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rapports humains

C'est l'inclination humaine la plus extraordinaire, la compassion en positif ou en négatif, qui se vautre et fait ripaille, c'est la compassion qui organise les orgies autour de mon lit de malade, entassée dans les fauteuils, sur le divan, installée sur le bord de mon lit. Deux extrêmes se forment : la compassion véhémente, tapageuse, blagueuse, qui cache derrière une moue de supériorité aux lèvres et un geste de mépris la peur panique qui nous saisit tous à proximité de la grande Énigme qui nous guette. Et l'autre, taciturne et sérieuse, la plus courageuse des deux, qui assume la vérité qu'il n'y a pas de compassion sans égoïsme, et que celle-ci nous a été présentée au soir de notre enfance, les jours des premiers dangers, par sa sœur aînée, la peur personnelle de la mort, et que nous connaissons depuis lors.

Auteur: Karinthy Frigyes

Info: Voyage autour de mon crâne

[ comédie ] [ grandir ] [ seconde vie ] [ déniaisement ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

gaz

Les pets muets, vulgairement appelés vesses, n'ont point de son et se forment d'une petite quantité de vents très humides. [...] Les vesses sont ou sèches ou foireuses. Les sèches sortent sans bruit et n'entraînent point avec elles de matière épaisse. Les foireuses, au contraire, sont composées d'un vent taciturne et obscur. Elles emportent toujours avec elles un peu de matière liquide ; les vesses ont la vélocité d'une flèche ou de la foudre, et sont insupportables à la société, par l'odeur fétide qu'elles rendent. [...]
J'ai lu quelque part qu'un diable du pays latin voulant un jour lâcher un pet, ne fit qu'une vesse foireuse dont il emberna ses culottes et que, maudissant la trahison de son derrière, il s'écria avec colère et indignation : " Nusquam tuta fides " (" Il n'y a donc plus de bonnes foi dans le monde ") !

Auteur: Hurtaut Pierre-Thomas-Nicolas

Info: L'art de péter

[ flatulence ]

 

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vente

Bon nombre de tableaux gisaient pêle-mêle parmi les meubles et les livres marqués au chiffre de leur ancien possesseur, quoique celui-ci n’eût sans doute jamais eu la louable curiosité d’y jeter un coup d’œil. Les vases de Chine, les tables de marbre, les meubles neufs et anciens avec leurs lignes arquées, leurs griffes, leurs sphinx, leurs pattes de lions, les lustres dorés et sans dorures, les quinquets, tout cela, entassé pêle-mêle, formait comme un chaos d’œuvres d’art, bien différent de la stricte ordonnance des magasins. Toute vente publique inspire des pensées moroses ; on croit assister à des funérailles. La salle toujours obscure, car les fenêtres encombrées de meubles et de tableaux ne filtrent qu’une lumière parcimonieuse ; les visages taciturnes ; la voix mortuaire du commissaire-priseur célébrant, avec accompagnement de marteau, le service funèbre des arts infortunés, si étrangement réunis en ce lieu ; tout renforce la lugubre impression.

Auteur: Gogol Nikolaï

Info: Nouvelles de Petersbourg. Le Portrait, p.140

[ aux enchères ] [ sinistre ]

 

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être humain

L'être qui se cache, l'être qui "rentre dans sa coquille" prépare "une sortie". Cela est vrai sur toute l'échelle des métaphores depuis la résurrection d'un être enseveli jusqu'à l'expression soudaine de l'homme longtemps taciturne. En restant encore au centre de l'image que nous étudions, il semble qu'en se conservant dans l'immobilité de sa coquille, l'être prépare des explosions temporelles de l'être, des tourbillons d'être. Les plus dynamiques évasions se font à partir de l'être comprimé et non pas dans la molle paresse de l'être paresseux qui ne peut désirer qu'aller paresser ailleurs. (...) Les loups encoquillés sont plus cruels que les loups errants. (...)

Enfermé dans l'être, il faudra toujours en sortir. A peine sorti de l'être il faudra toujours y rentrer. Ainsi dans l'être tout est circuit, tout est détour, retour, discours, tout est chapelet de séjours, tout est refrain de couplets sans fin. Et quelle spirale que l'être de l'homme.

Auteur: Bachelard Gaston

Info: La poétique de l'espace, Paris 1957

[ verbalisé ] [ contrastes ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

déclaration d'amour

Tu sommeilles ; je vois tes yeux sourire encor
Tu sommeilles ; je vois tes yeux sourire encor.
Ta gorge, ainsi deux beaux ramiers prennent l'essor,
Se soulève et s'abaisse au gré de ton haleine.
Tu t'abandonnes, lasse et nue et tout en fleur,
Et ta chair amoureuse est rose de chaleur.
Ta main droite sur toi se coule au creux de l'aine,
Et l'autre sur mon coeur crispe ses doigts nerveux.
Ce taciturne émoi flatte ma convoitise.
Ta bouche est entrouverte et ton souffle m'attise
Et le mien qui s'anime agite tes cheveux.

Vivant sachet rempli de nard, de myrrhe et d'ambre,
Tu répands tes parfums irritants dans la chambre.
Je te respire avec ivresse en caressant,
Comme un sculpteur modèle une onctueuse argile,
Ton corps flexible et plein de jeune bête agile.
La lumière étincelle à tes cils, et le sang
Peint une branche bleue à ta tempe fragile.
La courbe qui suspend à l'épaule ton sein
Emprunte aux purs coteaux nocturnes leur dessin.
Ta peau ferme a le grain du marbre et de la rose ;
Et moi je dis tout bas, pendant que je repose
Mon regard amoureux sur tes charmes choisis :
" La gazelle couchée au frais de l'oasis
N'est pas plus douce à voir que la femme endormie,
Et les lys du matin jalousent mon amie.

Auteur: Guérin Charles

Info: Recueil : Le coeur solitaire

[ poème ]

 

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arrivée

Nul ne le vit débarquer dans la nuit unanime, nul ne vit le canot de bambou s’enfoncer dans la fange sacrée, mais, quelques jours plus tard, nul n’ignorait que l’homme taciturne venait du Sud et qu’il avait pour patrie un des villages infinis qui sont en amont, sur le flanc violent de la montagne, où la langue zende n’est pas contaminée par le grec et où la lèpre est rare. Ce qu’il y a de certain c’est que l’homme gris baisa la fange, monta sur la rive sans écarter (probablement sans sentir) les roseaux qui lui lacéraient la peau et se traîna, étourdi et ensanglanté, jusqu’à l’enceinte circulaire surmontée d’un tigre ou d’un cheval de pierre, autrefois couleur de feu et maintenant couleur de cendre. Cette enceinte est un temple dévoré par les incendies anciens et profané par la forêt paludéenne, dont le dieu ne reçoit pas les honneurs des hommes. L’étranger s’allongea contre le piédestal. Le soleil haut l’éveilla. Il constata sans étonnement que ses blessures s’étaient cicatrisées ; il ferma ses yeux pâles et s’endormit, non par faiblesse de la chair mais par décision de la volonté. Il savait que ce temple était le lieu requis pour son invincible dessein ; il savait que les arbres incessants n’avaient pas réussi à étrangler, en aval, les ruines d’un autre temple propice, aux dieux incendiés et morts également ; il savait que son devoir immédiat était de dormir. Vers minuit, il fut réveillé par le cri inconsolable d’un oiseau. Des traces de pieds nus, des figues et une cruche l’avertirent que les hommes de la région avaient épié respectueusement son sommeil et sollicitaient sa protection ou craignaient sa magie. Il sentit le froid de la peur et chercha dans la muraille dilapidée une niche sépulcrale et se couvrit de feuilles inconnues.



 

Auteur: Borges Jorge Luis

Info: Les ruines circulaires, in Fictions

[ incipit ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

rapports humains

(...) Il y a bien des frontières entre les gens. L'argent, par exemple. Cette frontière-là, entre les lecteurs et les autres, est encore plus fermée que celle de l'argent. Celui qui est sans lecture manque du manque. La muraille entre les riches et les pauvres est visible. Elle peut se déplacer ou s'effondrer par endroits. La muraille entre les lecteurs et les autres est bien plus enfoncée dans la terre, sous les visages. Il y a des riches qui ne touchent aucun livre. Il y a des pauvres qui sont mangés par la passion du livre. Où sont les pauvres, où sont les riches. Où sont les morts où sont les vivants. C'est impossible à dire. Ceux qui ne lisent jamais forment un peuple taciturne. Les objets leur tiennent lieu de mots : les voitures avec sièges en cuir quand il y a de l'argent, les bibelots sur les napperons quand il n'y en a pas. Dans la lecture on quitte sa vie, on l'échange contre l'esprit du songe, la flamme du vent. Une vie sans lecture est une vie que l'on ne quitte jamais, une vie entassée, étouffée de tout ce qu'elle retient comme dans ces histoires du journal, quand on force les portes d'une maison envahie jusqu'aux plafonds par les ordures. Il y a la main blanche de ceux qui ont pour eux l'argent. Il y a la main fine de ceux qui ont pour eux le songe. Et il y a tous ceux qui n'ont pas de mains - privés d'or, privés d'encre. C'est pour ça qu'on écrit. Ce ne peut être que pour ça, et quand c'est pour autre chose c'est sans intérêt : pour aller les uns vers les autres. Pour en finir avec le morcellement du monde, pour en finir avec le système des castes et enfin toucher aux intouchables.

Auteur: Bobin Christian

Info: Une petite robe de fête, préface

[ lecteurs ]

 

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