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pêche au gros

Bruce a poussé un juron. Il m'a tendu une ligne en maugréant : "Requin". Coupant le moteur, il s'est engouffré dans la cabine. J'ai dû me battre pour ne pas laisser filer. Le fil, agité de soubresauts incontrôlables, me déchirait les mains. Je sentais le nylon pénétrer la chair de mes paumes. Derrière moi, Billy faisait disparaître les noeuds, ils auraient pu m'arracher un doigt si le poisson décollait. Cette fois, le suspense a duré moins longtemps. L'animal est monté tout de suite au combat. Un requin-marteau de grande taille, qui décrivait des cercles de plus en plus réduits à la verticale du bateau. Un guerrier. Il n'avait pas peur, dans son élément il ne craignait personne. Heureusement pour moi, ça devait faire des heures qu'il avait mordu à l'appât. Pourtant, il m'arrachait les bras à chaque battement de queue. Il évoluait en surface à présent, à un mètre cinquante de mes mains. Ses yeux inexpressifs semblaient fixés sur moi, son échine tressaillait comme celle d'un taureau dans l'ultime tercio. Pourquoi me laissait-on ainsi jouer avec la bête ? Quelqu'un allait-il couper cette maudite ligne ? Bruce a jailli de la cabine en braillant : " Putain, sors-lui la tête ! " En me retournant, j'ai failli tout lâcher. Bruce pointait sur moi un fusil de chasse Winchester à canons sciés. Les orifices de sinistre présage passaient et repassaient devant mon ventre au gré des mouvements de la houle. De toutes mes forces, j'ai soulevé la gueule du requin. Bruce a tiré à bout portant. Déflagration ahurissante. Le requin est retombé sur le dos, secoué d'effroyables spasmes. Pris de fureur, Bruce lui a balancé une seconde décharge. " Enculé d'requin ! " Il n'avait plus la force de résister, mais il n'était pas mort. Un oeil pendait sur le côté, arraché à l'orbite. Du revers de la main, j'ai essuyé les lambeaux de cervelle, les éclats de cartilage qui me criblaient le visage. Curt et Billy ont crocheté les ouïes du requin, qui vomissaient des torrents de sang. J'aurais dû les aider, mais le vacarme des détonations, l'odeur de la poudre m'avaient tétanisé. Rien ne m'avait préparé à cela.

Auteur: Fauquemberg David

Info: Nullarbor

[ océan ] [ littérature ]

 

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subjectivation

"La chair est triste, hélas, et j'ai lu tous les livres" dira plus tard le poète... Quelle complétude particulière pouvait offrir l'ère christique pré-médiévale et médiévale, que son dépassement par la rationalité et la technè moderne ne pourra jamais combler ? Qu'est-ce qui a été manqué dans ce "dépassement"? Tout simplement la dimension de l'autre, seule apte à garantir correctement l'institution du sujet, dans une circularité relationnelle vivante et vascularisée. Alors que le sujet est face à l'autre (à l'Autre), l'individu (moderne) est face au monde. Ce qui se perd au passage est l'intersubjectivité et sa fonction nutritive et vitalisante. Car le problème est que le monde est aussi silencieux que l'épais silence qui envahit tout entière la gravure de Dürer, où seul le crissement bavard du stylet du putto sur sa tablette s'inscrit en creux. La maladie de la modernité, poussée à son paroxysme par la période contemporaine, est entièrement résumée ici. L'homme, de fait, ne dialogue pas avec le monde: le monde est muet et ne répond pas, si ce n'est par les soubresauts d'efficacité auxquels la technoscience le contraint dans sa brutalité. Pour qu'il y ait dialogue, il faut que le logos réponde au logos, et que le sujet fasse face à un autre lui-même. Car le sujet ne peut se comprendre que dans la plénitude de l'histoire de son inscription au sein du monde, et non comme une chimère hors sol, pure catégorie fonctionnelle et logique, comme l'ont voulu les linguistes depuis Saussure. Le sujet s'institue dans les conditions intersubjectives de son avènement au monde, conditions d'extrême dénuement et de fragilité absolue, qui le livrent sans recours possible à ceux qui l'ont à charge: sa mère, éminemment, puis son père, qui seuls peuvent lui éviter la mort corporelle, affective et psychique par les nourritures terrestre, affective, et spirituelle qu'ils lui dispenseront. Le sujet, c'est cela: une immense fragilité qui ne tient que par la relation - il serait d'ailleurs plus approprié d'écrire "les sujets", tant il est vrai qu'un sujet seul ne peut se concevoir en vertu de ce que je viens d'exposer. Or le sujet parvenu à sa pleine institution donne le sentiment d'une monade autonome et fermée, essentialisable jusque dans les catégories formelles de la linguistique - "est je qui dit je", comme disait de si tautologique et désespérante manière Ferdinand de Saussure, que nous avons cité en ouverture de cet ouvrage. La modernité est ici prise en flagrant délit de solipsisme, faute logique - et ontologique - s'il en est.

Auteur: Farago Pierre

Info: Une proposition pour l'autisme

[ dépendance ] [ illusion d'autocréation ] [ erreur moderne ] [ isolement ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson