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pensée négative

Ce qui éclaire le monde et le rend supportable, c’est le sentiment habituel que nous avons de nos liens avec lui – et plus particulièrement de ce qui nous unit aux êtres. Les relations avec les êtres nous aident toujours à continuer parce qu’elles supposent toujours des développements, un avenir – et qu’aussi nous vivons comme si notre seule tâche était d’avoir précisément des relations avec les êtres.

Mais les jours où l’on devient conscient que ce n’est pas notre seule tâche, où surtout l’on comprend que seule notre volonté retient ces êtres attachés à nous – cessez d’écrire ou de parler, isolez-vous et vous les verrez fondre autour de vous – que la plupart ont en réalité le dos tourné (non par malice, mais par indifférence) et que le reste garde toujours la possibilité de s’intéresser à autre chose, lorsqu’on imagine ainsi tout ce qui entre dans le contingent, de jeu des circonstances dans ce qu’on appelle un amour ou une amitié, alors le monde retourne à sa nuit et nous à ce grand froid d’où la tendresse humaine un moment nous avait retirés.

Auteur: Camus Albert

Info: Carnets

[ pessimisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

femmes-par-femmes

Violentes, rouges, aux lèvres et aux pommettes, continuellement pressées, il me semble les avoir toujours vues en train de trisser, à peine le temps de stopper sur le trottoir, serrer contre elles leur sac à provisions pour se baisser et m'embrasser sec avec un sonore, qu'est-ce que tu deviens la fille ? Pas de débordement de tendresse non plus, pas de ces bouches en cul de poule, petits yeux voilés de cajolerie pour s'adresser aux enfants. Des femmes un peu raides, brutales, aux colères éclatantes de gros mots et qui, à la fin des repas de famille, aux communions, pleurent de rire dans leur serviette. Ma tante Madeleine en montrait même le fond plissé de sa culotte rose. Je ne me souviens pas d'une seule le tricot à la main ou piétinant devant des sauces, elles sortaient de leur buffet les assortiments de charcuterie et la pyramide de papier blanc du pâtissier tachée de crème. La poussière, le rangement, elles s'en battaient l'œil, s'excusaient tout de même, pour la forme, "faites pas attention à la maison", disaient elles. Pas des femmes d'intérieur, rien que des femmes du dehors.

Auteur: Ernaux Annie

Info: La femme gelée, Pages 14-15, Folio, 2018

[ simples ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

égoïsme

La bonté est un caprice de notre tempérament: nous n'avons pas le droit de rendre les autres victimes de nos caprices, même par humanité ou par tendresse. Les bienfaits sont quelque chose qu'on nous inflige: c'est pourquoi, froidement, je les exècre.

Si je ne fais pas de bien, par souci moral, je n'exige pas non plus qu'on m'en fasse. Si je tombe malade, ce qui m'ennuie le plus c'est que j'oblige quelqu'un à me soigner, chose que je répugnerais moi-même à faire pour un autre. Je ne suis jamais allé voir un ami malade. Et chaque fois que j'étais malade, je subissais chaque visite comme une gêne, une insulte, une violation injustifiable de mon intimité profonde. Je n'aime pas qu'on me fasse des cadeaux; on semble ainsi m'obliger à en faire à mon tour - aux mêmes gens ou à d'autres, peu importe (...)

Je m'estime heureux de n'avoir plus de famille. Ainsi ne suis-je pas contraint d'aimer qui que ce soit. Je n'ai de regrets que littérairement (...)

Je n'ai jamais aimé personne. Ce que j'ai le plus aimé, ce sont mes sensations.

Auteur: Pessoa Fernando (Alv. de Campos)

Info:

[ figure de la belle âme ] [ solipsisme ] [ autofiction ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

babas cool

Je quittai le cottage et Tucson après une prise de bec avec Webb au sujet des hippies. Non que le solitaire que j’étais éprouvât une tendresse particulière pour ces mectons. Qui venaient de se rendre compte, nuance, qui ne découvraient que maintenant, que la guerre était une saloperie, que passer quarante ou quarante-huit heures par semaine à faire un métier en tous points détestable vous foutait en l’air, et que le mariage était un piège tout aussi mortel. Je n’éprouvais toutefois pas la pleine petite envie de me joindre à eux. Outre qu’ils avaient un train de retard, les hippies adoraient se rassembler pour former de grandes rondes et gueuler leur mécontentement. Ah oui, parlons des drogues ! Qu’avaient-elles de si sensationnel ? J’en prenais lorsqu’on m’en offrait – amphétamines, barbituriques, antidépresseurs, LSD. Tout m’allait. Je les avalais sans faire mon délicat, mais je ne planais pas très longtemps. […]
Il découle de tout cela que je n’avais rien à voir avec ces hippies qui chantaient LOVE LOVE LOVE. De plus, ça sonnait comme un ordre, et mon poil se hérissait dès qu’on essayait de m’en donner. Aussi me tenais-je à bonne distance des hippies.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Un carnet taché de vin", pages 173-74

[ moquerie ] [ mouvement ] [ beat generation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

déclarations d'amour

Je sais ce qu'à mon coeur coûtera votre vue ;
Mais qui cherche à mourir doit chercher ce qui tue.
Madame, l'heure approche, et demain votre foi
Vous fait de m'oublier une éternelle loi :
Je n'ai plus que ce jour, que ce moment de vie.
Pardonnez à l'amour qui vous la sacrifie,
Et souffrez qu'un soupir exhale à vos genoux,
Pour ma dernière joie, une âme toute à vous.
Eurydice.
Et la mienne, seigneur, la jugez-vous si forte,
Que vous ne craigniez point que ce moment l'emporte,
Que ce même soupir qui tranchera vos jours
Ne tranche aussi des miens le déplorable cours ?
Vivez, seigneur, vivez, afin que je languisse,
Qu'à vos feux ma langueur rende longtemps justice.
Le trépas à vos yeux me semblerait trop doux,
Et je n'ai pas encore assez souffert pour vous.
Je veux qu'un noir chagrin à pas lents me consume,
Qu'il me fasse à longs traits goûter son amertume ;
Je veux, sans que la mort ose me secourir,
Toujours aimer, toujours souffrir, toujours mourir.
Mais pardonneriez-vous l'aveu d'une faiblesse
À cette douloureuse et fatale tendresse ?
Vous pourriez-vous, seigneur, résoudre à soulager
Un malheur si pressant par un bonheur léger ?

Auteur: Corneille Pierre

Info: Suréna 1,3

 

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thérapie

En cette même nuit, la femme allait avec son koto aider un homme à renaître. Battu par les pluies de tous les printemps et de tous les automnes depuis quatorze ans, le coeur dénaturé du jeune mendiant était avec le temps devenu plus dur qu'un roc. Plus aucune flèche ne pouvait le transpercer. Il semblait destiné à connaître la triste fin de son père, c'est à dire mourir en pleine nature, son cadavre exposé à tous les vents. Ou bien peut-être finirait-il sa vie enchaîné en prison, après avoir été suivi sur tous les chemins par sa misérable réputation. Pourtant aujourd'hui, soudainement, les accords nocturnes du koto faisaient ressurgir en l'apaisant la tendresse qu'il avait si longtemps enfouie au fond de son coer. Pour la première fois depuis des années, il se mit à pleurer. A moins que ces larmes n'eussent été des gouttes de rosée? Non, il ne les aurait échangées pour rien au monde, pas même contre plusieurs châteaux. Il n'avait connu ni l'amour ni la compassion, et ignorait même à quoi la personne qui jouait de l'instrument pouvait ressembler, mais en entendant la musique s'échapper par-dessus le mur du jardin, il se sentit heureux.

Auteur: Higuchi Ichiyô Kitsuko

Info: La Treizième Nuit : Et autres récits

[ mélodie ]

 

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réconfort

Les colis n'étaient pas seulement précieux par leur valeur matérielle. Ils ne contenaient pas seulement des objets et des aliments. C'était souvent, provenant de plusieurs milliers de kilomètres, le salut de la maison natale, une preuve d'amour, un témoignage de fidélité. Chaque objet, soigneusement empaqueté, rayonnait de chaleur et de tendresse. Nous nous sentions de nouveau des hommes et nous découvrions en nous de nouvelles forces pour la résistance. Dans un colis, je trouvais une vieille boite de "thé anglais", en fer-blanc, qui, pendant vingt ans, était resté sur un rayon dans la cuisine de ma mère. La vue de cette boite rouge laquée, avec des geishas et des petits bateaux, me réjouit comme si j'avais retrouvé mon meilleur ami. Et la timbale en émail bleu ! Et mes chaussettes avec mes initiales ! Dans quelle atmosphère de serre, d'amour et de chaleur nous avions vécu jusqu'au jour où le hasard nous jeta sous le pouvoir d'hommes pour qui votre vie n'avait aucune valeur ! Était-ce vraiment le hasard, ou la vie dans les camps, au contraire, n'était-elle pas la véritable école des moeurs humaines tandis que le climat dans lequel nous avions vécu jusqu'alors n'était qu'une exception ?

Auteur: Margolin Julius

Info: Voyage au pays des Ze-Ka

[ prison ]

 

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femmes-hommes

Georges était venu ; et, comme si la barre d’appui lui eût paru trop courte, il prit Nana par la taille, il appuya la tête à son épaule. Le temps avait brusquement changé, un ciel pur se creusait, tandis qu’une lune ronde éclairait la campagne d’une nappe d’or. C’était une paix souveraine, un élargissement du vallon s’ouvrant sur l’immensité de la plaine, où les arbres faisaient des îlots d’ombre, dans le lac immobile des clartés. Et Nana s’attendrissait, se sentait redevenir petite. Pour sûr, elle avait rêvé des nuits pareilles, à une époque de sa vie qu’elle ne se rappelait plus. Tout ce qui lui arrivait depuis sa descente de wagon, cette campagne si grande, ces herbes qui sentaient fort, cette maison, ces légumes, tout ça la bouleversait, au point qu’elle croyait avoir quitté Paris depuis vingt ans. Son existence d’hier était loin. Elle éprouvait des choses qu’elle ne savait pas. Georges, cependant, lui mettait sur le cou de petits baisers câlins, ce qui augmentait son trouble. D’une main hésitante, elle le repoussait comme un enfant dont la tendresse fatigue, et elle répétait qu’il fallait partir. Lui, ne disait pas non ; tout à l’heure, il partirait tout à l’heure.

Auteur: Zola Emile

Info: Les Rougon-Macquart, tome 9 : Nana

[ femme-par-homme ] [ envoûtée ] [ dépaysée ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

femmes-par-homme

Vous qui prenez ce bois pour allumer la lampe

Et la mettre au milieu de la table servie,

Et qui prenez ce lin pour essuyer la rampe,

Et qui rangez les fleurs et qui rangez la vie,



Ô femme qui rangez les travaux et les jours,

Et les alternements et les vicissitudes,

Et les gouvernements et les sollicitudes,

Et la vieille charrue et les nouveaux labours.



Ô femme qui rangez les palais et les tours,

Et les retournements et les iniquités,

Et la jeune détresse et les antiquités.

Et la vieille tendresse et les nouveaux amours,



Femmes, je vous le dis, vous rangeriez Dieu même,

S’il descendait un jour dedans votre maison.

Vous rangeriez l’outrage, et l’oubli du blasphème,

Si Dieu vous visitait dedans cette prison.



Femmes, je vous le dis, vous rangeriez Dieu même,

S’il venait à passer devant votre maison.

Vous rangeriez l’offense, et le pouvoir suprême,

S’il venait à passer devant votre raison.

Auteur: Péguy Charles

Info:

[ poème ] [ ironie ] [ pragmatisme ] [ ordonnatrices ] [ maniaques ] [ casse-bonbons ]

 
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couple

KROUM : On se marie.

TROUDA : Quand ?

KROUM : Maintenant, tout de suite. C'est-à-dire, juste après Tougati.

TROUDA : Monte.

KROUM : Le lit a été réchauffé par Takhti.

TROUDA : Rien ne peut être réchauffé par Takhti. Allez, viens.

KROUM : Tu avoues qu'il était dans ton lit ! Salope !

TROUDA : Tu avais disparu pendant deux semaines, qu'est-ce que tu espérais ?

KROUM : Bon, j'en ai marre, je t'épouse, mais je vais être franc, pour que tout soit bien clair entre nous : ce dont j'ai besoin en priorité, c'est de calme. Tu me connais, tu sais à quoi t'attendre, et idem pour moi. Je ne veux pas de tendresse superflue entre nous et pas ailleurs qu'au lit. Je t'interdis de m'affubler de petits noms affectueux et de te pendre à mon cou dans la rue. Pour être totalement sincère, tes marques d'amour me donnent la chair de poule. Elles sont aussi désagréables que le crissement d'un ongle sur du Formica. Si tu te contentes de me supporter, ça ira. Voilà.

TROUDA : Quant à toi, si tu voulais que je reçoive ta demande en mariage comme un crachat à la gueule - c'est gagné.

Auteur: Hanokh Levin

Info: Théâtre choisi, tome I : Comédies

[ rencontre ] [ incompréhension ]

 

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