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beaux-arts

Comme toute forme d'Art, [la littérature] a pour mission de rendre supportable l'accomplissement de nos devoirs vitaux. Pour un être qui, comme l'humain, façonne son destin à la force de la réflexion et de la réflexivité, la connaissance qui en découle a le caractère insupportable de toute lucidité nue. Nous savons que nous sommes des bêtes dotées d'une arme de survie et non des dieux façonnant le monde de leur pensée propre et il faut bien quelque chose pour que cette sagacité nous devienne tolérable, quelque chose qui nous sauve de la triste et éternelle fièvre des destins biologiques.
Alors, nous inventons l'Art, cet autre procédé des animaux que nous sommes afin que notre espèce survive.

Auteur: Barbery Muriel

Info: L'élégance du hérisson, p.269, Gallimard, 2006

[ thérapie ]

 

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délire

Solitude physique difficilement supportable.
Moralement toujours plus ou moins seul.
L'idéal, pouvoir s'isoler d'autrui sans pour autant en être séparé.
Monsieur Songe a du mal à rédiger ces lignes. Il se dit si ma nièce était encore avec moi quel plaisir nous aurions à chercher ensemble nos chères définitions.
Qu'est-ce que tu racontes ? dit la nièce. Qu'est-ce encore que cette méchanceté ? Je t'interdis tu entends, je t'interdis.
Monsieur Songe est bouleversé. Suffisait de ne pas dire qu'elle était morte pour que sa nièce soit toujours là ? Que devient cette histoire de solitude physique ou morale ?
Des mots encore. Des mots trop vite dits.
Ma chérie je t'écoute. Nous allons peut-être trouver que la solitude n'est qu'un de ces mots-là.

Auteur: Pinget Robert

Info: In "Du nerf", éd. de Minuit, p. 48-50

[ borderline ] [ absence-présence ] [ voix du silence ] [ claustration ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

transformation des pensées

[...] le rêve freudien est un accomplissement de désir endogène, qui prend juste prétexte des restes diurnes pour se tisser. Le rêve selon [Wilfred R.] Bion, retravaillé à la lueur sinistre de la pulsion de mort, est d'une tout autre nature. Les restes diurnes, à l'exact opposé de l'opinion de Freud, n'y sont pas des accidents circonstanciels, ce sont plutôt ces stimuli qui forcent l'appareil à dormir (autrement dit à régresser) à d'abord les digérer et les assimiler - sous forme de rêve. Chez Bion, le désir et la satisfaction hallucinatoire du désir sont pour ainsi dire pris dans la boucle plus large et plus explicative de ce processus où le dehors est rendu supportable au-dedans par le rêve.

Auteur: Castel Pierre-Henri

Info: Dans "La pulsion de mort vient du futur", http://pierrehenri.castel.free.fr/Articles/Pulsiondemortfutur.html

[ pression interne ] [ organisation psychique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

savoirs

Ce qui change le monde, c'est la connaissance. Rien d'autre, rien ne peut transformer le monde. La connaissance seule peut le changer, tout en le laissant tel qu'il est, inchangé. Vu sous cet angle, le monde est éternellement immuable, mais aussi en perpétuel changement. Tu me diras que ça ne nous sert pas à grand-chose. N'empêche que pour rendre la vie supportable, on peut le dire, l'humanité dispose d'une arme, qui est la connaissance. les bêtes n'ont pas besoin de ça. Parce que pour elles ça ne signifie rien : rendre la vie supportable. Mais l'homme, lui, connaît et se fait une arme de la difficulté même de supporter l'existence, sans que pour autant cette difficulté s'en trouve pour le moins adoucie.

Auteur: Mishima Yukio

Info: Le Pavillon d'or

[ thérapie ] [ homme-animal ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

drogue

Je me souviens très bien de ce que j'ai ressenti la première fois que j'ai pris de l'héro. C'était fort, c'était intense, mais ce n'était pas du plaisir. Non. C'était du soulagement. D'un seul coup, plus rien ne pouvait me toucher si je ne l'avais pas décidé. Et l'immense sérénité qui m'a envahie s'apparentait bien plus à une forme d'apaisement qu'à une forme de jouissance. Ça a été comme une révélation, une réponse. Enfin, j'avais trouvé quelque chose qui atténuait un peu la puissance de ce rat crevé que j'avais dans le fond du ventre. Quelque chose qui faisait taire ce mal-être constant que je traînais partout avec moi, sans savoir d'où il venait ni qu'en foutre. Quelque chose pour reprendre le contrôle sur ma vie en la rendant de nouveau supportable.

Auteur: Salomé inconnue

Info: sur Internet

[ addiction ] [ fuite ]

 

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création

Pour Eschburg, la photographie était bien plus qu'un métier. Il n'utilisait que de la pellicule noir et blanc, traitait par la suite ses épreuves au thiocarbamide et à l'hydroxyde de sodium. Il multiplia les essais, jusqu'à ce que les images prissent enfin cette tonalité douce et chaude qui apaisait le tumulte de toutes les autres couleurs dans son esprit. Le photographe lui disait qu'il fallait qu'il fît œuvre révolutionnaire, que la vocation de l'art était de provoquer et de détruire, que telle était la voie de la vérité. Mais Eschburg ne voulait pas être un artiste. Il entendait se créer un monde à lui, un autre univers, fluide, fugace et chaleureux. Et, au bout de quelques mois, il parvint à ce que les objets, les êtres et les paysages lui devinssent supportables en photographie.

Auteur: von Schirach Ferdinand

Info: Tabou

[ personnalité ] [ singularité ]

 

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graphomane

Dans son cent vingt mètres carrés en face de chez moi, Rémy écrivait, écrivait. A la suite de cette conversation, je me mis à imaginer sa vie. Il n'était pas contre l'époque, non, il luttait juste contre l'ennui. Il tentait de "rendre la vie supportable". Il avait voulu se suicider après son accident aux genoux, sous prétexte qu'il était un bon à rien, et puis il avait croupi dans le désoeuvrement. Alors, au bout de quelques mois de gamberge, il avait eu une idée fixe : écrire, écrire, écrire, comme s'il n'y avait plus que ça. "Ecrrrire !" s'égosillait-il sur son lit d'hôpital et sur sa chaise roulante, quand sa maman l'avait ramené à la maison. En touchant pour la première fois ses béquilles, aussi. Ecrire pour survivre atrophié. Ne plus faire la vaisselle, ne plus faire la lessive, écrire." Maman, repasse-moi mes chemises, toi qui sait si bien faire. Moi j'écrrris et j'invite des filles chez moi, pour rendre la vie supportable."

Auteur: Bied-Charreton Solange

Info: Dans "Enjoy", éditions Stock, 2012, pages 88-89

[ posture artistique ] [ compensation ] [ dandysme ] [ passe-temps ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

idéalisation

Cette montagne rend la contrée qu'elle domine charmante et digne d'admiration à tout point de vue : après nous être dit cela pour la centième fois, nous nous trouvons, à son égard, dans un état d'esprit si déraisonnable et si plein de reconnaissance que nous nous imaginons qu'elle, la donatrice de tous ces charmes, doit être, elle-même, ce qu'il y a de plus charmant dans la contrée - et c'est pourquoi nous montons sur la montagne et nous voilà désillusionnés! Soudain la montagne elle-même, et tout le paysage qui l'entoure, se trouvent comme désensorcelés; nous avons oublié qu'il y a certaines grandeurs tout comme certaines bontés qui ne veulent être vues qu'à une certaine distance, et surtout d'en bas, à aucun prix d'en haut, - ce n'est qu'ainsi qu'elles font de l'effet. Peut-être connais-tu des hommes, dans ton entourage, qui ne doivent se regarder eux-mêmes qu'à une certaine distance pour se trouver supportables, séduisants et vivifiants; il faut leur déconseiller la connaissance de soi.

Auteur: Nietzsche Friedrich

Info:

[ anti-introspection ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

exactitude

Il y a toujours des débats complexes quant à ce que Nietzsche a compris de la vérité. Il ne pensait certainement pas, dans un esprit pragmatique, que les croyances sont vraies si elles servent nos intérêts ou notre bien-être : nous venons de voir quelques unes de ses dénégations répétées quant à cette idée. L'opinion la plus récente est qu'il fut le premier de ces négationnistes qui pensent que la vérité n'existe pas, ou que la vérité est ce que tout le monde pense qu'elle est, ou qu'elle représente une catégorie ennuyeuse dont on peut se passer. C'est aussi une erreur, et même plus que ça. Nietzsche ne pensait pas que l'idéal de la véracité perd du terrain une fois ses origines métaphysiques dévoilées ; il ne pensait pas non plus que la véracité puisse être détachée du souci de la vérité. La vérité en tant qu'idéal conserve son pouvoir, et au-delà de la considérer comme sans importance ou malléable, la question principale est de savoir comment la rendre supportable.

Auteur: Williams Bernard Arthur Owen Sir

Info: Truth and Truthfulness: An Essay in Genealogy. Princeton University Press, 2002; 2010. p. 16

[ insoutenable ] [ historique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

pensée négative

Ce qui éclaire le monde et le rend supportable, c’est le sentiment habituel que nous avons de nos liens avec lui – et plus particulièrement de ce qui nous unit aux êtres. Les relations avec les êtres nous aident toujours à continuer parce qu’elles supposent toujours des développements, un avenir – et qu’aussi nous vivons comme si notre seule tâche était d’avoir précisément des relations avec les êtres.

Mais les jours où l’on devient conscient que ce n’est pas notre seule tâche, où surtout l’on comprend que seule notre volonté retient ces êtres attachés à nous – cessez d’écrire ou de parler, isolez-vous et vous les verrez fondre autour de vous – que la plupart ont en réalité le dos tourné (non par malice, mais par indifférence) et que le reste garde toujours la possibilité de s’intéresser à autre chose, lorsqu’on imagine ainsi tout ce qui entre dans le contingent, de jeu des circonstances dans ce qu’on appelle un amour ou une amitié, alors le monde retourne à sa nuit et nous à ce grand froid d’où la tendresse humaine un moment nous avait retirés.

Auteur: Camus Albert

Info: Carnets

[ pessimisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel