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femmes-hommes

Dans la philosophie Navajo, tout a deux faces de même que dans l'univers deux forces sont en jeu. L'une a une nature douce ; c'est la beauté, la sensibilité, le calme. C'est le féminin. La femme préserve cette abondance. L'autre force en jeu possède une nature destructrice. On lui associe des termes comme agressivité, guerre, brutalité. C'est le masculin qui les incarne. Il y a du mal, et il faut l'utiliser en petite quantité mais l'utiliser quand même.
Hozho est féminin. Naayee est masculin. C'est ainsi que la nature est structurée. Le ciel est mâle : la foudre, le soleil, les tornades, les cyclones. La terre est du côté du féminin : elle est plus douce, moins rageuse, moins guerrière. Certes, il y a les tremblements de terre mais ils sont assez rares. Car la nature féminine possède aussi sa part de naayee, sa part d'agressivité, de destruction mais en petite quantité, de même que le masculin contient sa part de douceur mais en proportion moindre.
Ainsi vivons-nous dans un subtil dosage de beauté et de laideur. Mais il faut éviter de laisser naayee l'emporter. Nous avons notre part de naayee, les armes nucléaires c'est du naayee, mais à condition de les utiliser à titre de prévention, pas de céder à leur utilisation. On peut se servir du mal pour protéger la beauté et jamais l'utiliser en soi, pas le mal pour le mal.

Auteur: Crossman Sylvie

Info: Hozho, peintures de guérison des Indiens Navajo, p. 17

[ animisme ] [ religion ] [ bipolarité ]

 

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prophétie

Tant que la population Chinoise ne s'accroîtra pas à l'excès, elle préfèrera toujours ce sol à d'autres : aucune ambition militaire, aucune croisade politique ne la font fermenter. Il faudrait, pour que le réservoir débordât et que les eaux jaunes descendissent une fois de plus du toit du globe, imaginer une Chine sans guerres, sans épidémies, sans cataclysmes. Alors ces quatre cent millions d'hommes deviendraient un miliard et le monde serait un monde jaune. L'exemple du Japon et son fantastique accroissement, près d'un million de naissances par an, depuis qu'il s'est converti à l'hygiène et à la science moderne, ne permet pas d'en douter.

Aujourd'hui il ne s'agit pas de savoir si le Japon aime ou non l'Amérique, l'Australie.

La question est : Qui le Japon, surcomprimé, tuera-t-il en éclatant ?

C'est grâce aux tremblements de terre, aux typhons, aux crues du Yang-Tsé que nos enfants pourront continuer à cultiver les primeurs d'Avignon et de Roscoff (qui d'ailleurs sont loin de rendre ce qu'elles rendraient entre des mains chinoises). Aucun travailleur, aucun commercant blanc ne peut tenir à côté des jaunes dînant d'une graine de pastèque grillé. Nos syndiqués le savent-ils ? Si le pacifique, ce fossé qu'il faut douze jours pour traverser, semble à l'Amérique une protection insuffisante, que dira l'Europe que rien ne sépare de l'Asie et qui n'est que la vallée fertile en bas de la montagne ?

Auteur: Morand Paul

Info: Rien que la terre (1928, 212p., Grasset, les cahiers rouges) p. 49, 51

[ affrontement racial ] [ catastrophes bénéfiques ] [ géopolitique ] [ démographie ] [ races ] [ empire du milieu ]

 

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question

Une variante particulièrement pernicieuse du mensonge est celle du mensonge dit "utile". Faut-il donner des témoignages "arrangés", si c'est pour la bonne cause ? Doit-on dramatiser, si c'est la seule façon de faire passer le message ? Comment passionner l'opinion sur un sujet et qu'elle apporte sa contribution financière, alors que tant de catastrophes se bousculent sur nos écrans, famines, massacres ou tremblements de terre ? Il faut faire du tapage disent les uns, sinon vous n'êtes pas écouté dans le tohu-bohu médiatique. Ce n'est pas faux. D'autres hésitent. Ils ont raison. Les meilleures photos de guerre sont souvent "bidonnées", c'est à dire reconstituées "après". En pleine opération, il y a trop de fumée et de bruit, sans parler du danger, pour prendre des documents de qualité permettant la reproduction. La photo du pilote d'un avion détourné par des terroristes, un pistolet braqué sur la tête, a fait le tour du monde. Elle a été "organisée" très cher à la suite d'un marché en dollars entre les intéressés, y compris les terroristes, à l'initiative d'un correspondant de presse. La photo est bonne, elle a fait parler du terrorisme et de ses dangers. Certes, mais est-ce suffisant pour justifier la mise en scène ? "Et comment marquer la limite, à quel moment crier : holà ? Qu'il s'agisse de "charité-business", de couverture de l'actualité, de propagande intéressée ou non, on est désormais à la limite du mensonge politique, et souvent du mauvais côté.

Auteur: Deniau Jean-François

Info: Ce que je crois, Grasset, LdP 1992 p.122

[ médias ]

 

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dieu vivant

Gordon fut bien vite cerné par un rempart de visages d'hommes, de femmes et d'enfants, tous surexcités. Il en vit qui boitaient. D'autres étaient couturés de cicatrices livides ; leur voix avait les rauques inflexions de la tuberculose. Et pourtant, en cet instant, toutes les souffrances de l'existence paraissaient reculer dans l'ombre sous l'illumination soudaine d'une foi retrouvée. 

Transpercé par ces regards emplis d'espoir, Gordon garda son calme et, lentement, s'avança vers le portail. Il souriait et distribuait des saluts et des signes de tête, tout particulièrement à ceux qui se détachaient du cercle pour venir effleurer son coude ou toucher la panse rebondie de sa sacoche. Les plus jeunes arboraient une expression d'émerveillement superstitieux. Sur de nombreux vieux visages, des larmes ruisselaient. 

Les tremblements du choc en retour commencèrent de l'assaillir, mais il résista aux flots d'adrénaline en s'accrochant à la petite lueur de conscience qui clignotait en lui... teintée de honte à la pensée d'un tel mensonge. 

"Et puis merde ! Ce n'est pas ma faute s'ils veulent croire à la petite souris. J'ai fini par grandir, moi, et je suis décidé à prendre la vie comme elle vient. Quel ramassis de gogos !"

Il n'en continua pas moins de sourire à la ronde. Des mains se tendaient vers lui et il était le centre vers lequel convergeaient leurs élans d'amour. Il percevait ces sentiments confus comme une vague d'espoir extraordinaire et inattendu ; elle allait le hisser jusque sur les murs de la ville d'Oakridge.

Auteur: Brin David

Info: Le facteur

[ idole ] [ malentendu ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

ghettoïsation

Presque tout le monde, aujourd’hui, vit dans un univers dangereux et que l’on ne peut fuir. Le terrorisme international, le chantage, les bombes et les prises d’otages affectent aussi bien les riches que les pauvres. Les violences de tous ordres, les crimes et les guerres entre gangs rendent les villes peu sûres et menacent les quartiers suburbains aisés. La violence raciale dans la rue et à l’école semble toujours prête à se muer en une véritable bataille. Le chômage n’atteint plus seulement les pauvres mais le secteur tertiaire, tandis que l’inflation ronge les économies de ceux qui espéraient jouir d’une retraite confortable. Un grand nombre de gens que l’on dit, par euphémisme, appartenir à la classe moyenne parce qu’ils vont au travail "bien habillés", sont maintenant réduits à des conditions d’existence prolétariennes. Beaucoup d’emplois de bureau ne demandant pas plus de compétence que les postes en usine sont encore moins bien payés que ces derniers, et ne confèrent guère de prestige ou de sécurité. La propagande de mort et de destruction que diffusent sans arrêt les grands moyens d’information, ne fait qu’ajouter à l’atmosphère d’insécurité. Les famines lointaines, les tremblements de terre affectant des régions reculées, les guerres et révolutions des antipodes attirent la même attention que les événements se déroulant près de chez nous. Le côté arbitraire des reportages sur ces désastres renforce le caractère arbitraire de l’expérience elle-même ; l’absence de continuité des informations, - la crise d’aujourd’hui cèdera demain la place à une autre crise sans rapport avec la précédente – intensifie le sentiment de discontinuité de l’histoire, l’impression de vivre dans un univers où le passé n’éclaire pas le présent, et où le futur est devenu complètement imprévisible. 

Auteur: Lasch Christopher

Info: Dans "La culture du narcissisme", trad. Michel L. Landa, éd. Flammarion, Paris, 2018, pages 119-120

[ climat de peur ] [ incertitude générale ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

hygiénisme

L’amour commence dans le cerveau. Un simple béguin suffit à libérer de la dopamine, l’hormone qui nous permet de nous sentir bien. L’engouement qui s'ensuit résulte de l'inhibition de la sérotonine, suite à la production élevée de dopamine. Nos glandes surrénales délivrent ensuite de l’adrénaline et de la noradrénaline: ce sont ces hormones qui, lorsque vous tombez amoureux, provoquent d'irrépressibles tremblements et font battre votre cœur à la chamade. Votre amour est scellé lorsque votre cerveau libère de l’ocytocine, l’hormone de l’amour.

Ces hormones sont bénéfiques pour votre système nerveux –donc pour votre cœur. Elles renforcent le système nerveux parasympathique, réduisant le stress et l’anxiété. Une étude menée sur soixante couples a montré que leur tension artérielle était meilleure lorsque les amoureuses et les amoureux étaient physiquement ensemble. Une autre recherche, sur 280.000 hommes et femmes ayant participé à la National Longitudinal Mortality Study, a constaté que les personnes mariées avaient moins de risques d’avoir des maladies cardiovasculaires.

Le sexe est aussi favorable à la santé. Une analyse a été faite sur des étudiantes et étudiants engagés dans des relations suivies, ayant un rapport sexuel une à trois fois par semaine. Ces personnes avaient un niveau plus élevé d’immunoglobulines A dans leur salive –elles ont un rôle essentiel dans la défense de l’organisme.

Enfin, être amoureux encourage à adopter un mode de vie plus sain: «Vous allez probablement être plus susceptible d'écouter votre épouse quand elle vous dira de prendre vos médicaments ou d’aller chez le médecin, a déclaré Jauhar. Ou vous suivrez peut-être ses conseils lorsqu'elle vous dira de vous lever du canapé pour faire de l’exercice, ou de cesser de fumer.»

[...]

Si la romance n’est pas au rendez-vous dans votre vie, ne vous inquiétez pas. Les scientifiques pensent que les bienfaits physiques de l’amour peuvent aussi apparaître lorsque vous ressentez de l’affection pour vos parents, enfants, ou animaux de compagnie.

Auteur: Slate.fr

Info: "L'amour et le sexe sont bons pour le coeur", https://www.slate.fr/story/173709/amour-sexe-bons-coeur-stress-maladies-cardio-vasculaires?utm_source=Ownpage&_ope=eyJndWlkIjoiZDQ1M2YyYWIyN2FhZWVjYWYzMzU1YzQzOWUyZmI5OGIifQ%3D%3D

[ justification biologique ] [ réductionnisme ] [ gymnastique ] [ affection ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

principe de précaution

Un point semble acquis depuis que la canicule, en août dernier, a fait les ravages que l’on sait : notre société doit se doter de toute urgence d’outils susceptibles d’anticiper les situations à risque, de les repérer, de les renifler, de les identifier si possible avant même qu’elles ne se connaissent elles-mêmes. 

L’idéal serait d’écraser le serpent dans l’œuf avant que l’œuf ne soit pondu. Avant que le serpent ne songe à le pondre. Avant que le serpent n’existe. Avant la Genèse, en somme. Avant le monde, cet amas infernal d’aléas de toutes sortes, de dangers toujours nouveaux, toujours en devenir et toujours surprenants, et qui ne veulent pas dire leur nom avant de se manifester dans toute leur ampleur dévastatrice. [...] On a fait sévèrement grief au gouvernement de ne pas avoir reconnu le risque alors qu’il était encore incertain. Et aux autorités sanitaires d’avoir fait montre, les premiers jours, d’un déficit flagrant de réactivité par rapport à un phénomène encore relativement invisible. Mais aussi aux municipalités et aux conseils généraux, qui auraient pu trouver sans grande difficulté les moyens et les énergies nécessaires pour organiser des actions préventives et anticipatrices de prophylaxie et de contraception si seulement ils avaient pensé à penser à la canicule avant que tout le monde y pense. Mais ils n’ont pas pensé à y penser. D’où les dysfonctionnements dont on les accuse et dont ils essaient tant bien que mal, plutôt mal que bien, de se disculper.

Mais on ne les y reprendra plus. Ils vont travailler désormais sur toutes les menaces et suspensions. Sur les prochaines canicules, bien entendu, et sur les inondations, sur les orages, sur les incendies, sur les ouragans, sur les tremblements de terre, sur les tempêtes de grêle, sur les marées noires. Sur les épidémies en projet et sur les intentions de pandémies. Sur le vent, sur la pluie, sur la neige. Sur les déluges et sur les crues. Sur les giboulées de feu, les inondations de vent, les fournaises de neige. Sur le cyanure qu’un dingue injectera un de ces jours dans les yaourts des supermarchés. Ou dans les petits pots de bébé.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, page 1720

[ sécurité ] [ absurde ] [ pouvoir prophétique ] [ peur ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

french kiss

Nous ne nous sommes même pas embrassés ni regardés dans les yeux. Nos lèvres se sont juste introduites par effraction dans des labyrinthes intérieurs profondément enchâssés entre nos oreilles, les ont remplis de la musique secrète des mots vicieux, les siens dans de nombreuses langues, les miens dans le goût douteux de ma seule langue, jusqu'à ce que nos langues remuent, et nos consonnes ont tourné et crissé, cliqueté plus fort, hésité, foncé plus vite, les syllabes se sont bientôt mêlées aux grognements, ou les grognements ont trouvé une prise dans des mots nouveaux, ou des mots anciens, ou des mots inventés, jusqu'à ce que nous mélangions nos chaleurs et refusions de les libérer, goûtant trop le sombre langage sur lequel nous venions de trébucher, désirant et sidérant, pas vraiment une communication, plutôt une canalisation de nos désirs balbutiés, les siens pour ce que j'en sais partis vers les Forêts Noires et les loups, les miens réintégrant brutalement une forme familière, ce grand mystère spectral dont je ne pouvais qu'entendre la forme, qui en dépit de nos désirs distincts et cris individuels continuait à nous entrainer dans des tonalités plus étrangères, notre désir commun de continuer à étreindre la brûlure alimentée par le bruit, ses hurlements stridents, les miens - je ne les entendais pas - seulement les siens, probablement en contrepoint des miens, un cri haut perché, puis un murmure chutant de manière imprévue et se changeant presque en jappement, en grognement, je ne sais pas trop, et soudain plus la moindre courbe, juste la fuite en avant, une ligne franchie où tous les sons fracturés déjà prononcés finissent par se condenser en un long mot agonisant, qui excède aisément la centaine de lettres, même le tonnerre, et anticipe l'inévitable relâchement, quand la chaleur devient enfin trop pesante, et menace de brûler, marquer, déchirer, mais suffisamment tentante pour qu'on s'y raccroche encore ne serait-ce qu'une seconde, afin d'étirer le tout, si nous le pouvons, comme si en s'approchant autant de la chaleur, en s'en enveloppant à ce point, allait se révéler... ce qui, lorsque nous nous sommes étreints, tenus, retenus, s'était finalement révélé trop, trop de quelques secondes, et impossible à refuser, et donc faisant tout exploser, frissons et tremblements, et donc tout au fond de sa gorge un millier de lettres s'écrasant en une longue chute non modulée, résonnant profondément dans mon oreille et le long du nerf auditif, un dernier sursaut de rage décrivant en détails durables la forme de choses déjà survenues.

Auteur: Danielewski Mark Z.

Info: La Maison des feuilles

[ pelle roulée ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

Kali Yuga

Nous somes actuellement dans l'ère des cinq dégénérescences, à une époque où un bon éon est en train de s'achever. Par "nous", je ne fais pas référence à notre génération, ni même à une période en incluant une ou deux précédant la nôtre. Notre ère est la même que celle du Bouddha Sakyamouni : lui aussi est né et a enseigné durant ces temps dégénérés. Le bon éon a eu ses propres bouddhas, les quatre premiers. Nous sommes extrêmement chanceux qu'un bouddha se soit manifesté dans cet éon difficile. Pendant de nombreuses et nombreuses générations, des êtres ont vécu et continuent de vivre dans des conditions trés difficiles. Pour désigner ces conditions, on parle des "cinq dégénérescences", ou des cinq crises. Celles-ci sont aussi courantes de nos jours qu'elles l'étaient il y a deux mille ans.

La vie physique : la durée de la vie humaine se limite à environ cent ans. Même avec les avancées de la médecine moderne et la possibilité d'avoir une alimentation saine, cette espérance de vie reste limitée. Nos corps physiques sont sujets à de nombreuses maladies capables d'abréger notre existence.

L'époque : nous sommes soumis à des conditions environnementales précaires, résultats de notre karma collectif. Nous sommes controntés à de nombreuses catastrophes naturelles qui peuvent frapper à tout moment, telles que les ouragans, les tornades, les tremblements de terre, les innondations, les incendies, et les guerres soudaines déclenchées par des individus stupides.

L'imperfection des êtres : notre nature actuelle n'est pas parfaite. Même si nous avons le potentiel de la développer de façon positive, ce n'est pas notre tendance, car nos nombreuses imperfections, telles que l'agressivité, entravent nos possibilités de nous améliorer.

Nous vivons une époque où la plupart des gens nuisent les uns aux autres. Nous nous retrouvons au beau milieu de guerres et d'un climat de violence et d'exploitation. Beaucoup de gens subissent de terribles atrocités perpétrées par leurs semblables. Nous sommes aussi cruels envers les animaux, et les animaux eux-mêmes s'attaquent les uns aux autres. Le mal que les êtres vivants s'infligent mutuellement est à son paroxysme.

Les vues erronées : l'ennui avec les vues erronées, c'est qu'elles créent de nombreux problèmes dans le monde. Les points de vue imparfaits des masses trouvent leurs racines dans la saisie égocentrique, la confusion et l'égoïsme. Ces erreurs de mode de pensée perpétuent dans la société l'injustice et une discrimination néfaste. Les vues erronées se sont malheureusement taillé leur place dans tous les domaines de la vie - que ce soit le système social comme celui religieux, culturel, politique ou juridique.

Emotions perturbatrices : partout, les gens sont sous l'emprise des émotions négatives. En fait, les émotions perturbatrices s'élèvent constamment, de façon très naturelle. Bien que, pour elles, il existe des remèdes, leur mise en application se révèle être une tâche plutôt ardue. Si nous souhaitons développer ne serait-ce qu'une vertu infime, nous devons exercer un grand effort, car la plupart du temps les émotions négatives nous submergent tout simplement.

Nous pouvons observer que l'époque qui est la notre est particulièrement mauvaise. Pratiquement tous les êtres vivants agissent presque exclusivement poussés par leur esprit qui est dans un état d'affliction. La plupart du temps, même la première impulsion à agir se fonde sur un esprit affligé et est lié à un mauvais karma. Ce que nous accomplissons, nous l'accomplissons uniquement pour notre bienfait. Même ceux qui, dans leur vie, essayent de faire le bien, de pratiquer le dharma ou autre chose de positif rencontreront de nombreux obstacles dans leur existence. Si on les compare à ceux qui vivent de façon malhonnête et sont motivés par ce qui est négatif, nous voyons que ces derniers ont tendance à vivre longtemps et à connaître le succès. Un horrible leader peut être réélu par exemple ! En cette sombre époque, il n'y a pratiquement aucune méthode dans le dharma qui puisse être un bon remède, mis à part la pratique de l'échange de soi avec autrui.

Auteur: Shamar Rinpoché

Info: Lo Djong, la voie vers l'Eveil.

[ chaos ] [ fin de cycle ] [ historique ] [ jugement pessimiste ]

 
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Ajouté à la BD par Neshouma

mourir

Paticha s'appelait Patricia, mais à cinq ans, le monde est aussi petit que les mots. À chaque fois que nous traversions la rivière pendant les mois de pluie, il nous fallait faire appel à l'aide d'un compagnon milicien. A cet endroit dont je vous parle, celui qui nous faisait traverser était un jeune sergent de milice : Artemio. Artemio était le père de Paticha et il arrivait avec elle à notre rencontre pour convenir de la manière et de l'heure de notre traversée. En général, Paticha apportait une petite casserole de café et quelques assiettes creuses. Tandis que nous discutions avec Artemio, Paticha regardait fixement la fumée qui sortait de ma pipe. J'avais déjà appris l'art difficile qui consiste à fumer, mordiller la pipe tout en conversant. Les premières fois, Paticha restait prudemment à l'abri des jambes de son père, d'où elle observait la pipe et les volutes de fumée qui, de temps en temps, s'en échappaient. Après quelques rencontres qui la mirent en confiance, Paticha s'approcha timidement mais pas trop. Elle attendit le moment où elle me supposait le plus occupé à discuter avec son père et - enfin ! - s'assit à côté de moi sans quitter du regard la fumée qui m'entourait. Elle finit par approcher sa Petite main droite et tenta de toucher le foyer de la pipe... elle se brûla bien sûr, mais resta assise à côté de moi. Dans sa langue maternelle je lui demandai son nom : - "Paticha", répondit-elle, et son père de s'empresser de préciser que c'était "Patricia", mais qu'elle ne savait encore pas bien parler.
Bon. Paticha voulait être zapatiste quand elle serait grande. Cette date probable était, pour Paticha, très proche puisque, d'après ses calculs, à six ans on est assez grand pour traverser la frontière de la rivière et partir avec ces hommes et ces femmes qui marchent la nuit, transportant des armes et des nuages pour protéger leur chemin.
Un après-midi, alors que nous tentions seuls la traversée de la rivière parce que personne n'était venu nous aider, Artemio apparut les yeux embués de larmes. Paticha était malade et la fièvre commençait à l'emporter loin de nous. Nous renonçâmes à cette traversée hasardeuse et nous rendîmes à la cabane d'Artemio. Paticha brûlait de tremblements fiévreux. Ses yeux brillants trouvèrent à nouveau la pipe entre mes lèvres, et elle y risqua de nouveau sa petite main. Cette fois, la chaleur du foyer ne la brûla pas puisqu'elle était déjà brûlante des derniers tremblements. Je lâchai la pipe dans sa main qui reposa le long de son corps. Nous fîmes tout ce qui était possible sur place, sans médicaments, sans docteur, sans rien, et la nuit tombée, les chiffons mouillés sur le corps de Paticha séchaient rapidement ; nous la baignâmes plusieurs fois tout habillée et la pipe dans la main. En quatre heures, elle avait quitté nos mains et la vie... Elle cessa de trembler, ferma les yeux et, finalement, se mit à refroidir, refroidir... La fièvre l'abandonnait en même temps que la vie. Sa petite main resta accrochée à la pipe, et c'est avec elle que nous l'enterrions le lendemain.
Paticha n'a jamais existé aux yeux de ce pays, elle n'est jamais morte parce que sa naissance n'a été inscrite sur aucun registre. "Non nato", c'est-à-dire "non né", telle serait plus tard la mention sur un document perdu parmi tant de bureaux et de fonctionnaires.
Je me suis trouvé une autre pipe, mais le petit morceau de coeur qui s'est enfui avec Paticha, je n'ai pu le remplacer d'aucune façon.
Il est douloureux de savoir que l'histoire de Paticha n'est pas une fable, que c'est une réalité courante dans notre Patrie. Mais ça n'est pas le plus terrible : ce qui est sinistre, c'est que nous soyons obligés de prendre les armes contre le Gouvernement suprême pour que vous, enfants d'autres terres, connaissiez cette histoire et constatiez que ce qu'il se passe n'est pas juste. Les "Patichas"qui ne naissent jamais et meurent toujours, pullulent sous les cieux du Mexique. Je vous demande si nous pouvons continuer de connaître ces injustices et faire comme si de rien n'était, comme si personne n'était né et personne n'était mort. Je vous demande si, sachant cela, nous devons nous contenter de la montagne de promesses avec laquelle le mauvais gouvernement compte nous arracher nos armes et notre dignité. Je vous demande si, avec ce gros poids sur la poitrine, nous devons nous rendre. Je suis sûr que non. Ne l'oubliez pas, ne nous oubliez pas. Salut et bonne chance pour vos examens. Appliquez-vous en histoire, sans elle tout est inutile et dépourvu de sens. Voilà.

Auteur: Subcomandante Marcos Paco Ignacio Taibo II

Info: Montagnes du Sud-Est mexicain, 1998. Sous le pseudo de Subcomandante Marcos

[ enfant ] [ d'une petite fille ]

 
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