médecins et des infirmiers français. Après les examens d’usage, dont un électro-encéphalogramme, on me déclara "mort". Je n’étais pas le premier de ces jeunes Européens qu’on retrouvait ainsi. Drogue, misère, empoisonnement, peu importe, on les déclarait vite morts et, s’ils n’avaient pas de papiers, ce qui était mon cas, on ne tardait pas à les enterrer, ce qui allait être mon cas. On décida néanmoins d’attendre un peu et de m’installer dans une chambre fraîche, à l’écart. Raconter ce que j’ai vécu alors me semble bien difficile ; d’abord parce que, avec un électro-encéphalogramme plat, on ne pense plus, ensuite parce que mon expérience n’a rien de très original lorsqu’on connaît les nombreux récits de near death experience dont on parle aujourd’hui. Je suis toujours étonné de l’abondance d’images et de lumière dont témoignent ces rescapés de la mort. Pour moi ce fut plutôt le vide. Rien, mais j’avoue n’avoir jamais connu un état de plénitude semblable à ce vide, à ce Rien. Je vais essayer d’être le plus honnête possible et te décrire avec des mots ce que je sais hors d’atteinte des mots. Les concepts en effet appartiennent à l’espace-temps, et font toujours référence à un "quelque chose" ou au monde. Or cette expérience ne s’est pas vécue dans notre espace-temps et demeure donc hors d’atteinte des instruments qui y sont forgés. D’abord, "je ne voulais pas mourir" ! J’avais souhaité la mort, je m’y étais préparé de toutes sortes de façons, conscientes et inconscientes, et, au moment où "cela" arrivait, je disais, non ! J’ai peur, et plus je dis non, plus je souffre… quelque chose d’intolérable, une révolte de tout mon corps, de tout mon psychisme, non ! Puis, devant l’inéluctable, l’intolérable surtout de la souffrance, quelque chose en moi craque, sombre, et en même temps acquiesce. À quoi bon lutter ? Oui. J’accepte… À l’instant même de ce "oui", toute douleur s’évanouit. Je ne sentais plus rien, ou quelque chose de très léger. Je comprenais le symbole de l’oiseau dont on se sert pour représenter l’âme. J’étais toujours dans ma petite boîte ou dans ma cage, mais l’oiseau déjà étendait ses ailes, prenait son vol. Sensation d’espace, "horizon non empêché", mais toujours conscience, extrêmement vive, lumineuse, que je percevais à la fois dans mon corps et hors de mon corps. Puis, pour reprendre l’image (inadéquate), "l’oiseau sortit de sa cage", sortit du corps et du monde qui l’entourait, mais l’oiseau avait encore sa conscience d’oiseau, autonome et bien différenciée de sa cage…L’"âme" existe bien en dehors du corps qu’elle informe ou qu’elle anime,cela a été rapporté par d’autres témoins. Puis… comment dire ? comme si le vol sortait de l’oiseau, un vol qui continue sans l’oiseau et qui s’unit à l’Espace… Il n’y eut plus de conscience, plus de "conscience de quelque chose", corps, âme ou oiseau : rien…Mais ce rien, ce no-thing (pas une chose, disent mieux les Anglais), c’était l’Espace qui contenait le vol, la cage et l’oiseau, cette vastitude contenait la conscience, l’âme et le corps, ce n’était rien de particulier, de déterminé, d’informé. Cela n’est Rien, cela Est… c’est tout ce que je peux dire. Pendant ce "temps-là", ou plutôt pendant cette "sortie de ce temps-là", on préparait mon enterrement…Que s’est-il passé ? Je me souviens seulement d’un homme qui a crié en français : "Il n’est pas mort !" et on entreprit alors des choses désagréables pour me réanimer. Le vol revint dans l’oiseau, l’oiseau redescendit dans sa cage, l’oiseau suffoquait, il n’arrivait pas à respirer, on lui mit dans les poumons "un air qui n’était pas le sien", on lui transfusa dans les veines toutes sortes de liquides qui n’étaient pas son sang…Quand il commença à gémir, tout le monde fut rassuré : "Il sort du coma.“

Auteur: Leloup Jean-Yves

Info: L'Absurde et la Grâce, éd. Albin Michel

[ mort imminente ]

 

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mourir

Paticha s'appelait Patricia, mais à cinq ans, le monde est aussi petit que les mots. À chaque fois que nous traversions la rivière pendant les mois de pluie, il nous fallait faire appel à l'aide d'un compagnon milicien. A cet endroit dont je vous parle, celui qui nous faisait traverser était un jeune sergent de milice : Artemio. Artemio était le père de Paticha et il arrivait avec elle à notre rencontre pour convenir de la manière et de l'heure de notre traversée. En général, Paticha apportait une petite casserole de café et quelques assiettes creuses. Tandis que nous discutions avec Artemio, Paticha regardait fixement la fumée qui sortait de ma pipe. J'avais déjà appris l'art difficile qui consiste à fumer, mordiller la pipe tout en conversant. Les premières fois, Paticha restait prudemment à l'abri des jambes de son père, d'où elle observait la pipe et les volutes de fumée qui, de temps en temps, s'en échappaient. Après quelques rencontres qui la mirent en confiance, Paticha s'approcha timidement mais pas trop. Elle attendit le moment où elle me supposait le plus occupé à discuter avec son père et - enfin ! - s'assit à côté de moi sans quitter du regard la fumée qui m'entourait. Elle finit par approcher sa Petite main droite et tenta de toucher le foyer de la pipe... elle se brûla bien sûr, mais resta assise à côté de moi. Dans sa langue maternelle je lui demandai son nom : - "Paticha", répondit-elle, et son père de s'empresser de préciser que c'était "Patricia", mais qu'elle ne savait encore pas bien parler.
Bon. Paticha voulait être zapatiste quand elle serait grande. Cette date probable était, pour Paticha, très proche puisque, d'après ses calculs, à six ans on est assez grand pour traverser la frontière de la rivière et partir avec ces hommes et ces femmes qui marchent la nuit, transportant des armes et des nuages pour protéger leur chemin.
Un après-midi, alors que nous tentions seuls la traversée de la rivière parce que personne n'était venu nous aider, Artemio apparut les yeux embués de larmes. Paticha était malade et la fièvre commençait à l'emporter loin de nous. Nous renonçâmes à cette traversée hasardeuse et nous rendîmes à la cabane d'Artemio. Paticha brûlait de tremblements fiévreux. Ses yeux brillants trouvèrent à nouveau la pipe entre mes lèvres, et elle y risqua de nouveau sa petite main. Cette fois, la chaleur du foyer ne la brûla pas puisqu'elle était déjà brûlante des derniers tremblements. Je lâchai la pipe dans sa main qui reposa le long de son corps. Nous fîmes tout ce qui était possible sur place, sans médicaments, sans docteur, sans rien, et la nuit tombée, les chiffons mouillés sur le corps de Paticha séchaient rapidement ; nous la baignâmes plusieurs fois tout habillée et la pipe dans la main. En quatre heures, elle avait quitté nos mains et la vie... Elle cessa de trembler, ferma les yeux et, finalement, se mit à refroidir, refroidir... La fièvre l'abandonnait en même temps que la vie. Sa petite main resta accrochée à la pipe, et c'est avec elle que nous l'enterrions le lendemain.
Paticha n'a jamais existé aux yeux de ce pays, elle n'est jamais morte parce que sa naissance n'a été inscrite sur aucun registre. "Non nato", c'est-à-dire "non né", telle serait plus tard la mention sur un document perdu parmi tant de bureaux et de fonctionnaires.
Je me suis trouvé une autre pipe, mais le petit morceau de coeur qui s'est enfui avec Paticha, je n'ai pu le remplacer d'aucune façon.
Il est douloureux de savoir que l'histoire de Paticha n'est pas une fable, que c'est une réalité courante dans notre Patrie. Mais ça n'est pas le plus terrible : ce qui est sinistre, c'est que nous soyons obligés de prendre les armes contre le Gouvernement suprême pour que vous, enfants d'autres terres, connaissiez cette histoire et constatiez que ce qu'il se passe n'est pas juste. Les "Patichas"qui ne naissent jamais et meurent toujours, pullulent sous les cieux du Mexique. Je vous demande si nous pouvons continuer de connaître ces injustices et faire comme si de rien n'était, comme si personne n'était né et personne n'était mort. Je vous demande si, sachant cela, nous devons nous contenter de la montagne de promesses avec laquelle le mauvais gouvernement compte nous arracher nos armes et notre dignité. Je vous demande si, avec ce gros poids sur la poitrine, nous devons nous rendre. Je suis sûr que non. Ne l'oubliez pas, ne nous oubliez pas. Salut et bonne chance pour vos examens. Appliquez-vous en histoire, sans elle tout est inutile et dépourvu de sens. Voilà.

Auteur: Subcomandante Marcos Paco Ignacio Taibo II

Info: Montagnes du Sud-Est mexicain, 1998. Sous le pseudo de Subcomandante Marcos

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