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concentration

La Musique, dit Marmontel, dans ces Contes moraux que nos traducteurs persistent à appeler Moral Tales, comme en dérision de leur esprit, la musique est le seul des talents qui jouisse de lui-même ; tous les autres veulent des témoins. Il confond ici le plaisir d’entendre des sons agréables avec la puissance de les créer. Pas plus qu’aucun autre talent, la musique n’est capable de donner une complète jouissance, s’il n’y a pas une seconde personne pour en apprécier l’exécution. Et cette puissance de produire des effets dont on jouisse pleinement dans la solitude ne lui est pas particulière ; elle est commune à tous les autres talents. L’idée que le conteur n’a pas pu concevoir clairement, ou qu’il a sacrifiée dans son expression à l’amour national du trait, est sans doute l’idée très soutenable que la musique du style le plus élevé est la plus complètement sentie quand nous sommes absolument seuls. 

Auteur: Poe Edgar Allan

Info: L’Île de la Fée (The Island of the Fay), 1841, trad. Charles Baudelaire, in Nouvelles histoires extraordinaires, 1857, éditions Garnier-Flammarion, 2008

[ écoute attentive ] [ beaux-arts ]

 

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chef d'oeuvre

La Casa Mila était l'une des constructions les plus célèbres de Gaudi. Un immeuble au design unique; avec ses alvéoles et ses balcons sinueux, il ressemblait au flanc d'une montagne creusée par les intempéries. D'ailleurs on lui avait donné un surnom, "La Pedrera", la carrière.*
(...)
Le plan de la Casa Mila est une double boucle, comme le signe infini, qui forme deux trous aux bords effondrés. Chaque fosse mesure près de trente mètres et, vu du ciel, on a l'impression que deux puits percent le toit de l'immeuble. [...] Un escalier en spirale montait à l'ascension de ce puits, son garde-fou en fer forgé reproduisant les alvéoles d'un corail. Une jungle de lianes et de feuilles débordait des rambardes, comme pour envahir tout l'espace.
Une architecture vivante, s'émerveilla Langdon, en reconnaissant une fois de plus les talents de Gaudi à reproduire la profusion du vivant.

Auteur: Brown Dan

Info: Origine, p 273 et p 289

[ construction ] [ bâtiment ]

 

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inexprimable

Alice comprend que la tâche lui est échue de parachever ce qui a été commencé huit siècles plus tôt. A l’instar d’Alaïs, elle s’avise aussi que le véritable Graal réside en l’amour transmis de génération en génération, de père en fils, de mère en fille. Que la vérité est en nous. Dans les pierres et la roche, dans le cycle changeant des saisons de montagne. Qu’à travers les histoires partagées du passé, nous ne mourrons jamais. Alice n’est pas convaincue de pouvoir traduire tout cela en mot. Au rebours de Sajhë, elle n’a ni la faconde du conteur, ni ses talents d’écrivain. Elle se demande si le message dont elle est dépositaire ne se situe pas au-delà du dicible, qu’on le nomme Dieu ou simplement Foi. Peut-être le Graal est-il une vérité trop vaste pour être exprimée ou simplement associée à des contingences temporelles ou spatiales par un truchement aussi fluctuant que le langage.

Auteur: Mosse Kate

Info: Labyrinthe

[ indicible ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

dernières paroles

Voici le plus fort de tous les suicides, celui de Thérèse Lortet et de son amant Gian Faldoni. Il vient de s'exécuter à Lyon, au mois de juin.
Un jeune homme très connu, beau, bien fait, aimable, plein de talents, est amoureux d'une jeune fille que les parents ne veulent point lui donner. Jusqu'ici ce n'est que la première scène d'une comédie, mais l'étonnante tragédie va suivre.
L'amant se rompt une veine par un effort. Les chirurgiens lui disent qu'il n'y a point de remède : sa maîtresse lui donne un rendez-vous avec deux pistolets et deux poignards afin que si les pistolets manquent leur coup, les deux poignards servent à leur percer le coeur en même temps.
Ils s'embrassent pour la dernière fois ; les détentes des pistolets étaient attachées à des rubans couleur de rose ; l'amant tient le ruban du pistolet de sa maîtresse ; elle tient le ruban du pistolet de son amant. Tous deux tirent à un signal donné, tous deux tombent au même instant.

Auteur: Voltaire

Info: Dictionnaire Philosophique, Précis de quelques suicides singuliers

 

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évolution humaine

La naissance prématurée de petits enfants très sensibles a aussi ses inconvénients. Ces esprits intelligents habitaient des corps minuscules et pathétiquement sans défense. Pourtant - cela est étrange - la famille et la civilisation viennent de l’impuissance de ses nouveaux nés. Les femelles étaient forcées de modifier leur stratégie de sélection sexuelle. Elles désiraient un nouveau type d'homme singe. Les jeunes mères s'attachaient à des mâles qui s'occuperaient d'elles pendant qu'elles prendraient soin de leurs enfants, fragiles et pas encore formés. Les femelles choisissent des mâles pourvus d'un gros cerveau et les mâles pourvus d'un gros cerveau choisissaient des femelles avec des hanches larges : des boucles de rétroaction s’amorçaient. L'intelligence commençait à engendrer l'intelligence. Plus précisément, les anthropologues pensent que les premiers hommes, en jetant des pierres, en assommant ou en tuant des petites proies, ont été catapultés dans une nouvelle niche évolutive. Les talents psychomoteurs nécessaires pour estimer la trajectoire des projectiles, pour tuer à distance, dépendaient de l'augmentation de la taille de l'hémisphère gauche du cerveau. Les facultés du langage (associées à l'hémisphère gauche du cerveau qui commande la main droite) sont peut-être apparues fortuitement en même temps que cette augmentation de la taille du cerveau.

Auteur: Margulis Lynn

Info: L'univers bactériel, l'homme égocentrique, pp 233 et 234

[ nourrissons ] [ palier ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

petite différence narcissique

Dans tous les domaines où prévalaient autrefois l'intelligence, le bon sens, l'esprit critique et constructeur, c'est par quelque singularité facilement accessible à la sensibilité bourgeoise qu'un homme se fait maintenant apprécier. Dans son milieu, on ne juge plus guère un individu sur ses capacités professionnelles, sur ses talents d'organisateur ou sur ses vertus familiales, mais sur des nuances de son tempérament, des aptitudes mineures et exquises, des préférences artistiques. On le classera avantageusement parmi ses pairs s'il a en tête quelque marotte littéraire, si on lui connaît des goûts délicats [...]. Qu'un général en chef ou un ministre soit médiocre dans ses fonctions, il ne lui en sera pas tenu rigueur. " Un être inouï, formidable, dira-t-on. Vous savez qu'il joue de l'accordéon ? " Et sur cela seulement qu'il joue de l'accordéon ou qu'il prend de la coco ou qu'il est inverti, on le tiendra pour un homme de génie. Mais d'un autre ministre ayant tous les talents et toutes les vertus convenables dans son emploi, on dira en haussant les épaules qu'il est un " con et un emmerdeur " s'il n'a pas en lui ce coin de marécage poétique qui fait aujourd'hui le prix d'un homme. Pour un bourgeois qui veut être considéré dans son monde, la grande affaire est de passer pour un original. 

Auteur: Aymé Marcel

Info:

[ singularité creuse ] [ romantisme ] [ apparences ] [ mondantés ] [ superficialité bourgeoise ]

 

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marchandisation

Ce sont de bien tristes conditions littéraires où se débattent les écrivains d'aujourd'hui... Une presse odieusement mercantile qui a transformé notre production intellectuelle en objet de réclame et qui force le génie pauvre à passer, les mains pleines d'or, à ses comptoirs... une critique indifférente ou enchaînée... un public ignorant qui ne sait vers qui aller et qui, naturellement, instinctivement, va vers tout ce qui est stupide ou abject... C'est plus qu'il n'en faut pour la protection des médiocres, et la défaite des talents... Et puis, il faut bien le dire, les écrivains sont trop nombreux. La mêlée est compacte, dure, égoïste. On n'y entend pas les cris de douleurs, les appels désespérés couverts par les hurlements de tous. Chacun pour soi. On ne se connaît pas ; on n'a pas le temps. On n'a le temps que de songer à ses intérêts, à sa réclame, à sa vie si disputée. Il paraît trop de livres, et les mauvaises herbes que personne n'arrache, et qui jettent à tous les vents leurs pullulantes graines, étouffent les belles fleurs poussées à leur ombre mortelle !... Heureux encore, quand, parmi les cimetières d'oeuvres mortes, une, de temps en temps, survit et finit par graver, sur la pierre dure de l'immortalité, un nom cher et glorieux comme celui de Jean Lombard !

Auteur: Mirbeau Octave

Info: In : préface de L'Agonie de Jean Lombard

[ décadence ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

musique

Le célèbre Farinelli, qui présidait à l'opéra de Ferdinand II, roi d'Espagne, avait commandé à un tailleur un habit magnifique. Quand celui-ci le lui apporta, le musicien demanda son mémoire. "Je n'en ai point fait, répondit le tailleur, et n'en ferai point : pour tout payement je n'ai qu'une grâce à vous demander. Je sais que ce que je désire est un bien réservé à des monarques; mais, puisque j'ai eu le bonheur de travailler pour un homme dont on ne parle qu'avec admiration, je ne veux d'autre payement que de lui entendre chanter un air. " Farinelli tenta inutilement de lui faire accepter de l'argent ; le tailleur ne voulut jamais y consentir. Enfin, après beaucoup de débats, le musicien, vaincu par l'extrême désir que cet homme avait de l'entendre, et plus flatté peut-être de la singularité de l'aventure que de tous les applaudissements qu'il avait reçus jusque là, s'enferma avec lui, chanta les morceaux les plus brillants, et se plut à déployer toute la supériorité de ses talents. Le tailleur était enivré de plaisir ; plus il paraissait attendri, plus Farinelli mettait d'expression et d'énergie dans son chant, plus il s'efforçait de faire valoir toute la séduction et toute la magie de son art.
Quand il eut chanté, le tailleur, hors de lui-même, lui faisait des remercîments, et se préparait à sortir : " Un moment, lui dit Farinelli; si je vous ai cédé, il est juste que vous me cédiez à votre tour. " En même temps il tire sa bourse, et force le tailleur à recevoir au moins le double du prix de son habit.

Auteur: anonyme

Info: litt 1778, in le Dictionnaire encyclopédique d'anecdotes modernes, anciennes, françaises et étrangères d'Edmond Guerard

[ anecdote ] [ réplique ]

 

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laissé pour compte

Un idiot du village, au sens littéral du mot, qui aime réellement la vérité, quand même il n'émettrait jamais que des balbutiements, est par la pensée infiniment supérieur à Aristote. Il est infiniment plus proche de Platon qu'Aristote ne l'a jamais été. Il a du génie, au lieu qu'à Aristote le mot de talent convient seul. Si une fée venait lui proposer de changer son sort contre une destinée analogue à celle d'Aristote, la sagesse pour lui serait de refuser sans hésitation. Mais il n'en sait rien. Personne ne le lui dit. Tout le monde lui dit le contraire. Il faut le lui dire. Il faut encourager les idiots, les gens sans talent, les gens de talent médiocre ou à peine mieux que moyen, qui ont du génie. Il n'y a pas à craindre de les rendre orgueilleux. L'amour de la vérité est toujours accompagné d'humilité. Le génie réel n'est pas autre chose que la vertu surnaturelle d'humilité dans le domaine de la pensée.

Au lieu d'encourager la floraison des talents, comme on se le proposait en 1789, il faut chérir et réchauffer avec un tendre respect la croissance du génie ; car seuls les héros réellement purs, les saints et les génies peuvent être un secours pour les malheureux. Entre les deux, les gens de talent, d'intelligence, d'énergie, de caractère, de forte personnalité, font écran et empêchent le secours. Il ne faut faire aucun mal à l'écran, mais il faut le mettre doucement de côté, en tâchant qu'il s'en aperçoive le moins possible. Et il faut casser l'écran beaucoup plus dangereux du collectif, en supprimant toute la part de nos institutions et de nos mœurs où habite une forme quelconque de l'esprit de parti. Ni les personnalités ni les partis n'accordent jamais audience soit à la vérité soit au malheur.

Auteur: Weil Simone

Info: Dans "La personne et le sacré"

[ savoir-connaissance ] [ intelligence intuitive ] [ incorruptibilité ] [ exclu ] [ quart-monde ]

 
Mis dans la chaine

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création

Ne venez surtout pas me parler de dons naturels, de talents innés ! On peut citer dans tous les domaines de grands hommes qui étaient peu doués. Mais la grandeur leur est venue, ils se sont faits "génies" (comme on dit), grâce à certaines qualités dont personne n’aime à trahir l’absence quand il en est conscient ; ils possédaient tous cette solide conscience artisanale qui commence par apprendre à parfaire les parties avant de se risquer à un grand travail d’ensemble ; ils prenaient leur temps parce qu’ils trouvaient plus de plaisir à la bonne facture du détail, de l’accessoire, qu’à l’effet produit par un tout éblouissant. Il est facile, par exemple, d’indiquer à quelqu’un la recette pour devenir bon nouvelliste, mais l’exécution en suppose des qualités sur lesquelles on passe en général en disant : "je n’ai pas assez de talent". Que l’on fasse donc cent projets de nouvelles et davantage, aucun ne dépassant deux pages, mais d’une précision telle que chaque mot y soit nécessaire ; que l’on note chaque jour quelques anecdotes jusqu’à savoir en trouver la forme la plus saisissante, la plus efficace, que l’on ne se lasse pas de collectionner et de brosser des caractères et des types d’humanité, que l’on ne manque surtout pas la moindre occasion de raconter et d’écouter raconter, l’oeil et l’oreille attentifs à l’effet produit sur les autres, que l’on voyage comme un paysagiste, comme un dessinateur de costumes, que l’on extraie d’une science après l’autre tout ce qui, bien exposé, produit un effet d’art, que l’on réfléchisse enfin aux motifs des actions humaines, ne dédaigne aucune indication qui puisse en instruire, et soit jour et nuit à collectionner les choses de ce genre. On laissera passer une bonne dizaine d’années en multipliant ces exercices, et ce que l’on créera alors en atelier pourra se montrer aussi au grand jour de la rue. 

Auteur: Nietzsche Friedrich

Info: Humain, trop humain. Aphorisme 163

[ labeur ] [ souffle ] [ abnégation ] [ prédation ]

 
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Ajouté à la BD par miguel