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gangsters néolibéraux

Les démocraties occidentales, loin de combattre la mafia, la laissent au contraire croître, car les flux d’argent que le crime organisé reverse dans les secteurs clefs de l’économie libérale (banques, pétrole, armement, immobilier) permettent à cette économie de survivre à ses crises. L’accumulation du capital mafieux trouve ainsi sa justification dans les systèmes complexes que ces démocraties ont mis en place, de confiscation du pouvoir populaire par l’intermédiaire du droit législatif et procédural. Ce droit législatif n'est que poudre aux yeux, destinée à camoufler le vrai horizon de la logique néo-libérale, qui est la seule accumulation de Capital. Une accumulation qui a changé de nature ces dernières années. De vitesse plutôt, car dès la fin des Trente Glorieuses, le Capital sonnait déjà le glas des sociétés civiles. L’accumulation avait été telle, qu’il ne trouvait plus de lieux où s’investir : la société n’était pas assez riche, investir dans la santé, l’industrie ou les services ne pouvait suffire à résorber l’immense richesse dégagée.

Alors l’argent des riches trouva d’autres lieux où garantir sa croissance démesurée. Avec, en France par exemple, la complicité des socialistes dans les années 80, qui furent les premiers à "libérer" les marchés financiers pour permettre aux banques d’inventer les formes arithmétiques de gains colossaux. Les groupes de pression s’organisèrent, lobbies multiples, intellectuels, politiques, économiques, qui ne visaient qu’à aider le Capital à concentrer ses intérêts sur le court terme, au mépris du développement du Bien Commun.

Des flux de richesses colossales furent ainsi détournés de la société réelle vers le secteur financier, provoquant l’appauvrissement généralisé des économies - et de la citoyenneté, ne l’oublions jamais. Des milliers de milliards de dollars envolés, désertèrent brusquement le commerce et l’industrie, financiarisation de l’économie qui s'engagea vers la pure spéculation financière, par exemple via le vol des richesses naturelles du monde (aujourd’hui, le grand jeu est celui du rachat des terres cultivables à des fins de spéculation). Plutôt que la mondialisation, cet immense élan de destruction massive des économies mondiales conduisit d’abord à la désindustrialisation du monde occidental. Une désindustrialisation qui achevait en outre le grand rêve revanchard des capitalistes : écraser enfin, liquider les classes laborieuses, coupables désormais de s’accrocher aux piètres protections sociales qu’elles avaient gagnées…

Les villes elles-mêmes durent se plier à leurs nouvelles exigences de gentrification. Les quartiers de la classe ouvrière furent transformés en ghettos, tandis qu’une élite sans foi ni loi développait ses produits financiers, dérivés de dérivés de dérivés de la vraie richesse. L’industrie financière était née, où l’argent se reproduisait comme par miracle. Des générations d'économistes et de politiciens nous ont enseigné depuis plus de trente ans que ce modèle, seul, devait nous sauver. Un modèle mathématique élégant, qui n’a cessé depuis de ruiner nos vies. Mais un modèle dont les conséquences politiques ont été considérables et qui s’est traduit par une démocratie entièrement vidée de son sens. 

Auteur: Lecinsky Thelonious K.

Info: Democracy and Conspiracy, Samanthowatan University Press, 2010

[ argent nomade ] [ pouvoir occulte ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

extraterrestre

Depuis un siècle la physique quantique nous démontre à sa façon nos limites d'êtres incarnés. Le principe d'incertitude d'Heisenberg est l'un des murs sur lesquel science physique et esprit rationnel humain, viennent buter.

Mais nos limites scientifiques, conceptuelles, rationnelles, en ce qui concerne le controle et la compréhension du monde physique en un début de 3e millénaire ou tout semble possible, peuvent être décrites de bien d'autres manières : vitesse de la lumière, controle de l'anti matière, mystère toujours plus profond du fonctionnement de l'ADN, incapacité à nous auto controler en tant qu'espèce...  

Il y a aussi cette limitation tenace, celle créée par les représentations créées et forgées dans l'acier trempé des habitudes rationnelles, donc des "évidences" que notre race fait émerger à mesure de son évolution. Une idée sous-tendue par ce constat d'Aimé Michel : "Les systèmes de pensée sont en réalité des systèmes pour EVITER de penser".

Nous voilà en orbite.

Pour revenir à la physique quantique, beaucoup ont l'impression, à son étude, que notre monde vu au niveau de sa réalité atomique apparait en fait comme "projeté", c'est à dire comme s'il était tout autant émis "de l'intérieur", via notre cerveau, que proposé par la réalité de l'environnement extérieur.

M'est venue ce matin une analogie devant ce paradoxe qui fait voir le monde autant comme une grande pensée que comme une réalité plus ou moins stable. Nous serions dans une symphonie multidimentionnelle et le physicien tenterait d'arrêter la musique et l'orchestre pour ne s'occuper que d'une note précise, d'un timbre, dans une registre particulier, etc. Mais l'observateur aurait beau connaitre le compositeur, sa vie, l'histoire de la musique, les règles du solfège, les fréquences et autres, cette note isolée, congelée, si l'on peut dire, ne voudrait plus rien dire.

Prenez une photo et agrandissez-là jusqu'à ne plus distinguer qu'un pixel, c'est la même chose.

"... La forme n'est qu'un instantané pris sur une transition." a dit Bergson.

Que nous manque-t'il ?

- Une humilité réelle qui consisterait à nous occuper plutôt de notre rôle "non central" dans la nature ?

- Une véritable psyché collective où tous les avis seraient égaux ?

- Une pensée scientifique plus féminine, moins orientée "par et vers" le pouvoir ?

- Un retour vers un monde plus onirique, plus poétique, plus ouvert que l'univers rationnel que nous nous sommes construit ?... et qui ressemble toujours plus à un cul-de-sac ?

- Un élargissement de nos sens, par des moyens à trouver... Un peu comme ces observateurs qui utilisent des caméras infrarouges ou pour observer des ovnis que nous ne voyons pas à l'oeil nu.

Mais assez. Il est temps de sortir le chien. Qui trépigne devant la porte depuis qu'il m'a senti réveillé. La forêt nous attend.

Auteur: Mg

Info: 16 octobre 2012

[ quête ] [ spéculations ] [ questions ]

 

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adaptation

Les antibiotiques favorisent le jeu de dupe de certaines bactéries
La surprenante diversité des comportements coopératifs rencontrés dans la nature interroge depuis longtemps les scientifiques. Alors que cette stratégie est fragilisée par la présence d'individus "tricheurs", ces derniers utilisant les ressources de la communauté sans participer à leur production, la coopération existe dans tous les niveaux d'organisation du vivant: entre gènes dans le génome, entre cellules dans les organismes pluricellulaires et entre organismes dans les populations. Si plusieurs études ont déjà souligné l'importance de la proximité génétique et spatiale entre coopérateurs dans l'existence de ce paradoxe, peu de travaux se sont en revanche intéressés au rôle joué par l'environnement dans les interactions entre tricheurs et coopérateurs. C'est justement l'objet de l'étude menée par une équipe de l'ISEM. Dans cette dernière, les chercheurs ont exploré le rôle d'un antibiotique sur la dynamique d'une population de bactéries Pseudomonas aeruginosa comportant des tricheurs et des coopérateurs. Ce microorganisme qui peut présenter un danger pour les patients immunodéprimés ou atteints de mucoviscidose, tire en partie sa virulence de la production de molécules qui sont ensuite partagées avec l'ensemble de la population bactérienne. "Dans notre laboratoire, nous avons étudié en particulier la production de sidérophores, des molécules que seuls les coopérateurs produisent mais qui sont aussi bien utilisées par les coopérateurs que les tricheurs d'une même population pour acquérir du fer", rappelle Michael Hochberg, chercheur à l'ISEM et co-auteur de l'article.
Dans cette nouvelle étude, les scientifiques ont soumis trois types de populations de P. aeruginosa comportant une fraction croissante de tricheurs (15%, 45% puis 75%) à des doses de plus en plus élevées d'antibiotiques. Ils ont ensuite observé sur une période de 48 heures comment les différents dosages antibiotiques modifiaient la capacité des tricheurs à envahir chaque population bactérienne. Les chercheurs ont ainsi pu constater que la fréquence des tricheurs au sein des différentes communautés testées augmentait plus rapidement en présence d'antibiotique et ce quel que soit le niveau de concentration initial de la substance. Pour expliquer ce résultat, l'équipe suggère alors que les coopérateurs sont plus "sensibles" aux antibiotiques que les tricheurs. "Etant donné que les coopérateurs payent le coût de la coopération en produisant les sidérophores, ils ont ensuite moins de ressources métaboliques à investir dans la résistance aux antibiotiques que les tricheurs", détaille Michael Hochberg. A l'aide d'un modèle mathématique, le chercheur et son équipe ont ensuite pu confirmer la pertinence de cette hypothèse et généraliser ainsi leurs résultats au partage de biens publics chez d'autres espèces. Les scientifiques veulent maintenant poursuivre leurs investigations en testant, via leur modèle bactérien, l'influence de facteurs de stress abiotiques tels que la température sur la dynamique des tricheurs. Parvenir à démontrer que les environnements stressants, quels qu'ils soient, favorisent davantage les tricheurs face aux coopérateurs, permettrait de franchir un pas supplémentaire vers la compréhension du maintien et de l'évolution des comportements coopératifs.

Auteur: Internet

Info: http://www.techno-science.net/?onglet=news&news=15939. Donc la population bactérienne qui joue le jeu du système (coopère), tend à diminuer dès qu'il y a une influence modificatrice qui vient de l'extérieur (antibiotiques). Comme si les individus perdaient leur morale sociétale initiale, devenant moins rigides (donc tricheurs). Tricherie qui correspondrait à une adaptation à l'envahisseur, on l'accepte, on se lie/marie. On vit avec. Comme si des extraterrestres arrivaient sur une planète donnée, et que les habitants les plus conventionnels, (ou les plus faibles ou les plus simples...), tendaient à modifier leurs comportements/actions devant cette intrusion. Ainsi, devenant "moins sensible" à cette nouvelle influence externe, ils aident le groupe (société, pays, planète) à perdurer en assimilant l’intrus, par ce qu'on pourrait appeler une adaptation/neutralisation. Commentaire de MG.

[ amoralité ] [ spéculation ] [ biophysique ]

 

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imagination

Quelle structure cérébrale est impliquée dans la compréhension visuelle de la causalité ? Aucune: c'est notre système visuel et non un mécanisme cognitif complexe qui nous permet de comprendre qu'un objet bouge à cause d'un autre objet (par exemple lorsqu'une boule de billard se déplace parce qu'une autre boule de billard l'a poussée). C'est ce que vient de découvrir une équipe internationale de chercheurs. A tout moment, nous réalisons des jugements visuels rapides de causalité - une balle renverse un verre sur une table -, de reconnaissance (entre par exemple une chose inerte ou vivante), ou de compréhension des intentions d'autrui. Ces raisonnements sont complexes, c'est pourquoi la plupart des scientifiques pensent que des structures cognitives importantes sont nécessaires pour les réaliser. D'un autre côté, ils se font tellement rapidement et sans effort, qu'ils pourraient finalement être "intuitifs". Les équipes de Patrick Cavanagh (Université Paris Descartes, CNRS), Rolfs, (Université Humboldt de Berlin), Michael Dambacher (Université de Constance) ont mis fin à cette question: la causalité peut être interprétée seulement par le système visuel. "Nous avons démontré que nos yeux peuvent évaluer rapidement une situation de cause à effet sans l'aide de notre système cognitif", explique Patrick Cavanagh, professeur dans le laboratoire de psychologie de la perception (Université Paris Descartes, CNRS, ENS). Deux composantes sont nécessaires pour définir une situation de causalité, par exemple une boule de billard en touche une autre qui se déplace ensuite. Les événements doivent se succéder rapidement et nécessitent généralement un contact. De plus, ils doivent être perçus comme un seul événement: plutôt que de voir un objet bouger puis s'arrêter et un autre objet se déplacer par lui-même, il y a une continuité du mouvement qui est transféré du premier objet au second. Pour tester comment le cerveau détermine la causalité, les scientifiques ont utilisé un procédé dit d'adaptation, souvent utilisé dans les études du mécanisme neuronal impliqué dans les facultés visuelles. Une expérience optique de ce type est bien connue: en fixant une tâche rouge, pendant quelques secondes, puis un mur blanc, on voit une tâche verte, l'oeil s'est "adapté" à la tâche rouge. Les chercheurs ont constaté qu'après une exposition répétée à des événements de causalité - ici collisions de deux objets - les épreuves test apparaissent comme ayant moins de lien de causalité. A l'inverse, l'adaptation avec des événements non-causals a eu peu d'effet. Cela indique que certains jugements de causalité seraient déterminés par le système visuel et ne feraient pas appel à des mécanismes cognitifs complexes. De plus, le test bouge quand les yeux bougent, exactement comme pour la tâche verte qui apparaît suite à l'exposition à une tâche rouge. Seul le processus visuel et non un mécanisme cognitif peut expliquer cette spécificité. "Il reste à distinguer les types de jugements qui demandent un processus cognitif particulier de ceux qui ne font appel qu'au système visuel" précise Martin Rolfs, professeur à l'Université Humboldt de Berlin.

Auteur: Dambacher Michael

Info: Visual Adaptation of the Perception of Causality, current Biology, 10 January 2013. Ecrit avec Martin Rolfs et Patrick Cavanagh

[ réflexion ] [ penser ] [ sciences ]

 

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libération

Chen-sieou disait : " La méthode de Houei-nêng est prompte et directe. Pourquoi vous attarder ici ? " Un jour, il prit à part son disciple Tche-teng et lui dit : " Toi qui es intelligent et dont les connaissances sont multiples, va donc au Ts'ao-k'i, rends hommage au maître et écoute son enseignement, sans lui dire que c'est moi qui t'envoie. Souviens-toi bien de ce que tu auras entendu afin de pouvoir me le rapporter. Ainsi, je verrai qui de lui ou de moi détient la meilleure compréhension. "
Tche-teng se réjouit de cette mission. Quinze jours plus tard, il était au Pao-lin-sseu. Il rendit hommage au sixième patriarche et l'écouta attentivement. Mais il advint que, sous sa parole, il connut l'Éveil et communia avec son esprit originel. Alors, il se leva, s'inclina et dit tout naturellement :
" Maître, votre disciple vient du monastère Yu-tchuan. Sous mon maître Chen-sieou, pendant neuf années, je n'ai pu parvenir à l'Éveil. Mais, en écoutant votre sermon, j'ai trouvé soudain mon esprit originel. Maître, puis-je solliciter de votre miséricorde d'être dorénavant mon instructeur ?
- Si tu viens de là-bas, tu es sûrement un espion.
- Lorsque je n'avais pas encore parlé, j'en étais un. Maintenant, je ne le suis plus. "
Alors Houei-nêng l'interrogea :
" J'ai entendu dire que ton maître de dhyâna, lorsqu'il enseigne, ne transmet que discipline, concentration et sagesse. Qu'entend-il par là ? Dis-le-moi !
- Ne pas mal agir constitue la discipline. Pratiquer le bien est sagesse. Purifier le mental, voilà la concentration. Tel est l'enseignement au Yu-tchuan. Mais je ne sais pas encore quel est votre point de vue sur ces questions, maître.
- Je n'ai pas, moi, de système. J'agis selon les circonstances et les capacités de chacun. Je tente de délivrer le disciple de ses liens et d'ouvrir devant lui la terre spirituelle. Affranchie de toute erreur, elle est discipline de la nature propre. Débarrassée de tout trouble, elle est concentration de la nature propre. Libérée de l'ignorance, elle est sagesse de la nature propre. Discipline, sagesse et concentration, telles que les enseigne ton maître, sont destinées à des élèves à la compréhension limitée. Mon enseignement s'adresse à des êtres supérieurs. Ceux qui n'ont pu s'éveiller par eux-mêmes à leur nature propre sont incapables d'établir discipline, concentration et sagesse véritables.
- Pourquoi, maître, ne peuvent-ils les établir ?
- Seuls ceux qui ont réalisé leur nature propre, se référant sans cesse à la sagesse innée, sont détachés de tout concept, aussi n'ont-ils rien à établir. Ils ont toute liberté d'aller et de venir. Ils peuvent utiliser tel système, ou se dispenser de tout système. Ils agissent spontanément de manière appropriée, quelles que soient les circonstances. La nature propre est subite ; pratique et réalisation sont immédiates, établir est graduel. C'est pourquoi je dis qu'il n'y a rien à établir. "
Tche-teng se prosterna. Il ne quitta plus le mont Ts'ao-k'i.

Auteur: Houei-nêng

Info: Texte relatant l'envoi par le doyen Chen-sieou de son disciple Tche-teng au monastère Pao-lin-sseu afin qu'il lui rapporte quelle différence il y a entre son enseignement du tch'an et celui du sixième patriarche, autour du 7e siècle

[ envol ]

 

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idiot utile du système

Pratiquement cela signifie que dans les sociétés modernes, toute action n’est qu’une réaction, tout moment historique n’est qu’un effort pour lutter contre les excès – et les manques – du moment précédent. Il y a là une régulation cybernétique par excès et défaut qui dépasse de beaucoup les démarches conscientes et volontaires des individus.

C’est bien l’exemple qu’offre le socialisme qui, à tout prendre, n’est qu’un anticapitalisme, ou un contre-capitalisme, mais qui ne parvient guère à se définir positivement et en dehors de la référence au capital [...].

Autrement dit, on peut craindre que le socialisme, quel qu’il soit, ne vise rien d’autre qu’à remédier aux imperfections du système capitaliste, et qu’il ne soit rien d’autre qu’un capitalisme mieux organisé – par exemple sans capitaliste : au capitalisme industriel succèdera le socialisme industriel. Le révolutionnaire est ainsi prisonnier de sa propre révolution. Le résultat de ses efforts le trahit toujours : ce n’est pas ce qu’il croyait faire, mais c’est ce qu’il faisait effectivement. [...] On sait bien confusément dans cette "société bloquée" qu’il faudrait inventer une société différente. Mais on ne saurait y parvenir précisément parce qu’on en a primitivement éliminé la condition principale : en effet seul le transcendant, seuls des principes supérieurs à l’homme et au monde peuvent être, par eux-mêmes, la source et le modèle de cette "société autre".

La puissance majeure du capitalisme, c’est son efficacité industrielle – technique et économique. Son défaut majeur, c’est son anarchie qui découle du caractère libéraliste de l’entreprise. Le socialisme n’est d’abord et nécessairement qu’une utopie, une idéologie, un mouvement politique, un combat. En ce sens il se perçoit comme nouveau. Mais dans la mesure où, perdant son caractère utopique, il devient une réalité politique et sociale, la production anarchique, sous sa direction, fait place à une production organisée, puisque tous les défauts, toutes les "contradictions" à partir desquels s’est éveillée la conscience socialiste et qui prédéterminent la nature de sa visée sont imputables au désordre de l’appropriation individuelle des moyens de production. Lui substituer une appropriation collective, ou sociale, c’est donc organiser et planifier la production puisque la société, dans sa structure essentielle, est organisation. Le socialisme, c’est donc bien la doctrine de la société comme telle, considérée indépendamment de toutes les finalités qui la dépassent. Et c’est ce qu’a fort bien compris en son temps le communisme soviétique et chinois – qui est un régime policier, car le pouvoir policier, c’est l’essence même de l’ordre social – formellement envisagé. [...]

Voilà quel est le socialisme vers lequel nous allons ou plutôt dans lequel nous sommes déjà entrés. [...] L’interconnexion des techniques et des économies, l’interdépendance des décisions et, couronnant le tout, l’usage "colonisateur" de l’informatique, dans la gestion ou plutôt dans le fonctionnement des structures, accroissant la densité sociale des réseaux culturels. L’anticapitalisme "généreux " n’est que l’alibi "idéologique" de cette transformation qui s’accomplit sous nos yeux.

Auteur: Borella Jean

Info: "Situation du catholicisme aujourd'hui", éditions L'Harmattan, Paris, 2023, pages 32 à 34

[ critique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

homme-machine

Elisa Vianello, chercheuse au CEA et coordinatrice du programme Edge AI, a reçu une subvention de 3 millions d'euros du Conseil européen de la recherche (ERC) dans le but de développer des dispositifs de mémoire sur silicium à l'échelle nanométrique inspirés du système nerveux des insectes. Un des objectifs de ce projet ambitieux est la mise au point de la toute première puce intelligente associée à un module neuronal local capable de traiter les données sensorielles en temps réel. Cette innovation trouve des applications dans la robotique grand public, les puces implantables pour le diagnostic médical et l'électronique portable.

La communauté de l'intelligence artificielle (IA) a récemment proposé de puissants algorithmes qui devraient permettre aux machines d'apprendre par l'expérience et d'interagir de manière autonome avec leur environnement. 

Toutefois, pour concrétiser cette ambition, des nanosystèmes dotés d'architectures de pointe de moins en moins énergivores, et dont la mémoire devra être à très haute densité, à haute résolution et dotée d’une endurance illimitée, doivent être mis en place. Si cette capacité n'existe pas encore aujourd'hui, le projet d’Elisa Vianello pourrait en ouvrir la voie : elle a découvert que différentes fonctions du système nerveux de l'insecte ressemblent étroitement aux fonctions assurées par les mémoires déterministes, probabilistes, volatiles et non volatiles.

"Comme la mémoire idéale n'existe pas aujourd'hui, le projet vise à construire une synapse hybride qui intègre différentes technologies de mémoire." Elle précise pour ce faire, s’être appuyée sur les grillons qui pour échapper à leurs prédateurs, "prennent des décisions justes à partir de données peu fiables, imprécises et lentes envoyées par leurs neurones et synapses. En examinant de près leur structure biologique, nous avons identifié une diversité de fonctions de type mémoire impliquées dans leurs systèmes sensoriels et nerveux. En combinant ces différentes fonctions, le système de traitement interne du criquet parvient à atteindre des performances remarquables et efficaces energétiquement." 

Elisa et son équipe fabriqueront des réseaux de dispositifs de mémoires physiques à l'échelle nanométrique avec l’objectif de traduire les principes biologiques des insectes en principes physiques. Ceci permettra l’apprentissage à partir d'un volume très limité de données bruitées, telles que les données mesurées en temps réel par différents capteurs (caméras, radars, capteurs cardiaques (ECG), capteurs musculaires (EMG), flux de bio-impédance et potentiellement aussi de signaux cérébraux par le biais de capteurs EEG et de sondes neuronales). 

"Les travaux d'Elisa permettront d’ouvrir de nouvelles perspectives de recherche vers des projets d’intelligence embarquée moins énergivore et capable d'apprendre en ligne", a déclaré Jean-René Lequepeys, directeur adjoint et technique du CEA-Leti, laboratoire duquel dépend Elisa Vianello. "Il s'agit d'une véritable rupture technologique et applicative qui combinera les derniers développements de la microélectronique en utilisant de nouvelles générations de mémoires non volatiles et en s'inspirant du monde vivant. Ce travail de recherche s'inscrit pleinement dans les priorités de l'institut et ouvrira de belles perspectives de premières mondiales et de commercialisation."

Auteur: Internet

Info: Sur http:wwwcea. Fr, Mars 2022. Elle obtient une bourse pour développer des mémoires à l'échelle nanométrique inspirées du système nerveux des insectes

[ épigénétique ] [ logique floue ] [ homme-animal ] [ heuristique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

économie

Les USA ont petit à petit imprégnés nos sociétés de leur esprit corporate, c'est à dire la tendance qu'ont les membres d'un corps professionnel, étatique ou administratif à privilégier leurs intérêts matériels au détriment de ceux du public qu'ils servent (consommateurs, administrés, justiciables, usagers, élèves, clients, patients, etc.). Avec le Dieu argent comme motif.
Nous avons donc toutes ces structures qui s'auto protègent sur ce modèle et qui commandent nos nations. Bien plus que les peuples puisque les lois les plus importantes pour l'économie aveugle sont pilotées, via lobbying, afin de correspondre aux intérêts des multinationales concernées. Et ces multinationales sont condamnées à s'agrandir, à fusionner, car l'imbécile humain est totalement incapable d'imaginer une société qui ne serait pas "en croissance" - ce qui donne déjà une idée de sa dinguerie intrinsèque. Sous cet angle l'homme n'est qu'un singe savant, juste bon à se référer à des phrases ou à des recettes anciennes qu'il ne fait que remettre en perspective, se donnant l'impression de créer. Alors qu'il resuce.
Ce "fond de sauce" sociétal s'exerce en Suisse, poussé par la droite enthousiaste et consolidé par un socialisme politique serré et normatif, qui a pu se développer ici grâce au génie structurant helvète et à son niveau financier.
La Suisse est quelque part à la pointe de ce délire mondial. Elle est en train d'en faire l'expérimentation "in vivo" malgré sa démocratie directe. Probablement parce que la nature ayant horreur du vide, (ou si vous préférez "l'humain étant trop con"), tout ceci se déroule à flux tendu. C'est à dire que cela participe d'une fuite en avant irraisonnée, sous pression de la compétition entre les pays du monde pour plus de rendement, de confort et d'"avoir".
Personne n'est prêt à ralentir. Pire : le système corporate amène naturellement les individus les plus formatés pour reproduire ses tares comme l'a si bien décrit Albert Jacquard.
Nous le voyons bien, même ici, de cette disparation lente des sociétés villageoises, directement démocratiques et empathiques, avec des problèmes locaux, dont plus faciles à traiter, nous sommes sur le chemin de l'inconnu. Un chemin mystérieux qui laisse néanmoins apparaitre la triade suivante.
- nous décrochons lentement du réel terrien puisque le monde vit de plus en plus à crédit sous la pression démentielle de la finance
- dépendants de grands systèmes nous nous éloignons sans vouloir l'admettre de la capacité tribale de survivre de manière locale.
- notre trésor, la planète terre, envahie par les insectes humains, s'appauvrit, perdant petit à petit les ressources sur lesquelles nous vivons.
Oui les arbres continuent de pousser, oui il faut demeurer optimiste, mais le différentiel entre les besoins et le ressources se creuse de manière inexorable.
La Suisse ne s'en rend pas compte. Sous ses apparences d'Eden où tout va bien, ce qui est encore relativement exact de nos jours, elle risque fort de se retrouver en plus mauvaise posture que les autres pays.
Elle tombera de plus haut.

Auteur: Mg

Info: 1 janvier 2014

[ helvète ] [ pessimisme ]

 

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nanomonde

Le carbone en effet est un élément singulier : c'est le seul qui soit capable de s'unir avec lui-même en longues chaines stables sans grande dépense d'énergie, et à la vie sur terre (la seule que nous connaissions jusqu'ici) il faut justement de longues chaines. C'est pourquoi le carbone est l'élément clef de la substance vivante - mais sa promotion, son entrée dans le monde vivant, n'est pas aisée, elle doit suivre un itinéraire obligé, compliqué, qui n'a été éclairci (et pas définitivement encore) que ces dernières années. Si l'avatar organique du carbone ne se déroulait pas quotidiennement autour de nous, à l'échelle de milliards de tonnes par semaine, partout où affleure le vert d'une feuille, le nom de miracle lui reviendrait de plein droit.

L'atome dont nous parlons, accompagné de ses deux satellites* qui le maintiennent à l'état de gaz, fut donc entrainé par le vent le long d'un espalier de vigne, dans l'année 1848, il eut la chance de frôler une feuille, d'y pénétrer et d'y être fixé par un rayon de soleil. Si mon langage se fait ici imprécis et allusif, ce n'est pas seulement en raison de mon ignorance : cet événement décisif, ce fulgurant travail à trois - de l'anhydride carbonique, de la lumière et du vert végétal - n'a pas jusqu'à présent été décrit en termes définitifs, et peut-être ne le sera-t'il pas pendant longtemps encore, tellement il est différent de cette autre chimie "organique" qui est l'oeuvre encombrante, lente et puissante de l'humain ; et cependant cette chimie fine et déliée a été "inventée" il y a deux ou trois milliards d'années par nos soeurs silencieuses, les plantes, qui n'expérimentent et ne discutent pas, et dont la température est identique à celle de l'ambiance où nous vivons. Si comprendre c'est se faire une image, nous ne nous ferons jamais une image d'un happening à l'échelle du millionnième de milimètre, dont le rythme est le millionnième de seconde et dont les acteurs, par leur essence mêmes, sont invisibles. Toute description verbale sera donc défaillante  et l'une vaudra l'autre : acceptons donc la suivante.

Il entre dans la feuille, se heurtant à d'innombrables, mais inutiles ici, molécules d'azote et d'hydrogène. Il adhère à une grosse molécule compliquée qui l'active et reçoit en même temps le message décisif du ciel, sous la forme fulgurante d'un petit paquet de lumière solaire. En un instant, comme un insecte devenu la proie de l'araignée, il est séparé de son oxygène, combiné avec de l'hydrogène et (croit-on) du phosphore, pour être finalement inséré dans une chaine, longue ou courte - peu importe -, mais qui est la chaine de la vie. Tout cela se fait rapidement, en silence, à la température et à la pression de l'athmosphère, et gratuitement. Chers collègues, quand nous auront appris à en faire autant, nous seront sicut Deus et nous aurons ainsi résolu le problème de la faim dans le monde.

Auteur: Levi Primo

Info: Le système périodique, livre de poche, pp 245-247 *Le carbone a 2 électrons sur la 1e couche qui ne peut contenir que 2 électrons au maximum: et 4 électrons sur la 2e couche qui pourrait en abriter 8 en tout:

[ végétaux ] [ épigenèse ] [ homme-végétal ] [ tétravalence ] [ photosynthèse ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

philosophie fractale

La barbe ne fait pas le philosophe... le pli du vêtement, si ! Pour Gilles Deleuze la monade de Leibniz serait un habit aux courbes et arabesques innombrables, une pièce textile à même de "[libèrer] ses propres plis de leur habituelle subordination au corps fini".

Dans Le Pli (1988), Gilles Deleuze analyse le système métaphysique de Leibniz comme une philosophie baroque, "le trait du baroque étant le pli qui va à l'infini." Pour illustrer, et même incarner son idée, Deleuze recourt à la métaphore vestimentaire.

Le philosophe Gottfried Wilhem Leibniz (1646-1716) nomme "monades" les esprits et explique qu'ils sont tous des "miroirs de l'univers", mais chacun depuis la perspective singulière et unique qui est la sienne. Depuis cet angle particulier et exclusif, chaque "monade" perçoit donc l'univers dans son ensemble, mais toutes ses perceptions ne sont pas claires : son point de vue sur le monde ne lui permet d'en saisir distinctement qu'une partie, pour le reste tout est de l'ordre de la perception confuse et obscure, c'est-à-dire peu ou non consciente. Comme le commente Deleuze : "Le clair-obscur remplit la monade suivant une série qu'on peut parcourir dans les deux sens : à une extrémité le sombre fond, à l'autre la lumière scellée."

Par-delà ces différents degrés de clarté, reste que chaque âme est grosse de tout l'univers et peut être figurée comme un immense réseau de plis incommensurables qui, s'ils étaient dépliés, le représenteraient tout entier. De là l'emploi par Deleuze de l'adjectif "baroque" pour désigner la philosophie de Leibniz, une des caractéristiques du mouvement baroque étant, essentiellement dans les arts figuratifs, la surabondance et la mise en abyme de plis – exemples par excellence : les œuvres du Bernin, L'Extase de Sainte Thérèse ou La Bienheureuse Louise Albertoni, "lorsque le marbre porte et saisit à l'infini des plis qui ne s'expliquent plus par le corps, mais par une aventure spirituelle capable de l'embraser".

Dès lors, une excellente image pour illustrer ce qu'est une monade serait un habit aux courbes et arabesques innombrables, une pièce textile à même de "libèrer ses propres plis de leur habituelle subordination au corps fini", un "vêtement baroque" en somme. Deleuze cite la rhingrave, sorte de jupe-culotte bouffante du XVIIe siècle ; il aurait sûrement évoqué Issey Miyake s'il avait eu connaissance des créations du styliste japonais. "S'il y a un costume proprement baroque, il sera large, vague gonflant, bouillonnant, juponnant, et entourera le corps de ses plis autonomes, toujours multipliables, plus qu'il ne traduira ceux du corps." En revanche, ce qu'un tel vêtement viendrait traduire, conclut Deleuze, c'est une "force spirituelle infinie", "les plis du vêtement prenant autonomie, ampleur, non pas par simple souci de décoration, mais pour exprimer l'intensité d'une force spirituelle qui s'exerce sur le corps, soit pour le renverser, soit pour le redresser ou l'élever, mais toujours le retourner et en mouler l'intérieur". Un vêtement tout à la fois éthéré et transcendant.

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Info: https://www.lemonde.fr. Par Sophie Chassat, 10 décembre 2013 - 19 mai 2014

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