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alliances

Puis, en 1905, lorsqu’une première révolution éclate en Russie, Lénine ne croit pas que cette dernière puisse aboutir. Il ne croit pas non plus aux événements spontanés liés à des révoltes populaires. Seul un parti révolutionnaire composé de militants se sacrifiant à la cause, prêts à tout, peut obtenir le résultat escompté. Mais pour cela, il est nécessaire de déclencher des événements tragiques, afin que la population se révolte réellement, encadrée par des révolutionnaires la guidant dans le bon sens. La Première Guerre mondiale va tout changer. Lénine souhaite la défaite de son pays. Il ne pense pas vivre suffisamment longtemps pour voir aboutir ses espoirs. Et pourtant, alors qu’une seconde révolution éclate en février 1917 à Petrograd, le Tsar abdique. Lénine peut rentrer d’exil mais dans des conditions qui furent longtemps restées cachées. Le parti bolchevik était secrètement financé par l’Empire allemand, ce dernier voyant dans ce soutien le meilleur moyen de détruire la Russie de l’intérieur et de l’obliger à négocier la paix. Cette thèse, longtemps jugée conspirationniste, est prise aujourd’hui très au sérieux.

Auteur: Anonyme

Info: Dans "Les magiciens du nouveau siècle" pages 707-708

[ financements secrets ] [ méthodes politiques ] [ prise de pouvoir ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

reportage

J'aime aller chez les Roms. C'est rarement des vacances. Je ne choisis pas les communautés les plus florissantes. Je vais dans les cloaques. Ces lieux sont hallucinants de misère. Un mot me vient, il est familier, excusez-moi, c'est : barge. Des endroits barges. Je n'arrive pas en sifflotant. Je ne brandis pas mes appareils photo. Je mesure combien un type qui entre, fait clic-clac et ressort peut sembler ignoble à des gens qui n'ont rien. Je ne prends pas non plus l'air sinistre ou contrit. J'essaie d'être moi-même. Ce n'est pas facile, quand on est remué. Les gosses me font tourner en bourrique. Ils me tirent, me poussent, crient pour que je leur tire le portrait, se pendent aux courroies de mes appareils, dix fois, cent fois, jusqu'à l'exaspération. Pourtant, je leur dois souvent des moments de beauté foudroyants qui, avec un peu de chance, se retrouvent sur les photos. Comme je prends la précaution d'être bien accompagné, je suis généralement bien accueilli, par des gens qui n'ont de cesse que de m'ouvrir leur porte et de m'asseoir à leur table. Si je reviens, ce que j'essaie de faire, plusieurs fois de suite, ou à des mois de distance, je suis reconnu et l'affection franchit un pas. J'apporte les tirages des photos, parfois les clopes et le repas. Dans les sujets que j'ai visités comme photographe, souvent tragiques, j'ai toujours cherché la survivance, au fond, de ce qui rend heureux. Les petites choses. Les scènes où rien ne se passe et où, de fait, tout se passe. Les bas-côtés des évènements. Chez les Roms, ces scènes abondent. Le présent est là, brut, sans chichis, avec une intensité qu'il y a rarement ailleurs.

Auteur: Keler Alain

Info: Des nouvelles d'Alain. Ecrit avec Emmanuel Guibert

[ romanichels ] [ vivre ]

 

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philosophe-sur-philosophe

C'était dans l'intimité une compagne charmante et pleine d'esprit : elle maniait la plaisanterie sans mauvais goût et l'ironie sans méchanceté. Son érudition extraordinaire et si profondément assimilée qu'on la distinguait à peine de l'expression de sa vie intérieure donnait à sa conversation un attrait inoubliable. Elle avait cependant un grave défaut (ou une rare qualité, suivant le plan où on se place) : c'était de refuser toute concession aux nécessités ou aux convenances de la vie sociale. Elle disait toujours toute sa pensée à tout le monde en toutes circonstances. Cette sincérité, qui procédait avant tout d'un profond respect des âmes, lui valut bien des mésaventures, amusante pour la plupart, mais dont certaines faillirent tourner au tragique à une époque où toute vérité n'était pas bonne à crier sur les toits. 

Il n'est pas question d'établir ici le bilan des sources historiques de sa pensée et des influences qu'elle a pu subir. Indépendamment de l'Evangile dont elle se nourrissait tous les jours, elle avait une profonde vénération pour les grands textes hindous et taoïstes, pour Homère, les tragiques grecs, et surtout Platon qu'elle interprétait dans un sens foncièrement chrétien. Elle haïssait par contre Aristote en qui elle voyait le premier fossoyeur de la grande tradition mystique. Saint Jean de la Croix dans l'ordre religieux, Shakespeare, certains poètes mystiques anglais et Racine dans l'ordre littéraire marquèrent également son esprit. Parmi les contemporains, je ne vois guère que Paul Valéry et Koestler dans le Testament espagnol dont elle m’ait parlé avec une admiration sans mélange. Ses préférences comme ses exclusions, étaient abruptes et sans appel. Elle croyait fermement que la création vraiment géniale exigeait un niveau supérieur de spiritualité et qu'il n'était pas possible d'atteindre à l'expression parfaite sans avoir traversé de sévères purifications intérieures. Ce souci de pureté, d'authenticité intimes la rendait impitoyable pour tous les auteurs en qui elle croyait déceler la moindre recherche de l'effet, le plus léger élément d'insincérité ou de boursouflure : Corneille, Hugo, Nietzsche. Seul comptait pour elle le style parfaitement dépouillé, traduction de la nudité de l'âme.

Auteur: Thibon Gustave

Info: Préface à "La pesanteur et la grâce" de Simone Weil, Librairie Plon, 1988, pages 9-10

[ description ] [ portrait ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

président

Le tic de syntaxe de [François] Hollande, enfançon et bébête, consiste à redoubler le sujet avec un pronom détaché en tête : une sorte de veulerie syntaxique qu'on peut trouver mignonne chez les enfants..."Elle va mieux, la France"

Mais Hollande ne se contente pas de disloquer la syntaxe.

Je suis de plus en plus frappé par sa voix qui s'accorde bien à sa syntaxe enfançonne : même dans les circonstances les plus tragiques elle est comme primesautière. Elle sautille, elle module, elle pateline.

Il y a quelque chose de flûté, de mièvre, de doucereux, de niais, même, dans cette voix et qui s'accorde toujours miraculeusement mal aux circonstances.

Rien de *grave* dans tous les sens du mot grave : la voix n'est pas posée, trop aiguë. Le phrasé manque d'ampleur et d'épaisseur, de résonance aussi, et pour tout dire, de mâle noblesse.

Il y a toujours quelque chose d'espiègle en elle, de "trotte-menu", qui fait qu'il est rigoureusement impossible de la prendre au sérieux.

Le signifiant sonore ne claque pas, chaud et haut, dru et distinct, il se fait mignardise un peu sucrée et gracile.

Ce qui saisit, également, c'est l'absence de majesté, d'allure, d'élévation.

Je veux bien croire que cet homme fade, ce technocrate sans imagination, n'entend rien à la littérature ni à l'oralité dont elle procède : tout son corps, jusqu'à son pharynx impotent, le clame.

La matière sonore n'est pas lancée, virilement, détachée de soi, elle coule à petits hoquets sur sa bavette rose d'énarque. Son consensus mou s'exprime bien dans cette phonation indécise qui refuse de trancher dans le vide du silence, de tailler le néant par le Verbe.

Elle ne s'impose pas mais s'efface aussitôt qu'apparue en grelottant. Elle ne résonne jamais.

Édulcorée, pateline, sa voix pralinée et cucul pourrait être celle d'une nurse ou d'une nounou tentant d'apaiser un enfant qui ne veut pas dormir. Avec un zeste d'onctuosité ecclésiastique : un doux prélat un peu patelin, un peu hypocrite, qui entre miel et componction, distille une berceuse gnangnan.

Auteur: Desjardins Antoine

Info: Publication facebook du 15.11.2020

[ vacherie ] [ élocution ] [ portrait vocal ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

diatribe anti-institutionnelle

Je sais les noms des responsables de ce qui est appelé putsch (et qui est en réalité une série coups d'État organisée en système de protection du pouvoir).

Je sais les noms des responsables du massacre de Milan du 12 décembre 1969.

Je sais les noms des responsables des massacres de Brescia et de Bologne des premiers mois de 1974.

Je sais les noms du "sommet" qui a opéré, autrement dit, soit les vieux fascistes organisateurs des coups d'État, soit les néofascistes auteurs matériels des premiers massacres, soit, enfin, les "inconnus" auteurs matériels des massacres plus récents.

Je sais les noms de ceux qui ont géré les deux différentes, et même opposées, phases de la tension : une première phase anticommuniste (Milan 1969), et une seconde phase antifasciste (Brescia et Bologne 1974).

Je sais les noms du groupe de puissants qui, avec l'aide de la Cia (et en deuxième ligne des colonels grecs et de la mafia), ont d'abord créé (du reste pauvrement en échouant) une croisade anticommuniste, pour déconsidérer 1968, et, ensuite, toujours avec l'aide et la direction de la Cia, ils se sont reconstitué une virginité antifasciste, pour rattraper le désastre du référendum.

Je sais les noms qui, entre une messe et l'autre, ont donné les moyens et ont assuré la protection politique à de vieux généraux (tenus en réserve, pour l'organisation d'un potentiel coup d'État), à des jeunes néofascistes, même à des néonazis (pour créer réellement la tension anticommuniste) et enfin aux criminels communs, jusqu'à présent, et peut-être pour toujours, sans nom (pour créer la successive tension antifasciste).

Je sais les noms des personnes sérieuses et importantes qui sont derrière des personnages comiques comme ce général de la Forestière qui passait à l'action, en héros d'opérette, à Città Ducale (pendant que les bois brûlaient), ou derrière des personnages gris et purement opérationnels comme le général Miceli.

Je sais les noms des personnes sérieuses et importantes qui sont derrière les garçons tragiques qui ont choisi les atrocités fascistes suicidaires et derrière les malfaiteurs communs, siciliens ou non, qui se sont mis à leur disposition, comme assassins et tueurs à gages.

Je sais tous ces noms et je sais aussi tous ces faits (attentats aux institutions et massacres) dont ils se sont rendus coupables.

Je sais. Mais je n'en ai pas les preuves. Je n'ai même pas d'indices.

Je sais car je suis un intellectuel, un écrivain, qui cherche à suivre tout ce qui se passe, à connaître tout ce qui s'écrit, à imaginer tout ce qu'on ne sait pas ou qu'on tait ; qui relie des faits même éloignés, qui remet ensemble les pièces désorganisées et fragmentaires d'un ensemble cohérent du cadre politique, qui rétablit la logique là où semblent régner l'arbitraire, la folie et le mystère. Tout cela fait partie de mon métier et de l'instinct de mon métier. Je crois en outre qu'il est difficile que mon "projet de roman" soit erroné, qu'il n'ait pas de rapport avec la réalité, et que ses références à des faits et personnes réelles soient inexactes. Je crois en outre que beaucoup d'autres intellectuels et romanciers savent ce que je sais moi comme intellectuel et romancier. Car la reconstruction de la vérité à propos de ce qui s'est passé en Italie après 1968 n'est finalement pas si difficile…

Probablement les journalistes et les politiciens ont même des preuves, ou au moins, des indices. Alors, le problème est celui-ci : les journalistes et les politiciens, tout en ayant sans doute des preuves et certainement des indices, ne donnent pas de noms.

À qui donc revient-il de donner ces noms ? Évidemment à celui qui a non seulement le courage nécessaire, mais en même temps n’est pas compromis dans sa relation avec le pouvoir et, en outre, par définition, n’a rien à perdre : c’est-à-dire un intellectuel.

Donc un intellectuel pourrait très bien rendre publics ces noms, mais lui n’a ni preuves ni indices.

Le pouvoir, et avec lui le monde qui, même en n’étant pas au pouvoir, entretient des rapports pratiques avec le pouvoir, a exclu les intellectuels libres – justement par la manière dont il est fait – de la possibilité d’avoir des preuves et des indices.

On pourrait m'objecter que moi, par exemple, en tant qu’intellectuel, et inventeur d’histoires, je pourrais entrer dans ce monde explicitement politique (du pouvoir ou autour du pouvoir), me compromettre avec lui, et donc jouir du droit d’avoir, avec une certaine probabilité élevée, des preuves et des indices.
Mais à pareille objection je répondrais que ceci n’est pas possible, car c’est justement à la répugnance à entrer dans un tel monde politique que s’identifie mon courage intellectuel potentiel à dire la vérité : c’est-à-dire à donner les noms.

Le courage intellectuel de la vérité et la pratique politique sont deux choses inconciliables en Italie.

Auteur: Pasolini Pier Paolo

Info: Corriere della Sera, 14 novembre 1974. Io so

[ dénonciation publique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel