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écriture

Arriverait-il bientôt ? Le ciel, au couchant, s'ouvrait maintenant comme un écran d'or, et le fleuve lui aussi s'était coloré. Depuis la côte paraguayenne, déjà plongée dans les ténèbres, la forêt laissait tomber sur le fleuve sa fraicheur crépusculaire en pénétrantes effluves de fleur d'oranger et de miel sylvestre. Un couple de perroquets passa très haut, en silence, vers le Paraguay.
Là-bas, en bas, sur le fleuve d'or, tournant quelques fois sur lui-même dans les remous d'un tourbillon, le canot dérivait rapidement. L'homme qui était dedans se sentait de mieux en mieux et pensait, entre autres, au temps exact qu'il avait passé sans voir son ex-patron Dougald. Trois ans? Peut-être pas, pas autant...

Auteur: Quiroga Horacio

Info: Contes d'amour, de folie et de mort, A la dérive

[ zoom ] [ décor ]

 

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deuil

Aujourd'hui, Sylvestre et sa femme, seuls ensemble, s'en sont allés au cimetière, lentement. Là sans doute, au pale et trompeur soleil, ils se sont occupés à arranger les bouquets blancs encore frais, sur la petite fosse, sur l'horrible terre. Et maintenant le jour baisse avec des frissons désolés : l'heure de rentrer vient, l'heure où l'on ramenait au logis l'amour de petit enfant, les joues rougies par le vent du dehors... Ce soir, ils rentreront seuls, les parents ; c'est leur premier dimanche sans leur petit Roger ; ils l'ont laissé là-bas, décoloré et froid sous la terre. Dans leur chambre, quand ils seront de retour, devant le feu qui s'allumera, la petite voix vive et le petit rire délicieux ne s'entendront pas. La robe et le beau chapeau des jours de fête, serrés dans l'armoire, sont devenus de pauvres reliques, que le temps va bientôt démoder et jaunir.

Auteur: Loti Pierre

Info: Figures et choses qui passaient

[ gamin ] [ couple ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

déforestation

L'arbre se changea en main qui chasse des nuages

inutilement tendue vers la lumière au loin ;

sur ses doigts se promenaient de minuscules lézards

qui guettaient entre les feuilles un souvenir obscur.



Des haches l'abattirent, on lui ouvrit la poitrine

à l'aide de crochets, rengaines et paumes baveuses ;

le faîte reposait son oreille sur le sol

enrobé dans sa pluie de grenouilles violacées.



Tombèrent le pin, l'ombu, le mauve eucalyptus,

le peuplier de lait et le saule de douleur.

On les passait la nuit par la scie ou la hache

pour tromper les oiseaux et recenser le bois.



( Les papillons inlassables dans les creux de l'air

de tous côtés cherchaient l'emplacement des feuilles ;

le criquet égaré déambula longtemps

et les oiseaux nichèrent dans l'image disparue ).

Auteur: Supervielle Jules

Info: Cherchez, cherchez, oiseaux... Abattage

[ poème ] [ coupes sylvestres ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

plante hallucinogène

Le bocal contenant le peyotl était là, sur le plancher, près de la chaise. Je me baissai, saisis au hasard un des boutons et le plaçai dans ma bouche. Il avait un goût de moisi. De mes dents, je le coupai en deux puis entrepris de mâcher l’une des moitiés. Une amertume forte et âcre m’envahit et m’engourdit presque aussitôt la bouche. L’amertume persistait et augmentait au fur et à mesure que je mâchais, activant ma salivation d’une manière incroyable. Mes parois buccales et mes gencives me donnaient l’impression d’avoir mangé quelque chose de très salé, du poisson ou de la viande séchée, qui obligerait à une longue mastication. Un peu plus tard je commençai à mâcher la seconde moitié dont je ne goûtai même plus la saveur amère. Le peyotl avait une consistance granuleuse, un peu comme une orange très fibreuse ou de la canne à sucre, et j’ignorai si je devais l’avaler ou le cracher. A ce moment notre hôte se leva et nous invita tous à gagner le porche.

Auteur: Castaneda Carlos

Info: Dans "L'herbe du diable et La petite fumée", trad. de Marcel Kahn et Nicole Ménant avec la collaboration de Henri Sylvestre, éditions du Soleil noir, Paris, 1972, pages 43-44

[ dégustation ] [ expérience psychédélique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

littérature

Miguel Hernández était cet écrivain sorti de la nature comme une pierre intacte, à la virginité sauvage et à l'irrésistible force vitale.
Il racontait combien c'était impressionnant de poser ses oreilles sur le ventre des chèvres endormies. On pouvait ainsi entendre le bruit du lait qui arrivait aux mamelles, cette rumeur secrète que personne n'a pu écouter hormis ce poète des chèvres.
A d'autres reprises il me parlait du chant des rossignols.
Le Levant espagnol d'où il provenait, était chargé d'orangers en fleurs et de rossignols. Comme cet oiseau n'existe pas dans mon pays, ce sublime chanteur, ce fou de Miguel voulait me donner la plus vive expression esthétique de sa puissance. Il grimpait à un arbre dans la rue, et depuis les plus hautes branches, il sifflait comme chantent ses chers oiseaux au pays natal.
Comme il n'avait pas de quoi à vivre, je lui cherchais un travail.
C'était difficile pour un poète de trouver du travail en Espagne.
Finalement un Vicomte, haut fonctionnaire des Relations, s'intéressa à son cas et me répondit que oui, qu'il était d'accord, qu'il avait lu les vers de Miguel, qu'il l'admirait, et que celui-ci veuille bien indiquer quel type de poste il souhaitait pour rédiger sa nomination.
Rempli de joie, je dis au poète:
- Miguel Hernández, tu as enfin un destin. Le Vicomte t'embauche.
Tu seras un haut employé. Dis-moi quel travail tu désires effectuer pour que l'on procède à ton engagement.
Miguel demeura songeur. Son visage aux grandes rides prématurées se couvrit d'un voile méditatif. Des heures passèrent et il fallut attendre l'après-midi pour qu'il me réponde. Avec les yeux brillants de quelqu'un qui aurait trouvé la solution de sa vie, il me dit:
- Le Vicomte pourrait-il me confier un troupeau de chèvres par ici, près de Madrid ?
Le souvenir de Miguel ne peut s'échapper des racines de mon coeur. Le chant des rossignols levantins, ses tours sonores érigées entre l'obscurité et les fleurs d'orangers, dont la présence l'obsédait, étaient une des composantes de son sang, de sa poésie terrestre et sylvestre dans laquelle se réunissaient tous les excès de la couleur, du parfum et de la voix du Levant espagnol, avec l'abondance et la fragrance d'une puissante et virile jeunesse.

Auteur: Neruda Pablo

Info: Confieso que he vivido 1974

 

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