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divertissement télévisé

Pour Reed Hastings, patron de Netflix, la télévision et son modèle linéaire sont obsolètes. Le temps passé à attendre d’un épisode à l’autre est un temps perdu. Un temps qui dévie le spectateur de la plateforme, qui le libère de ses programmes et l’autorise à penser ailleurs, à penser tout court. Lui, Reed Hastings, croit au contraire qu’il faut retenir le spectateur, saisir son regard, l’arrimer sans cesse à la plateforme – l’aliéner. Il reste en cela fidèle à la religion du capitalisme attentionnel, qui a fait de nos cerveaux “l’or gris” des temps modernes, une ressource dont il est possible de tirer profit via la revente de nos data ou le conditionnement à la publicité.

La force de Netflix est d’avoir adapté cette nécessité économique en offre culturelle, en reproduisant avec son "binge watching" l’exact business model de la dématérialisation. Notre attention est un vaste marché, qui se convertit pour son service en gain de popularité, en abonnements et cotation boursière. Nous avons, planquée là, entre les heures de travail et celles consacrées à la famille, une quantité de temps disponible que cherchent à capter le patron de Netflix et ses coreligionnaires de Twitter ou Facebook.

En marge d’une conférence de presse organisée en 2017 au siège de la plateforme, Reed Hastings avait résumé l’affaire par cette formule habile : “Notre seul concurrent dans cette industrie, c’est le sommeil.” Il faut relire cette phrase pour en mesurer toute la monstruosité. Une entreprise californienne s’estime en concurrence avec notre sommeil. Notre temps diurne ne suffit plus : elle veut pénétrer nos nuits et nos inconscients.

Auteur: Blondeau Romain

Info: "Netflix, l’aliénation en série", Seuil, 2022

[ streaming ] [ vidéo à la demande ] [ abondance ] [ overdose ] [ dévitalisation ] [ captage de l'attention ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

facilité technologique

La propagation de la musique par des moyens mécaniques, comme le disque, et sa diffusion par la radio, ces formidables conquêtes de la science, qui ont toutes les chances de s’élargir encore davantage, méritent quant à leur importance et à leurs effets dans le domaine de la musique un examen des plus attentifs. Evidemment, la possibilité pour les auteurs et les exécutants d’atteindre les grandes masses, et la facilité pour celles-ci de prendre connaissance des oeuvres musicales constituent un avantage indiscutable. Mais il ne faut pas se dissimuler que cet avantage présente en même temps un grand danger. Autrefois un Jean-Sébastien Bach était obligé de faire dix lieues à pied pour aller dans une ville entendre Buxtehude dans ses oeuvres. Aujourd’hui l’habitant de n’importe quel pays n’à qu’à tourner un bouton ou faire marcher un disque pour obtenir l’audition d’une pièce de son choix.

Eh bien ! C’est précisément dans cette facilité inouïe, dans cette absence de tout effort que siège le vice de ce soi-disant progrès. Car dans la musique, plus que dans tout autre branche de l’art, la compréhension n’est donnée qu’à ceux qui y apportent un effort actif. La réception massive ne suffit pas. Ecouter certaines combinaisons de sons et s’y habituer automatiquement n’implique pas nécessairement le fait de les entendre et de les saisir, car on peut écouter sans entendre, comme on peut regarder sans voir. L’absence d’un effort actif de leur part et leur goût qu’ils prennent à cette facilité, rendent les gens paresseux. […]

Ainsi les facultés actives, sans la participation desquelles on ne saurait s’assimiler la musique, s’atrophient peu à peu chez à l’auditeur à force de ne plus être exercées. Cette paralysie progressive entraîne des conséquences extrêmement graves. Sursaturés de sons, blasés sur leurs combinaisons les plus variés, les gens tombent dans une sorte d’abrutissement qui leur enlève toute capacité de discernement et les rend indifférents à la qualité même des morceaux qu’on leur sert. Il plus que probable qu’une pareille suralimentation désordonnée leur fera bientôt perdre l’appétit et le goût de la musique.

Certes, il y aura toujours des exceptions, des personnes qui, dans le tas, sauront choisir ce qui leur plaît. Mais en ce qui concerne les masses, on a toutes les raisons de craindre que, au lieu de développer en elles l’amour et la compréhension de la musique, les moyens modernes de la répandre ne les amènent à des résultats exactement contraires, c’est-à-dire à l’indifférence ainsi qu’à l’impuissance de s’y reconnaître, de s’y orienter et d’éprouver une réaction de quelque valeur.

Auteur: Stravinsky Igor

Info: En 1935

[ streaming ] [ dématérialisation ] [ pessimisme ] [ abrutissement ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

garde-fou

Technologie : Tim Berners Lee, père fondateur du web, s’inquiète de l’évolution de l’écosystème menacé aujourd’hui par la montée en puissance des acteurs commerciaux, qui tirent parti de la manipulation d’information pour vendre plus au détriment des internautes.
Tim Berners Lee n’est pas tout à fait serein. Le Britannique, généralement considéré comme l’un des inventeurs du web, s’est en effet confié dans les pages du Guardian. Il y fait part de son inquiétude grandissante face aux menaces qui pèsent sur le web, notamment celles exercées par les grandes entreprises et opérateurs télécoms qui s’adonnent à la "manipulation" des internautes.
"Le système ne fonctionne pas. La façon dont le business de la publicité fonctionne est entièrement basée sur le clickbait et ne vient pas remplir l’objectif initial du web, qui était de promouvoir la vérité et la démocratie. Je suis donc inquiet" confie Tim Berners Lee, qui avoue néanmoins n’avoir pas perdu toute trace de son optimisme. Le chercheur prend simplement acte des récents phénomènes de manipulation via la publicité, qui ont notamment touché les réseaux sociaux tels que Facebook ou Twitter pendant l’élection présidentielle américaine.
Outre l’économie de la publicité, Tim Berners Lee profite de son message pour attirer l’attention sur la question de la neutralité du net aux États unis. Le nouveau directeur de la FCC a en effet annoncé son intention de revenir sur les régulations imposant la neutralité du net sur les réseaux américains, régulations passées sous l’administration Obama. Selon Reuters, le dirigeant de la FCC entend présenter son plan dans le courant de la semaine prochaine, ce qui signifierait que la FCC devrait voter en décembre pour adopter ou non la nouvelle proposition de régulation.
Tim Berners Lee craint évidemment qu’une abolition de la neutralité du net ne vienne remettre en question les équilibres fondamentaux du réseau "Quand j’ai inventé le web, je n’ai pas eu besoin de contacter Vinton Cerf pour lui demander l’autorisation d’utiliser internet" explique le chercheur. Selon lui, un retour en arrière sur la question de la neutralité du net viendrait donner trop de pouvoir aux opérateurs télécom, qui pourraient favoriser certaines offres et en pénaliser d’autres selon leurs intérêts commerciaux.
Tim Berners Lee avait déjà abordé ces sujets dans une tribune datée du mois de mars. Le chercheur s’inquiétait alors des risques posés par la propagation de fake news sur les réseaux sociaux et le fait que les internautes avaient perdu le contrôle sur leurs données personnelles. Le constat est aujourd’hui largement partagé : le web ne ressemble plus vraiment à ce que ses premiers créateurs avaient imaginé et est aujourd’hui largement dominé par les intérêts commerciaux. Jusqu’au point où les standards du web acceptent des modules propriétaires et fermés afin de faire les yeux doux aux géants du streaming, avec la bénédiction de… Tim Berners Lee.

Auteur: Internet

Info: Par Louis Adam, Vendredi 17 Novembre 2017

[ progrès ]

 

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