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divertissement

Quand vous êtes le soir au théâtre, vous pensez à vos petites affaires, au stylo que vous avez perdu dans la journée et au chèque que vous aurez à signer le lendemain. Ne nous faisons donc pas trop de crédit. Vos émotions sont prises en charge dans une saine disposition de la scène. C’est le Chœur qui s’en charge. Le commentaire émotionnel est fait, c’est ce qui fait la plus grande chance de survie de la tragédie antique. Il est fait, il est juste ce qu’il faut bêta, il n’est pas sans fermeté non plus, il est bien humain. Vous êtes donc délivrés de tous soucis. Même si vous ne sentez rien, le Chœur aura senti à votre place. Et même, après tout, pourquoi ne pas imaginer que l’effet peut être obtenu, là en effet, la petite dose, sur vous-même, si vous n’avez pas tellement palpité que cela ?

Auteur: Lacan Jacques

Info: 25 mai 1960

[ automatisme ] [ menus tracas ] [ distraction ] [ indicateur ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

synesthésie

Maria sait la couleur des gens, la couleur des sons et des odeurs. Les couleurs invisibles sont son secret et son privilège. William, par exemple, est d'un pourpre dense et terreux, Céline d'un gris très doux. Une brillance d'oignon rouge jaillit de Thomas, et de la mère de Maria l'orange d'une fleur de souci. Son père n'avait pas vraiment de couleur, ou alors elle ne s'en souvient plus, n'a pas eu le temps de la percevoir. Alain, lui, vibrait d'un brun de pain brûlé qui se muait parfois en long grésillement. Pour Maria, la frontière est mince qui sépare les odeurs et les sons. Et puis, bien sûr, il y a Marcus. Marcus est d'un vert splendide, celui d'une soupe de cresson saturée de crème, celui de la première peau d'une fève. Ce soir-là, le vert de Marcus est un baume qui, dans la cuisine, l'aide à reprendre pied.

Auteur: Villeneuve Angélique

Info: Maria

[ rapports humains ]

 

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justice

Les Africains ne connaissent qu’un seul moyen pour rétablir l’équilibre infiniment changeant des circonstances. Il faut concéder une réparation. Comme l’eau qui afflue là où le niveau a baissé, ils cherchent à combler les trous creusés par le destin, et les motifs d’un acte ne les intéressent quasiment pas. Si quelqu’un surprend son ennemi en pleine nuit et lui tranche la gorge, ou si on écrase un passant imprudent en abattant un arbre, les conséquences sont les mêmes. La société a subi un préjudice qu’il faut réparer le mieux possible. L’Africain ne se soucie pas de la question de responsabilité ou d’intérêt, soit qu’il considère que cela risquerait de se révéler une tâche interminable, soit parce qu’il juge que cela ne le concerne pas. En revanche, il se plonge dans des calculs complexes pour déterminer comment un crime ou un accident sera réparé par un tel nombre de chèvres ou de moutons. 

Auteur: Blixen Karen

Info: La ferme africaine (Out of Africa), 1937, éditions Gallimard, 1942, coll. Folio, 2006

[ subsahara ] [ Afrique ] [ législation ] [ tribalisme ] [ pragmatisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

rapports humains

Les milles changements qui ont fait avancer le temps - ils sont, mesurés à ce présent intemporel du sentiment, fugitifs et irréels comme un rêve et aussi trompeurs que les visions des songes: ils me font croire que je suis un homme qui, médecin vers qui les gens viennent avec leurs douleurs et leurs soucis, possède une sûreté de soi fabuleuse et ne connaît pas la peur. Et la confiance craintive que je lis dans le regard de ceux qui cherchent de l'aide me force à y croire tant qu'ils sont devant moi. Mais à peine sont-ils partis que je voudrais leur crier: je suis quand même encore ce garçon anxieux sur les marches de l'école, c'est totalement sans importance, c'est même un mensonge, que je sois assis en blouse blanche derrière l'énorme bureau et que je distribue des conseils, ne vous laissez pas tromper par ce que nous appelons, avec une superficialité ridicule, le présent.

Auteur: Mercier Pascal

Info: Train de nuit pour Lisbonne

[ miroirs ] [ balise temporelle ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

femmes-hommes

Plus le bruit de l'époque se fait assourdissant, plus j'ai la certitude que ma vie est ailleurs, glissant le long de mon amour dont les figures ensevelissent le temps qui passe. Je te regarde. Nous allons nous rencontrer sur le pont de la transparence avant de plonger dans la nuit de nos différences. Nous nagerons, proches ou lointains, distraits ou tendus, remontant le courant de notre énigme pour nous retrouver dans l'embrassement incertain de nos ombres fuyantes. Nous ne sommes pas les seuls à nous être un jour élevés du plus profond de nos solitudes pour partir au-devant de nos fantômes, sans nous soucier qu'ils soient mâles ou femelles. Et s'il est seulement quelques hommes à n'avoir pas grande peine à se reconnaître dans cet aveu de Picabia : "Les femmes sort les dépositaires de ma liberté", c'est peut-être qu'il y va de la conquête d’un merveilleux que les femmes et les hommes ont encore a découvrir.

Auteur: Le Brun Annie

Info: Lâchez tout

[ espérance ]

 

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femmes-entre-elles

Tu avais autrefois une tante qui devait subir une grave opération dont elle était convaincue qu’elle ne réchapperait pas, alors qu’entre elle et sa plus proche parente existait depuis des années l’une de ces tranquilles inimitiés, profondes et inexplicables (pour un cerveau d’homme), telles qu’on en rencontre entre femmes d’une même famille, et son seul souci avant de quitter ce monde fut de se débarrasser d’une certaine robe marron qu’elle possédait et qu’à sa connaissance sa parente savait qu’elle avait toujours détestée, robe qu’il fallut brûler, non pas donner mais brûler, dans l’arrière-cour, au-dessous de la fenêtre d’où, en se faisant soutenir (et au prix d’effroyables souffrances), elle pût la voir brûler de ses propres yeux, persuadée qu’elle était qu’une fois morte sa parente, celle à qui incomberait logiquement le soin des obsèques, la ferait enterrer dans cette robe-là. — Et elle est morte ? demanda Quentin. — Non. À peine la robe brûlée, elle a commencé à se rétablir.

Auteur: Faulkner William

Info: Absalon, Absalon!

[ antagonistes ] [ habillement ] [ haine ]

 

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dissidents de salon

Les cinéastes ne brûlent pas ce dont ils se servent. Quand leurs films font de la critique sociale, celle-ci est toujours déjà écrite, mais ailleurs, et avant eux. Les matériaux dont ils usent, ceux de l’univers concret qui nous entoure, ils les laissent intacts après en avoir fait usage. Il leur paraît suffisant de s’être montrés socialement incorrects, ou sexuelle non conformes, ainsi que la voix du temps les y encourageait. Ce sont de bons garçons obéissants. Des scouts dociles et bien élevés, soucieux avant tout de la défense et de l’illustration de la nouvelle hygiène sociale qui préconise et même ordonne (mais ils ne le savent pas ou ne veulent pas le savoir) le dérèglement de tous les sens. De cette manière font-ils frétiller, par leurs audaces, les critiques de la bonne presse rebelle et à genoux, lesquels ont le plus haut intérêt, eux aussi, à ce qu’aucun rapport exact sur la situation de l’humanité actuelle ne soit plus jamais dressé.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, pages 321-322

[ politiquement incorrect ] [ approbation générale ] [ cinéma ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

diction

Sacha ce chou et son chat Chachou : Sacha chantait chez ce cher Serge, Chachou, son chat si choyé, chassant sa chatte, fit choir à l'eau six cent six sachets de Sacha. Sacha, cessant son chant, chassa Chachou et mis ses six cent six sachets à sécher. Ainsi son chat, soucieux, se cacha chez sa chère Chanchan, soeur de Sacha. Sache et considère ceci Sacha chouchou. Chanchan ses chats sont sa joie. "C'est ça, c'est ça... " cracha Sacha fâché. Ceci susurré, ses six cent six sachets ne séchant pas, Sacha fit son choix : saisissant sa hache il les hacha. Du coup Chanchan chuchota. "Ca c'est bien Sacha..." Ce soir là, choisissant ses achats, Chanchan acheta six cent six sachets. Ainsi, sortant ces six cent six si récents sachets, Chanchan, cachant sa joie, dévisageait son cher Sacha. Celui-ci apercevant ces choses scanda : "Oh ça Chanchan c'est chou..." Oh ça Chanchan c'est chou... Oh ça Chanchan c'est chou... Et puis il l'embrassa.

Auteur: MG

Info: pour fiston, oct. 2002

[ articulation ] [ virelangue ]

 

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question

Qu'est-ce que la causalité ? Le rapport qui unit la cause à l'effet. Il y a des nuages, il va pleuvoir. J'entre dans l'eau, je vais me noyer. La terre tourne autour du soleil, demain sera pareil à hier. Lien causal partout autour de moi. Le monde est causal. Pas de miracles. J'enferme le monde dans la vision causale que j'en prends. Mais ne croyez-vous pas que le monde, le vrai monde, s'en fout, lui, de la causalité ? La neige se soucie-t-elle de savoir qu'elle provient de l'eau congelée ? Et la vapeur serait bien étonnée si on lui parlait de son père l'eau. D'autant qu'elle pourrait prétendre l'inverse avec autant de raison. Ce monde pourrait avoir un autre aspect que l'aspect causal. On pourrait l'habiller de tout autre vêtement, en venir à le voir sous un nouveau complet veston, une houppelande, un justaucorps, une toge, que sais-je ? Ce serait précisément faire un voyage dans la causalité, une excursion dans la "chose en soi" comme disent les philosophes.

Auteur: Spitz Jacques

Info: L'oeil du purgatoire

[ philosophie mécaniste ] [ réalité séquentielle ] [ causes-effets ] [ temporalité prison ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

abrutissement

Les apologistes du travail : Dans la glorification du 'travail', dans les infatigables discours sur la 'bénédiction du travail', je vois la même arrière-pensée que dans les louanges des actes impersonnels et conformes à l'intérêt général : la crainte de tout ce qui est individuel. On se rend maintenant très bien compte, à l'aspect du travail - c'est-à-dire de ce dur labeur du matin au soir - que c'est là la meilleure police, qu'elle tient chacun en bride et qu'elle s'entend vigoureusement à entraver le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance. Car le travail use la force nerveuse dans des proportions extraordinaires, et la soustrait à la réflexion, à la méditation, aux rêves, aux soucis, à l'amour et à la haine, il place toujours devant les yeux un but minime et accorde des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société, où l'on travaille sans cesse durement, jouira d'une plus grande sécurité : et c'est la sécurité que l'on adore maintenant comme divinité suprême.

Auteur: Nietzsche Friedrich

Info: Aurore, 1881

[ pouvoir ]

 

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