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recherche

Si la tâche de la méthodologie scientifique est de mettre ensemble tout ce que les scientifiques font réellement, alors le témoignage des biologistes devrait être regardé avec une attention spéciale. Les biologistes travaillent très près de la frontière entre confusion et compréhension.
La biologie est complexe, désordonné et richement diverse, comme la vraie vie; elle avance plus vite aujourd'hui que la physique ou la chimie (ce qui est tout aussi bien, car il y a tant de chemin à faire), et elle se déplace plus près du sol. Elle devrait donc nous donner un aperçu spécial, direct et immédiat de la science en action.

Auteur: Medawar Peter Brian

Info: Induction et Intuition dans la pensée scientifique 1969, 1

[ pragmatisme ]

 

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vieux livre

C’est – un plaisir vermoulu – précieux –
Que rencontrer un Livre Ancien –
Vêtu de l’Habit que portait son Siècle –
Un privilège – à mon sens –

Que saisir sa Main vénérable –
Et la réchauffant dans la nôtre –
Opérer – un retour – ou deux –
Aux Temps – de sa jeunesse –

Examiner – ses opinions désuètes –
Vérifier sa pensée
Sur des Sujets d’intérêt commun –
La Littérature Humaine –

Ce qui passionnait le plus – les Lettrés –
Les Rivalités en cours –
Quand Platon – était une Certitude –
Et Sophocle – un Homme –

Quand Sapho – était une Jeune Femme –
Et que Béatrice portait
La Robe divinisée – par Dante –
Les Faits des Siècles passés

Il les traverse – familier –
Comme Untel viendrait en Ville –
Vous dire que tous vos Rêves – étaient vrais –
Il a vécu – où les Rêves naquirent –

Sa présence est Enchantement –
On le supplie de ne pas s’en aller –
Les Vieux Volumes secouent leur Tête de Vélin
Vrai supplice – de Tantale –

Auteur: Dickinson Emily

Info: Cahier 25, 371, traduction Claire Malroux

[ atemporel ] [ témoignage direct ] [ voyage dans le temps ] [ bouquin ancien ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

santé

J'ai demandé ce matin à mon dentiste, belge francophone sympathique, s'il avait un avis sur les interactions entre les dents et les autres organes, ou si quelque spécialiste de l'odontostomatologie s'était spécialisé là-dedans. Il me dit qu'on avait désornais bien identifié le rapport de la diffusion dans le corps de ces bactéries anaérobies issues des inflammations des dents et de la machoire - particulièrement pour ce qui concerne les affections cardiaques. Il me parla ensuite d'Albert Roths. Et puis il me raconta ceci, ça l'avait marqué :

- Une de mes clientes hésitait depuis un certain temps à se faire enlever une dent (la no 36). Finalement elle m'a demandé de le faire. Le lendemain de cette intervention la dame  devait se faire opérer du dos, une opération assez lourde semble-t'il. Eh bien, tout fut annulé. Son dos ne la faisait plus souffrir et après inspection les médecins concernés décidèrent que l'opération était inutile. Selon sa patiente tout venait de cette dent 36.

C'est ici qu'on se dit que FLP pourrait être le siège d'une chaine - qui pourrait s'intituler énigmes odontalgiques", - chaîne qui rassemblerait les témoignages de ce genre, directement rapportés du terrain par les médecins spécialistes de la dentition et connexes.

Auteur: Mg

Info: 1 avril 2022

[ holistique ] [ somatotopie ] [ résonances dentaires ] [ médecine intégrée ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

ambition

Sans doute le moins estimable des rêves de jeunesse est-il le désir de célébrité D'abord parce que la célébrité est une indication quantitative et non qualitative. L'ampleur n'en est à aucun degré proportionnelle (ni directement ni inversement, d'ailleurs) au bien-fondé du motif pour lequel elle se met à draper un quidam. En d'autres termes, c'est une grandeur, ce n'est pas une valeur. Ensuite parce que c'est un désir de dupe. Dans un double sens. Le premier, qu'elle ne nous paraît jamais suffisante. J'ai connu des écrivains, des savants, des peintres jouissant d'une gloire mondiale et qui, du lever au coucher, s'épuisaient en propos envieux et en dénigrements obsessionnels envers des rivaux fort éloignés d'égaler leur réputation. Ils ne suspendaient l'étalage de leur aigreur que pour détailler à leur auditoire tous les articles du catalogue récent des témoignages d'admiration dont ils avaient eux-mêmes été l'objet. Je les voyais, en somme, d'autant plus malheureux qu'ils étaient plus illustres. Leur célébrité détruisait leur sérénité. Elle la rongeait aussi dans un deuxième sens. Pour un auteur, un chercheur, un artiste, la célébrité transforme le monde extérieur en source intarissable d'extermination de leurs forces et de leur liberté. Elle met en pièces chaque jour ce loisir intérieur, l'otium des Anciens, cette réserve spirituelle de silence et d'énergie sans laquelle ne naît point d'oeuvre, ni même d'envie d'en faire.

Auteur: Revel Jean-François

Info: Mémoires/Plon 1997, p.637-638

[ dérisoire ]

 

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programmation biologique

Le cerveau des mammifères est le substrat du conditionnement aversif ou apétitif classique.

Dans cette revue, nous avons examiné des études récentes qui ont réussi à identifier les circuits neuronaux nécessaires pour des réponses conditionnées non spécifiques et spécifiques. Ce succès est dû en grande partie aux avantages du paradigme classique de conditionnement pour le contrôle des stimuli et des réponses. Il est clair que cette recherche ne tente pas de rendre compte de toutes les formes de mémoire. La puissance de cette approche est démontrée par la distinction entre les traces ou engrammes de mémoire essentiels et non essentiels. Les traces de mémoire essentielles représentent les circuits responsables de la formation de l'association dans le conditionnement classique. Les traces de mémoire non essentielles ne représentent pas l'association essentielle, mais elles sont importantes pour faciliter, adapter et modifier la performance finale du comportement appris. La recherche de l'engramme de tout comportement appris fut envisagée avec scepticisme par certains chercheurs qui citent Karl Lashley : "Cette série d'expériences a permis d'obtenir un bon nombre d'informations sur ce que la mémoire n'est pas et où elle se trouve. Elle n'a rien découvert directement quant à la nature réelle de l'engramme" (1950, pp. 477-78). Cependant, ces auteurs négligent de citer Lashley dans son intégralité, car même lui était moins pessimiste sur cette recherche qu'on le croit. Il ajoutait : "J'ai parfois l'impression, en examinant les éléments de preuve sur la localisation d'une trace mémoire, que la conclusion nécessaire est que l'apprentissage n'est tout simplement pas possible. Il est difficile de concevoir un mécanisme qui puisse satisfaire aux conditions fixées pour cela. Néanmoins, en dépit de ces témoignages, l'apprentissage se produit parfois" (1950, pp. 477-78, c'est nous qui soulignons). L'apprentissage se produit effectivement, et ses substrats neurobiologiques peuvent être localisés.

Auteur: Internet

Info: The National Center for Biotechnology I, https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/8434892 - Authors Lavond DG, Kim JJ, Thompson R

[ imprégnation ] [ seconde nature ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

ufo

Le mercredi 17 juillet 1957, à l'aube, un bombardier de reconnaissance électronique RB-47H Stratojet de l'USAF, indicatif Lacy 17, se rend à Oklahoma City, avec 6 officiers à bord, dont le commandant Mac Clure, et le major Lewis D. Chase.
A 10500 m il repère une grosse et intense lumière blanche-bleutée, comme le rappelle le résumé de l'American Institute of Aeronautics and Astronautics.
Muni d'un appareillage électronique de contre-mesures (ECM) le RB-47 de l'Air Force sera suivi par un objet non identifié sur plus de 1200 km pendant 1 heure et 30 minutes, tandis qu'il survole le Mississippi, la Louisiane, le Texas et atteint l'Oklahoma. L'objet fut à plusieurs reprises vu directement par l'équipe du poste de pilotage comme une très vive lumière ; il fut acquis par un radar au sol et détecté par les appareils de contrôle ECM du RB 47. Une transmission de micro-ondes à 3 Ghz a été détectée par l'équipage du RB-47. L'opérateur #2 des contre-mesures électroniques de Lucy 17 (identifiant), du RB47, intercepta près de Meridian, Mississippi, un signal ayant les caractéristiques suivantes : fréquence 2995 à 3.000 Ghz; étendue du signal pulsé : 2.0 microsecondes; fréquence de répétition du signal : 600 Hz (cycles par seconde); taux de balayage 4 tours/mn; polarité verticale. Le signal s'est rapidement déplacé sur l'écran du localisateur, indiquant un déplacement rapide de la source émettrice; la source est en vol. L'intérêt de ce cas tient aux apparitions et disparitions constatées simultanément par 3 canaux distincts et à la rapidité des manoeuvres qui dépassait tout ce dont l'équipage avait eu jusque-là l'expérience 1.
L'objet disparaît ainsi des écrans radar plusieurs fois de suite, pour réapparaître simultanément en suivant presque tout le temps l'avion à une distance d'environ 17 km, avant de changer rapidement de position pour se trouver devant l'avion. Chase oublie un moment sa mission et met le cap sur la mystérieuse lumière qui disparaît à son approche. Chase reprend son cap initial mais la "cible" réapparaît sous le Stratojet. L'avion pique à nouveau vers l'ovni qui disparaît encore une fois. A court de kérosène, le Boeing doit retourner sur sa base de Forbes.
10 ans plus tard, la commission Condon est saisie du cas, mais classera l'affaire faute de pouvoir accéder au dossier, ayant fait ses recherches sur la date erronée du jeudi 19 septembre.
Par la suite, James E. McDonald retrouve la date correcte du mercredi 17 juillet, et de ce fait beaucoup plus d'informations.
Philip Julian Klass proposera des explications de ce cas qui seront contestées, notamment par Brad Sparks 6 qui arguera que sans le vouloir Klass n'avait en fait que renforcer ce cas.

Auteur: Internet

Info:

[ ovni ] [ témoignage ]

 

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enfance

Puis je pensai à ma grand-mère. Elle croyait aux fantômes, souvent ils lui rendaient visite. La maison se trouvait dans un vieux verger au bout du village. Elle racontait ses visions tranquillement comme quelque chose de naturel. Les fantômes venaient tant le jour que la nuit, entraient simplement par la porte et la surprenaient dans ses activités quotidiennes à la ferme ou dans sa cuisine. Ils avaient l’air humain, mais étaient faits dans une substance plus légère, souvent ils ressemblaient à quelqu’un de la famille. Tout le monde croyait à ses histoires. Moi aussi. […]

"Il est passé par là, s’est arrêté ici, a ouvert le tiroir, a fait sonner les cuillères, mais n’a rien dérangé." J’adorais son sens du concret Ces événements avaient toujours leur temps et leur endroit propres. "Il était six heures, je venais de me réveiller, je m’étais assise sur le lit. Mais il est venu de l’alcôve, pas du couloir." Ces témoignages étaient totalement désintéressés, ne voulaient rien prouver ni rien promettre. J’y crois encore. Jamais depuis ce temps-là je ne fus confronté à des signes si simples et si directs. Face à l’extraordinaire, son seul compromis était de ponctuer ses récits de "qu’est-ce que j’ai eu peur" spontanés et rhétoriques. Car on ne voyait aucune peur. Ça sonnait plutôt comme "qu’est-ce que j’ai été surprise", "oh là là". Venant du passé, sa famille et ses amis ne faisaient rien d’autre que de lui rendre visite. Ils s’attardaient un peu à la fenêtre ou à côté du buffet blanc, puis repartaient, laissant derrière eux la porte entrouverte qu’il fallait refermer à cause des courants d’air. […]

Puis un jour, ma grand-mère décéda. Je me réveillai dans la pièce voisine de la sienne, et les tantes qui la veillaient me dirent : "Tu n’as plus ta grand-mère." Je l’aimais et cela me rendit triste. Elle était maintenant allongée, droite, le visage grave et sévère. J’étais près d’elle et regardais. Dans le silence de la matinée, j’entendais mes tantes s’affairer quelque part derrière moi, une matinée ordinaire de plus dans une maison à la campagne, et je sentis que cette mort, que peut-être même la mort, était quelque chose de, comment dire, un peu surfait. Je sentais que ma grand-mère n’était absente qu’un peu, quelle s’était discrètement faufilée hors de cette chambre et de ce monde pour aller dans un endroit pas très loin, quelle avait seulement rejoint ceux qui lui rendaient visite et que, si elle le voulait, elle viendrait comme eux avant. C’est-à-dire que je savais qu’elle était vivante. Seulement, elle n’avait pas pu prendre avec elle la silhouette qui reposait maintenant dans son lit. Elle n’en avait certainement pas besoin.

Auteur: Stasiuk Andrzej

Info: Dukla

[ grand-maman ] [ surnaturel ] [ mémé ] [ mamie ]

 
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adjoints exploités

Plus l’art se fait conceptuel, moins les artistes y mettent la main, plus le rôle de leurs aides s'accroît. Mais sans la reconnaissance ni la rétribution. Le magazine "Mouvement" a recueilli le témoignage de quelques-uns de ces "assistants d'artistes", jeunes, motivés, ultraflexibles et mégadociles, agents idéaux d’une scène de l’art transformée en industrie globalisée.

Bien sûr, "Michel-Ange n’a pas peint la chapelle Sixtine en solo": les grands artistes ont toujours été entourés de petites mains. Mais avec le pop art puis le développement de l’art conceptuel, le rôle de ces dernières n’a cessé de croître: "De nombreux artistes ont carrément cessé de toucher à leurs œuvres", tandis qu’avec "les moyens colossaux" mobilisés pour certaines expositions, ils n’ont jamais été aussi entourés. C’est la constatation introductive de Julie Ackermann dans une excellente enquête* qu’elle signe pour Mouvement, "magazine culturel indisciplinaire" français.

L’article nous emmène à la rencontre de quelques "assistants d’artiste" qui, en termes pudiques et sous strict couvert d’anonymat, racontent la face cachée d’une scène artistique transformée en industrie globalisée: jeunes, enthousiastes, aussi flexibles que mal payés, ils en sont en quelque sorte les agents uberisés. Très réticents à se plaindre et insistant sur "la chance" qui leur est donnée d’entrer de plein pied dans un milieu aussi fermé, ils finissent pourtant par dire leur frustration. Comme Marco: "Quand je vois qu’une œuvre est vendue 800'000 euros et que je suis payé 800 euros pour l’avoir conçue de bout en bout, je me dis que ce n’est pas normal."

C’est l’élément le plus frappant de ces témoignages: on comprend à quel point, quoique sous-payé, le rôle d’assistant d’artiste dépasse celui du simple exécutant. Martin a travaillé pour un "plasticien français", qui traversait un moment "particulièrement fragile" - manque de chance- précisément à la veille d’une grande exposition: le jeune assistant lui a carrément sauvé la mise, en lui fournissait des propositions (dessins, prototypes) sur lesquels l’artiste "intervenait ensuite pour se les réapproprier."

Cela s’appelle – au moins – de la co-création. Quand cette participation artistique ne se double pas d’un rôle de "soutien affectif" et de secrétariat à domicile. Pourtant, les doubles d’artistes restent dans l’ombre: leur nom n’est mentionné nulle part. "Lors du vernissage, j’ai été complètement mise à l’écart", raconte Hélène, qui s'était carrément substituée à une artiste aux abonnés absents pour la préparation d’une grande expo.

Ce mensonge par omission est pourtant considéré comme normal dans le milieu: il y est admis que l’artiste est "une marque", au service de laquelle travaillent une multitude de gens. Comme dans la mode, en somme. Sauf que: dans la mode, le rôle des stylistes est reconnu, aux côtés de celui du directeur artistique. Alors que "dans l’art contemporain, le mythe de l’artiste solitaire est particulièrement tenace", souligne Julie Ackermann. Et l'inégalité des rétributions aussi.

La journaliste conclut: "Motivé, ultraflexible, précaire, autonome mais pluridépendant, l’assistant d’artiste […] est l’agent dont rêve le néolibéralisme."

Auteur: Lietti Anna

Info: A propos de : Les doubles de l’artiste, par Julie Ackermann, publié dans Mouvement, mai-juin 2019

[ beaux-arts ] [ ubérisation ] [ star labellisée ] [ hiérarchie ]

 

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métaphysique

Beaucoup de mots utilisés par Parménide, ont subi une distorsion qui ne s'est qu'aggravée au cours des siècles. Une de celles-ci a affecté un mot crucial, central, dans le témoignage de Parménide et de tous les sages de la Grèce archaïque : ce mot est, λόγος.(logos)

Génération après génération, les érudits et les universitaires ont traduit ce mot par "raison" sans même remarquer, ou peut-être ont-ils fait semblant de ne pas le voir, que le mot λόγος ne prit ce sens qu'un bon siècle après Parménide [...] - donc il était traduit par "raison au lieu de "recueillement" et "discours révélé". Le verbe "lego" avait le sens de "cueillir"... Et encore, on voit que c'est d'abord timidement que ce sens s'est imposé. Une autre erreur patente, consiste à faire dire à ce même mot grec une platitude : "discours". La traduction par "discours" n'est pas fausse, mais restrictive, car pour Parménide, tout comme pour Héraclite, le λόγος est d'abord et avant tout la révélation. Discours il y a, oui, mais discours révélé. C'est donc la parole, mais pas n'importe quelle parole : la parole juste, la parole sacrée, la parole vraie, celle révélée par la Déesse. Une telle parole n'est pas matière à opinion, elle est à jamais paradoxale : en-dehors et au-delà de la δόξα (doxa).

Ce mot grec, dont le sens habituel est "opinion, avis", ou encore "ce que l'on attend, croyance", a aussi, sur le plan philosophique, le sens plus particulier de "croyance, doctrine", par opposition à la vérité pure (αλήθεια) ou à la gnose (γνωση), la connaissance directe de la vérité pure. Le mot δόξα dérive du verbe (dokeo), "avoir l'apparence de ", "paraître, sembler". Ce verbe est lui-même lié au verbe (dexomai), dont le sens principal est "recevoir en présent", "accepter une choses offerte".

A la lumière de tout cela, on peut dire que l'homme de la δόξα est celui qui, grâce à ses sens, perçoit l'apparence de la réalité et accepte comme étant la réalité la trame tissée par son cerveau à partir de ces apparences.

L'homme de la gnose, dévoré par une intense passion de connaître, va plus loin, Bien sûr, notre civilisation est complètement dominée par l'homme de la δόξα, qui constitue la très vaste majorité ; cette majorité dort profondément tout en prétendant à une soi-disant liberté personnelle et collective....

[...] Le mot "logique" avait, dans la Grèce archaïque, le sens de parole : il s'agit ici de la parole de la Déesse, le pouvoir de séduction du Réem. Le λόγος est la parole de ce qui est.

Héraclite dit : "La sagesse veut que ceux qui sont à l'écoute, non de moi, mais du λόγος, conviennent que toutes choses est l'Unique."

C'est quand le mot λόγος a pris le sens de raison, ou raisonnement, que l'homme occidental a commencé à s'éloigner de la puissance sans bornes de la Vie, n'écoutant plus que le ronronnement de sa propre pensée et le bêlement de ses opinions. Quel est le résultat de cette bifurcation ?
L'homme est malheureux et agité : il ne vit pas en paix ni avec lui-même ni avec les autres. On a inventé la fable de la transition qu'auraient accompli les Grecs entre le mythe (μῦθος), vu comme superstition, et la raison (finalement associée à λόγος ). Or Parménide, comme tous les Grecs de la période archaïque, ne concevaient pas une telle opposition entre les deux ; bien plus, il utilisait les deux mots dans le même sens ; révélation.

Le prétendu "miracle grec" attribué à la période classique est une imposture : celle d'une soi-disant transition entre d'une part l'époque du mythe perçu comme un ramassis de fables et de légendes, et, d'autre part, la raison vue comme le véritable moyen pour atteindre la vérité. Une transition a bel et bien eu lieu, c'est certain et nous en voyons les désastreuses conséquences aujourd'hui.

Mais elle ne fut ni un miracle ni l'affaire de Parménide. Pour celui-ci, μῦθος et λόγος se référaient tous les deux à la révélation, seule possibilité pour la Connaissance.
Miracle il y eut, mais avant, pendant et après la période classique de la Grèce. Il fut, est et sera toujours l'affaire de tous ceux, connus ou inconnus, en Grèce ou ailleurs, en qui se révéla, se révèle et se révélera directement cette Connaissance.

Nous disons miracle parce que la raison et l'accumulation de savoir de seconde main furent, sont et seront à jamais incapables d'expliquer l'inconcevable réalité au-delà du fait d'exister ou ne pas exister.

Auteur: Bouchart d'Orval Jean

Info: Dans "Parménide, au-delà de l'existence"

[ logos ] [ étymologie ] [ alètheia ] [ histoire de la philosophie ] [ Grèce antique ] [ sémantique ] [ diachronie ]

 

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magouilles

Industrie du médicament : "J'ai vendu mon âme au diable"

John Virapen, 64 ans, livre le récit de son parcours dans l'industrie pharmaceutique. Une confession professionnelle peu ordinaire. John Virapen, ancien directeur de la firme Eli Lilly en Suède, a rédigé dans sa soixante-quatrième année une confession professionnelle peu ordinaire.

"Depuis des années parfois aux premières heures du jour des silhouettes fantomatiques m’apparaissent en rêve, écrit-il en préambule. Elles se tapent la tête contre les murs ou s’entaillent les bras et la gorge a coups de rasoir. J’ai maintenant compris que j’avais indirectement contribué a la mort de personnes dont les ombres me hantent.

Je n’ai évidemment tué personne directement, mais aujourd'hui je ne peux pas ne pas me sentir responsable en partie de ces morts. J’ai été un instrument, un exécutant, mais consentant, aux mains de l’industrie. […] J’ai été certes manipulé, mais sans me poser de questions. J’ai vendu mon âme au diable."

Le cas du Prozac
D’origine indoue et fils de pêcheur illettré de la Guyane britannique, l’auteur de ce mea culpa glaçant est entré dans l’industrie pharmaceutique, en 1968, par la toute petite porte. En acteur habile de ce qui ne s’appelle pas encore marketing, John Virapen est déjà en 1981 directeur des ventes de la firme Eli Lilly pour la Suède.

Il raconte les petits pactes inavouables qui se scellent dans ce milieu feutré, et la main mise des firmes sur les leaders d’opinion, ces grands professeurs renommés et gardiens de la doxa. Ainsi l’entre eux, spécialiste du traitement de la douleur et expert au ministère de la santé, recevait-il de Lilly un salaire fixe, moyennant conseil, relecture de brochures et autres conférences.

On faisait surtout appel à lui en cas d’attaque contre nos produits dans les médias, souvent à propos d’effets secondaires. Il écrivait immédiatement des articles en notre faveur dans les journaux médicaux. Le microcosme médical était rassuré, la grande presse n’en parlait plus."
En 1986, pour le lancement de la fluoxétine d’Eli Lily, molécule d’or baptisée Prozac qui sera jusqu’à expiration du brevet en 2001 l’antidépresseur le plus prescrit au monde, John Virapen va commettre ce qui le hante au petit matin : avoir aidé à promouvoir un médicament dont il connaissait –déjà- l’impact suicidaire (pour les effets secondaires réels des psychotropes, voir le site de veille sanitaire indépendant de David Healy, chercheur à l’université de Cardiff RxiSK.org) et dont la supériorité sur le placébo n’est toujours pas établie en 2014.

Mais pour l’heure, tandis qu’au siège on organise le plan com’ qui fera de la dépression une maladie couramment diagnostiquée dans tous les pays riches, les satrapes de Lilly s’affairent dans les capitales afin d’obtenir pour le Prozac une autorisation de mise sur le marché.

Comment des suicidés ont disparu
A Stockholm, John Virapen sait qu’un expert indépendant a été officiellement désigné pour émettre un avis. Le nom du professeur est confidentiel, pour tenir éloignés les lobbies justement. John Virapen veut savoir. Il n’y a dans toute la Suède que cinq experts psychiatres suffisamment qualifiés pour avoir été sollicité par l’Etat.

L’un fait partie des autorités de santé ; ça ne peut être lui. Pour les quatre autres, il va agir en profiler et demander à ses visiteurs médicaux de se renseigner, discrètement. Après quelques semaines de ce maillage discret, l’expert est repéré : c’est Pr Z., à Göteborg. "J’entrepris d’étudier le Pr Z. de plus près. Il aimait la voile. Je m’achetai un livre sur la voile." Virapen l’appelle, et parvient à l’inviter à dîner.

Un facteur a joué en ma faveur, je n’aimais pas le Pr Z, poursuit-il. Une réelle sympathie rend les manipulations plus difficiles. On n’aime pas piéger une personne qu’on apprécie. On ne veut pas obliger quelqu’un qu’on aime à franchir les frontières de la légalité. Le fait de ne pas aimer était donc un atout."
Un deuxième dîner va sceller leur entente. "L’argent est toujours utile", répond l’expert indépendant quand son hôte lui demande ce qui ferait accélérer son affaire. Le lendemain, Virapen appelle le bureau de Lilly à Copenhague, qui supervise les pays du Nord, explique qu’il faut 100.000 couronnes pour obtenir une autorisation rapide, soit 20.000 dollars. "Le bureau de Copenhague consulta celui de Genève. Cela prit 24 heures. Puis je reçus un appel :'John, faites tout ce qui vous semble nécessaire.'"

L’expertise du Dr Z. en fut quelque peu orientée. Dans le dossier initial, voici un exemple de ce qu’on pouvait lire : "Sur dix personnes ayant pris le principe actif, 5 eurent des hallucinations et firent une tentative de suicide dont 4 avec succès." A la place on lisait désormais : "Les 5 derniers ont présentés divers effets secondaires." Escamotés, les suicidés sous Prozac, au cours de la phase d’expérimentation.

Au dessus des lois ? Au dessus des Etats ?
Ce témoignage paraît un mois après celui de Bernard Dalbergue, ancien cadre de chez Merck ; un an après l’ouvrage de Julie Wasselin qui fut pendant trente ans visiteuse médicale; et dix ans après que Philippe Pignarre, ancien de chez Synthelabo et lanceur d’alerte avant l’heure, a publié "Le Grand secret de l’industrie pharmaceutique". Tous démontrent que la santé est depuis trente ans une affaire de business et de marketing sur fonds de désinformation aux conséquences criminelles.

La confession de John Virapen a été traduite par Philippe Even, qui poursuit ainsi un travail de recadrage entrepris en 2005, soit cinq ans avant le scandale Servier, avec sa traduction du livre Marcia Angell, rédactrice en chef démissionnaire du prestigieux "New England Journal of Medecine" (NEJM), "La vérité sur les compagnies pharmaceutiques".

Étrangement, ces révélations ne suscitent pas l’effroi et les révolutions qu’elles devraient. Comme si la pharmaco-délinquance était une fatalité, et l’industrie du médicament une organisation impossible à contrôler, au dessus des lois, au dessus des Etats.

Auteur: Crignon Anne

Info: Le Nouvel Observateur Publié le 18 avril 2014

[ big pharma ]

 

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