Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 2552
Temps de recherche: 0.0557s

méthode philosophique

La dialectique consiste à voir le point commun dans ce qui constitue à priori les oppositions dans leur apparence inconciliable.

Dans le cas du jugement, par exemple qu’est-ce que vrai?, nous avons toujours affaire à:

- le premier temps qui est celui du jugement dit "dogmatique": ce qui est vrai, c’est ce que je reconnais déjà comme vrai, que je trouve vrai (thèse)

- dans un deuxième temps, je me rends compte que c’est la culture spécifique du sujet qui prédétermine ce qui est vrai pour lui, et j’en arrive donc au jugement sceptique qui aboutit au relativisme culturel: tout se vaut, il n’y a pas de vrai en soi, chacun sa vérité...

- le troisième temps permet de poser le problème de manière différente, le jugement dialectique (synthèse) permet de saisir le point commun entre les deux temps précédents: dans les deux cas, le vrai semble dépendre de quelque chose d’externe, or si je reconnais le vrai, ce n’est pas dans l’objet extérieur qu’il s’agit de chercher les critères décisifs du vrai, mais chez le sujet lui-même.

Il y a deux sortes de vérité, la vérité des faits et la vérité du désir. Or la vérité des faits s’énonce toujours en fonction du désir de qui rapporte les faits.

S’il y a reconnaissance (du vrai) c’est qu’il y aura eu désir (subversion du sujet et dialectique du désir), si j’ai du plaisir à boire, c’est que j’aurai eu soif, le plaisir de boire présuppose la soif (sauf pour les boit-sans-soif...) car nous dit Spinoza, nous ne désirons pas les choses parce qu’elles sont bonnes mais nous trouvons les choses bonnes parce que nous les désirons.

La synthèse au plan dialectique intègre donc les deux propositions qui précèdent (thèse et antithèse) et reprend la position de l’antithèse mais en lui faisant faire un pas de plus, le pas décisif, qui consiste à réintégrer le sujet de l’énonciation dans son énoncé.

Le problème s’en trouve déplacé et ne se pose plus de la même manière, la question ne peut plus être "qu’est-ce qui est vrai?" mais: "qu’est-ce que, toi, tu appelles vrai?"

C’est la manière de questionner propre à Socrate qui fait passer la question du plan objectif "qu’est ce qu’une chose?" au plan du sujet "qu’appelles-tu, toi, cette chose?", rappelant que ce sont toujours à des mots que nous avons affaire a priori, et que chaque sujet est unique dans sa singularité absolue.

Voilà pourquoi Lacan considère Socrate comme le premier psychanalyste ("l’hystérie géniale de Socrate") et Hegel, qui a remis la dialectique au cœur de la logique comme: "le plus sublime des hystériques"..

Auteur: Dubuis Santini Christian

Info: Publication facebook du 17.03.2021

[ expliquée ] [ discours hystérique ] [ innovation ] [ subjectif-objectif ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

au-delà

La NDE : une très ancienne légende
Voilà une histoire aussi ancienne que l’humanité. Les Grecs l’appelaient deuteropotmos, ce qui pourrait se traduire par “évanoui deux fois”. On la retrouve au Moyen Age. Perceval va mourir, par pendaison - ou noyé dans les douves d’un château -, quand soudain, à l’article du trépas, il bascule dans un songe étrange. Débarrassé en un éclair de la souffrance horrible qu’il endure, le voilà envahi par un grand calme, inoui (un calme qu’il n’oubliera jamais et qui fera se dissoudre en lui jusqu’à la peur de mourir). Plus léger que l’air, il se retrouve projeté hors de lui-même. Certains rescapés de mort imminente sur le champ de bataille racontent ainsi comment ils se sont vus, de l’extérieur d’eux-mêmes, dépouillés de leurs armures par l’ennemi - par exemple par des soldats du Vietcong dans les récits américains (Libération, juin 1986) - et comment, s’étant reconnus dans le “cadavre” dont on faisait les poches, ils en ont conclu, ahuris, qu’ils se trouvaient dans une dimension nouvelle, au-delà de l’espace-temps où ils avaient pris l’habitude de vivre. Morts ? Et pourtant, plus éveillés que jamais ! Le plus ancien guerrier rescapé que l’on connaisse dans ce genre s’appelait Er et Platon nous rapporte son récit de retour de bataille. Plus tard, les exégètes s’interrogeront : Platon s’amusait-il d’une métaphore s’adaptant bien aux marionnettes de sa grotte fascinées par leurs propres ombres ? Le disciple de Socrate était aussi un humoriste et rien ne nous dit que sa parabole n’avait pas pour dessein de se moquer des croyances superstitieuses des adeptes des Mystères égyptiens, auxquels ses contemporains aimaient s’adonner.

Une autre référence archaïque nous ramène à l’origine du syncrétisme sikh, à la frontière entre l’hindouisme et l’islam. Le fondateur s’appelle Guru Nanak. La légende rapporte que s’étant noyé dans un lac (proche de l’actuelle Amritsar), il y serait resté trois jours, avant de revenir “miraculeusement” à la vie, annonçant alors à ses proches : “J’ai vu le Saint Nectar (la lumière de l’Amrit, semblable à celle du Graal), qui m’a révélé qu’il n’y a ni hindous, ni musulmans, mais seulement des sikhs” (c’est-à dire des élèves). On sait que la suite de cette révélation engendra une lignée de guerriers particulièrement braves, dont les dix premiers chefs acceptèrent de se laisser décapiter par les tyrans mogols, avant de décider de passer dans la clandestinité - s’appuyant sur une armée secrète (la Khalsa), qui, loin de dégénérer en secte incohérente, donna au subcontinent indien sa communauté la plus éclairée, la plus ouverte à la modernité, au mouvement de dépassement des castes et à l’individuation des êtres (Gandhi en profita largement, avant de se trouver contraint de les abandonner aux horreurs de la partition de 1947, qui passait justement à travers leur territoire).

Auteur: Internet

Info: http://www.cles.com

[ E.M.I. ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

moyen âge

Chez les historiens médiévistes, qui en restent les principaux utilisateurs, la notion de féodalité renvoie schématiquement à trois usages différents. Un usage traditionnel (François-Louis Ganshof, Robert Boutruche), politique et juridique, désigne par féodalité les liens féodo-vassaliques, c'est-à-dire les relations hiérarchisées internes à l’aristocratie, fondées sur la fidélité (manifestée par le serment, auquel s'ajoute parfois le rituel de l'hommage), l'échange de services (la protection, l'aide et le conseil) et la possession partagée d'un fief (à la fois bien foncier et ensemble de droits seigneuriaux), entre seigneurs et vassaux. Cette organisation de la classe dominante constituerait la caractéristique majeure de la société européenne médiévale, pour certains dès l'époque carolingienne, pour d'autres plus tard, à l'âge justement désigné comme féodal. C'est cet usage traditionnel de la notion qui a fait l'objet du plus grand nombre de critiques, d'abord de la part d'historiens plus sensibles à la primauté du rapport de domination seigneurial sur les paysans (Rodney Hilton, Georges Duby, Robert Fossier), ensuite de la part d'historiens influencés par l'anthropologie et plus attentifs aux modalités non féodales de la régulation sociale à l'échelle des sociétés locales (Fredric Cheyette, Patrick Geary, Stephen White, Dominique Barthélemy) ou aux solidarités coutumières à l'échelle des royaumes (Susan Reynolds). Un deuxième usage, plus large et plus fréquent depuis les travaux de Marc Bloch et Georges Duby recourt au terme féodalité ou à l'expression société féodale pour définir une société où la domination sur la terre et les hommes est exercée à l'échelle locale au profit d'une aristocratie à la fois foncière et guerrière, laïque et ecclésiastique, à l'écart de toute souveraineté de type étatique. Dans ce cadre, la féodalité au sens traditionnel n'est plus que l'un des instruments de la reproduction de la domination aristocratique parmi d'autres, telles que la guerre vicinale, la culture de la faide (vendetta entre familles) ou l'élaboration de systèmes de représentations spécifiques comme "l'idéologie des trois ordres” clergé, noblesse et Tiers état . Un troisième usage (Guy Bois, Ludolf Kuchenbuch. Chris Wickham), souvent d'inspiration marxiste, emploie indifféremment féodalité ou féodalisme pour caractériser un régime social fondé sur l'appropriation du surproduit paysan par la classe aristocratique (laïque et ecclésiastique) à travers le grand domaine puis la seigneurie. Dans ce cadre aussi la féodalité au sens traditionnel est généralement considérée comme la principale modalité de redistribution de la "rente seigneuriale" au sein du groupe dominant (Pierre Bonnassie). Des considérations chronologiques variées sont associées à chacune de ces conceptions de la féodalité, les unes englobant l'ensemble de la période médiévale. de la chute de l'Empire romain à l'avènement des États modernes (tantôt situé aux XIVe- XVIe siècles, tantôt repoussé au XVIIIe siècle), les autres une période plus restreinte censée correspondre à la dissolution maximale de l'autorité publique entre l’effondrement de l’Empire carolingien et le renouveau monarchique capétien au XIIe siècle.

Auteur: Gauvard Claude

Info: Dictionnaire de l'historien

[ tour d'horizon ] [ sociologie ] [ pouvoirs ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

pollution lumineuse

En effet, ce n’est pas le jour que l’on voit, car en journée, le présent et même l’instant retiennent notre regard et nos jugements, engonçant les hommes dans leurs affairements quotidiens. La nuit, en revanche, quand les besoins du corps organique et social ont été satisfaits, l’homme peut se permettre de ne plus penser seulement à lui. Devant ses yeux s’ouvre l’univers entier : voyant très loin dans les profondeurs du firmament, il considère son présent par rapport à des étoiles qui existaient avant sa naissance, qui restent à leur place tout au long de sa vie, et qui, enfin, demeureront quand mourra cet humble spectateur. Par conséquent, en contemplant la nuit, l’homme sort du présent et accède à la conscience du temps, passé et avenir, et au-delà même du temps, à la sensation de l’éternité.



C’est bien la nuit que nous voyons, et pourtant, c’est elle qui est aujourd’hui menacée : outre l’inquiétante diminution du temps de sommeil dans la vie de nos contemporains affairés, il faut remarquer que, parallèlement à la saturation des informations qui empêche leur lisibilité, la saturation de luminosité liée à l’urbanisation et à la multiplication des écrans empêche, à son tour, la visibilité de notre situation dans le temps et dans l’espace, rendue possible jusqu’ici par le spectacle de la nuit. Le changement profond de nos modes de vie à l’heure de la modernité nous empêche désormais de contempler l’évidence de la nuit et d’en discerner les signes pour notre vie future. En effet, la chasse que les Lumières électriques ont livré à l’obscurité au XVIIIe siècle a été entérinée en novembre 1906, lorsque le très anticlérical René Viviani, alors ministre du travail, vantait devant l’Assemblée Nationale le fait que, "d’un geste magnifique, nous avons éteint, dans le ciel, des lumières qu’on ne rallumera plus". À l’ancienne superstition "obscurantiste", la modernité irréligieuse a fait place à ce que Péguy appelait la nouvelle "superstition", qui consiste à éteindre les anges du ciel pour allumer sur terre les réverbères du progrès. L’époque contemporaine revient désabusée de ces nouvelles croyances séculaires – désillusion que d’aucuns appellent la "postmodernité". En effet, en 2001, à l’aube de notre troisième millénaire, un Atlas mondial de la clarté artificielle du ciel nocturne a été publié par l’équipe de l’astronome italien Pierantonio Cizano, qui permet de visualiser l’étendue de la luminosité artificielle et de quantifier les populations affectées par son excès. Selon les auteurs de cet atlas, nous explique l’équipe d’Yvan Ajoulet et Dominique David dans un rapport ministériel de juillet 2014 sur les nuisances lumineuses, "la moitié de la population européenne vivant à proximité des métropoles ne pourrait plus observer la Voie lactée à l’œil nu, et seules une vingtaine d’étoiles sont désormais encore visibles dans le ciel en ville contre plus de 2000 en campagne".

Auteur: Ducay Paul

Info: https://philitt.fr/2022/09/22/la-grande-nuit-sans-etoiles/

[ éclairage artificiel ] [ symbolisme ] [ aveuglement ] [ zombification ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

question

Un homme s'est assis dans une station de métro de Washington DC et a commencé à jouer du violon par une froide matinée de janvier ; il a joué six morceaux de Bach pendant environ 45 minutes. Pendant ce temps, comme c'était l'heure de pointe, on estime que 1 100 personnes ont traversé la gare, la plupart se rendant au travail. 

Trois minutes se sont écoulées lorsqu'un homme d'âge moyen a remarqué le musicien, a ralenti et s'est arrêté quelques secondes, mais a ensuite continué sa route pour ne pas être en retard.

Une minute plus tard, le violoniste a reçu son premier dollar, une dame a jeté l'argent sans même s'arrêter et a continué son chemin.

Quelques minutes plus tard, quelqu'un s'est arrêté au mur pour l'écouter, mais en regardant l'horloge, il a repris sa marche. Il était clairement en retard pour le travail.

Celui qui a fait le plus attention était un garçon de 3 ans. Maman le tenait par la main, pressée, mais le garçon s'est arrêté pour regarder le violoniste. Finalement, maman l'a sorti avec plus de force et le garçon a continué à marcher, en tournant plusieurs fois la tête pour regarder le violoniste. Cette action a été répétée par plusieurs autres enfants. Tous les parents, sans exception, ont forcé les enfants à continuer.

Pendant les 45 minutes où le musicien a joué, seules 6 personnes se sont arrêtées un moment. Une vingtaine d'entre eux lui ont donné de l'argent mais ont continué à leur rythme normal. Il a pris environ 32 dollars. Quand il a arrêté de jouer et que le silence s'est installé, personne n'a remarqué. Personne n'a applaudi, et il n'y a eu aucun remerciement.

Personne ne savait que ce violoniste était Joshua Bell, l'un des musiciens les plus talentueux. Il a joué certains des morceaux les plus élaborés jamais écrits sur un violon de 3,5 millions de dollars.

Deux jours avant de jouer à cette occasion, Joshua Bell a fait salle pleine dans un théâtre de Boston, où chaque siège coûte en moyenne 100 dollars.

C'est une histoire vraie, Joshua Bell a joué incognito dans une station de métro lors d'un événement organisé par le Washington Post qui faisait partie d'une expérience sociale sur la perception, les goûts et les priorités.

Lînterrogation était la suivante : dans un lieu ordinaire, à une heure inappropriée, sommes-nous capables de percevoir la beauté ? Nous arrêtons-nous pour apprécier ? Reconnaissons-nous le talent dans un contexte inattendu ?

L'une des conclusions possibles de cette expérience pourrait être la suivante : "Si nous ne prenons pas le temps de nous arrêter pour écouter l'un des meilleurs musiciens du monde jouer de la belle musique, combien d'autres choses manquons-nous ?"

Auteur: Anonyme

Info: sur info.fr, février 2022

[ beauté ] [ célébrité hommes-femmes ] [ femmes-par-homme ]

 
Commentaires: 6
Ajouté à la BD par miguel

littérature

En avril 2008, Simone Baulez avait été appelée pour débarrasser l'appartement de l'Odéon. Voyant une cruche sur laquelle était inscrit "Simone et Cioran", un de ses déménageurs lui a fait une plaisanterie. "Je ne connaissais que le nom de Mme Boué. Quand je me suis aperçu qu'il s'agissait de l'écrivain, nous avons redoublé de vigilance et conservé tous les papiers", raconte-t-elle. "L'appartement était encore jonché de livres et de feuilles." Dans la cave, elle a trouvé "des tableaux, un carton de dessins et un buste de l'écrivain". Ainsi que ses journaux, courant jusqu'en 1980, entreposés derrière des tuyaux.
Biffures. Un trésor. Trente-sept cahiers à spirales écrits en rouge et bleu, surchargés de corrections, de biffures et de volutes découragées. Plusieurs états de son oeuvre majeure, De l'Inconvénient d'être né. Qu'il trouve, à la parution, "raté". Un titre, abandonné : "Nostalgie du déluge". Un premier jet, surgi d'une insomnie : "L'obsession de la naissance est le fruit des mauvaises nuits..." Les esquisses d'Ecartèlement et d'Aveux et anathèmes, ponctuées de ses aphorismes : "Dieu est un tortionnaire hors classe. Comment peut-il infliger des heures pareilles." "Ahurissement perpétuel... Je n'ai jamais été à l'aise dans l'être... Ne me séduit que ce qui me précède, les instants sans nombre où je ne fus pas... Le non-né est mon refuge..." (rayés par l'auteur). Il s'étonne de passer sans émotion devant une bouche d'égout où il a jeté un jour un manuscrit.
Des années plus tard, un commissaire-priseur, Me Vincent Wapler, parle à Simone Baulez d'une vente de manuscrits de Céline. "Je lui ai dit que j'avais des cahiers de Cioran, il m'a proposé de les joindre." Pour le tribunal, elle en avait tous les droits, ayant été mandatée pour "débarrasser complètement l'appartement des meubles et objets." Les brocanteurs ont un droit d'aubaine. Ce que l'intéressée résume par : "Ils n'avaient qu'à y descendre, à la cave !"
En outre, la donation faite à Doucet était problématique. Aucun acte n'évoquait les cahiers disparus. Philosophe, son exécuteur testamentaire, Yannick Guillou, de Gallimard, a fait observer que "sans la brocanteuse, ces manuscrits seraient perdus corps et biens". Ses défenseurs, Mes Claire Hocquet et Roland Rappaport, se demandent si Cioran aurait perçu "une lueur démentant son pessimisme dans ce sauvetage de son oeuvre par une chiffonnière". La Roumanie a déjà pris contact pour les acheter.
L'expert Thierry Bodin avait estimé l'ensemble à 150 000 euros il y a trois ans. Avec toute cette ampleur médiatique, le prix ne peut que grimper. Il pense aujourd'hui plutôt à un million d'euros. Ils se trouvent toujours sous bonne garde à Drouot. Quand on dit à la brocanteuse que c'est sans doute sa plus belle découverte, elle se fait évasive : "Ah, cela... Vous savez, si on ne faisait pas de trouvaille, on ne ferait pas ce métier".

Auteur: Noce Vincent

Info: sur Internet

[ héritage ]

 

Commentaires: 0

exil

Je m'appelle William Figueras. A quinze ans, j'avais lu le grand Proust, Hesse, Joyce, Miller et Mann. Ils furent pour moi comme les saints pour un dévot chrétien. Il y a vingt ans, à Cuba, j'achevais un roman. C'était une histoire d'amour entre un communiste et une bourgeoise, qui finissait par le suicide des deux héros. Ce roman ne fut jamais publié, le grand public ne connut jamais mon histoire d'amour. Les spécialistes littéraires du régime dirent que mon roman était morbide, pornographique et, en outre, irrévérencieux, car il traitait le parti communiste avec dureté. Après quoi, je devins fou. Je commençai à voir des diables sur les murs, je me mis à entendre des injures et je cessai d'écrire. Ce qui émanait de moi, c'était de l'écume de chien enragé. Un jour, croyant qu'un changement de pays me délivrerait de la folie, je quittai Cuba et arrivai dans le grand pays américain. Les parents qui m'attendaient ici ne savaient rien de ma vie : après vingt ans de séparation, ils ne me connaissaient plus. Ils s'attendaient à voir atterrir un futur triomphateur, un futur commerçant, un futur play-boy ; un futur père de famille qui aurait une future maison pleine d'enfants, qui irait à la plage le week-end, roulerait dans de belles voitures et porterait des vêtements haute couture de chez Jean-Marc ou de chez Pierre Cardin. Mais tout ce qui se présenta à l'aéroport le jour de mon arrivée, c'est un type devenu fou, presque édenté, maigre et craintif, qu'il fallut faire interner le jour même dans un service psychiatrique parce qu'il regarda tous les membres de la famille avec suspicion et, au lieu de les étreindre et de les embrasser, il les injuria. Je sais que ce fut un coup terrible pour eux tous. Spécialement pour ma tante, qui se berçait d'illusions. Tout ce qui se présenta, c'est moi. Une honte. Une tache terrible dans cette famille de petit-bourgeois cubains, aux dents saines et aux ongles soignés, à la peau éclatante, vêtus à la dernière mode, parés de grosses chaînes en or, propriétaires de somptueuses automobiles dernier cri, de maisons aux nombreuses pièces, avec climatisation et chauffage, au garde-manger bien rempli. Ce jour-là (celui de mon arrivée), je sais qu'ils se regardèrent tous, honteux, qu'ils firent certaines remarques caustiques et quittèrent l'aéroport au volant de leurs voitures, avec la ferme intention de ne plus jamais me revoir. Jusqu'au jour d'aujourd'hui. La seule qui resta fidèle aux liens familiaux, c'est cette tante Clothilde, qui décida de me prendre en charge et me garda chez elle pendant trois mois. Jusqu'au jour où, sur les conseils d'autres membres de la famille et de quelques amis, elle décida de me placer dans le boarding home ; la maison des déchets humains.
- Car il n'y a plus rien à faire, tu l'admettras.
Je la comprends.

Auteur: Rosales Guillermo

Info: Mon ange, traduit de l'espagnol par Liliane Hasson, Actes Sud, pp. 12-14

[ littérature ] [ USA ]

 

Commentaires: 0

télévision

Toi qui a su ôter la vue aux aveugles, l’ouïe aux sourds, la signification à toute vie ; toi qui effaces les repères, démembres les langues, anéantis le sens de tout ; toi qui débarrasses en beauté les hommes de leurs illusions idéologiques, de leurs attentes utopiques, de leurs velléités critiques ; toi qui les soulages de leur entendement, de leur jugement et de leur raisonnement, ô pur Non-Esprit !
Méfie-toi.
O irréel miroir du monde imprésentable, on cherche de plus en plus à t’interpréter, à te comprendre, à t’analyser.
Sans doute même rêve-t-on de te moraliser ? […]
Terminées, la libre pensée et l’acidité ! Finis les "refus hautains". Honte aux méprisants de l’écran ! Aux intégristes aigris de l’écrit !
Et vive la langue miséreuse des stars inoubliables qui vous fondent sur la langue !
Et en avant, dans la foulée, le recyclage des formulations ridicules et des clichés conjuratoires.
En avant le "primat de visuel", la "spectacularisation de la réalité", le problème de la "déresponsabilisation du citoyen", l’ "idéologie dépolitisante", le "futile événementialisé".
En avant la "grammaire de l’image".
Noueuse masse d’ondes triomphantes ! Ayant fait le pari raisonnable que ton expansion était irréversible, ta croissance illimitée, ton paradis enviable et ton horizon indépassable, ils veulent croire maintenant ta connerie éducable.
[…]
Vérole sortant des ondes ! Ils voudraient te rendre "bonne". Et savante. Et informante.
Ils te désirent "de qualité" !
Pourquoi pas "intelligente", ô Gâteuse infaillible ?
[…]
Ils voudraient t’apprendre à parler, ô Borborygme !
Ils rêvent de te contrôler. Ils ont des opinions sur ton "statut". Ils croient savoir ce que tu devrais être. Généraliste ? Bas de gamme ? Intéressante ? Thématique ? Divertissante ? […]
Et pour commencer, ô Multinationale de l’oubli pestifère, ils prétendent que tu as une "histoire" ! Une histoire ! Toi ! Un passé ! Toi l’inconscient incarné qui ignore royalement le temps ! Et allez donc les anecdotes ! Les rappels d’âge d’or. Les souvenirs mouillés du temps où tu n’étais encore qu’une toute petite maladie bénigne, ô Compulsion digitale universelle, la "télé voix de France", tes vieux feuilletons noir et blanc, trois heures de programmes par jour et ces foules qui se poussaient aux vitrines des marchands de poste pour découvrir, ô maternelle Mutante, comme par une brèche minuscule, tes rares images qui tremblaient d’aise.
[…]
Œsophage du monde nouveau, ils te traitent de "lien social indispensable" !
Ô caniveau !
Poubelle irrévocable ! Ne les laisse pas faire !
Refuse de te laisser arranger le portrait !
Ne deviens pas, surtout leur Téléubu à visage humain ce serait ta fin.
Reste l’Inconnaissable, l’Obscure, l’Impénétrable.
Te voilà avertie, ô grande Cochonnerie obligatoire ! Sois de plus en plus bête, obscène, téléthonne, délatrice, morbide, chiotte, corrompue, infâme. Le troisième millénaire sera dégueulasse ou ne sera pas. Ô Parque à Thèmes ! L’avenir épouvantable des siècles est à toi.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels I - Rejet de greffe", pages 403 à 406

[ ode ironique ] [ encouragement gouvernemental ] [ dénigrement ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

adaptation

Les antibiotiques favorisent le jeu de dupe de certaines bactéries
La surprenante diversité des comportements coopératifs rencontrés dans la nature interroge depuis longtemps les scientifiques. Alors que cette stratégie est fragilisée par la présence d'individus "tricheurs", ces derniers utilisant les ressources de la communauté sans participer à leur production, la coopération existe dans tous les niveaux d'organisation du vivant: entre gènes dans le génome, entre cellules dans les organismes pluricellulaires et entre organismes dans les populations. Si plusieurs études ont déjà souligné l'importance de la proximité génétique et spatiale entre coopérateurs dans l'existence de ce paradoxe, peu de travaux se sont en revanche intéressés au rôle joué par l'environnement dans les interactions entre tricheurs et coopérateurs. C'est justement l'objet de l'étude menée par une équipe de l'ISEM. Dans cette dernière, les chercheurs ont exploré le rôle d'un antibiotique sur la dynamique d'une population de bactéries Pseudomonas aeruginosa comportant des tricheurs et des coopérateurs. Ce microorganisme qui peut présenter un danger pour les patients immunodéprimés ou atteints de mucoviscidose, tire en partie sa virulence de la production de molécules qui sont ensuite partagées avec l'ensemble de la population bactérienne. "Dans notre laboratoire, nous avons étudié en particulier la production de sidérophores, des molécules que seuls les coopérateurs produisent mais qui sont aussi bien utilisées par les coopérateurs que les tricheurs d'une même population pour acquérir du fer", rappelle Michael Hochberg, chercheur à l'ISEM et co-auteur de l'article.
Dans cette nouvelle étude, les scientifiques ont soumis trois types de populations de P. aeruginosa comportant une fraction croissante de tricheurs (15%, 45% puis 75%) à des doses de plus en plus élevées d'antibiotiques. Ils ont ensuite observé sur une période de 48 heures comment les différents dosages antibiotiques modifiaient la capacité des tricheurs à envahir chaque population bactérienne. Les chercheurs ont ainsi pu constater que la fréquence des tricheurs au sein des différentes communautés testées augmentait plus rapidement en présence d'antibiotique et ce quel que soit le niveau de concentration initial de la substance. Pour expliquer ce résultat, l'équipe suggère alors que les coopérateurs sont plus "sensibles" aux antibiotiques que les tricheurs. "Etant donné que les coopérateurs payent le coût de la coopération en produisant les sidérophores, ils ont ensuite moins de ressources métaboliques à investir dans la résistance aux antibiotiques que les tricheurs", détaille Michael Hochberg. A l'aide d'un modèle mathématique, le chercheur et son équipe ont ensuite pu confirmer la pertinence de cette hypothèse et généraliser ainsi leurs résultats au partage de biens publics chez d'autres espèces. Les scientifiques veulent maintenant poursuivre leurs investigations en testant, via leur modèle bactérien, l'influence de facteurs de stress abiotiques tels que la température sur la dynamique des tricheurs. Parvenir à démontrer que les environnements stressants, quels qu'ils soient, favorisent davantage les tricheurs face aux coopérateurs, permettrait de franchir un pas supplémentaire vers la compréhension du maintien et de l'évolution des comportements coopératifs.

Auteur: Internet

Info: http://www.techno-science.net/?onglet=news&news=15939. Donc la population bactérienne qui joue le jeu du système (coopère), tend à diminuer dès qu'il y a une influence modificatrice qui vient de l'extérieur (antibiotiques). Comme si les individus perdaient leur morale sociétale initiale, devenant moins rigides (donc tricheurs). Tricherie qui correspondrait à une adaptation à l'envahisseur, on l'accepte, on se lie/marie. On vit avec. Comme si des extraterrestres arrivaient sur une planète donnée, et que les habitants les plus conventionnels, (ou les plus faibles ou les plus simples...), tendaient à modifier leurs comportements/actions devant cette intrusion. Ainsi, devenant "moins sensible" à cette nouvelle influence externe, ils aident le groupe (société, pays, planète) à perdurer en assimilant l’intrus, par ce qu'on pourrait appeler une adaptation/neutralisation. Commentaire de MG.

[ amoralité ] [ spéculation ] [ biophysique ]

 

Commentaires: 0

vingtième siècle

A la fin du siècle les hommes fumaient trois fois plus que les femmes et conduisaient plus fréquemment l'automobile et les Américains et les Allemands avaient le plus grand nombre d'automobiles par habitant et les Grecs fumaient le plus grand nombre de cigarettes. Les femmes vivaient plus longtemps que les hommes et se suicidaient moins souvent et prononçaient en moyenne trois fois plus de paroles par jour et les gens des villes pratiquaient des activités sportives et faisaient du vélo et de la course à pied tous les matins pour se rafraîchir les poumons. La course à pied pour rafraichir les poumons fut inventée par les Américains qui se procuraient à cette fin des shorts en matière luisante et des chaussures à suspension d'air pour éviter les déviations de la colonne vertébrale et en 1985 cent trente-cinq Américains sont mort d'un infarctus lors d'une course à pied matinale. A la fin du siècle les hommes voulaient rester jeunes et dynamiques mais en même temps politiquement et sexuellement corrects et ne plus séduire les femmes à la va-vite ni leur adresser des sourires lubriques etc. ni raconter des blagues sur les juifs et les Allemands et les homosexuels. Et certaines femmes déposaient plainte contre leur supérieur parce qu'il avait eu devant elles des paroles à connotation érotiques ou leur avait proposé de les raccompagner chez elles avec un air salace et en 1997 un avocat américain dut payer quatre millions de dollars américains de dommages et intérêts à sa secrétaire pour lui avoir jeté des bonbons à la menthe dans le décolleté. Et en 1998 certains Américains voulaient destituer leur président pour avoir entretenu des relations incorrectes avec une stagiaire et lui avoir touché les seins et enfoncé un cigare cubain dans le vagin et lui avoir fait pratiquer des fellations pendant qu'il téléphonait avec le secrétaire à la défense et entre-temps les américains bombardaient l'Irak et les Irakiens que c'était pour détourner l'attention du comportement sexuellement incorrect de leur président. Les Européens aussi voulaient être politiquement corrects mais un peu moins sexuellement parce que surtout dans les pays latins la séduction était une tradition culturelle alors que l'Amérique était plutôt puritaine. L'espérance de vie dans les pays démocratiques était supérieure à celle des pays communistes parce que les gens allaient plus fréquemment chez le médecin et mangeaient des légumes frais etc. tandis que dans les pays communistes les gens fumaient davantage parce qu'ils ne comprenaient pas bien pourquoi ils devraient atteindre un âge avancé et l'espérance de vie la plus basse se trouvait dans les pays en voie de développement qu'on appelait pays du tiers-monde. Et à la fin du siècle l'espérance de vie était de 78 ans dans les pays développés et de 41 ans en Sierra Leone. Et les sociologues disaient que selon différents indicateurs la meilleure qualité de vie était au Canada et en France.

Auteur: Ourednik Patrik

Info: Europeana : Une brève histoire du XXe siècle, P105

[ femmes-hommes ] [ nord-sud ]

 

Commentaires: 0