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enfance

Et si quelquefois il me reste encore le sens d'y avoir représenté quelque chose, quand je rentre dans une école, j'ai l'impression d'un vieil acteur qui, ayant abandonné depuis longtemps la scène, remonte sur les planches démontées d'un théâtre de province dans un matin de soleil.

Auteur: Stuparich Giani

Info: Trieste dans mes souvenirs

[ réminiscences ] [ mémoire ]

 

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femmes-par-homme

Deux autres qualités différenciaient les femmes de Trieste: c'était leur "romantisme" d'un côté, et de l'autre leur "émancipation". Ces deux qualités aussi surprenaient ceux qui, venant d'un autre climat, les approchaient pour la première fois. Et elles naissaient, elles aussi, de ce mélange de civilisations et de races, comme du sol qui les avait portées.

Qu'était au fond le "romantisme "des femmes de Trieste ? C'était surtout une façon plus passionnée de sentir, de s'exprimer; une tendance, et pas seulement en paroles, à outrepasser les possibilités offertes par la vie et par l'amour.

Auteur: Saba Umberto

Info: Femmes de Trieste

[ frontalières ] [ cosmopolites ] [ libres ]

 

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anecdote

Chez nous on entend toujours citer Joyce à côté de Proust. Je voudrais les séparer définitivement. C'est une tâche assez facile. Dans la vie ils ne se sont rencontrés qu'une seule fois. Une nuit, Proust déjà souffrant, se résolut à sortir de sa maison aux fenêtres scellées des Champs-Elysées, sans doute y était-il contraint par le besoin d'une enquête, pour pouvoir terminer une phrase ou quelque incise empreinte de réalité. Il fit connaissance de Joyce et, tout à ses préoccupations, lui demanda aussitôt : "Connaissez-vous la princesse X". "Non", répondit Joyce. Et Proust : "Connaissez-vous la princesse Y ?". "Non", répondit Joyce, ça ne m'intéresse pas du tout". Ils se séparèrent et ne se revirent jamais.

Auteur: Svevo Italo

Info: Conférence sur James Joyce prononcée le 8 mars 1927 à Milan, in Ulysse est né à Trieste, finitude, 2003, pp. 81-82

[ littérature ]

 

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pandémies

Trieste faisait alors partie de l’empire austro-hongrois. Avant la guerre, mon père vendait du beurre, du miel et du fromage blanc sur le marché de Ponterosso, avec son étal roulant exposé à tous les vents. Les jours de bora, il se protégeait avec un journal qu’il glissait sous sa veste. Mais au moment de l’épidémie, il n’était pas à la maison, mobilisé dans l’armée autrichienne, comme photographe de guerre.

Je n’étais alors âgé que de cinq ans et cette épidémie (1918) fut un désastre car nous étions seuls, ma mère, mes deux jeunes sœurs et moi. Mimitza avait trois ans, Evelyna deux ans. Tous atteints, avec quarante de fièvre, transpirant de sueur. Impossible de quitter le lit, d’être secourus. Nous vivions alors 28, via Commerciale dans une sorte de cave. Une pièce unique en sous-sol où mon père avait tendu un fil de fer. Maman y avait accroché une toile en guise de séparation, d’un côté la chambre, de l’autre la cuisine. Je me rappelle qu’il y avait dehors un peu d’herbe, quelques arbres, et je jouais là avec ma jeune sœur Mimitza. Elle était toute petite Mimitza. Mimitza est un diminutif qui veut dire Marie.

Mon grand-père, le père de mon père, ne pouvait nous venir en aide, retenu aux côtés de ma grand-mère et de mon cousin Cyril – qui devait se suicider quelques années plus tard. Ils habitaient dans une mansarde sous les toits, près du canal Grande, cette langue de mer qui pénètre au cœur de la ville thérésienne, là où mouillent les vieux bateaux à fond plat. Ils attendent le printemps pour sortir, quand la marée basse laisse un passage assez large sous le Ponterosso. Tout près, sur ce marché du Ponterosso, les Slovènes descendaient du plateau karstique pour vendre les produits de leur ferme. C’est l’une d’elles qui est venue nous porter secours. Qui l’a alertée ? je ne sais pas, mon grand-père sans doute car il ne pouvait se déplacer. Je me souviens qu’elle nous a préparé du thé. De cela je m’en rappelle bien car nous mourrions tous de soif à cause de la fièvre. Finalement nous avons guéri. Sauf ma petite sœur Mimitza. Elle était délicate, comme le sont aujourd’hui ceux qui décèdent du Covid-19, les personnes âgées, les malades. Elle n’a pas survécu mais aujourd’hui je pense qu’on l’aurait sauvée. Je me rappelle de la douleur de mon père, je me rappelle que tous les jours il fleurissait sa tombe.

Et pour nous pas de répit. Peu de temps après, ce fut une autre catastrophe : l’incendie de la maison de culture slovène par les chemises noires et le début du fascisme avec l’interdiction de parler notre langue, l’obligation d’italianiser nos patronymes. "Les Slovènes, des poux à écraser !" écrira le frère de Mussolini dans le journal Populi Roma…

C’était en 1920, il y a cent ans de cela. Une autre contamination, une peste brune commençait à envahir l’Europe. Et combien y en eut-il ensuite, des milliers et des milliers de poux que l’on s’est acharné à écraser ?

Je veux espérer que le mal d’aujourd’hui sera différent d’alors, que l’épidémie se trouvera rapidement enrayée. Les peuples n’ont-ils pas assez souffert ? Je souhaite de tout cœur que toutes ces souffrances viennent un jour à nous enseigner la sagesse…

Auteur: Pahor Boris

Info: Propos recueillis par Anne-Marie Mansuym, sur Causeur.fr, mars 2020

[ témoignage ] [ grippe espagnole ] [ coronavirus ]

 

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