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impersonnalité

...dans mon article de Janvier 1901, j'ai énuméré ainsi trois critères logiquement valables de l'objectivité ; premièrement, ce que l'on peut détruire à volonté, avec peu d'effort, comme un rêve éveillé ou un château de cartes, ne peut avoir d'existence très indépendante ; deuxièmement, que les questions auxquelles chacun adhère, lorsqu'elles sont présentées avec équité, ne peuvent être de la pure folie ; et troisièmement, s'il existe une notion sur laquelle on peut fonder des prédictions en succession infinie, toutes susceptibles d'être vérifiées ou réfutées, cette série de prédictions ne peut se poursuivre avec succès sans jamais échouer dans ce prolongement sans fin à moins que la notion soit suffisamment objective pour justifier ce succès. Ces trois critères proclament avec insistance la conformité approximative de la nature avec la loi ; et la conformité approximative est amplement suffisante pour prouver l'objectivité de certaines habitudes inhérentes à l'univers physique.

Auteur: Peirce Charles Sanders

Info: Consequences of Pragmaticism. MS [R] 289, 1905

[ universalité ] [ neutralité ]

 

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technologie

La troisième question concerne la capacité ou non d’un modèle à s’étendre de manière exponentielle. Comme le dirait un statisticien : peut-il changer d’échelle ? Ce n’est pas une chicane de mathématicien : si les ADM* (à l’origine de simples nuisances localisées) peuvent devenir de véritables tsunamis, capables de définir notre existence et d’en fixer les limites, c’est bien à cause de leur échelle. Comme nous l’observerons par la suite, les ADM qui se développent aujourd’hui dans les secteurs des ressources humaines, de la santé et de la banque, pour ne citer que ceux-là, "sont rapidement en train d’établir des normes généralisées qui exercent une autorité proche de celle de la loi." Si l’algorithme d’une banque vous attribue par exemple le profil d’un emprunteur à haut risque, le monde entier vous traitera comme un mauvais payeur – même si cela découle d’un horrible malentendu. Et quand ce modèle change d’échelle, à l’instar de celui des scores de crédit, toute votre vie s’en trouve alors affectée – qu’il s’agisse d’obtenir un appartement, un emploi, ou une voiture pour aller de l’un à l’autre.


Auteur: O'Neil Cathy

Info: Algorithmes : la bombe à retardement. *systèmes de décision automatisée - algorithmic decision-making

[ outil de pouvoir ] [ conservation ]

 
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existence

Notre Première naissance, biologique, est celle d’un agrégat de cellules, apte à se reproduire et condamné à disparaître dans vingt ou trente mille jours. À se désagréger. La Deuxième naissance, sociale, suit la Première : le tout jeune animal commence à exister pour les autres. Son parcours sera humble ou flamboyant, la mort le frappera dans vingt ou trente mille jours. Triste sort auquel nous nous accrochons, poussés par les deux arguments de la vie - la peur de mourir et la faculté de jouir. L’orgasme est leur intersection : le plaisir y croise la perpétuation génétique et alimente notre combativité qui nous permet d’affronter l’absurde - longues années de dressage scolaire, pénible joug professionnel, vieillissement, décès. Cet élan vital ne suffit pas. La fréquence des suicides le prouve : pour tuer l’être social qu’on a fait de lui et dont il souffre, l’homme tue son être biologique. (...)

Godbarsky écrit que l’idée de l’Alternaissance correspond parfaitement au sens de cette allégorie prénatale… Je traduis mal, pardon. Il dit que, emprisonnés par notre Première et notre Deuxième naissance, nous ne savons pas penser au-delà de ces deux identités. Comme un enfant qui n’est pas encore né. Le vrai but, c’est d’accéder, déjà de notre vivant, à la compréhension de l’Alternaissance… Oui, ce qu’il appelle “le temps de la pérennité".

Auteur: Makine Andreï

Info: Au-delà des frontières

[ triade ] [ troisième vie ]

 

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bilan d'existence

J'ai constaté que toute ma longue vie se divise en quatre périodes : la première, merveilleuse, surtout si on la compare à celle qui devait lui succéder, innocente joyeuse et poétique période de mon enfance, allant jusqu'à quatorze ans (1828-1842). Puis l'horrible deuxième période, s'étendant sur vingt années, de la dépravation la plus grossière, de l'asservissement à l'ambition, à la vanité et, surtout à la concupiscence (1842-1862) ; ensuite, la troisième période, allant de mon mariage à ce que j'appelle ma naissance spirituelle, période qui, du point du vue du monde, peut-être appelée morale. Pendant ces dix-huit ans, j'ai, en effet, vécu une vie régulière, honnête, familiale, exempte de tous les vices qui encourent la réprobation publique. Mais, je durant tout ce temps, je ne me préoccupais égoïstement que de ma famille, de l'accroissement de ma fortune, de mes succès littéraires et divers autres plaisirs et distractions (1872-1880). Enfin la quatrième période dans laquelle je vis maintenant, dans laquelle j'espère mourir et du sein de laquelle je vois toute la signification de ma vie passée... Je voudrais pouvoir raconter l'histoire de ma vie durant ces quatre périodes successives, si Dieu m'en donne les forces et le temps. Je pense qu'une telle biographie, écrite par moi, serait plus utile aux hommes que tout ce bavardage artistique qui remplit les douze volumes de mes oeuvres et auxquels les hommes de notre temps attribuent une signification imméritée.

Auteur: Tolstoï Léon

Info: Le Roman de Tolstoï, dans les Notices autobiographiques de Tolstoï datées de 1903, à son biographe Paul Birioukov, rapporté par Vladimir Fédorovski

[ biographie ]

 

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septénaire

Dans la tradition islamique, La divinité se manifeste par la lumière, qui passe pour la source même de l'existence. Les attributs de la lumière sont beauté, pureté, éclat, grandeur, puissance et préséance, toutes notions subsumées dans le mot arabo-persan reng, qui désigne la couleur. Le système islamique des couleurs s'ordonne sur trois plans. Au premier niveau se trouvent le système des trois couleurs et celui des quatre couleurs. Le deuxième niveau compose un système qui tourne autour du chiffre sept, somme de trois et quatre. Le troisième niveau possède un système composé de vingt-huit couleurs, c'est-à-dire de la quadruple répétition du système des sept couleurs. Le système des sept couleurs naît de la réunion des deux systèmes. Comme le chiffre sept a une importance cosmologique primordiale, on peut affecter à chacune d'elles le symbole d'une des sept planètes visibles. En partant du système hiérarchique égyptien, on obtient la succession suivante : le noir ouvre la marche et correspond à Saturne, suivi du jaune affecté au Soleil ; viennent ensuite le vert pour la Lune (couleur préférée des drapeaux et oriflammes des Etats islamiques), le rouge pour Mars, le bleu pour Mercure, le santal pour Jupiter. Le cortège s'achève par le blanc, voué à Vénus. Sept prophètes correspondent aux sept planètes : Adam, Noé, Abraham, Moïse, David, Jésus et Mahomet. On peut également hiérarchiser sur le même principe les sept métaux principaux : plomb, fer, étain, or, cuivre, mercure et argent.

Auteur: Internet

Info: www.colorsystem.com

[ teintes ] [ islam ]

 

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sciences

En 1905 Einstein, âgé de vingt-six ans, était sorti depuis trois ans des privations. Alors examinateur de brevets en Suisse, il publia dans "Annalen der Physik" cinq articles sur des sujets entièrement différents. Trois d'entre eux figurent parmi les plus importants de l'histoire de la physique. Un, très simple, donnait l'explication quantique de l'effet photoélectrique - c'est le travail pour lequel, seize ans plus tard, il recevra le prix Nobel. Un autre article portait sur le phénomène du mouvement brownien, c'est à dire des déplacements apparemment erratiques de minuscules particules en suspension dans un liquide. Einstein montrait que ces mouvements satisfont une loi statistique claire. C'était comme un tour de passe-passe, facile une fois explicité : avant cela, les scientifiques décents pouvait encore douter de l'existence concrète des atomes et des molécules. Un article aussi proche d'une preuve concrète directe qu'un théoricien peut donner. Le troisième document présentait la théorie de la relativité restreinte, fusionnant tranquillement l'espace, le temps et la matière en une seule unité fondamentale. Une démonstration qui ne contient pas de références et ne cite aucune autorité. Chacun de ces articles est écrit dans un style différent des autres physiciens théoriciens, avec très peu de mathématiques et beaucoup de commentaires écrits. Les conclusions, les bizarres conclusions, émergent avec la plus grande facilité et le raisonnement est plus que solide. On dirait qu'il a atteint ses conclusions avec la pensée pure, sans aide, sans écouter les opinions des autres. Dans une large et surprenante mesure, c'est précisément ce qu'il a fait.

Auteur: Snow Charles Percy

Info: Variété des hommes, 1966, 100-1

[ visionnaire ] [ historique ] [ éloge ] [ mathématiques ] [ langage ]

 

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empyrée

Un monde divin multiple, divisé par conséquent au-dedans de lui-même par la pluralité des êtres qui le composent ; des dieux dont chacun, ayant son nom propre, son corps singulier, connaît une forme d'existence limitée et particulière : cette conception n'a pas manqué de susciter, dans certains courants religieux marginaux, dans des milieux de sectes et chez des philosophes, interrogations, réserves ou refus. Ces réticences, qui se sont exprimées de façons fort diverses, procèdent d'une même conviction : la présence du mal, du malheur, de la négativité dans le monde tient au processus d'individuation auquel il a été soumis et qui a donné naissance à des êtres séparés, isolés, singuliers. La perfection, la plénitude, l'éternité sont les attributs de l'Être totalement unifié. Toute fragmentation de l'Un, tout éparpillement de l'Être, toute distinction de parties signifient que la mort entre en scène avec l'apparition conjointe d'une multiplicité d'existences individualisées et de la finitude qui nécessairement borne chacune d'elle. Pour accéder à la non-mort, pour s'accomplir dans la permanence de leur perfection, les dieux de l'Olympe devraient donc renoncer à leur corps singulier, se fondre dans l'unité d'un grand dieu cosmique ou s'absorber dans la personne du dieu morcelé, puis réunifié par Apollon, du Dionysos orphique, garant du retour à l'indistinction primordiale, de la reconquête d'une unité divine qui doit être retrouvée, après avoir été perdue.

En rejetant catégoriquement cette perspective pour placer l'accompli, le parfait, l'immuable, non dans la confusion de l'unité originelle, dans l'obscure indistinction du chaos, mais à l'inverse, dans l'ordre différencié d'un cosmos dont les parties et éléments constitutifs se sont peu à peu égarés, délimités, mis en place et où les puissances divines, d'abord incluses dans de vagues forces cosmiques, ont pris, à la troisième génération, leur forme définie et définitive de dieux célestes, vivant dans la lumière constante de l'éther, avec leur personnalité et leur figure particulières, leurs fonctions articulées les unes aux autres, leurs pouvoirs s'équilibrant et s'ajustant sous l'autorité inébranlable de Zeus, la Théogonie orthodoxe d'Hésiode donne à la nature corporelle des dieux son fondement théologique : si les dieux possèdent plénitude, perfection, inaltérabilité, c'est qu'au terme de ce progrès qui a conduit à l'émergence d'un cosmos stable, organisé, harmonieux, chaque personne divine a désormais son individualité clairement fixée.

Auteur: Vernant Jean-Pierre

Info: L'Individu, la mort, l'amour. Soi-même et l'autre en Grèce ancienne

[ déités ] [ divinités ] [ mythologie ]

 

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philosophie

Les trois principes de la logique aristotélicienne, qui fondent l'édifice de la raison, sont l'expression formalisée de cette récusation de toute confusion incestuelle qui a formé une part fondamentale du propos central de la civilisation hellénistique: le premier d'entre eux, le principe d'identité, vise à établir ce que j'appelle le "corsetage distinctif des étants", à partir de ce saut majeur vers l'humanisation que constitue le stade du sein, cette véritable dé-fusion qui cristallise la naissance d'un sujet distinctif ne se confondant désormais plus avec les bras qui le portent ou le sein qui le nourrit, reconnus comme attestation d'une altérité dorénavant irréductible. De proche en proche, par le jeu des inférences et des extrapolations, cette faculté acquise d'appréhension distinctive du monde s'étendra à tous les étants qui le peuplent. Le principe de non-contradiction, qui forme le deuxième des trois grands principes de la logique aristotélicienne, a pour objet de garantir la cohérence des propriétés intrinsèques et relationnelles propres d'un objet quel qu'il soit. Sa matrice initiale en est également la récusation de la confusion incestuelle: les conflits logiques inter et intra générationnels qui résulteraient du franchissement d'un tel interdit sont insolubles pour la raison et ouvrent une béance vers les gouffres de la psychose. Le mythe d'Œdipe notamment l'atteste de manière indubitable: sous peine d'être aveuglé, supplice qu'Œdipe s'inflige au terme de ses transgressions, c'est-à-dire d'être privé de lumière au sens littéral autant que métaphorique dans l'ordre de la raison, un fils ne peut épouser sa mère, qui sinon deviendrait à la fois la mère de ses enfants, mais en serait également la grand-mère, lui-même devenant leur père mais également leur frère et leur grand-père, en sa qualité de conjoint de celle qui, sous un certain angle, est leur grand-mère. On le voit, la folie n'est pas loin, sœur d'une telle confusion. Le troisième pilier de la logique classique, le principe du tiers exclu, forme le gardien de cette porte ouvrant sur la folie, interdisant la tentation de l'édification d'univers alternatifs où, entre l'existence et l'inexistence d'un étant, pourrait se trouver un état intermédiaire permettant illusoirement de laisser une place à l'impensable - il convient cela dit de préciser incidemment que l'application au domaine de l'être de ce principe du tiers exclu, selon laquelle il n'y aurait pas de gradations dans l'être semble n'être pas soutenable dès lors qu'elle est appliquée au domaine du vivant, tant il y a bien dans l'ordre de l'inscription des êtres vivants au sein du monde différentes gradations d'être, depuis l'organisme mono cellulaire jusqu'à l'être humain en passant par les multiples modalités plus ou moins évoluées de présence au monde que l'on trouve dans le règne animal.

Auteur: Farago Pierre

Info: Au sujet du diable

[ inceste ] [ traduction psychanalytique ] [ castration ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

ontologie linguistique

En 1867, Charles Sanders Peirce, alors âgé de vingt-huit ans, publie On a New List of Categories (1.545-1.559). Dans ce texte étonnant, il esquisse le fondement métaphysique d'une philosophique séméiotique et il entreprend l'élaboration d'une définition et d'une classification scientifique des signes. Le texte commence par une étude de la substance et de l'être et Peirce y formule l'hypothèse de l'existence des trois catégories fondamentales de l'être, qu'il nommera ultérieurement Priméité, Secondéité et Tiercéité, et grâce auxquelles il définit le representamen.

Un representamen est une relation triadique dans laquelle un fondement est relié à un objet par le biais d'un interprétant. La définition peircéenne du representamen est intentionnellement formelle et générale. Peirce prétendait alors que la sémiotique était une science de base et qu'elle constituait le fondement de la logique, de la psychologie et de la sociologie. Dans ses écrits ultérieurs, il a indiqué qu'il préférait utiliser le mot "signe" pour désigner les representamen dont la pensée et l'action humaines sont les interprétants. Comme il existe trois types de representamen ou de relations-signe, il s'ensuit qu'il existe trois sciences séméiotiques subsidiaires. Premièrement la grammaire formelle qui est l'étude des fondements des signes étudié en eux-mêmes et indépendamment de leurs relations avec leurs objets ou leurs interprétants. Deuxièmement la logique ou critique qui est l'étude de la relation des signes à leurs objets. Troisièmement la rhétorique formelle qui est l'étude de la relation des signes et de leurs interprétants.

Peirce a repris ces termes à la philosophie grecque et à la philosophie médiévale, mais il est évident qu'il a anticipé sur la syntaxe, la sémantique et la pragmatique. C'est également dans cet article de 1867 que Peirce a introduit la tripartition des signes en "indice", "icône" et "symbole". Il tient la séméiotique pour une science première par rapport à la logique et il considère qu'elle constitue une base pour la logique des termes, des propositions et des arguments. La séméiotique fonde également les trois formes de raisonnement qu'on utilise dans les sciences : hypothèse, déduction et induction. A la même époque que cet article sur les catégories, Peirce a écrit et publié toute une série d'articles particulièrement brillants dans lesquels il a développé sa théorie de manière plus détaillée, et dégagé plus complètement ses applications à l'étude de la logique, de l'histoire et de la méthodologie des sciences.

Il a également appliqué cette séméiotique à la psychologie et à la théorie des sociétés. L'homme est un signe. En fait l'homme est un signe extérieur, un signe dans le monde. Le corps de l'homme et ses actions constituent le médium matériel de l'homme-signe, tout comme l'encre et les sons constituent le médium matériel du langage. Les sensations et les émotions sont des "mots constitutionnels" (2.426, 5.291). Pendant les six années qui suivirent, Peirce en vint à penser que l'homme est un dialogue de signes, dans lequel le doute pose les questions tandis que les actions et les croyances sont les interprétants. Ces croyances et ces actions seront ultérieurement traduites en une conversation avec la société des signes. Peirce a esquissé une théorie de l'éthique dans laquelle ce sont des normes séméiotiques qui régissent la communauté en expansion où cette conversation a lieu.

Auteur: Savan David

Info: La séméiotique de Charles S. Peirce. https://www.persee.fr/doc/lgge_0458-726x_1980_num_14_58_1844. Les références entre parenthèses qui suivent les citations renvoient au volume et au numéro de paragraphe des Collected Papers de Peirce, sélectionnés et présentés par Paul Weiss et Charles Hartsone, et publiés par Harvard University Press en 8 volumes, 1932- 1954. Trad : F. Peraldi

[ communication ] [ pouvoir sémantique ] [ sémiotique ]

 

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spéléo

Grand spécialiste de la plongée spéléo le français Eric Establie (1964 - 2010) se retrouva bloqué par pure malchance au fond d'une rivière souterraine immergée. Les meilleurs plongeurs européens convergèrent rapidement pour le secourir, dont les deux pointes anglaises, Richard "Rick" Stanton et John Volanthen, qui connaissaient le français pour l'avoir déjà croisé dans le milieu confidentiel de la spéléo sous-marine. Ils ont raconté leurs plongées afin d'essayer de le secourir. Ce duet de bénévoles était peut-être le seul au monde capable d'effectuer un sauvetage si difficile. En 10 jours, ils plongèrent trois fois à l'intérieur du dangereux conduit de la "Dragonnière de Gaud" au sud de l'Ardèche en France. John raconte : - La visibilité était au maximum de quelques mètres, très difficile d'agir dans ces conditions. A certains moments les sédiments étaient si épais qu'on pouvait à peine voir les lumières de nos casques...
Après 740m de conduit ils tombèrent sur une avalanche sous-marine qui avait complètement brassé la boue de la grotte piégeant le plongeur français par un entassement de gravier limoneux qui obturait la conduit sur plusieurs mètres. Lors de cette deuxième tentative les plongeurs trouvèrent une "étroiture" permettant de passer de l'autre côté, mais leurs équipements trop volumineux les en empêchaient. Toujours avec l'aide de nombreux autres plongeurs en soutien et en relais, ils repartirent allégés pour un troisième essai au cours duquel ils réussirent à passer l'étranglement. Pour trouver une eau plus claire de l'autre côté. Mais pas de plongeur français.
Rick raconte : - Après l'éboulement nous avons nagé peut-être 150 mètres quand, au milieu d'un passage élargi, nous avons vu le corps d'Eric cinq mètres au-dessous de nous. Comme nous ne l'avions pas aperçu de l'autre côté de l'obstruction nous espérions le trouver plus loin dans un espace à l'air libre. Ce fut donc une surprise... Les anglais purent constater ensuite que le français avait essayé de creuser pour passer la partie bouchée. Sans savoir pourquoi son corps était si loin dans le tunnel. (Afin d'essayer de parvenir à une poche d'air ?...) Rick, pompier à Coventry, précise : - La chose la plus importante était de récupérer son ordinateur de plongée de poignet. Nous avons ensuite jeté un coup d'oeil alentours mais pas très longtemps parce que nous étions quand-même dans une situation extrême... (Il reconnaîtra plus tard que c'est à ce jour la plongée la plus difficile à laquelle il ait été confronté). L'ordinateur bracelet fut ensuite remis à la police française, révélant qu'Establie avait poursuivi l'exploration au-delà des repères connus à 1040 m (environ 200 m plus loin) avant de revenir et se retrouver à se battre jusqu'à être probablement victime d'une hypoxie, car la visibilité ne permettait plus de lire correctement les instruments qui permettent de régler les mélanges gazeux qu'il respirait. Le procureur de Privas a déclaré :
"Son ordinateur a enregistré soit une remontée du boyau vers la surface soit l'existence d'une poche d'air."
La paire anglaise, en accord avec les secouristes français, décida de ne pas prendre le risque de remonter la dépouille. "Au retour il y avait un danger qu'il reste coincé dans le passage étroit au-dessus de l'éboulement. Comme l'un de nous aurait dû rester derrière le corps il pouvait se faire piéger." Ajoutant finalement : - Nous savons qu'il aurait fait la même chose pour nous si nous avions été en difficulté.
Le corps d'Eric Establie reste prisonnier de la Dragonnière de Gaud.

Auteur: Mg

Info: 20 août 2014, grand merci à Arthur, dit le crapaud, fils d'Eric Establie, pour les précisions.

[ plongée ] [ denières paroles ]

 

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