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citation s'appliquant à ce logiciel

Exploré Internet ce matin sur ce qui se dit au sujet des "bulles informationelles" (ou effet de résonnance web). Pour constater deux choses.
Primo les experts interrogés sont profs dans les hautes écoles, jeunes adultes hyper formatés, qui donnent la triste impression de peu réfléchir, au sens où leur job est principalement de transmettre les codes en cours à leurs ouailles - et les évaluer ensuite dessus. Pour ce qui est d'une réflexion distanciée il faudra repasser, ils n'ont pas le temps, ils ont la tête dans le guidon, et donnent le sentiment d’ânonner le monde dans lequel ils vivent. De plus on a l'impression que ce développement web va plus vite, large et loin, que n'importe quel esprit.
Deuxio le phénomène de résonance Internet (surfez en mode incognito pour vous faire une idée) parait relativement stupide. Vous aimez les biscuits ? super, on va vous en donner... En gros on vous enferme dans vos préférences. Il me semble que - sauf pour quelques bizarres - ceci ne peut que rapidement conduire au dégoût. Qui n'aime pas le dépaysement ?
Maintenant il faut bien reconnaître que cet effet de bulle a tendance à conforter les avis, dans la mesure où les algorithmes vous centrent au sein d'un monde "confortant" où la contradiction tend à disparaître. (Il y a, au passage cette chaîne "pensées antagonistes" - que FLP a ouvert. On espère pouvoir développer ce concept bien plus avant.)
Enfin on nous parle de "bulles qui s'éloignent les unes des autres".
La seule image que ça m'évoque et celle d'individus qui, comme vous et moi, en vieillissant, s'éloignent les uns des autres. Ils affinent, avant de la terminer pour les plus vieux, leur singularité. Mais il y a sans aucun doute une réflexion à poursuivre là-dessus.
Ainsi de l'importance du mode incognito, ou d'une application comme FLP, ah ah ah... Parce que FLP vous fera lire des choses imprévues, souvent très imprévues, et parviendra peut-être à vous aider à remettre en question quelques unes de vos projections.

Auteur: Mg

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[ individuation ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

tueur

[...] ... Un jour, dans un magasin, j'assiste à un tour de magie, celui de la fausse guillotine. Vous mettez une pomme de terre sous la lame, tandis que quelqu'un passe son cou dans une ouverture prévue à cet effet. La lame tombe et seule la pomme de terre est coupée en deux. Le magicien demande un volontaire et une belle jeune fille blonde se présente, poussée par son petit ami. Tout le monde rigole. Moi, à ce moment, je flippe complètement et je perds contact avec la réalité. Cela n'aurait pas dû m'arriver. Comment imaginer que l'on puisse couper la tête de quelqu'un dans un magasin ? J'étais fasciné, ce concept de décapitation était tellement excitant à mes yeux qu'il m'a hanté pendant des semaines. Bien avant mon premier crime, je savais déjà que j'allais tuer, que cela se terminerait ainsi. Les fantasmes sont trop forts, trop violents. Je sais que je ne serai pas capable de les contrecarrer. Ils reviennent sans cesse à la charge et ils sont trop élaborés ... On parle quelquefois de la face obscure de telle ou telle personne. Tout le monde pense à des choses qu'il garde enfouies au plus profond, parce qu'elles sont par trop cruelles et horribles pour être exprimées : "J'aimerais lui faire sauter la tête, ou tuer ce type." Nous le faisons tous, un jour ou l'autre. Moi, j'y pensais tout le temps. J'avais constamment des pensées négatives. A un moment donné de votre croissance, vous parvenez à surmonter cette phase morbide. Moi, non. Un adulte peut guider un enfant en lui montrant une autre voie. Ma mère était là, au contraire, pour m'humilier et me battre. Elle me montrait à quel point les mâles étaient insignifiants. En quelque sorte, elle a précédé de quelques années les mouvements féministes ! Je sais que ce n'est pas juste de parler ainsi d'une morte qui n'est pas là pour se défendre. Son propre père avait été quelqu'un d'insignifiant et elle avait dû prendre les choses en main dès son plus jeune âge. Maman s'occupait de tout. Elle ne savait pas comment agir autrement. ... [...]

Auteur: Bourgoin Stéphane

Info: Serial Killers: Enquête mondiale sur les tueurs en série

[ psychose ] [ pervers ]

 

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chronos

Je crois que le temps est immobile et que je me meus en lui parfois lentement, parfois à une vitesse foudroyante.

Depuis que Lynx est mort, je ressens cela très nettement. Je suis assise à ma table et le temps s'arrête. Je ne puis le voir ni le sentir ni l'entendre, pourtant il m'entoure de tous côtés. Son immobilité et son silence sont effrayants. Je me dresse d'un bond, je sors de la maison en courant et cherche à lui échapper. Je m'occupe, les choses prennent le devant et j'oublie le temps. Et puis brusquement, il est à nouveau autour de moi. Je suis devant la maison en train de regarder les corneilles, et le voilà encore, immatériel et immobile, nous maintenant fermement ensemble, prés,  corneilles et moi. Je serai obligée de m'habituer à lui, à son indifférence, à son omniprésence. Il s'étend à l'infini comme une toile d'araignée géante. Des milliards de petits cocons sont pris dans ses fils, un lézard couché au soleil, une maison en flammes, un soldat mourant, tout ce qui est mort et tout ce qui vit. Le temps est grand et il y a toujours place en lui pour de nouveaux cocons. Un filet gris et sans pitié dans lequel chaque seconde de ma vie est accrochée. Peut-être me paraît-il si terrible parce qu'il conserve tout et ne laisse rien vraiment finir. 

Mais si le temps n'existe que dans ma tête, et que je suis le dernier être humain, il se terminera avec ma mort. Cette pensée me réjouit. Je pourrais être en mesure de tuer le temps. Le grand maillage se déchirera et tombera dans l'oubli, avec son triste contenu. Je devrais en être remerciée, mais personne après ma mort ne saura que j'ai tué le temps. En réalité, ces pensées n'ont aucun sens. Les choses arrivent et, comme des millions de personnes avant moi, je leur cherche un sens, car ma vanité ne me permet pas d'admettre que toute la signification d'un événement repose dans l'événement lui-même. Pas un scarabée que je piétine négligemment ne verra dans cet événement, triste pour lui, un lien mystérieux de portée universelle, Il s'est retrouvé sous mon pied au mauvais moment ; le confort dans la lumière, une brève douleur stridente et le néant. Nous sommes les seuls à être condamnés à courir après un sens qui ne peut exister.

Auteur: Haushofer Marlen

Info: The Wall

[ illusion ] [ rationalisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

créer et développer une chaîne de citations

Comment seront disposées les citations ?

- La manière la plus simple, c'est ainsi que se développèrent les signes et l'écriture : c'est l'empilage, les listes, les énumérations, etc... Ici , pour qui sait utiliser FLP correctement, si une recherche précise et spécifique permet déjà en bonne partie la création d'une sorte de répertoire, une chaîne permettra de contrôler précisément le catalogue que l'on veut établir.

- Question qui vient ensuite : il y aura-t-il une continuité ? Si oui laquelle ? Ici s'impose naturellement la chronologie.

- Il a aussi la continuité de la logique, mais cette dernière, dès que se pointent la réalité et ses contingences, a beaucoup de peine à conserver un cap, au contraire des raisonnements algébro-géométriques qui peuvent n'être qu'abstraction pure. On se réjouit dès lors de voir quelqu'un s'y lancer. Un nouvel Aristote, le Kant du vingt et unième siècle ?

- La forme débat contradictoire à la française est toujours amusante, parfois frustrante parce que trop souvent proche du désordre, souvent par manque de discipline et surtout, d'un objectif clair et précis. Les créateurs de FLP se réjouissent de voir quelqu'un s'y essayer.

- L'examen des facettes d'un domaine(perspectivisme), d'une problématique ou autre est toujours intéressant même s'il s'agira bien souvent d'une spécialisation qui peut devenir ardue.

- L'inverse de la proposition précédente sera d'aborder un sujet selon différents points de vue. Qui s'y colle ? Etc. (Vos propositions, critiques et remarques sont les bienvenues.)

- Reste évidemment le mélange de toutes ces formes, avec, on imagine, de nécessaires éclaircissements au fur et à mesure (dans les infos, les commentaires, ou en créant une citation ad hoc) du créateur... Ou d'un participant dans une chaîne collective.

Pour terminer imaginons quelques desseins ou - motivations - à l'origine d'une chaîne :

- affinement d'un concept que FLP ne peut cerner suffisamment (exemple)

- quête personnelle (la vie après la mort)

- matériel didactique (exemples de décor sonores pour atelier d'écriture)

- enchaînement de quelques textes plus longs afin de les faire lire (voir sous "mode lecture" dans le mode d'emploi)

- objectif pédagogique (rassemblement d'un matériel x ou y pour apprenant du français)

- noyau-canevas pour l'écriture d'un livre

- etc. Ici aussi propositions, critiques et remarques sont les bienvenues

Auteur: Mg

Info: 10 août 2018

[ citation s'appliquant à ce logiciel ]

 

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immanence

Rien n'est aléatoire, et ne le sera jamais, qu'il s'agisse d'une longue suite de jours d'un azur parfait qui commencent et se terminent dans une pénombre dorée, des actes politiques les plus chaotiques en apparence, de l'essor d'une grande ville, de la structure cristalline d'un joyau qui n'a jamais vu la lumière, des répartitions de la fortune, de l'heure à laquelle le laitier se lève, de la position de l'électron ou de l'apparition d'un hiver glacial surprenant qui se répète. Même les électrons, censés être les parangons de l'imprévisibilité, sont des petites créatures apprivoisées et obséquieuses qui se déplacent à la vitesse de la lumière, allant précisément là où elles sont censées aller. Ils émettent de faibles sifflements qui, lorsqu'ils sont appréhendés dans des combinaisons variées, sont aussi agréables que le vent qui traverse une forêt, et ils font exactement ce qu'on leur dit. De cela, on est certain.

Et pourtant, il existe une merveilleuse anarchie, en ce sens que le laitier choisit le moment où il se lève, le rat choisit le trou dans lequel il va plonger lorsque le métro dévalera la voie depuis Borough Hall, et le flocon de neige tombera comme il veut. Comment est-ce possible ? Si rien n'est aléatoire et que tout est prédéterminé, comment le libre arbitre peut-il exister ? La réponse à cette question est simple. Rien n'est prédéterminé, tout est déterminé, ou était déterminé, ou sera déterminé. Peu importe, tout s'est passé en même temps, en moins d'un instant, et le temps fut inventé parce que nous ne pouvons pas comprendre d'un seul coup d'œil l'énorme toile détaillée qui nous a été donnée - alors nous la suivons, de façon linéaire, morceau par morceau. Cependant, le temps peut être facilement maitrisé, non pas en chassant la lumière, mais en prenant suffisamment de recul pour le voir dans son intégralité. L'univers est immobile et complet. Tout ce qui a été est, tout ce qui sera est, et ainsi de suite, dans toutes les combinaisons possibles. Alors qu'en le percevant nous nous imaginons qu'il est en mouvement et non terminé, il est tout à fait achevé et d'une étonnante beauté. En fin de compte, ou plutôt, comme les choses sont réellement, tout événement, aussi petit soit-il, est intimement et sensiblement lié à tous les autres. Toutes les rivières coulent à pleins flots vers la mer ; ceux qui sont séparés sont réunis ; les perdus sont rachetés ; les morts reviennent à la vie ; les jours au parfait azur qui  débutèrent pour se terminer pareillement dans une pénombre dorée continuent, immobiles et accessibles ; et, lorsque tout est perçu de manière à faire fi du temps, la justice devient apparente non pas comme quelque chose qui sera, mais comme quelque chose qui est.

Auteur: Helprin Mark

Info: Winter's Tale. Trad Mg

[ présent perpétuel ] [ maintenant éternel ]

 

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métaphysique

En 2018, P., une amie venue de Bretagne (où elle a un club de yoga), a eu la gentillesse de me proposer un cours privé. Je me suis allongé chez moi, dans le salon sur un tapis de yoga. Au bout de quelques secondes je me suis trouvé incapable de suivre ses indications, car j'étais en pleine rétrocognition. La scène se passait en Inde, elle était très intense: j'étais un jeune homme Hindou, et comme d'autres bénévoles, je participais à l'entretien de notre temple. Son nom pourrait être traduit de la façon suivante: temple de la lumière d'or. Tout dans le temple restituait cette couleur, et pour y pénétrer nous nous habillions de cette couleur. Je venais de terminer mon travail lorsque ma sœur de cette vie-là est arrivée pour me raccompagner à la maison. Elle s'était habillée d'or même pour ce court moment passé dans le bâtiment dédié à notre culte. Outre le fait que la rétrocognition était sensoriellement très nette par le visuel, les odeurs, les bruits, ce qui m'a complètement sidéré ce sont mes sentiments pour ma sœur: un amour fraternel que j'ai peine à imaginer dans la vie présente. Un GRAND AMOUR, très pur, très familial, et la voir ainsi arriver dans le temple et venir à ma rencontre m'a rempli d'allégresse, en plus de la joie d'avoir accompli ma tâche dans l'enceinte sacrée. Dans ma vie d'aujourd'hui, je ne savais pas qu'un tel amour puisse exister, la remémoration a chargé mon corps physique actuel de cette information. Mon amie P. a vu qu'il se passait quelque chose, et comme elle est une une des personnes les plus ''yin'' que j'ai rencontrées, elle a laissé faire. Au bout de quelques instants j'ai pu faire un effort pour lui expliquer, des larmes dans les yeux, encore bouleversé par l'amour entre moi et ma sœur de cette vie là, car à l'évidence, elle m'aimait comme je l'aimais. C'est la signature des rétrocognitions: elles sont puissantes, inattendues par le mental ordinaire, et viennent modifier la personnalité actuelle. Elles expliquent, touche par touche, comment ce que nous manifestons aujourd'hui n'est pas dû au hasard, ni entièrement à la génétique physique. Comme les voyages hors du corps, les rétrocognitions ont un puissant effet de MÉTAMORPHOSE du corps bio-énergétique actuel. Se souvenir de ce qu'on a été, de ce qu'on a vécu, et comprendre les intrications temporelles, voilà le sens des religions cosmiques que j'ai connues sur SS3 et SB2 au cours des dernières centaines de milliers d'années. Ici et maintenant, le processus continue. Après coup j'ai fait des recherches sur internet, vous vous en doutez, pour voir s'il existait encore un ''temple de la lumière d'or'' en Inde. Tiens, je fais faire un post de ce commentaire, peut-être cela intéressera t'il certains pour initier des échanges sur la remémoration et la métamorphose.

Auteur: Auburn Marc

Info:

[ incarnations ] [ rétrovision ] [ paranormal ]

 

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évolution fantasmée

Mes ancêtres étaient des charognards poilus au front bas qui perforaient les crânes et les os des charognes jonchant les rivages pour sucer leur cervelle en voie de décomposition. Ils l’ont fait pendant des millions d’années en utilisant les mêmes bifaces de silice, sans comprendre pourquoi et dans quel but ils vivaient ainsi : c’était simplement leur instinct, comme celui qui pousse les oiseaux à nidifier et les castors à construire des digues. Ils ne dédaignaient pas de s’entre-dévorer.

Puis le Démon de l’esprit qui descendit sur terre entra en eux et leur apprit la magie des mots. Le troupeau de singes devint l’humanité et entreprit sa vertigineuse ascension sur l’échelle du langage. Et voici que je me tiens sur la crête de l’histoire d’où je vois que son point culminant est dépassé.

Je suis né au moment où la dernière bataille pour l’âme de l’humanité était déjà perdue. Mais j’ai entendu son écho et vu ses éclairs d’adieu. J’ai parcouru des manuels soviétiques poussiéreux qui annonçaient que l’URSS avait libéré l’homme et lui avait permis d’aller dans l’espace. Bien sûr, même dans mon enfance, je comprenais que c’était un mensonge, mais la vérité s’y trouvait aussi. Il était aussi difficile de séparer le mensonge de la vérité que de séparer des métastases cancéreuses des cellules saines.

Si je ne me trompe pas, j’ai commencé à y réfléchir lorsque je n’avais que dix ans. Pour les vacances scolaires, on m’envoyait chez grand-mère qui vivait dans un village près d’Orel. Elle habitait une vieille isba qui ne différait des habitations du XVe siècle que par la présence d’une ampoule de 100 watts brillant sous le plafond, et que la vieille appelait ironiquement "l’ampoule d’Ilitch". Il est probable qu’elle pensait à Brejnev, et non à Lénine, mais je ne voyais pas de grande différence entre ces deux défunts illustres. En revanche, je comprenais parfaitement ce que représentait "l’ampoule d’Ilitch".

(…)

Ceux qui ont longtemps feuilleté de vieux magazines savent que chaque époque a son propre avenir, une sorte de futur antérieur de la grammaire française : les gens du passé se projettent dans l’infini, en ligne droite, en traçant une tangente à travers leur temps vers l’éternité.

(…)

Ce futur n’arrive jamais car l’humanité avance vers son lendemain selon une trajectoire complexe et peu compréhensible dont aucun mathématicien en sciences sociales ne peut anticiper les tournants.

(…)

Mes descendants – pas les miens personnellement, mais ceux de mon espèce – seront des traders poilus au front bas qui, à partir de claviers tous identiques, vont creuser des swaps de crédits et de défauts le long des rives de fleuves économiques en voie d’assèchement. Ils le feront sans comprendre le moins du monde pourquoi et dans quel but ils agissent ainsi. Ils suivront simplement les impulsions de leur instinct, comme les araignées dévorent les mouches. Et lorsqu’ils auront mangé toutes les mouches, ils se remettront à s’entre-dévorer. C’est ainsi, à proprement parler, que l’histoire a commencé, et c’est ainsi qu’elle se terminera.

Une nouvelle ère d’obscurité est devant nous. Il n’y aura même pas de Dieu chrétien équivoque, mais uniquement des pieuvres transnationales planquées dans les eaux noires qui brasseront de leurs tentacules médiatiques toute la saleté humaine pour sécuriser leur pouvoir. Elles conduiront l’homme à un tel degré de turpitude qu’il sera techniquement impossible à la pitié divine de s’exercer à son égard, et la terre brûlera alors de nouveau, dans un feu qui sera bien plus éclatant et horrible que tout ce qui a été vu dans le passé.

Auteur: Pelevine Viktor

Info: Dieux et mécanismes

[ stagnation ] [ apocalypse ] [ modernité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

humaine syntonisation

À la suite de Bernard d’Espagnat qui a proposé une interprétation permettant de résoudre les problèmes soulevés par la théorie des états relatifs d’Everett, j’ai développé une position, le solipsisme convivial, qui s’intègre dans le cadre de la théorie de la décohérence. Cette position suppose qu’on refuse de se placer dans le cadre du réalisme empirique pragmatique. Bien que défendant par ailleurs une position différente qu’il serait trop long de détailler ici, je me placerai ici dans le cadre du réalisme métaphysique.

La décohérence est alors le mécanisme qui explique l’apparence classique pour nous d’une réalité qui demeure essentiellement quantique, c’est-à-dire enchevêtrée. Le solipsisme convivial fait entrer l’observateur lui-même dans le grand système. Le raisonnement que nous avons décrit conduit alors à considérer que l’observateur est aussi dans un état enchevêtré avec le système, l’appareil et l’environnement. Du point de vue de la réalité profonde (et non de l’apparence de cette réalité pour nous), seule une fonction d’ondes globale superposée "existe". Dans cette fonction d’ondes, les différents résultats possibles de mesure sont présents et sont corrélés ainsi que tous les états correspondants de l’observateur. La décohérence intervient et permet de régler un certain nombre de problèmes que nous n’avons pas eu la possibilité d'évoquer : quelle est la grandeur mesurée par exemple, ce qui a pour effet de résoudre la difficulté que nous avons signalée à propos de l’interprétation d’Everett. Le solipsisme convivial consiste alors à considérer que la conscience de l’observateur est "accrochée" à l’une des branches de la fonction d’ondes ne lui permettant d’observer que la partie classique correspondante. La conscience joue en quelque sorte le rôle d’un filtre ne permettant de voir qu’une partie de la fonction d’ondes globale.

Une définition précise de ce processus permet de montrer que les prédictions habituelles de la mécanique quantique sont respectées malgré le fait que la fonction d’ondes n’est jamais rigoureusement réduite. Le point surprenant est alors que rien n’oblige deux observateurs différents à être accrochés à la même branche. Pour une mesure donnée, un observateur peut être accroché à la branche donnant le résultat A alors qu’un autre le sera à la branche donnant le résultat B. Comment peut-il en être ainsi alors qu’on sait que deux observateurs de la même expérience sont ”en général” d’accord sur le résultat ? La raison en est que la communication entre observateurs est elle-même un processus de mesure et que le mécanisme d’accrochage garantit la cohérence des observations pour un observateur.

Supposons qu’André a observé le résultat A et Bernard le résultat B. Les deux observations ne sont que l’accrochage de la conscience d’André et de Bernard à leur branche propre de la fonction d’ondes globale qui contient les deux possibilités. Si André demande à Bernard ce qu’il a vu, l’interaction entre André et Bernard qui en résulte contient la totalité des possibilités, donc à la fois une branche où Bernard répond A et une branche où Bernard répond B. La fonction d’ondes d’André sera après l’interaction avec Bernard dans un état enchevêtré contenant les deux réponses mais la conscience d’André s’accrochera à la branche correspondant à la réponse cohérente avec son observation précédente, il entendra donc Bernard répondre A conformément à son attente. C’est la raison pour laquelle cette interprétation porte le nom de solipsisme convivial : chaque observateur vit dans son monde qui peut être totalement différent de celui des autres, mais il n’existe aucun moyen de se rendre compte des désaccords et les observateurs sont en parfait accord. Ceci fournit une nouvelle explication de l’intersubjectivité : il n’y a aucun moyen de constater un désaccord.

Signalons pour terminer une conséquence étrange sur l’indéterminisme de la mécanique quantique. La fonction d’ondes de l’Univers évolue de manière parfaitement déterministe par l'équation de Schrödinger, seul le mécanisme d’accrochage tire au sort la branche à laquelle chaque observateur s’accroche. Ce n’est donc plus Dieu qui joue aux dés, c’est l’homme, mais avec le constat étrange que deux joueurs peuvent voir le même dé tomber sur une face différente. 

Auteur: Zwirn Hervé

Info: Mécanique quantique et connaissance du réel.

[ prospective scientifique ]

 

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holisme

L'histoire est en train de se terminer parce que la culture dominante conduit l'espèce humaine dans une impasse, et alors que la chaostrophie inévitable approche, les gens cherchent métaphores et réponses. Chaque fois qu'une culture éprouve des difficultés, elle se retourne vers le passé à la recherche du dernier moment sain qu'elle ait jamais connu. Et le dernier moment était dans les plaines d'Afrique, il y a 15 000 ans, bercé dans le berceau de la déesse du Grand Champignon à cornes, avant l'histoire, avant les armées alignées, avant l'esclavage et la propriété, avant la guerre., les alphabets phonétiques et le monothéisme, avant, avant, avant et avant. Et c'est là que l'avenir nous emmène parce que la foi secrète du XXe siècle n'est pas le modernisme, la foi secrète du XXe siècle est la nostalgie de l'archaïque, la nostalgie du paléolithique, et cela nous amène vers les piercings corporels, l'expressionnisme abstrait, le surréalisme, le jazz, le rock-n-roll, la théorie des catastrophes. L'esprit du XXe siècle est nostalgique du paradis qui existait autrefois sur les plaines parsemées de champignons d'Afrique où se produisait la symbiose plante-homme qui nous fit sortir du corps animal pour passer dans la créature utilisatrice d'outils, créatrice de culture, exploratrice d'imaginaires que nous sommes. Et en quoi cela importe-t-il ? C'est important parce que cela montre que la voie de sortie est derrière nous et que l'avenir est une fuite en avant dans le passé. Voilà ce que signifie l'expérience psychédélique. C'est une porte de sortie de l'histoire et un retour dans le câblage sous le tableau de bord de l'éternité. Et je vous dis cela parce que si notre communauté comprend ce qui la limite, elle sera mieux à même de se profiler pour s'envoler dans l'hyperespace parce que nous avons besoin d'un nouveau mythe, d'une nouvelle histoire vraie, qui nous dit où nous allons dans l'univers, et cette histoire vraie est que l'ego est une pathologie, ainsi lorsque la psilocybine fait régulièrement partie de l'expérience humaine l'ego est annihilé et la suppression de l'ego signifie la défaite des dominateurs, des matérialistes et des marchands. Les psychédéliques nous ramènent à notre propre valeur intérieure, à l'importance du sentiment de l'expérience immédiate - ce que personne ne peut vous vendre ou vous acheter, donc la culture dominante ne s'intéresse pas à la présence ressentie de l'expérience immédiate, mais à ce qui maintient la communauté ensemble. Et lorsque nous brisons les mythes stupides de la science et les obsessions infantiles du marketing, ce que nous découvrons à travers l'expérience psychédélique, c'est que dans le corps, DANS LE CORPS, il y a des Niagaras de beauté, de beauté inconnues, de dimensions étrangères qui font partie du moi, la part la plus riche de la vie. Je pense qu'aller dans sa tombe sans avoir eu une expérience psychédélique c'est comme mourir sans avoir jamais eu de relations sexuelles. Ça veut dire que tu n'as jamais compris de quoi il s'agissait. Le mystère est dans le corps et la façon dont il s'intègre dans la nature. Ce que la Renaissance Archaïque signifie, c'est le chamanisme, l'extase, la sexualité orgiaque et la défaite des trois ennemis du peuple. Et ces trois ennemis du peuple sont l'hégémonie, la monogamie et la monotonie ! Et si vous les mettez en fuite, vous verrez les dominateurs transpirer les gars, parce que cela signifie qu'il faudra tout reconnecter, et tout reconnecter veut dire mettre de côté l'idée de la séparation et de l’auto-définition via des machins-fétiches. Pour tout connecter, il faut puiser dans l'esprit de Gaïa, et cet esprit gaïen est ce que nous appelons l'expérience psychédélique. C'est une expérimentation du fait vivant, de l'entéléchie de la planète. Sans cette expérience, nous errons dans un désert de fausses idéologies. Avec cette expérience, la boussole du moi peut être réglée, et c'est l'idée ; trouver comment réinitialiser la boussole du moi via la communauté, par la danse extatique, par le psychédélique, la sexualité, l'intelligence, l'INTELLIGENCE. C'est ce dont nous avons besoin avant de nous échapper vers l'hyperespace.

Auteur: McKenna Terence

Info:

[ solution ] [ unicité ] [ fuite en arrière ]

 

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coronavirus

Je viens de terminer mon quart dans le service Covid-19. Je me regarde dans la glace : j’ai le C du masque FFP2 imprimé sur le nez, les marques profondes des élastiques, mes yeux sont fatigués, mes cheveux humides de sueur. Je ne suis plus un médecin et une femme — seulement un médecin, un fantassin de la guerre contre le virus.

Avant de commencer mon quart, j’ai dû mettre l’équipement de protection et c’est là que j’ai senti la montée d’adrénaline : tu es dans la salle avec tes collègues, tu essayes de lancer une blague, mais tes yeux reflètent le souci de te protéger correctement à toutes les étapes de l’habillage : gants, blouse, deuxième paire de gants, lunettes, casaque, masque, visière, chaussures, couvre-chaussures… plus du ruban adhésif et encore du ruban pour garder tout étanche. La personne qui t’aide à t’habiller écrit ton nom et ta fonction sur ta blouse avec un marqueur rouge, car lorsqu’on est déguisé de la sorte, personne ne reconnaît plus personne. Et quand elle dit "Prêt", il est temps d’entrer dans la salle.

Tu te sens comme le soldat sur le point de sauter d’un avion, espérant que son parachute s’ouvrira : tu espères que le masque et la visière te protégeront, que les gants ne vont pas se déchirer, que rien de "sale" n’entrera en contact avec ton corps.

Entrer dans la salle, c’est entrer dans une bulle : tous les sons sont étouffés par l’équipement lourd. Pendant les 10 à 15 premières minutes, tu ne vois rien parce que ta respiration couvre de buée la visière jusqu’à ce qu’elle s’ajuste à la température. Alors tu commences à voir quelque chose entre les gouttelettes de condensation. Tu entres, en espérant que les couvre-chaussures ne se détacheront pas comme d’habitude, et la garde commence.

C’est incroyable comme tout a changé. La recherche et la routine cliniques sont si loin. La réa te manque parce, par rapport à ce que tu vois, c’était du gâteau. Les heures passent, ton nez te fait de plus en plus mal, le masque perce ta peau et tu as hâte de l’enlever et de respirer enfin. Respirer. C’est ce que nous voulons tous de nos jours, médecins et patients, infirmières et soignants. Nous tous. Nous voulons de l’air.

Enfin, la fin du quart arrive, 8 heures rendues interminables par la soif, la faim et le besoin de te soulager, ces choses que tu ne peux plus faire en service : boire, manger ou aller aux toilettes impliquent d’enlever l’équipement de protection. Trop risqué. Et trop cher. L’équipement est précieux, et l’enlever signifie qu’il faut en remplacer une partie, ce qui réduit la quantité disponible pour les collègues. Tu dois être économe, résister, porter une couche que tu espères ne pas utiliser parce que ta dignité et ta psychologie sont suffisamment compromises par ce que tu fais, par le visage de tes patients, par les paroles de leurs proches que tu appelles pour les tenir au courant. Certains te demandent de souhaiter une bonne journée à leur père, d’autres de dire à leur mère qu’ils l’aiment et de lui faire une caresse… et tu fais ce qu’ils demandent, en essayant de cacher tes larmes aux collègues.

La fin du quart arrive avec les renforts, les collègues prennent le relais. On leur passe les instructions, les choses à faire et à ne pas faire. Tu vas rentrer chez toi mais il faut d’abord retirer tes protections, avec prudence dans chacun de tes mouvements. Retirer l’équipement est un rituel à suivre calmement, car tout ce que tu portes est contaminé et ne doit pas toucher ta peau. Tu es fatiguée et tu voudrais juste t’évader, mais il faut un dernier effort, te concentrer sur chaque mouvement. Chaque mouvement doit être lent. Tu retires enfin le masque et quand il se décolle, tu sens la brûlure des érosions sanglantes sur ton nez. La bande était inutile — elle n’a pas empêché ton nez de saigner ou de faire mal. Mais au moins, tu es libre. Tu sors nue de la zone de déshabillage et tu passes aux vestiaires.

Auteur: Castelletti Silvia

Info: traduit de A Shift on the Front Line, New England Journal of Medicine, Avril 2020

[ décorporation ] [ effroi ] [ témoignage ] [ contraintes ] [ milieu hospitalier ]

 
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Ajouté à la BD par Plouin