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femmes-hommes

Devant le site de Jublains, l’après-midi, un car à deux étages (immatriculé en Allemagne) attendait le retour des touristes éparpillés dans l’enceinte romaine. Cette présence attestait de la dignité de l’endroit. Claire en fut ravie ; elle se pencha sur les pièces en bronze et en or (dûment étiquetées et classifiées) avec le sentiment de remplir une mission civilisatrice. Par à-coups, elle jetait un œil sur les touristes allemands, sans doute des retraités qui, comme les enfants, écoutaient la guide développer une façon de cours sur la numismatique. Les femmes approuvaient d’un mouvement de tête, de bas en haut et de haut en bas, les yeux plissés, pleines d’intérêt pour ce qu’on leur apprenait ; les hommes, dans l’ensemble, avaient plutôt l’air de se faire chier.

Auteur: Patrice Jean

Info: l’homme surnuméraire

[ au musée ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

touristes

Certains jours, nous avions de la visite. Pas plus de deux ou trois personnes à la fois que nous guettions d'en haut avec nos jumelles. Andrea les appelait "les éphémères". Davide les accueillait sur le seuil, leur servait une assiette de polenta avec de la tomme et un verre de vin, les accompagnait à l'étage s'ils voulaient rester dormir puis nous rejoignait à la cuisine. Nous gardions nos distances, non pas parce que nous n'aimions pas les visiteurs, mais parce qu'ils appartenaient au monde d'en bas et nous en apportaient des nouvelles, des nouvelles que nous préférions ne pas avoir. On s'en passait très bien. Quand les éphémères repartaient, nous les regardions s'éloigner, se faire de plus en plus petits, puis disparaître au détour d'un chemin, et c'est avec soulagement que nous retrouvions notre solitude.

Auteur: Cognetti Paolo

Info: Le garçon sauvage : Carnet de montagne

[ montagne ]

 

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mendicité

Un paquet de chips au crabe coûtait soixante-quinze cents, mais je n'en avais plus que cinquante, deux pièces d'un quart de dollar. Un couple se promenait non loin de moi, tous deux habillés d'un blouson identique et chaussés des mêmes baskets. J'ai tout de suite repéré que c'était des touristes. Je leur ai demandé:
- Pourriez-vous me donner vingt-cinq cents? J'ai oublié mon porte-monnaie à l'hôtel et je voulais m'acheter des chips au crabe.
Ils m'ont regardé de la même manière que je regarde d'habitude les gens qui me demandent de l'argent, avec un regard de bourgeois normal qui cherche à savoir si son interlocuteur fait partie de son monde ou s'il a affaire à un junkie. Ce regard qui sonde en une seconde l'apparence de l'autre, ses dents, sa peau, ses cheveux, ses vêtements.

Auteur: Magnusson Kristof

Info: C’était pas ma faute

[ faire la manche ]

 

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touristes

Au début de l'été, les premiers Allemands faisaient leur apparition dans les prés. Leurs têtes aux cheveux gris voguaient sur l'océan des herbes. Les montures métalliques de leurs lunettes clignotaient gaiement au soleil. Un tel disait qu'on reconnait les Allemands aux chaussures - blanches et propres. Nous autres, nous ne prenons pas soin des souliers, nous leur manquons de respect. Nos chaussures, ce sont des godasses de cuir sombre. Ou alors des caoutchoucs au-dessus desquels Stasek Bachleda secoue les cendres de sa cigarette. Sans parler de nos pompes de similicuir, ces criardes imitations noires et blanches de "Mode", "Sport", "Rues d'Europe". Nos chaussures éternellement crottées de boue rouge, déformées, maltraitées par le gel ou la chaleur.
Les Allemands (...) prenaient en photo des espaces vides, ce qui étonnait beaucoup les gens. Pourquoi ne photographiaient-ils pas le nouvel arrêt de bus, le toit neuf de l'église, plutôt que ces lieux désertiques envahis par l'herbe ?

Auteur: Tokarczuk Olga

Info: Maison de jour, maison de nuit

[ Europe ]

 

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cosmopolitisme

La Genèse [11 : 1-9] nous apprend que Dieu, fâché de voir la tour de Babel s’élever jusqu’aux cieux, décide de brouiller le langage des hommes et de les disperser à la surface de la Terre ; le texte oublie probablement de préciser qu’un morceau de cette tour a dû atterrir au cœur de marais, au nord de la Gaule, là où les peuples sont les plus braves (car les plus barbares) selon les dires de Jules César, et donner naissance à… Bruxelles !
Bruxelles la cosmopolite, la multilingue, la capitale. Bruxelles, dont la géographie et la démographie rappellent une ville de campagne. Bruxelles, que les touristes traversent en quelques heures, qui ploie sous sa complexité et ses identités multiples. Bruxelles aux mille visages, une cité au cœur de l’Europe, où les communautés vivent (presque toujours) en paix et harmonie tant elles se croisent sans jamais chercher à se rencontrer. Bruxelles, enjeu réel de toutes les querelles belges… Bruxelles, épouvantail européen agité en tous sens par les europhobes… Bruxelles…

Auteur: Dufranne Michel

Info: Bruxelles Noir

[ ouverture ] [ mégapole ]

 

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humour

LE GUIDE EST EXACT. LA RÉALITÉ EST BIEN SOUVENT ERRONÉE.

Le fait avait conduit à quelques conséquences remarquables : par exemple, lorsque les rédacteurs du Guide avaient été poursuivis par les familles de ceux qui étaient morts pour avoir pris à la lettre l’article sur la planète Tron (dont le libellé était : "Le Hanneton glouton de Tron fait le régal des touristes de passage" quand il fallait lire "Le Hanneton glouton de Tron fait son régal des touristes de passage"), ils avaient argué que la première version de cette phrase leur paraissait esthétiquement plus plaisante, et cité donc en conséquence un poète qualifié pour qu’il vienne témoigner sous serment que la beauté était la vérité et la vérité la beauté, espérant par là même prouver qu’en l’espèce, le véritable coupable était la Vie elle-même, pour avoir failli à se montrer à la fois belle et vraie. Les juges soutinrent ce point de vue et, dans un poignant discours, accusèrent la Vie elle-même d’outrage à la Cour et s’empressèrent donc de la confisquer à tous les membres de l’assistance avant de lever la séance pour aller passer une agréable soirée à l’ultragolf.

Auteur: Adams Douglas

Info: Le Guide galactique, tome 2 : Le Dernier restaurant avant la fin du monde

[ absurde ] [ malentendu ] [ jurisprudence ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

police de la pensée

La modernité produit des victimes, des touristes, des jeunes, des minorités, des valeurs universelles, des psys de catastrophe, des artistes antiracistes, des lycéens citoyens et de nouveaux droits particuliers chaque jour ; mais elle produit aussi et d’abord les flics culturels d’avant-garde chargés d’empêcher l’évaluation de tout ce fatras. Ce sont les nourrices sourcilleuses du nouvel univers. Tandis que celui-ci se transforme en nursery délirante, ces flics veillent à ce qu’aucun regard ne soit porté sur cette transformation ; et, s’il s’en produit un par malheur, à ce que celui-ci soit instantanément et lourdement pénalisé. S’efforçant de faire taire, avec des intimidations et des arguments d’avant-hier, les rares individus encore capables de voir le monde présent, c’est à dire en somme les ultimes vivants, ils patrouillent sans relâche autour de la nouvelle planète ridicule et puérile d’où montent beaucoup de cris et beaucoup de vacarme, mais aucun rire. Car les enfants ne rient pas (sinon d’un rire saccadé et halluciné) pour la raison que ces petits angoissés ont toujours besoin de savoir où est le vrai et où les faux et que le rire suppose, au moins, un fond d’incertitude, de flou, d’irrésolu qui leur sont insupportables.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, page 1473

[ esprit de sérieux ] [ infantilisation ]

 

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tourisme branché

Avril 1973. De retour d'un long voyage vers les Indes, Philippe Gloaguen, 22 ans, publie le tout premier 'Guide du Routard' au sein d'une maison d'édition confidentielle. Adresses de garages pour faire réparer sa 2CV, techniques de Sioux pour dormir dans du papier journal à l'abri des scorpions, vocabulaire de base pour demander à manger en Afghanistan ou au Népal et adresse de Loïc, un expat' qui fait des crêpes au sucre au fin fond du Sri Lanka : le petit bouquin donne des conseils de survie aux babas cool désargentés qui tentent le trip mythique vers Goa ou Katmandou.

Quarante-six ans plus tard, le 'Routard' est devenu une industrie. Hachette en vend 2.5 millions chaque année, soit un exemplaire toutes les douze secondes. Pas moins de 135 éditions sont proposées, qui répertorient près de 110 000 adresses. Et la moindre gargote conseillée au fin fond de l'Indonésie ou du Costa Rica se retrouve bondée de touristes français, tout penauds de se retrouver entre eux, 'Le Guide du routard' à la main… L'esprit d'aventure des origines se réduit au choix de la meilleure connexion WiFidans des auberges 'bed & breakfast' climatisées et standardisées, même au bout du monde.

Auteur: Le Canard enchaîné

Info: A la recherche de l'aventure perdue', in 'Les Dossiers du Canard' n° 152, juillet 2019, '1,4 milliard de touristes

[ périples ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

cadavre

Pendant ses heures de service, lorsqu'il se lassait de contempler le café de loin, Abdullah tournait ses regards vers les lances des deux sentinelles qui montaient la garde jour et nuit devant la niche. Mais c'était un spectacle fort monotone, et il n'y accordait d'attention qu'aux moments où la place était déserte. En revanche, lorsque celle-ci se remplissait de monde, il trouvait intéressant de suivre des yeux le mouvement des prunelles des badauds ou des touristes confrontés pour la première fois avec la tête. Il savait bien que la vision d'une tête tranchée n'était pas un spectacle habituel pour personne, et pourtant, lui semblait-il, la terreur et l'émoi qui se lisaient sur les visages des spectateurs dépassaient les limites de l'imaginable. Il avait le sentiment que ce qui les impressionnait le plus, c'étaient les yeux et cela non pas tant parce que c'était des yeux de mort, mais parce que comme tout le monde, ils avaient l'habitude de ne voir les yeux d'un homme que comme une partie de son corps. Et c'était peut-être précisément cette absence de corps, se disait Abdullah, qui faisait paraître les yeux de la tête tranchée plus grands et plus importants qu'ils ne l'étaient en réalité.

Auteur: Kadaré Ismaïl

Info: La niche de la honte

[ physionomie ]

 

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homo festivus festivus

Certains soirs, histoire de changer, nous descendions pour dîner dans les villages des alentours. On s’en faisait vite rééjecter. A peine arrivés, à peine virés. Au cœur des bourgades les plus paisibles, les plus médiévalement abandonnées, et par les nuits les plus divines, la Fête nous attendait, tapie dans le noir. Il suffisait de commander le vin, la Fête se jetait alors sur nous. Trrrabouuummm ! Krrrataklôôông ! Brrradababang ! Terminé. Les manèges d’autos tamponneuses, qui nous avaient paru désaffectés, se rallumaient tous d’un seul coup. Et encore trrrabouuummm ! Krrrataklôôông ! Il ne restait plus qu’à se dépêcher, finir nos assiettes en vitesse, bouffer courbés sous les rafales, et foutre le camp dès qu’on pouvait. Brrradababang ! Krrrataklôôông ! Dans les pires patelins les plus perdus, on avait amené des orchestres. De grosses filles rugissaient dans des micros. Quelques touristes ou villageois commençaient à trémousser. Mères de famille, cadres urbains. C’était un spectacle effarant, tous ces pauvres gens qui ricochaient, qui rebondissaient dans la débâcle, essayaient d’entrer dans la danse. Candidats au néo-monde hagard. Peut-être que c’était ça le comique moderne, je me disais, moi, en les regardant, et tandis que nous battions en retraite, ce désir éperdu d’être en accord, à n’importe quel prix, absolument, avec une société indéfendable.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "On ferme !" pages 638-639

[ tapage ] [ envahissement ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson