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couple

Joan Clarke, brillante mathématicienne et cryptologue, fut demandée en mariage par Allan Türing... Elle accepta et ce fut probablement là où Turing réalisa complètement son tropisme homosexuel. Il le lui avoua, ils se séparèrent mais restèrent très bons amis. D'aucuns pensent que s'ils s'étaient mariés, leur collaboration professionnelle se serait terminée (par exemple parce que les dirigeants auraient viré Joan de Bletchley - où étaient rassemblés tous les logiciens chargés de décrypter Enigma) et que par conséquent les occidentaux auraient peut-être perdu la guerre. Joli hommage à une dame de la part de ses confrères.
De cette histoire le cinéma à romancé le film "Imitation games", à voir avec toute la distance nécessaire.

Auteur: Mg

Info: 18 août 2017

[ efficacité ] [ éloge ] [ femmes-par-hommes ]

 

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venue au monde

Ma naissance terminée, mère commença à mourir sur la paillasse, car je lui avais donné ample fil à retordre avant d'aboutir ici-bas. Père, cependant, avait attendu à l'extérieur de la cabane que mère mette bas, profitant des bonnes heures du jour pour éviscérer un chevrillard achevé par haut matin. Tandis que, né, je hurlai, père entra, me saisit entre ses bras muscleux et me mena bien vite devant l'âtre crépitant. Mère, de son côté, nous quittait si silencieusement que père ne s'avisa de rien. Ce n'est que lorsqu'il me ramena sur paillasse enaccoutré de ma défroque nouvelle et qu'il se tourna finalement vers sa compagne qu'il nota : mère, qu'il adorait telle une pierrette rarissime, avait rendu l'âme.

Auteur: Beauchemin Jean-Michel

Info: Le jour des corneilles

[ matricide ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

capitalisme

Ainsi l'idéologie libérale a annexé la logique méritocratique. Le travail reste bien la valeur fondamentale, et la fortune finit par être perçue comme résultant de l'effort. Ces sondages montrent, au moins, que, dans les médias, règne une hégémonie de la pensée dite unique : une conception de la société qui a trouvé sa fin dans le triomphe du marché. Ce qui au fond est marxiste : si les classes sociales ont disparu, si la bourgeoisie et le prolétariat ne sont plus antinomiques, l'histoire est bien terminée, au moins celle qui aurait eu la lutte des classes pour ressort. Il reste que la bourgeoisie existe bien encore comme classe, étant la seule aujourd'hui à exister objectivement et subjectivement, les inégalités demeurant au sein des pays développés, et s'étant même accrues entre pays riches et pays pauvres.

Auteur: Pinçon-Charlot Monique

Info: Sociologie de la bourgeoisie. Ecrit avec Michel Pinçon

[ injustice ] [ nord-sud ]

 

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contemplation

Cet endroit ensoleillé, tel un trou percé par la lumière entre les bois sombres et humides de cèdres et de bambous, ouvert vers le ciel, était différent du souvenir qu’elle en avait gardé, mais il lui plut immédiatement, sans qu’elle sache vraiment pourquoi. 

Il était parsemé de vieilles souches d’arbres et des violettes poussaient entre les fondrières. La floraison était déjà terminée, les capsules de graines semblaient sur le point d’éclater. Imaginer toutes ces violettes en fleurs la rendit heureuse. Mais lui fit aussitôt regretter d’avoir manqué un tel spectacle. 

Elle s’assit sur l’une des souches et sentit son esprit s’apaiser, tandis qu’une sensation de calme se diffusait en elle. Cernée par les jeunes camphriers, les châtaigniers et les bouleaux, elle avait l’impression qu’une petite chose très précieuse – une petite chose douce, chaude et adorable – se cachait quelque part dans les environs. Comme un petit, un tout petit nid douillet, festonné de plumes duveteuses d’un petit, d’un tout petit oiseau.

Auteur: Nashiki Kaho

Info: L'été de la sorcière

[ nature ] [ symbiose ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

sociologie politique

À compter des années 80 on nous a expliqué que les Trente Glorieuses étaient notre dernier grand récit collectif. Cette aventure-là étant terminée, elle entraînait dans la mort, avec elle, tous les récits collectifs qui lui étaient liés — au nombre desquels le syndicalisme, censé veiller à la redistribution des fruits de cette croissance. Mais l'activité syndicale n'étant pas apparue avec la croissance, elle en était indépendante et la mort de l'une n'aurait pas dû abîmer l'autre, ou la ringardiser — en bonne logique. On en a pourtant profité pour décréter la mort du syndicalisme et de ses visées sociales. Un exemple de cette atrophie des discours collectifs: l'expression "plein-emploi" n'est plus du tout utilisée, elle sonne comme un vieux piano désaccordé. Plus aucun élu ou candidat ne l'utilise. Ils ont tous renoncé à ce projet de société. Les forces de l'ordre ont besoin du chômage de masse, qui crée l'inquiétude, l'insécurité mentale, la précarité matérielle et spirituelle ou psychologique. Quand tu trembles comme une feuille, tu n'es plus en état de combattre (la direction). La guerre de tous contre tous a été entérinée.

Auteur: Bertina Arno

Info: Ceux qui trop supportent, Pp 79-80, Verticales

[ vingtième siècle ] [ France ]

 

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compliance

J'appris rapidement que dans une grande compagnie on passe autant de temps à tenter de paraître occupé qu'à travailler vraiment. Les tâches qu'on m'assignait pour la semaine le lundi auraient pu être terminées le mercredi, mais bien qu'au cinéma et à la télévision le personnel expédie son travail en un temps record et en redemande, impressionnant ainsi ses supérieurs et grimpant l'échelle hiérarchique, on me fit rapidement comprendre que dans la vie réelle non seulement ce genre d'initiative n'était pas encouragé mais qu'on le désapprouvait. Les gens situés à mon échelon hiérarchique devaient songer à protéger leurs fesses. Au cours des années, ils avaient établi ce qui était pour eux un taux confortable de travail/non travail, et si je me mettais soudain à bosser dur, ça bouleverserait la courbe de productivité dans les statistiques de l'entreprise. Cela donnerait d'eux une mauvaise image. Cela donnerait une mauvaise image de mon supérieur. on attendait de moi que j'égale, ou que je dépasse très légèrement, la production de mon prédécesseur, point. J'étais censé me glisser dans une niche préexistante et me conformer à ses dimensions. Le Principe de Peter en action.

Auteur: Bentley Little

Info: L'ignoré

[ conformité en entreprise ] [ fonctionnariat corporate ]

 

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cité imaginaire

Si je n'avais pas vu le nom de la ville en grosses lettres lorsque j'ai atterri à Trude, j'aurais pensé être arrivé au même aéroport que celui d'où j'étais parti. Les banlieues que l'on m'a fait traverser n'étaient pas différentes des autres, avec les mêmes maisons jaunes et vertes. En suivant les mêmes flèches on faisait le tour de parterres de fleurs similaires dans des quartiers identique. Les rues du centre présentaient des enseignes d'emballage de marchandises qui ne changeaient en rien. C'était la première fois que je venais à Trude, mais je connaissais déjà l'hôtel où je descendais au hasard ; j'avais déjà entendu et exprimé mes conversations avec les acheteurs et les vendeurs de ferraille ; d'autres journées comme celle-ci s'étaient terminées en regardant à travers les mêmes lunettes des nombrils similaires qui se balançaient. Pourquoi venir à Trude ? Me suis-je demandé. Et je voulais déjà partir. - Vous pouvez prendre un vol quand vous voulez, - m'ont-ils dit, - mais vous arriverez à une autre Trude, la même point par point, le monde est couvert par un unique Trude qui ne commence ni ne finit, seul le nom à l'aéroport change.

Auteur: Calvino Italo

Info: Villes invisibles

[ normalisée ]

 

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maquerelle

Quand elles arrivent au bordel de Monika, c'est comme si c’était un club plutôt qu'une galère.

L'argent empoché sur leur animalité les comble. Évidemment c'est facile de le gâcher en picole ou en fringues, bref, de le jeter par les fenêtres, mais il y a aussi moyen d'en mettre un peu de côté. Et quand leur carrière provisoire au bordel sera terminée, elles pourront entamer une relation sérieuse sans être raides comme des passe-lacets.

En cas de pépin, Monika les laisse tranquillement passer la nuit à l'oeil. Sans avoir à fournir de services. Ici il y a toujours un petit coin pour les filles à plein temps. Avec une douche. En plus, la renommée de Monika, et aussi ses potes, décourage les connards, les débiles et les brutes les plus endurcies. Ça facilite grandement la vie. Les petites putes partagent les opinions de Monika. En cas de besoin, elle peut aussi les conseiller, entre deux portes, pépère, elle sait essuyer les mirettes éplorées.

Parce que tout de même, baiser pour du fric et de surcroît avec des personnes différentes à chaque fois, ce n'est pas tout à fait normal.

Auteur: Topol Jáchym

Info: Une personne sensible

[ prostituées ]

 

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pesante incarnation

Je sais que je veux et n'ai pas ce que je veux. Un poids pend à un crochet ; étant suspendu, il souffre parce qu'il ne peut tomber : il ne peut se dégager du crochet car tant qu'il est poids il reste suspendu, et tant qu'il est suspendu il est dépendant.      

[...] 

La vie est envie de vie. Si elle n'est plus désirée, et donc terminée, parfaite, si elle possédait son propre soi, son existence prendrai fin. À ce stade, en tant que son propre obstacle à la possession de vie, le poids ne dépendrait plus de ce qui est extérieur mais de son propre moi, au sens où il n'aurait plus les moyens de tenter d'être satisfait, de se libérer. Le poids ne peut jamais être contourné. 

De même, aucune existence n'est jamais satisfaite de vivre dans un présent quelconque, car dans la mesure où elle est vie, elle continue, et se projette dans l'avenir puisque la vie lui manque d'une certaine manière. Si elle se possédait complètement ici et maintenant et ne manquait de rien - si elle n'attendait rien de l'avenir - elle ne pourrait continuer : elle cesserait d'être la vie. 

Tant de choses nous attirent dans l'avenir, mais nous voulons les posséder dans le présent. En vain.

Auteur: Michelstaedter Carlo

Info: Persuasion and Rhetoric. Trad Mg

[ frustration ]

 

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cité imaginaire

Qui arrive à Tecla ne voit pas grand-chose de la ville, au-delà des clôtures en planches, des écrans en toile de sac, des échafaudages, des armatures métalliques, des passerelles en bois suspendues à des cordes ou soutenues par des scies, des échelles, des tréteaux. Si l'on demande : "Pourquoi la construction de Tecla prend-elle tant de temps ?", les habitants continuent de soulever des sacs, de  jouer du fil à plomb, de déplacer de longues brosses de bas en haut, et répondent : "Pour que sa destruction ne puisse commencer."

Et si on leur demande s'ils craignent qu'une fois les échafaudages enlevés, la ville ne commence à s'écrouler et à tomber en morceaux, ils ajoutent hâtivement, dans un murmure : " Pas que la ville."  Si, peu satisfait des réponses, vous jettez un oeil œil par la fissure d'une clôture, vous verrez des grues qui soulèvent d'autres grues, des échafaudages qui enserrent d'autres échafaudages, des poutres qui soutiennent d'autres poutres. "Quelle est la signification de votre construction ?" demande-t-on alors. "Quel est le but d'une ville en construction, à moins qu'elle ne soit une ville ? Où est le plan que vous suivez, le schéma directeur ?" "Nous vous le montrerons dès que la journée de travail sera terminée ; nous ne pouvons pas interrompre notre travail maintenant", répondent-ils. Le travail s'arrête au coucher du soleil. L'obscurité tombe sur le chantier. Le ciel est empli d'étoiles.

"Voilà le plan", disent-ils.


Auteur: Calvino Italo

Info: Les Villes invisibles

[ continue édification ] [ fuite en avant ]

 

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