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question

Est-ce assez
qu'on se souvienne,
de la pluie tombée des toits,
des nuages défaits?

Auteur: Olivier Vossot

Info: Personne ne s'éloigne

[ poème ]

 

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voisinage

Par-delà des vagues de toits, j'aperçois une femme mûre, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais. Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j'ai refait l'histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant.
Si c'eût été un pauvre vieux homme, j'aurais refait la sienne tout aussi aisément.
Et je me couche, fier d'avoir vécu et souffert dans d'autres que moi-même.

Auteur: Baudelaire Charles

Info: Le Spleen de Paris : Petits poèmes en prose, Les fenêtres

[ observation ] [ empathie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

aube

Le lait tiède du ciel se répand silencieusement sur toute chose. Les toits, les arbres endormis, les automobiles scintillantes. C'est une luminosité blanchâtre qui jaillit dans un soubresaut, épaisse, trouble. Elle tache les nuages et s'y suspend. On entend le halètement du jour qui vient, une respiration profonde qui s'arrête un moment, comme si la Terre était sur le point de s'immobiliser et de tourner dans l'autre sens avant de reprendre sa trajectoire et d'apporter un nouveau jour.

La nuit n'a pas pu refroidir le bitume, il est toujours là, somnolent et chaud, serpentant de toute sa croute de fièvre. Le soleil monte, obstiné. La vue frémit. C'en est finit des heures vaines, de la pitrerie de la mort. Le jour commence. Les insectes creusent la terre.

Auteur: Soler Antonio

Info: Sud. Incipit

[ aurore ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

couchant

Le crépuscule arrondit délicatement les angles droits des rues. L'obscurité pèse sur la ville d'asphalte fumant, écrase les châssis des fenêtres, les réclames, les cheminées, les réservoirs, les ventilateurs, les échelles de sauvetage, les moulures, les ornements, les cannelures, les yeux, les mains, les cravates. Elle en fait des masses bleues, d'énormes blocs noirs. Sous le rouleau compresseur, plus fort, toujours plus fort, les fenêtres laissent échapper de la lumière. La pression de la nuit fait jaillir du lait brillant des lampes à arc, comprime les blocs sombres jusqu'à en faire dégoutter de la lumière rouge, jaune, verte, dans les rues où les pas résonnent. Tout l'asphalte suinte de la lumière. De la lumière gicle des réclames sur les toits, tourne vertigineusement dans les roues, colore des tonnes roulantes de ciel.

Auteur: Dos Passos John

Info: Rouleau à vapeur

[ soir ] [ littérature ]

 

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pensée-de-femme

Les feuilles bigrement vertes

Pour un mois d’octobre,

Ma porte pour toi est toujours ouverte

Des sentiments, jamais sobre



Pour un mois d’octobre

Les oiseaux chantent à tue-tête,

Des sentiments, jamais sobre

En veux-tu encore des épithètes ?



Les oiseaux chantent à tue-tête

Le soleil s’attarde au-dessus des toits,

En veux-tu encore des épithètes ?

Nous le savons, l’amour n’a rien d’courtois



Le soleil s’attarde au-dessus des toits

La douceur plonge au cœur des arbres,

Nous le savons, l’amour n’a rien d’courtois

Cette nuit, prends bien garde



La douceur plonge au cœur des arbres

Des dorures à l’horizon,

Cette nuit, prends bien garde

Mon tendre sauvageon



Des dorures à l’horizon,

Ma porte pour toi est toujours ouverte

Mon tendre sauvageon,

Les feuilles bigrement vertes.

Auteur: Huppen Iocasta

Info: Dorures à l’horizon

[ séductrice ] [ accueillante ] [ poème ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

concernement

On frappe dans les rues, on frappe sur les toits, on frappe dans les caves. Par ce moyen, on s’envoie des messages. Est-il donc défendu de se parler aujourd’hui ? ça en a l’air. Quelle belle idée ! On frappe avec un marteau sur du bois, avec un marteau sur de fer, sur de la pierre. On frappe dans toutes les maisons, dans toutes les rues les magnifiques chiffres de 1 à 9 et chacun connaît leur signification. […]
Un avion décrit des courbes dans le ciel d’été bleu et rayonnant et laisse derrière lui un gigantesque cercle blanc et lumineux : un signe pour elle ! Et elle pense : "Quelle nuit ! Quelle journée !"
Loin, en bas, dans la rue, un petit chien lui répond : Oui, quelle journée jappe le petit chien, et elle court à la fenêtre et est saluée par des cris d’allégresse, un joyeux concert de klaxons : elle qui représente le tigre à la poursuite du gibier, le fauve terrifiant !

Auteur: Unica Zürn Nora Berta Ruth

Info: Dans "L'homme-jasmin", pages 128-129

[ psychose ] [ communion ] [ mystère ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

décors

Les studios de Beaulieu avaient grandi dans les ruines d'un casino désaffecté. Au bord de la mer et derrière la voie ferrée et ses agaves, les hangars grignotaient peu à peu les terrains horticoles, et une cité champignon, en contreplaqué et tôle ondulée, surgissait entre les lignes bleues et pures d'un paysage grec, parmi les troncs, au tourment centenaire, d'oliviers delphiques. C'est là que Kron, la chanson de Roland en main, tournait les dernières scènes de France-la-doulce, les nécessités techniques l'ayant obligé à commencer le film par la fin. Dans le hangar n°4 étaient disposés les appartements de la belle Aude; dans le hangar n°8, le palais de Charlemagne ; à grands coups de marteau, des ouvriers s'apprêtaient à monter en plein air la piscine de l'émir de Babylone ; ce rêve fragile de Schéhérazade était fait de claires de bambous, sur lesquelles des Italiens vaporisaient au pistolet du plâtre liquide. Tout à côté, on pouvait apercevoir un porche d'hôtel Louis XV, du Marais, trois colonnes du Parthénon, une mosquée Sénégalaise, un palais palladien et un petit café de la place du Tertre, privé de toits, comme une ville bombardée. Ces édifices, restes d'anciennes productions, grillaient au soleil et se détérioraient sous les claques du mistral. Par-dessus les perspectives en trompe-l'œil, les réflecteurs, comme six gros yeux vitreux, s'essayaient à faire concurrence au soleil.

Auteur: Morand Paul

Info: France la doulce (1934, 224 p., Gallimard/pléiade)

[ cinéma ] [ architecture ]

 
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lenteur

Notre ville a été envahie par des papillons. Ils sont grands, beaux, carnivores. On n'a jamais vu tant de papillons dans la ville. Ils ont tout couvert : les rues, les toits, les voitures, les arbres. Les gens qui se trouvaient dans la rue pendant l'invasion ont été mangés. De ma fenêtre, je vois trois squelettes d'hommes et un squelette de chien parfaitement nettoyés. [...]
Pour l'instant, toute la ville est paralysée. Les gens se sont retranchés chez eux et regardent la rue couverte de papillons, par leurs fenêtres couvertes de papillons. Les bestioles semblent s'installer définitivement chez nous. Elles continuent même d'y affluer. La couche de papillons est de plus en plus épaisse, on dirait de la neige colorée.
Notre armée n'a rien pu faire contre les papillons. On a dû s'habituer à eux. On s'est finalement rendu compte que les papillons ne dévorent que les êtres vivants qui font des gestes brusques. Si on bouge très lentement, les papillons ne réagissent pas. On peut même les écraser sous les pieds, ils restent tranquilles et meurent en silence. D'ailleurs, on ne peut avancer dans la rue qu'en les écrasant. [...]
À cause de tout cela et de notre pensée ralentie, on se parle au rythme d'un mot par jour. Et quand nous faisons l'amour, tout va tout aussi lentement.

Auteur: Visniec Matéi

Info: Théâtre décomposé, ou, L'homme-poubelle: Textes pour un spectacle-dialogue de monologues, extrait de La Folle Tranquille

[ littérature ]

 

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cité imaginaire

Isaura, la ville aux mille puits, s’est élevée présume-t-on sur un profond lac souterrain. Partout où ses habitants, creusant dans la terre de longs trous verticaux, ont réussi à trouver de l’eau, jusque-là et pas plus loin, la ville s’est étendue : son périmètre verdoyant répète celui des rives obscures du lac enseveli, un paysage invisible est la condition du paysage visible, tout ce qui se meut au soleil y est poussé par l’eau qui bat enfermée sous le ciel calcaire de la roche.

Par voie de conséquence, deux sortes de religions ont cours à Isaura. Les dieux de la ville, selon les uns, habitent dans les profondeurs, dans le lac noir qui nourrit les sources souterraines. Selon les autres, les dieux demeurent dans les seaux qui remontent au bout d’une corde quand ils apparaissent sur la margelle des puits, dans les poulies qui tournent, dans les cabestans des norias, dans les leviers des pompes, dans les pales des moulins à vent qui tirent l’eau des forages, dans les constructions en treillis qui commandent le vrillement des sondeuses, dans les réservoirs suspendus sur les toits, posés sur des piquets, dans les arcs légers des aqueducs, dans toutes les colonnes d’eau, les tubes verticaux, les flotteurs, les trop-pleins, jusqu’aux girouettes qui surmontent les échafaudages aériens d’Isaura, toute une ville qui pousse vers le haut.

Auteur: Calvino Italo

Info: Villes invisibles

[ religions ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

résilience

LE TARDIGRADE. [...] les phénomènes d'anabiose ne manquent pas de surprendre: il s'agit d'une sorte de "résurrection" succédant à la disparition apparente de tout métabolisme. Le cas le plus célèbre est celui des tardigrades, petits animaux noirâtres, lesquels, vivant dans les mousses sur les toits, n'ont rien de bien remarquable à première vue, sauf leur emplacement incertain dans la classification, puisqu'ils tiennent des insectes et des araignées, sans être ni l'un ni l'autre. En revanche, du point de vue physiologique, ils présentent une particularité considérable; lorsqu'on les laisse se dessécher dans une atmosphère rigoureusement privée d'humidité, ils se transforment en peu de temps en une minuscule paillette noirâtre où même le microscope ne reconnaît plus aucune texture cellulaire. On peut les conserver dans cet état pendant une année et plus. Si alors on les place sur une feuille de papier humide, il ne faut que quelques minutes aux tardigrades pour réabsorber l'eau et s'enfuir. Mais Rahm est allé plus loin. Il a placé ces animaux desséchés dans un tube hermétiquement clos rempli d'un gaz inerte, ou encore dans le vide. Après plusieurs années, les tardigrades, remis en présence d'eau, se regonflent et reviennent à la vie. Rahm plaça alors ses sujets dans l'air liquide à moins 190 pendant 25 heures et enfin à moins 272, à un degré du zéro absolu, pendant 3 heures et sans les tuer.

Auteur: Thomas Louis Vincent

Info: L'anthropologie de la mort, Payot, Paris, 1975 p. 72 L'Agora, vol 7, no 1, 1999

[ robustesse ]

 

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