Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 22
Temps de recherche: 0.0298s

hommes médiévaux

Nous appelons fanatisme, exagération leurs vertus chevaleresques, leurs dévouements sublimes : quel nom mérite notre égoïsme ? Ils bâtissaient des églises et des couvents : nous bâtissons des théâtres et des prisons. Avaient-ils commis quelque crime, ils en demandaient publiquement pardon à Dieu et aux hommes : nous nous en faisons gloire. Menacés ou atteints des fléaux du ciel, ils s’humiliaient : nous blasphémons. De leur temps, lorsqu’on éprouvait quelque grand chagrin, on priait : aujourd’hui on se tue. Nous parlons de leur ignorance : où sont nos lumières ? Est-ce dans ces temps de ténèbres ou dans nos siècles éclairés que se trouvent les notions les plus justes du droit, de l’autorité, de la propriété, du bien et du mal ?

Nous vantons la beauté de nos langues modernes : ils les ont créées. Nous avons découvert la vapeur et l’électricité : ils ont découvert la boussole, l’imprimerie et inventé la poudre. Nous avons produit des montagnes de livres : ils ont produit l’Imitation. Nous chantons nos gloires dans la guerre, dans les sciences et dans les arts : étaient-ils aussi barbares que nous nous plaisons à le dire, les siècles qui produisirent dans la guerre Charlemagne, Du Guesclin, Godefroy de Bouillon ; dans les sciences politiques, Alcuin, saint Grégoire VII, saint Louis et Suger ; dans la théologie, saint Bonaventure et saint Thomas ; dans l’éloquence, saint Bernard, saint Antoine de Padoue, saint Vincent Ferrier ; dans la philosophie, saint Anselme ; dans la poésie et la littérature, Dante et Pétrarque ; dans les sciences physiques, Gerbert et Roger Bacon ? Étaient-ils des sauvages, fils et frères de sauvages ceux qui lancèrent dans les nues les flèches de nos cathédrales, qui en découpèrent si délicatement toutes les parties, qui en peuplèrent les clochetons et les galeries d’un peuple de statues, qui écrivirent l’histoire du temps et de l’éternité en caractères d’or, de pourpre et d’azur aux murailles et aux vitraux de leurs magnifiques édifices ?

Mais, dit-on, ils ne jouissaient pas de la liberté de la pensée. Ce que je sais, c’est que nous en avons le dévergondage. Ils vivaient dans l’oppression ; nous sommes ingouvernables. Ils étaient vêtus de bure ; nous portons du calicot. Ils se nourrissaient de pain noir ; nous mangeons des pommes de terre. Ils vivaient dans leurs familles comme des renards dans leurs tanières ; nous vivons dans l’atelier et nous n’avons plus de famille.

Auteur: Gaume Jean-Joseph

Info: "Le Ver rongeur"

[ moyen âge ] [ comparaison ] [ éloge ] [ dévaluation des contemporains ] [ plaidoyer ] [ monde d'hier ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

traite négrière

Ouidah : aperçu historique
Petit village au sud-ouest du Dahomey, qui représente dans l’histoire des peuples du sud-Danxomè Ouidah, Wida, Whydah, Juda, Adjuda, voire Fida, selon les graphies et les prononciations, le nom de cette ville résulte en fait de la mauvaise prononciation par les Européens du mot Houéda ou Xwéda, nom du groupe ethnique adja qui, au cours d’un long processus migratoire amorcé depuis Tado, s’est installé au xve siècle sur les rives du lac Ahémé. L’ethnie Houéda, sous la conduite de son chef Ahoho, fonda le royaume Houéda de Sahé dont la capitale Savi ou Xavier, à la fin de la première moitié du xvie siècle, était située à 8 km au nord de l’actuelle ville de Ouidah. (...)
Si Ouidah est la déformation de l’ethnonyme Houéda, le vrai nom de cette ville est Glexwe ou Gléhoué, ainsi que l’on peut l’observer dans le parler fon où le locuteur n’emploie jamais le mot Ouidah, mais toujours Gléhoué. La tradition rapporte que le chef Ahoho construisit dans ses champs proches de l’Atlantique une résidence secondaire champêtre pour s’y reposer. Dans la langue fon, Gléhoué signifie en effet "maison" (glé) "des champs" (xwé ou houé).
C’est sous le règne du huitième roi Kpassè qu’un paysan nommé Kpatè, en travaillant dans son champ près de la côte, aperçut sur la mer un navire. Impressionné par le phénomène, il agita un pagne attaché au bout d’un bâton. Les marins portugais qui occupaient le navire, l’ayant remarqué, envoyèrent à terre une barque. Et pour la première fois, l’on vit dans le royaume des hommes blancs aux oreilles rouges que, dans leur stupéfaction, Kpatè et ses semblables appelèrent "zojagé" ou "zodjagué" (littéralement "le feu parvenu au rivage").
Conduits à Savi auprès du roi, qui leur accorda l’hospitalité en leur offrant vivres et cabris selon la tradition, les hôtes portugais offrirent en retour au roi tissus, miroirs et autres pacotilles. Le souverain leur permit en outre, et surtout, de s’installer et de commercer avec son royaume. Plus tard, suivront les Anglais, les Hollandais, les Français… Les fouilles archéologiques de la ville de Savi font apparaître les vestiges des fondations des édifices et autres forts construits par ces Européens.
Les échanges commerciaux se développèrent vite et bientôt se spécialisèrent autour du commerce des esclaves qu’alimentaient les guerres interethniques. Le royaume de Savi connut ainsi un rapide essor économique grâce à ce commerce. Mais bientôt, les Européens, dans leurs forts de Savi, commencèrent à déplorer la lenteur et surtout les risques du portage de leurs marchandises débarquées sur la plage. Ils obtiendront alors l’autorisation du roi de construire, sur la rive nord de la lagune, des entrepôts surveillés qui accroîtront rapidement l’importance de ce qui n’était jusque-là qu’une résidence champêtre, Glexwé, ville de Ouidah.
La capitale Savi conservera certes son statut et son rang de ville sacrée et de capitale politique, mais perdra progressivement puis définitivement son importance économique au profit de Ouidah. C’est du reste ce rapide et prodigieux développement du royaume de Savi et tout particulièrement de la ville de Ouidah qui suscita la convoitise du royaume frère d’Abomey, moins favorisé et moins fortuné du fait de sa position enclavée et de son manque d’accès à la mer. Au terme d’une longue et méticuleuse préparation, le roi Agadja d’Abomey conquit le royaume de Savi, en 1727, en tuant par ruse Houffon, le dernier roi de Savi.
Ouidah, port négrier
La principale activité économique de Ouidah et la raison de son développement sont donc sans conteste la traite négrière. Il est regrettable que l’incendie volontaire du fort portugais provoqué par ses derniers occupants lors de leur expulsion du territoire dahoméen (actuel Bénin) par le premier président de la République du Dahomey, Hubert Maga, dès l’accession du pays à l’indépendance en 1960, ait détruit toutes les archives qui auraient fourni à la recherche et à l’Histoire de précieuses informations chiffrées sur l’ampleur du commerce des esclaves dans la ville océane.
La ville a gardé pendant plus d’un siècle un silence de plomb sur cette période sinistre de son histoire. Les deux manifestations culturelles de la dernière décennie, "Ouidah 92" puis "La Route de l’Esclave", ont créé les conditions favorables à une véritable catharsis car elles ont permis d’engager la ville dans un processus de révélation caractérisé dans un premier temps par l’identification, le marquage et le balisage ostensibles des places et des lieux qui furent, à quelque degré que ce soit, les théâtres et les témoins de la pratique de l’esclavage à Ouidah. Ainsi, aujourd’hui, le touriste qui séjourne au Bénin peut désormais inscrire au programme de ses visites touristiques l’itinéraire de "La Route de l’Esclave" qui va de la "Place du marché aux esclaves" jusqu’à la "Porte du non-retour", en passant par "Le Mémorial" érigé sur la funeste fosse commune qui recueillait les "invendus irrécupérables" de ce sinistre commerce. L’itinéraire permet en outre de découvrir comment les ressources du mysticisme vodun ont été instrumentalisées dans une sorte de rituel sacramentel pour accompagner l’esclave dans sa marche vers l’inconnu, et lui donner l’illusion d’une marche vers un ailleurs où l’existence était meilleure.
L’exercice auquel nous nous sommes livré à l’occasion du colloque "La Route de l’Esclave", en septembre 1994, pour trouver dans la tradition orale fon et particulièrement à travers la parémiologie (ou l’étude des proverbes) les traces de l’esclavage, nous a permis de faire apparaître des indications signifiantes et révélatrices de la part active prise par les négriers locaux dans la méthodique et ingénieuse organisation de ce commerce. En complément de cet apport de la tradition orale, la toponymie de la ville de Ouidah et de ses alentours ainsi que les panégyriques claniques du souvenir (ou litanies des familles) fournissent aussi d’intéressantes indications sur la traite négrière à Ouidah.

Auteur: Vignondé Jean-Norbert

Info: Esclaves et esclavage dans la parémiologie fon du Bénin

[ colonialisme ] [ historique ] [ nord-sud ] [ afrique ]

 

Commentaires: 0