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rupture

Oui, Jean, oui tu as été brutal, injuste et tu as dépassé la mesure.

J’ai senti que ton despotisme tuait à jamais mes rêves d’avenir, car j’en faisais aussi. La confiance renaît avec l’amour et, quelques mensonges que je t’ai faits (mensonges qui prouvaient ma tendresse), tu ne devais m’accuser. J’ai dit la vérité, Jean, depuis un mois je me suis heurtée quantité de fois à cette indomptable jalousie qui te fait marcher sur les lois de la bienséance à tout propos et en quelqu’endroit [sic] que nous soyons.

Tu m’as fait souffrir cette nuit de toutes les angoisses du regret, j’ai pleuré de douleur vraie en voyant s’écrouler sous ta main brutale les rêves caressés par mon cœur, les chers projets d’avenir que je formais.

Lors de mes dernières scènes, il me semblait bien que tu ébranlais fortement mes châteaux mais ils se trouvaient encore debout, étayés par ma tendresse – c’est fini.

Jean, ils se sont écroulés cette nuit, et les décombres noyés dans mes larmes. Qu’ils dorment, ces chers rêves, je ne les veux point éveillés. […]

Non, Jean, je ne t’ai pas menti — il y a deux jours, mon cœur retrouvait dans le tien l’écho de la petite douleur que je venais d’éprouver – mon regard rencontrant ton bon regard tout lumineux de larmes, je me suis sentie émue et je t’ai aimé.

Je ne veux pas te faire plus de chagrin qu’il n’est nécessaire, mais j’ai le cœur bien froissé, vois-tu. Je ne sais si je pourrai guérir – tu as avili ma dignité de femme à chaque instant , alors qu’ayant éloigné de moi les amis qui m’entouraient, pour me dévêtir, tu t’es imposé quand même entrant dans ma loge alors que mes amis attendaient à ma porte. Tu leur disais ainsi, mais je la connais c’est [ma] maîtresse, je la vois nue ainsi chaque jour. Tu n’as pas compris, mon pauvre Jean, que l’amour se donne mais ne veut pas qu’on le prenne. J’ai dû subir tes violences sans causer de scandale ; enfin tu m’as torturée avec les armes que je t’avais mises en main ; ma tendresse, mon amour pour toi t’ont servi d’étendard.

Ah ! tu m’as fait bien du mal, Jean, je te le pardonne puisque tel semble être ton désir. Mais chez moi pardon n’est pas l’oubli. Laisse donc à mon cœur le temps de penser [?] qu’il oublie et nous verrons après ce que nous pourrons faire des bribes de notre mutuel amour. N’aie pas de chagrin, mon Jean, l’art va de nouveau nous réunir peu de jours. Nous laisserons nos cœurs juges de la situation, ne forçons pas notre tendresse. Au revoir, Jean, je t’abandonne ma tête que tu as si lâchement meurtrie. Puissent tes baisers raviver l’amour sur mes lèvres. J’en doute.

Auteur: Bernhardt Sarah

Info: Lettre à à Jean Mounet-Sully, Dimanche matin, 27 juillet 1873

[ épistole ] [ couple ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

instant de la mort

Des chercheurs ont découvert les mécanismes derrière la mystérieuse " onde de la mort " dans le cerveau, un phénomène survenant après une privation d'oxygène. Cette découverte importante ouvre de nouvelles perspectives pour la compréhension de la mort neuronale et de la réanimation.

En explorant les profondeurs de l'activité cérébrale au moment de la mort, des scientifiques de l'Institut du Cerveau ont fait une découverte significative. Pour la première fois, ils ont observé une onde spécifique, surnommée " l'onde de la mort ". Celle-ci survient lors d'une interruption prolongée de l'oxygénation du cerveau. Cet événement, loin de marquer une fin absolue, révèle en réalité une complexité insoupçonnée dans la dynamique neuronale entre la vie et la mort. Les résultats ont été publiés dans Neurobiology of Disease

La formation et le parcours de l'onde de la mort

Il est impossible de déterminer l'heure précise, à la seconde près, d'un décès. C'est un processus complexe, qui dure plusieurs minutes. Il existe des cas où même lorsque le processus a démarré, celui-ci peut s'interrompre et la personne revenir à la vie. 

L'arrêt de l'oxygénation du cerveau déclenche une série d'événements électriques. Initialement, une réduction drastique de l'activité électrique se produit, plongeant le cortex cérébral dans un silence électrique. Cependant, ce silence est brusquement interrompu par une onde de grande amplitude, initiée dans les couches profondes du cortex, comme un sursaut d'activité cérébrale. C'est sûrement cette onde que décrivent les personnes ayant fait une expérience de mort imminente, c'est-à-dire les personnes ayant survécu à un arrêt cardiorespiratoire. 

Cette " onde de la mort " se propage telle une vague à travers le cortex, portant en elle le potentiel d'une cessation totale de l'activité cérébrale. Mais, contrairement à ce que son nom suggère, cette onde ne signifie pas nécessairement une fin irréversible. Si le cerveau est réoxygéné à temps, une " onde de la réanimation " peut suivre, marquant le début d'une lente mais possible récupération des fonctions cérébrales.

(photo illustration) Et si l'onde de la mort expliquait les expériences de mort imminente. 

Quelles sont les implications de cette découverte ? 

Cette étude révèle que la mort neuronale est comme un processus graduel, potentiellement réversible, plutôt qu'un instant définitif. Elle met en lumière le rôle crucial des neurones pyramidaux de la couche 5 du néocortex, dont la dépolarisation marque le début de l'onde de la mort. 

Cette compréhension affine notre perception de la mort cérébrale, nous faisant comprendre qu'un électroencéphalogramme plat n'est pas forcément synonyme de mort définitive. Ces découvertes suggèrent que, sous certaines conditions, il est possible de restaurer les fonctions cérébrales, offrant ainsi de nouvelles voies pour le développement de traitements neuroprotecteurs. 

Ces avancées pourraient un jour transformer les pratiques de réanimation en cas d'arrêt cardiorespiratoire, réduisant les risques de séquelles neurologiques et ouvrant la porte à des interventions plus ciblées pour préserver les fonctions cérébrales essentielles.



 

Auteur: Internet

Info: https://www.futura-sciences.com/ janvier 2024

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

visionnaire

La plupart des mathématiciens, je l'ai dit tantôt, sont portés à se cantonner dans un cadre conceptuel, dans un "Univers" fixé une bonne fois pour toutes - celui, essentiellement, qu'ils ont trouvé "tout fait" au moment où ils ont fait leurs études. Ils sont comme les héritiers d'une grande et belle maison toute installée, avec ses salles de séjour et ses cuisines et ses ateliers, et sa batterie de cuisine et un outillage à tout venant, avec lequel il y a, ma foi, de quoi cuisiner et bricoler. Comment cette maison s'est construite progressivement, au cours des générations, et comment et pourquoi ont été conçus et façonnés tels outils (et pas d'autres. . . ), pourquoi les pièces sont agencées et aménagées de telle façon ici, et de telle autre là - voilà autant de questions que ces héritiers ne songeraient pas à se demander jamais. C'est ça "l'Univers", le "donné" dans lequel il faut vivre, un point c'est tout ! Quelque chose qui paraît grand (et on est loin, le plus souvent, d'avoir fait le tour de toutes ses pièces), mais familier en même temps, et surtout : immuable. Quand ils s'affairent, c'est pour entretenir et embellir un patrimoine : réparer un meuble bancal, crépir une façade, affuter un outil, voire même parfois, pour les plus entreprenants, fabriquer à l'atelier, de toutes pièces, un meuble nouveau. Et il arrive, quand ils s'y mettent tout entier, que le meuble soit de toute beauté, et que la maison toute entière en paraisse embellie. Plus rarement encore, l'un d'eux songera à apporter quelque modification à un des outils de la réserve, ou même, sous la pression répétée et insistante des besoins, d'en imaginer et d'en fabriquer un nouveau. Ce faisant, c'est tout juste s'il ne se confondra pas en excuses, pour ce qu'il ressent comme une sorte d'enfreinte à la piété due à la tradition familiale, qu'il a l'impression de bousculer par une innovation insolite. Dans la plupart des pièces de la maison, les fenêtres et les volets sont soigneusement clos - de peur sans doute que ne s'y engouffre un vent qui viendrait d'ailleurs. Et quand les beaux meubles nouveaux, l'un ici et l'autre là, sans compter la progéniture, commencent à encombrer des pièces devenues étroites et à envahir jusqu'aux couloirs, aucun de ces héritiers-là ne voudra se rendre compte que son Univers familier et douillet commence à se faire un peu étroit aux entournures. Plutôt que de se résoudre à un tel constat, les uns et les autres préféreront se faufiler et se coincer tant bien que mal, qui entre un buffet Louis XV et un fauteuil à bascule en rotin, qui entre un marmot morveux et un sarcophage égyptien, et tel autre enfin, en désespoir de cause, escaladera de son mieux un monceau hétéroclite et croulant de chaises et de bancs...

Auteur: Grothendieck Alexandre

Info: Récoltes et Semailles, texte autobiographique

[ création ] [ recul ] [ originalité ]

 

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question

Un homme s'est assis dans une station de métro de Washington DC et a commencé à jouer du violon par une froide matinée de janvier ; il a joué six morceaux de Bach pendant environ 45 minutes. Pendant ce temps, comme c'était l'heure de pointe, on estime que 1 100 personnes ont traversé la gare, la plupart se rendant au travail. 

Trois minutes se sont écoulées lorsqu'un homme d'âge moyen a remarqué le musicien, a ralenti et s'est arrêté quelques secondes, mais a ensuite continué sa route pour ne pas être en retard.

Une minute plus tard, le violoniste a reçu son premier dollar, une dame a jeté l'argent sans même s'arrêter et a continué son chemin.

Quelques minutes plus tard, quelqu'un s'est arrêté au mur pour l'écouter, mais en regardant l'horloge, il a repris sa marche. Il était clairement en retard pour le travail.

Celui qui a fait le plus attention était un garçon de 3 ans. Maman le tenait par la main, pressée, mais le garçon s'est arrêté pour regarder le violoniste. Finalement, maman l'a sorti avec plus de force et le garçon a continué à marcher, en tournant plusieurs fois la tête pour regarder le violoniste. Cette action a été répétée par plusieurs autres enfants. Tous les parents, sans exception, ont forcé les enfants à continuer.

Pendant les 45 minutes où le musicien a joué, seules 6 personnes se sont arrêtées un moment. Une vingtaine d'entre eux lui ont donné de l'argent mais ont continué à leur rythme normal. Il a pris environ 32 dollars. Quand il a arrêté de jouer et que le silence s'est installé, personne n'a remarqué. Personne n'a applaudi, et il n'y a eu aucun remerciement.

Personne ne savait que ce violoniste était Joshua Bell, l'un des musiciens les plus talentueux. Il a joué certains des morceaux les plus élaborés jamais écrits sur un violon de 3,5 millions de dollars.

Deux jours avant de jouer à cette occasion, Joshua Bell a fait salle pleine dans un théâtre de Boston, où chaque siège coûte en moyenne 100 dollars.

C'est une histoire vraie, Joshua Bell a joué incognito dans une station de métro lors d'un événement organisé par le Washington Post qui faisait partie d'une expérience sociale sur la perception, les goûts et les priorités.

Lînterrogation était la suivante : dans un lieu ordinaire, à une heure inappropriée, sommes-nous capables de percevoir la beauté ? Nous arrêtons-nous pour apprécier ? Reconnaissons-nous le talent dans un contexte inattendu ?

L'une des conclusions possibles de cette expérience pourrait être la suivante : "Si nous ne prenons pas le temps de nous arrêter pour écouter l'un des meilleurs musiciens du monde jouer de la belle musique, combien d'autres choses manquons-nous ?"

Auteur: Anonyme

Info: sur info.fr, février 2022

[ beauté ] [ célébrité hommes-femmes ] [ femmes-par-homme ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

femmes-hommes

Des sourires qui détruisent le mythe de l'intuition féminine
L'idée populaire que la puissance de l'intuition féminine excède celle des hommes a été infirmée par une nouvelle étude.
Les psychologues qui ont examiné les capacités de plus de 15.000 personnes à identifier la sincérité de différents sourires en ont conclu que l'intuition féminine est un mythe.
En montrant une série de paires d'images d'individus montrant de vrais et de faux sourires, les hommes ont légèrement surpassé des femmes. Quand ils en sont venu à juger des expressions véritables et fausses de bonheur chez le sexe opposé, les participants mâles ont fait mieux de manière significative que les femelles.
Le professeur Richard Wiseman, psychologue à l'université de Hertfordshire, dit :"ces résultats remettent en cause la notion que les femmes sont plus intuitives que des hommes. Une recherche précédente avait montré l'évidence de l'intuition féminine mais peut-être qu'avec le temps les hommes sont devenus plus en contact avec leur côté intuitif.
"J'ai été étonné, étant donné que les femmes ont tellement plus confiance dans leur intuition. Nous avons pensé que les femmes seraient meilleures mais, globalement, les hommes les ont juste coiffées au poteau."
Aux participants on a montré 10 paires de photographies de visages souriant, dont certains étaient partiellement masqués. Un sourire de chaque paire était véritable et l'autre truqué.
Avant d'étudier les visages, les participants furent invités à évaluer leurs capacités intuitives. Plus de femmes se sont définies comme fortement intuitive - 77 pour cent comparé à juste 58 pour cent d'hommes. Cependant leurs affirmations ne furent pas confirmée par l'expérience de ce mois au festival international de la Science d'Edimbourg.
Les hommes purent sélectionner 72 pour cent de sourires véritables, alors que les femmes en détectèrent 71 pour cent. En évaluant la sincérité dans les visages du sexe opposé les hommes eurent raison dans 76 pour cent des cas comparé à 67 pour cent pour les femmes.
Le DR Wiseman indique :"Ceci pourrait être parce que les femmes éprouvent des émotions plus entièrement et sont plus expressives. Si les hommes ont un système émotif plus limité, ceci peut les aider à le truquer."
Susan Quilliam, psychologue des relations et auteur de livres sur les rapports entre la langue et le corps, dit que femmes ne sont pas bonne pour voir le manque de sincérité parce qu'elles sont programmées pour voir le côté lumineux. Les "femmes cherchent l'approbation plus souvent que des hommes. Elles seront moins à même de noter et de voir la fausseté dans les situations." La psychologue Gladeana McMahon ajoute :"les psychologues cognitifs définissent l'intuition comme un traitement rapide de l'information, de sorte que nous devrions obtenir la réponse avant de savoir la question. Peut-être bien que les femmes sont considérées comme plus intuitives parce qu'elles tendent à parler davantage de leurs sentiments.

Auteur: Fleming Nic

Info: Correspondant de Science 12/04/2005

[ mâles-femelles ] [ vus-scientifiquement ]

 

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courant occulte

Louis Antoine naquit en 1846 dans la province de Liège, d’une famille de mineurs ; il fut d’abord mineur lui-même, puis se fit ouvrier métallurgiste ; après un séjour de quelques années en Allemagne et en Pologne, il revint en Belgique et s’installa à Jemeppe-sur-Meuse. Ayant perdu leur fils unique, Antoine et sa femme se mirent à faire du spiritisme ; bientôt, l’ancien mineur, quoique à peu près illettré, se trouva à la tête d’un groupement dit des "Vignerons du Seigneur", dans lequel fonctionnait un véritable bureau de communication avec les morts (nous verrons que cette institution n’est pas unique en son genre) ; il édita aussi une sorte de catéchisme spirite, fait d’ailleurs entièrement d’emprunts aux ouvrages d’Allan Kardec. Un peu plus tard, Antoine adjoignit à son entreprise, dont le caractère ne semble pas avoir été absolument désintéressé, un cabinet de consultations "pour le soulagement de toutes les maladies et afflictions morales et physiques", placé sous la direction d’un "esprit" qui se faisait appeler le Dr Carita. Au bout de quelque temps encore, il se découvrit des facultés de "guérisseur" qui lui permettaient de supprimer toute évocation et d’ "opérer" directement par lui-même ; ce changement fut suivi de près par une brouille avec les spirites, dont les motifs ne sont pas très clairs. Toujours est-il que c’est de ce schisme qu’allait sortir l’Antoinisme ; au Congrès de Namur, en novembre 1913, M. Fraikin, président de la "Fédération Spirite Belge", déclara textuellement : "L’Antoinisme, pour des raisons peu avouables, refusa toujours de marcher avec nous" ; il est permis de supposer que ces "raisons peu avouables" étaient surtout d’ordre commercial, si l’on peut dire, et qu’Antoine trouvait plus avantageux d’agir entièrement à sa guise, en dehors de tout contrôle plus ou moins gênant. Pour les malades qui ne pouvaient venir le trouver à Jemeppe, Antoine fabriquait un médicament qu’il désignait sous le nom de "liqueur Coune", et auquel il attribuait le pouvoir de guérir indistinctement toutes les affections ; cela lui valut un procès pour exercice illégal de la médecine, et il fut condamné à une légère amende ; il remplaça alors sa liqueur par l’eau magnétisée, qui ne pouvait être qualifiée de médicament, puis par le papier magnétisé, plus facile à transporter. Cependant, les malades qui accouraient à Jemeppe devinrent si nombreux qu’il fallut renoncer à les traiter individuellement par des passes ou même par une simple imposition des mains, et instituer la pratique des "opérations" collectives. C’est à ce moment qu’Antoine, qui n’avait jusqu’alors parlé que de "fluides", fit intervenir la "foi", comme un facteur essentiel, dans les guérisons qu’il accomplissait, et qu’il commença à enseigner que l’imagination est l’unique cause de tous les maux physiques ; comme conséquence, il interdit à ses disciples (car il se posa dès lors en fondateur de secte) de recourir aux soins d’un médecin.

Auteur: Guénon René

Info: Dans "L'erreur spirite", Editions traditionnelles, 1952, page 349

[ biographie ] [ charlatan ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

célébrité

Cette séduction a la blancheur spectrale des étoiles, comme elles furent si bien nommées. Tour à tour les masses n'ont été  "séduites", à l'ère moderne, que par deux grands événements : la lumière blanche des stars, et la lumière noire du terrorisme. Ces deux phénomènes ont bien des choses en commun. Comme les étoiles, les stars ou les actes terroristes "clignotent" : ils n'éclairent pas, ils ne rayonnent pas d'une lumière blanche et continue, mais froide et intermittente, ils déçoivent en même temps qu'ils exaltent, ils fascinent par la soudaineté de leur apparition et l'imminence de leur disparition. Ils s'éclipsent aux-mêmes, dans une perpétuelle surenchère.

Les grandes séductrices ou les grandes stars ne brillent jamais par leur talent ou par leur intlligence, elles brillent par leur nullité, et leur froideur, qui est celle du maquillage et du hiératisme rituel (le rituel est cool, selon MacLuhan). Elles métaphorisent l'immense processus glaciaire qui s'est emparé de notre univers de sens pris dans les réseaux clignotants de signes et d'images- mais en même temps à un moment donné de cette histoire et dans une conjoncture qui ne se reproduira plus, elles le transfigurent en effet de séduction. 

Le cinéma n'a jamais resplendi que par cette séduction pure, par cette pure vibration du non-sens- vibration chaude d'autant plus belle qu'elle veneit du froid.

Artifice et non-sens : tel est le visage ésotérique de l'idole, son masque initiatique. Séduction d'un visage expurgé de toute expression, sinon celle d'un sourire rituel et d'une beauté non moins conventionnelle. Visage blanc, de la blancheur des signes voués à leur apparence ritualisée, et non plus soumis à quelques loi profonde de signification. La stérilité des idoles est bien connue : elles ne se reproduisent pas, elles ressuscitent à chaque fois de leurs cendres, comme le phénix, ou de leur miroir, comme la femme séductrice.

Ces grandes effigies séductrices sont nos masques à nous, ce sont nos statuts de l'île de pâques. Mais ne nous y trompons pas ; s'il y a eu historiquement les foules chaudes de l'adoration, de la passion religieuse, du sacrifice et de l'insurrection, il y a maintenant les masses froides de la séduction et de la fascination. Leur effigie est cinématographique, et elle est celle d'un autre sacrifice.

La mort des stars n'est que la sanction de leur idôlatrie rituelle. Il faut qu'elles meurent, il faut qu'elles soient déjà mortes. Il le faut pour être parfaite et superficielle, dans le maquillage aussi. Mais ceci ne doit pas nous incliner à une abrécation négative. Car il y a là derrière la seule immortalité qui soit, et qui est celle de l'artifice, l'idée, incarnée par les stars, que la mort elle-même brille par son absence, qu'elle peut se résoudre dans une apparence brillante et superficielle, qu'elle est une surface séduisante.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: de la séduction (1988, 246 p., folio essais) p.132, 133, 134.

[ vedette ] [ fausse gloire ] [ manipulation ] [ néant ] [ populace ]

 

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extrême expérience

J'aurais voulu lire le cahier dans son intégralité. Le tenir entre mes mains et tourner chacune de ses pages, apprécier chacun de ses mots, relier entre elles toutes les phrases afin d'avoir une vision d'ensemble, seule susceptible de livrer la logique et le secret de ce qu'elle avait écrit et donc vécu. Quel document ! me disais-je. Je ne doutais pas de sa valeur littéraire. Je voulais y croire. C’était le journal, non de la vie, mais de la vie face à la mort. C'était le journal de la vie se regardant mourir. De la vie se donnant la mort. C'était, écrit noir sur blanc, le face à face le plus ultime qui soit. C'était fou. Ce texte était unique. Il témoignait d'une expérience vécue à nulle autre comparable. D'une expérience individuelle des limites. Du passage intime de la vie à trépas, mais infiniment au ralenti. À la vitesse d'une image par seconde. D’un seul battement de cœur par heure. La vitesse de l'escargot ! Aucun écrivain ne s'était approché si près de l'abîme. Ni Sade ni Rimbaud ni Lautréamont ni même Arthaud. Les derniers jours d’un condamné à mort de Hugo ne parlaient pas de ça. Il n'y avait que Hervé Guibert, peut-être, oui. Dans son livre Cytomégalovirus. Et son film La pudeur ou l’Impudeur, qui ne cachait rien de la maladie, dévoilait tout du malade, jusqu'à l'effroi nu. Mais la mort était venue à Guibert de l'extérieur. Elle lui avait été transmise. Ce n'était pas lui qui, en conscience, s'était inoculé le virus du sida. Il ne s'était pas suicidé. Il n'avait pas volontairement, mis fin à son existence. Au contraire. Ce qu'il avait fait, c'était raconter son combat contre la maladie et sa défaite. Lui était une victime alors que cette femme était son propre bourreau et, en ce sens, ce journal m'apparaissait d'autant plus vertigineux. Il était un absolu. Il était le noir au-delà du noir. L'inconcevable même. Une sainte et sa haine. Je ne sais pas comment dire.

Je ne savais qu'une chose : cette femme me faisait peur. Elle me faisait peur. La férocité de son suicide me terrifiait. Et d'en avoir raconté l'atrocité me sidérait. Cela dépassait mon entendement. Pour moi, quelque chose ne collait pas. Deux choses ne collaient pas.

1. Qui se suicide en mettant un temps fou ?

2. Et qui, se suicidant en y mettant un temps fou, en témoigne par écrit, se regardant méticuleusement mourir à petit feu, comme une hallucination morbide ou une volupté innommable ?

Pourtant, quelque chose m'attirait chez cette femme. Je me sentais proche de sa monstruosité. Inexplicablement proche. A la façon de deux aimants aux pôles inversés : il se repoussent et s'attirent à la fois. Ce sentiment m'effarait, au point que c'est de moi que j'avais peut-être peur. 

Auteur: Bouillier Grégoire

Info: Le coeur ne cède pas, pp. 28 29

[ dernières paroles ]

 

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télévision

Toi qui a su ôter la vue aux aveugles, l’ouïe aux sourds, la signification à toute vie ; toi qui effaces les repères, démembres les langues, anéantis le sens de tout ; toi qui débarrasses en beauté les hommes de leurs illusions idéologiques, de leurs attentes utopiques, de leurs velléités critiques ; toi qui les soulages de leur entendement, de leur jugement et de leur raisonnement, ô pur Non-Esprit !
Méfie-toi.
O irréel miroir du monde imprésentable, on cherche de plus en plus à t’interpréter, à te comprendre, à t’analyser.
Sans doute même rêve-t-on de te moraliser ? […]
Terminées, la libre pensée et l’acidité ! Finis les "refus hautains". Honte aux méprisants de l’écran ! Aux intégristes aigris de l’écrit !
Et vive la langue miséreuse des stars inoubliables qui vous fondent sur la langue !
Et en avant, dans la foulée, le recyclage des formulations ridicules et des clichés conjuratoires.
En avant le "primat de visuel", la "spectacularisation de la réalité", le problème de la "déresponsabilisation du citoyen", l’ "idéologie dépolitisante", le "futile événementialisé".
En avant la "grammaire de l’image".
Noueuse masse d’ondes triomphantes ! Ayant fait le pari raisonnable que ton expansion était irréversible, ta croissance illimitée, ton paradis enviable et ton horizon indépassable, ils veulent croire maintenant ta connerie éducable.
[…]
Vérole sortant des ondes ! Ils voudraient te rendre "bonne". Et savante. Et informante.
Ils te désirent "de qualité" !
Pourquoi pas "intelligente", ô Gâteuse infaillible ?
[…]
Ils voudraient t’apprendre à parler, ô Borborygme !
Ils rêvent de te contrôler. Ils ont des opinions sur ton "statut". Ils croient savoir ce que tu devrais être. Généraliste ? Bas de gamme ? Intéressante ? Thématique ? Divertissante ? […]
Et pour commencer, ô Multinationale de l’oubli pestifère, ils prétendent que tu as une "histoire" ! Une histoire ! Toi ! Un passé ! Toi l’inconscient incarné qui ignore royalement le temps ! Et allez donc les anecdotes ! Les rappels d’âge d’or. Les souvenirs mouillés du temps où tu n’étais encore qu’une toute petite maladie bénigne, ô Compulsion digitale universelle, la "télé voix de France", tes vieux feuilletons noir et blanc, trois heures de programmes par jour et ces foules qui se poussaient aux vitrines des marchands de poste pour découvrir, ô maternelle Mutante, comme par une brèche minuscule, tes rares images qui tremblaient d’aise.
[…]
Œsophage du monde nouveau, ils te traitent de "lien social indispensable" !
Ô caniveau !
Poubelle irrévocable ! Ne les laisse pas faire !
Refuse de te laisser arranger le portrait !
Ne deviens pas, surtout leur Téléubu à visage humain ce serait ta fin.
Reste l’Inconnaissable, l’Obscure, l’Impénétrable.
Te voilà avertie, ô grande Cochonnerie obligatoire ! Sois de plus en plus bête, obscène, téléthonne, délatrice, morbide, chiotte, corrompue, infâme. Le troisième millénaire sera dégueulasse ou ne sera pas. Ô Parque à Thèmes ! L’avenir épouvantable des siècles est à toi.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels I - Rejet de greffe", pages 403 à 406

[ ode ironique ] [ encouragement gouvernemental ] [ dénigrement ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

lecture

Internet, l'iPhone, Facebook, les jeux virtuels, ont en quelques années révolutionné notre quotidien. Mieux encore, ils modifient la mémoire et la plasticité du cerveau de nos adolescents. Pour certains experts, nous vivons une révolution digne de Gutemberg et de la découverte de l'imprimerie.
La Student Academy, à Bruxelles, est une magnifique maison de maître nichée à deux pas de l'ULB. Ici, avant d'entrer, les étudiants déposent leurs smartphones. Aujourd'hui, une vingtaine d'étudiants, tous issus du secondaire, viennent suivre un cours de techniques de concentration. Ils apprennent à mémoriser durablement les matières qu'ils étudient. Au préalable, leur coach les soumet à un petit exercice. Pendant neuf minutes, ils doivent retenir un texte par coeur. David a beaucoup de mal. Le moindre mouvement dans la salle le distrait et la présence de la caméra de la RTBF n'arrange pas les choses. Mais surtout, David a sa mémoire saturée d'informations qu'il puise sur internet. Il l'avoue lui-même : il passe toutes ses journées sur son ordinateur et se sent ensuite incapable de se concentrer sur ses cours.
Pour Lola Van Lierde, coach à la Student Academy, David n'est pas une exception. Soumis à des tests de concentration, la plupart des étudiants qui jonglent avec internet, Facebook et les réseaux sociaux, sont devenus "multitâches", mais sont aussi plus facilement distraits. A la Student Academy, ils apprennent à renforcer leur mémoire. Mais dès la pause de midi, l'Iphone reprend ses droits. Eloi discute athlétisme avec son copain pour connaître le chrono de Hussein Bolt au championnat du monde. Il consulte internet et obtient la réponse en un clic.
Révolution de Gutenberg
L'Iphone et internet sont une vraie révolution digne de la découverte de l'imprimerie par Gutemberg.
Commentaire :
Par contre, l'imprimerie ne nous à pas enlevé notre capacité à la concentration ni à la mémoire à long terme. S'il y a, c'est tout le contraire.
Aujourd'hui, plus besoin de mémoriser des chiffres, des adresses ou des numéros de téléphone, nous avons toutes ces infos. Résultat, plutôt que de mémoriser du contenu, notre cerveau a plutôt tendance à mémoriser comment y accéder. La génération 'Google' a tellement intégré cette nouvelle forme d'apprentissage que son cerveau s'est transformé. Valérie Cornil, neuropsychiatre aux Cliniques de l'Europe à Bruxelles, observe que l'hippocampe, siège de consolidation de l'information, est moins développé chez nos ados. Tandis que les lobes frontaux, sièges du traitement de l'information multiple, la synthèse, ont tendance à se renforcer.
En d'autres termes, leur cerveau s'adapte. Les ados développent le sens de la synthèse.
Commentaire :
Quoiqu'intéressant, paradoxal : comment développer le sens de la synthèse si nous perdons le sens de la consolidation de l'information?
Nous sommes loin du temps où un professeur était dépositaire d'un savoir universel. Aujourd'hui, les sources d'information se bousculent, à nous de faire le tri. A moins d'accepter de s'offrir plus de plages de concentrations coupées d'internet.

Auteur: RTBF

Info: Internet et les téléphones "intelligents" modifient le cerveau d'une génération.

[ historique ] [ évolution ]

 
Mis dans la chaine

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