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tue l'amour

Je ne sais plus par quel détour la conversation en vint à l’attentat contre les Twin Towers, mais quand j’entendis la jeune femme qui m’accompagnait au Café Romand soutenir que le Président Bush en était l’initiateur, je fus surpris. Quand elle tenta de nous prouver l’implication de la CIA et du Mossad dans ce complot, je pressentis que le pire allait venir et que cette soirée serait notre dernière soirée. […] Cette jeune femme, universitaire de surcroît, était d’ordinaire réservée. Je ne sais pas quel vent mauvais l’emportait, mais il me fut difficile de ne pas réagir, l’invitant à ne pas entrer dans un délire antisémite, ce qu’elle récusa aussitôt, prétendant que des experts australiens – rien n’est plus farfelu que l’arrivée d’experts australiens dans un débat – avaient établi les faits. Son visage s’empourprait et elle perdait tout charme à mes yeux. Je ne parvenais plus à comprendre la séduction que cette ravissante helléniste avait exercée sur moi.

Face aux objections qui fusaient, elle se réfugia derrière les films de Michael Moore. L’erreur dans le jugement s’accompagnait d’une faute esthétique. J’étais consterné. Jamais je n’aurais soupçonné que cette sylphide se gavait de la démagogie infecte de ce bateleur obèse.

Auteur: Jaccard Roland

Info: Dans "Ma vie et autres trahisons", éd. Grasset & Fasquelle, 2013, pages 175-176

[ femme-par-homme ] [ collapsus ] [ débandage ]

 
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art d'écrire

Je ne médirai jamais de la critique littéraire. Car rien n'est pire pour un écrivain que de se heurter à son absence. Je parle de la critique littéraire en tant que méditation, en tant qu'analyse ; de la critique littéraire qui sait lire plusieurs fois le livre dont elle veut parler (comme une grande musique qu'on peut réécouter sans fin, les grands romans aussi sont faites pour des lectures répétées) ; de la critique littéraire qui, sourde à l'implacable horloge de l'actualité, est prête à discuter les oeuvres nées il y a un an, trente ans, trois cents ans ; de la critique littéraire qui essaie de saisir la nouveauté d'une oeuvre pour l'inscrire ainsi dans la mémoire historique. Si une telle méditation n'accompagnait pas l'histoire du roman, nous ne saurions rien aujourd'hui ni de Dostoïevski, ni de Joyce, ni de Proust. Sans elle toute oeuvre est livrée aux jugements arbitraires et à l'oubli rapide. Or, le cas de Rushdie a montré (s'il fallait encore une preuve) qu'une telle méditation ne se pratique plus. La critique littéraire, imperceptiblement, innocemment, par la force des choses, par l'évolution de la société, de la presse, s'est transformée en une simple (souvent intelligente, toujours hâtive) information sur l'actualité littéraire.

Auteur: Kundera Milan

Info: Les Testaments trahis

[ appréciation ] [ opinion ] [ recensions ] [ diachronie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

cène

Le soir étant venu, il se mit à table avec les douze. Pendant qu’ils mangeaient, il dit : Je vous le devis en vérité, l’un de vous me livrera. Ils furent profondément attristés et chacun se mit à lui dire : Est-ce moi, Seigneur ? Il répondit : Celui qui a mis avec moi la main dans le plat, c’est celui qui me livrera. Le Fils de l’homme s’en va, selon ce qui est écrit de lui. Mais malheur à l’homme par qui le Fils de l’homme est livré ! Mieux vaudrait pour cet homme qu’il ne fût pas né. Judas, qui le livrait, prit la parole et dit : Est-ce moi, Rabbi ? Jésus lui répondit : Tu l’as dit.

Pendant qu’ils mangeaient, Jésus prit du pain ; et après avoir rendu grâces, il le rompit, et le donna aux disciples, en disant : Prenez, mangez, ceci est mon corps. Il prit ensuite une coupe ; et après avoir rendu grâces, il la leur donna, en disant : Buvez-en tous ; car ceci est mon sang, le sang de l’alliance, qui est répandu pour plusieurs, pour la rémission des péchés. Je vous le dis, je ne boirai plus désormais de ce fruit de la vigne, jusqu’au jour où j’en boirai du nouveau avec vous dans le royaume de mon Père.

Auteur: La Bible

Info: La Sainte Bible, traduction Louis Segond, Évangile de Matthieu, 26, 20-29

[ trahison ] [ eucharistie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

christianisme

[...] [le Cardinal Mercier], au début du XXe siècle, a entrepris, avec son équipe, la confection d’un cours général de philosophie qui se proposait de présenter la philosophie de S. Thomas [d'Aquin] comme le cadre synthétique qui permettait d’accueillir et d’ordonner tous les acquis de la science et de la philosophie modernes et contemporaines. C’est ce qu’il nomma lui-même [...] le néo-thomisme et qui reçut aussi le nom de néo-scolastique. [...]

Toutefois, une opposition se fit jour à ce néo-thomisme. Elle vient, aux alentours de 1925-1930, de deux philosophes français, [...] Jacques Maritain et Etienne Gilson. Ils protestaient tous deux contre le néo-thomisme, au nom de la vérité de S. Thomas, mais ils ne protestaient pas de la même manière. Pour Maritain [...], il y a un thomisme philosophique toujours actuel, mais le néo-thomisme est une trahison, et d’ailleurs il est voué à l’échec. Maritain est un philosophe et s’est voulu comme tel. Gilson est un historien de la philosophie médiévale, le plus grand qu’il y ait eu. Ce qu’il a soutenu, c’est la nécessité de lire S. Thomas, non comme un aristotélicien scolastique, non même comme un philosophe fabriquant un système, mais comme un théologien cherchant à dire sa foi aussi intelligiblement que possible.

Auteur: Borella Jean

Info: "Situation du catholicisme aujourd'hui", éditions L'Harmattan, Paris, 2023, pages 197-198

[ historique ] [ évolution ] [ critiques ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

historique

... à la fin de l'année 1314 (Philippe Le Bel) mourut des suites d'un accident de chasse causé en forêt de Compiègne par un sanglier. Deux ou trois siècles plus tôt, une telle mort aurait été perçue comme héroïque, et même vraiment royale. Mais au début du XIVe siècle, ce n'est plus le cas. Même si elle est due à un porc sauvage, cette mort rappelle l'étrange mort du prince Philippe, fils de Louis VI Le Gros, près de deux cents ans auparavant : dans une rue de Paris, au mois d'octobre 1131, un vulgaire porcus diabolicus, comme l'écrit Suger, s'était jeté dans les pattes du cheval du jeune prince, provoquant une chute mortelle et souillant la dynastie capétienne d'une flétrissure indélébile que même les fleurs de lis virginales des armoiries royales ne pourront jamais tout à fait effacer. (...) Un simple cochon girovague fut cause de la mort de ce rex junior coronatus, et cette mort fut, dans toute la chrétienté, ressentie comme particulièrement honteuse. Rien de tel pour Philippe Le Bel au mois de novembre 1314. Et pourtant, chroniques, libelles et pamphlets ne manquèrent pas de souligner qu'une fois encore la monarchie française était victime d'un porc et que le roi honni payait là toutes ses trahisons et ses turpitudes.

Auteur: Pastoureau Michel

Info: Une histoire symbolique du Moyen Âge occidental, p. 82-83

[ animal ]

 

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pratiques sexuelles

Plus personne ne sait très bien à quoi pouvait servir le sexe dans les temps historiques, et il est d’ores et déjà envisageable que l’on organise, pour tout ce qui relève de la sexualité, du désir, de l’orgasme, de la virilité, de la féminité, et aussi de l’éventail complet des anciennes "perversions", et même, dans un temps proche, de l’homosexualité à son tour normalisée, des journées "portes ouvertes", des semaines du patrimoine coïtal, comme on le fait déjà pour tant d’autres chefs-d’œuvre qui ne sont même plus, hélas, en péril ; et que le sexe, pour en finir une bonne fois avec ce tourment, soit reconstitué sous forme de parc d’attraction, d’Erosland ou de Baisepark. Il sera possible de venir s’y promener en famille afin d’y contempler sous vitrine les reliques d’un monde dépassé où régnaient encore des choses devenues impensables comme la division des sexes, les corps différenciés, le plaisir égoïste, le secret, les interdits, la conquête, l’immoralité, la trahison, la transgression, l’obscénité, la complicité, la complexité, l’opacité, la duplicité, la culpabilité, la lascivité et tant d’autres choses encore qui se nourrissaient non seulement de l’opposition entre femmes et hommes, mais aussi de la division entre public et privé, ou entre intime et collectif, et de toutes les séparations qui animèrent pendant des siècles la merveilleuse confrontation comique et dialectique d’Eros et de Thanatos.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, pages 23-24

[ banalisation ] [ désérotisation ] [ scénario science-fiction proche ]

 

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phénomène parapsychologique

Dans le cas de Mlle S. W., on n’a observé qu’une fois une glossolalie durant laquelle les seuls mots compréhensibles étaient parsemés, çà et là, des variations du mot "vena". L’origine de ce mot est claire : quelques jours auparavant, la malade s’était plongée dans l’examen d’un atlas anatomique et en particulier dans ce qui concernait les veines du visages où leurs noms étaient donnés en latin et le mot vena avait été employé par elle dans ses rêves, comme il arrive aussi chez les gens en bonne santé. Les autres mots et phrases en langue étrangère trahissent dès l’abord leur origine : le français, que la malade parle assez couramment. […] nous pouvons admettre qu’il s’agit d’un phénomène analogue à celui de la langue martienne de Mlle H. Smith. Flournoy démonter que cette langue martienne n’est pas autre chose qu’une traduction enfantine du français dans laquelle seuls les mots ont été modifiés tandis que la syntaxe est restée la même. Mais il est plus vraisemblable encore de supposer que le sujet mettait à la queue leu leu des sons dépourvus de sens mais d’allure étrangère, sans former proprement des mots en empruntant au français et à l’italien certaines intonations verbales qu’elle combinait à la façon d’une langue, un peu comme Hélène Smith remplissait les lacunes entre les mots sanscrits réels par un pseudo-langage qu’elle fabriquait elle-même. 

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans "L'énergétique psychique", trad. Yves Le Lay, Librairie de l'Université, Genève, 1956, page 213

[ étude rationnelle ] [ explication ]

 

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intellos courtisans

Si Orwell insiste tant sur la décence ordinaire ("common decency") des petites gens, c'est aussi pour dénoncer, par contraste, l'indécence extraordinaire des élites politiques et intellectuelles. Il en veut tout particulièrement à une catégorie de personnes qui auraient dû, plus que toutes les autres, faire preuve d'un peu plus de décence dans ses prises de positions publiques : les intellectuels. Tout au long de son œuvre, Orwell n'a eu de cesse de critiquer les intellectuels toujours prêts à braver la morale élémentaire pour légitimer des régimes notoirement tyranniques : "La plupart des intellectuels, pour ne pas dire tous, se sont ralliés à une forme de totalitarisme ou à une autre". Le constat est brutal, mais juste, et nous n'avons pas encore mesuré toute l'indignité intellectuelle et morale qu'il souligne. 

Certes, Orwell considère que la richesse prodigieuse de l'aristocratie terrienne et le goût du pouvoir de la classe dirigeante sont en eux-mêmes également indécents, mais, par-dessus-tout, il ne peut supporter la trahison des intellectuels. Souvent issus des classes moyennes, voire du peuple, ils semblaient pourtant être les mieux placés pour préserver à tout le moins une once de moralité dans un monde voué à l'exploitation des masses : 

"Lorsqu'on voit des hommes hautement instruits se montrer indifférents à l'oppression et à la persécution, on se demande ce qui est le plus méprisable, leur cynisme ou leur aveuglement." (Essais, articles et Lettres vol IV).

Auteur: Bégout Bruce

Info: De la décence ordinaire

[ universitaires compromis ] [ arrivisme sociétal ]

 

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peintre-sur-peintre

Rembrandt m'a profondément ému. Cette grande division entre lumière et obscurité, le mélange des tons secondaires dans les parties étendues, la fusion de leurs teintes, qui avait un effet d'antiphonie géante à toute distance, m'a immédiatement rappelé les trompettes de Wagner tout en me révélant des possibilités complètement nouvelles, pouvoirs surhumains de la couleur en tant que telle, particulièrement l'intensification de l'effet par les juxtapositions [Zusammenstellungen], c'est-à-dire les contrastes. J'ai constaté que chaque grande surface en soi ne présentait aucune qualité féerique, que chacune trahissait immédiatement sa dérivation de la palette, mais qu'elle acquérait de fait un effet féerique par l'intermédiaire de l'autre surface, contrastée, de sorte que son origine à partir de la palette semblait incroyable à première vue.

Cependant il n'était pas dans ma nature d'examiner un moyen observé sans autre forme de procès. Inconsciemment, j'approchais les images étranges comme j'approche maintenant la "nature" ; je les accueillais avec révérence et une joie profonde, mais je sentais néanmoins qu'il s'agissait d'un pouvoir qui m'était étranger. D'un autre côté, j'ai senti, un peu inconsciemment, que cette grande division donne aux tableaux de Rembrandt une qualité que je n'avais jamais vue auparavant. Je sentais que ses peintures "durent longtemps", et me dis à moi-même qu'il fallait d'abord épuiser une partie de manière suivie, puis l'autre. Plus tard, j'ai compris que cette division produit magiquement sur la toile un élément qui semble à l'origine étranger et inaccessible à la peinture : le temps.

Auteur: Kandinsky Vassili

Info: Réminiscences, 1913

[ analyse ] [ art pictural ]

 

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habitude

Tout cette période Patty était restée sans cette conscience que la durée est aussi adhésive que l'amour, et que plus tu passes de temps avec quelqu'un plus il y avait la probabilité de se retrouver à gérer cette sorte de chose permanente que les gens appellent "amitié," comme si c'était l'extrémité du sujet, quand la vérité c'est que si "ton ami" fait quelque chose de gênant, ou si toi et "ton ami" décidez que vous vous haïssez, ou si "ce cher ami" déménage et que chacun perd l'adresse de l'autre, cette amitié reste, toujours. Et, bien qu'elle puisse changer de forme et se voir sous différents éclairages, devenir un embarras, un encombrement ou une douleur. Elle ne peut pas simplement cesser d'avoir existé. Quelle que soit sa profondeur dans le passé, essayer de la désavouer ou de la détruire ne constituera donc pas simplement une trahison de l'amitié mais sera, de manière plus pratique, stérile et dommageable aux humains impliqués dans sa jungle gommeuse (l'amitié) dans laquelle ils se sont enfermés. Aussi si d'aventure à l'avenir tu ne veux pas être ami avec une personne particulière, ne lui sois pas proche, ne lui parle, ne va pas où que ce soit près d'elle, parce que dès que tu commenceras à voir quelque chose de bon sens issu de son point de vue (ce qui, inévitablement, arrivera dès que tu seras à ses côtés), alors une histoire commune commencera gentiment à vous glisser sous les pieds.

Auteur: Eisenberg Deborah

Info: A Cautionary Tale

[ complicité ] [ accoutumance ]

 

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