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cerveau

A peine étais-je devenu aveugle que j'avais oublié le visage de ma mère, celui de mon père, et généralement de tous les êtres que j'aimais. [...] Il m'était devenu subitement égal que les gens eussent les cheveux bruns ou blonds, les yeux bleus ou verts. Je trouvais même que les voyants employaient beaucoup trop de leur temps dans ces observations inutiles. [...] Les cheveux, les yeux, la bouche, le noeud de cravate et les bagues aux doigts comptaient si peu pour moi désormais que je ne pensais plus à eux, si bien que les gens n'en avaient plus. il se formait dans mon esprit des images d'hommes et de femmes sans tête, sans doigts [...]

Auteur: Lusseyran Jacques

Info:

[ imagination ] [ aveugle ] [ non-voyant ] [ témoignage ]

 

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couple

Le journal intime de Marie reposait sur la table, ouvert en son milieu, la pointe du stylo semblant désigner mon délit, au sommet d'une page dont trois lignes étaient noircies. Ma femme le laissait traîner régulièrement, de manière insidieuse ; se débrouillant toujours pour que je le reçoive comme une gifle commandée à l'avance, différée, dont elle prendrait plaisir à distance, m'imaginant le lire pour prendre de plein fouet ce qui serait la vérité. Je ne supportais pas de voir cet objet un peu partout, me narguant aux entournures. Lorsque je le trouvais, je me contentais de le refermer et de le consigner là où j'avais décidé qu'il devait se trouver, c'est-à-dire dans le tiroir consacré à la collection de Marie.

Auteur: Llorca Élodie

Info: La correction, p. 69

[ tension ]

 

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enfance

"A l'âge de quinze ans, dans mon village, quand le soleil brûlait et que les oiseaux chantaient les chansons du paradis, je rêvais de Dieu. Mon âme se projetait au loin... Plus d'une fois j'ai rêvé... et pleuré, sans savoir d'où venaient ces larmes. Ainsi passa ma jeunesse. Dans une sorte de contemplation, dans une sorte de rêve. Plus tard, quand la vie me heurtait, je courais me réfugier dans un coin pour prier en secret." Pourtant à l'aube de sa vie d'adulte, Raspoutine trouvait un exutoire non dans un élan romantique, mais dans la débauche, les bagarres et l'alcool : "J'étais insatisfait. Il y avait plein de choses auxquelles je ne trouvais pas de réponses, alors j'ai commencé à boire".

Auteur: Raspoutine Grégory Efimovitch

Info: interview au journal Temps nouveau en 1911, sur ses années de jeunesse, in Fédorovski Vladimir, Le roman de Raspoutine

[ adulte ] [ alcool ] [ fuite ] [ poivrot ]

 

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quête

Je n'avais pas désiré autre chose, en effet, qu'évaluer le degré de réalité de mes pressentiments en en cherchant le sens, incapable que j'étais de me contenter de l'émotion pure, irréfléchie et peut-être inféconde. Je comprenais, comme A.E. l'avait fait, le caractère contradictoire de ces pressentiments : impressions fugaces, par la plupart des hommes jugées frivoles et sans valeur, et auxquelles l'intensité de l'expérience vécue exigeait pourtant que l'on accordât plus de prix qu'aux évènements les plus visibles et les plus massifs de la vie quotidienne ou de l'histoire. Je me trouvais ainsi embarqué, moi sans courage, dans une aventure où il s'agissait vraiment de confier toute sa vie à des lueurs peu sûres, à des voix sourdes et intermittentes, presque à l'invisible...

Auteur: Jaccottet Philippe

Info: "La promenade sous les arbres", éd. La Bibliothèque des Arts, p. 25-26 - A. E. était le nom de plume de George William Russell, poète irlandais (1867 - 1935)

[ mystère ] [ poésie ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

isoloir

Dans les vitrines des brocanteurs où traînait un bric-à-brac des plus hétéroclite, je trouvais enfin une des choses que je souhaitais voir au cours de mon voyage : une cabine d'ivrogne individuelle avec le rideau de cuir ; là, le buveur s'enferme lui-même (comme un cheval dans son box) pour être seul ; seul avec son whisky et sa douleur, sa foi et son incrédulité, il s'abîme dans les profondeurs du temps, dans le caisson étanche de la passivité, aussi longtemps que son argent le lui permet, jusqu'à ce qu'il soit forcé de réapparaître à la surface du temps, forcé d'aller travailler dans un endroit quelconque, de s'exténuer à ramer à contre-courant, agitation impuissante et insensée : chaque barque descend inexorablement les eaux sombres du Styx.

Auteur: Böll Heinrich

Info: Journal irlandais, pp 20-21, livre de poche

[ guérite ] [ refuge ] [ curiosité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

témoignage

Pour mon malheur, ou du moins ma malchance, je ne trouvais que deux sortes d’attitudes chez les gens du dehors. Les uns évitaient de vous questionner, vous traitaient comme si vous reveniez d’un banal voyage à l’étranger. Vous voilà donc de retour ! Mais c’est qu’ils craignaient les réponses, avaient horreur de l’inconfort moral qu’elles auraient pu leur apporter. Les autres posaient des tas de questions superficielles, stupides –dans le genre : c’était dur, hein ?-, mais si on leur répondait, même succinctement, au plus vrai, au plus profond, opaque, indicible, de l’expérience vécue, ils devenaient muets, s’inquiétaient, agitaient les mains, invoquaient n’importe quelle divinité tutélaire pour en rester là. Et ils tombaient dans le silence, comme on tombe dans le vide, un trou noir, un rêve.

Auteur: Semprun Jorge

Info: L'Ecriture ou la vie

[ camps de concentration ] [ malaise ] [ gêne ] [ évitement ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

bavarde

Elle parlait, elle parlait, elle parlait, elle parlait. Et elle venait me parler encore. Je suis maîtresse dans ma maison. Et cette grosse servante ne faisait rien d’autre que parler, parler, encore parler. Elle était partout où je me trouvais, elle arrivait et commençait à parler. Elle parlait de tout et de rien, ça lui faisait le même effet. La renvoyer pour ça ? J’aurais dû lui payer ses trois mois. En plus, elle était bien capable de me jeter un mauvais sort. Et jusque dans la salle de bains : et ci et ça et autre chose. Je lui ai enfoncé la serviette dans la bouche pour qu’elle se taise. Elle n’est pas morte de ça, mais de ne plus pouvoir parler : les paroles ont éclaté à l’intérieur.

Auteur: Aub Max

Info: Crimes exemplaires

[ casse-pieds ] [ meurtre ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

enfances

Ai demandé à mon père, vers la fin de sa vie, quel était son plus ancien souvenir.

- De me promener en tenant la main de mon papa dans le village d'Ursins.

Même question récemment  à mon fils Sacha, 25 ans. Qui m'a répondu quelques heures plus tard.

- C'est de me faire courser par Manassé à la garderie. Il évoquait une gamine de souche congolaise qui aimait bien fiston semble-t'il.

Quant à mon plus ancien "vrai" souvenir, il s'agit d'une terreur de petit garçon, lorsqu'un chien vint dans ma direction en aboyant alors que je me trouvais dans la grande propriété de la Villette, aujourd'hui disparue, à Yverdon.

Tous trois avions vers 4 ou 5 ans au compteur.

Auteur: Mg

Info: 9 déc 2022

[ mémoires gigognes ] [ père-fils ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

exister

Tout jeune déjà, en un temps comme le nôtre, temps de vérités périclitantes et de vérités abusives, oppressives même, tout ce que je savais sur moi-même, avec certitude, c'était juste mon nom. Dès lors, chaque fois que je me trouvais face à des inconnus, à des personnes en quête d'un conseil ou d'une suggestion et assez naïves ou inconscientes pour s'adresser à moi, je me faisais tout petit et, avant toute chose, je le déclinais avec fierté. Toujours suivi d'un silence, histoire de le mettre en valeur.
Et à chaque fois, j'étais confronté à la même réaction :
"Oui, d'accord, mais ce n'est pas tout !" me semblait-il entendre.
Et à chaque fois, la même stupéfaction :
"Comment ça, ce n'est pas tout ? Ce n'est déjà pas si mal !

Auteur: Attinelli Lucio-Maria

Info: Paradis d'orages, Fayard, 2003, pp. 12-13

[ enfance ] [ naïveté ] [ littérature ]

 

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paysage

Dimanche matin, la pluie cessa. Derrière les nuages se profila, jaune pâle, le disque solaire, puis de nouveaux lambeaux de nuages plus sombres se glissèrent devant, et le soleil disparut encore. Comme s’il jouait à cache-cache. Rien ne bougeait. Je trouvais étrange que là-haut dans le ciel les nuages remuent, et qu’ici, à terre, tout soit si calme. Plus silencieux qu’à l’accoutumée. Un morne lierre rampait à l’assaut des hauteurs, enserrant le sumac de son étreinte mortelle. Les gouttes de pluie en dévalaient les feuilles grasses et luisantes, puis glissaient sur les feuilles en dessous… Ainsi de suite, toujours un cran plus bas jusqu’à toucher terre. Et former une flaque dans l’herbe. Les allées de béton parcouraient la pente de zébrures scintillantes et convergeaient vers le portail.
Je me tenais à ma fenêtre.

Auteur: Nadas Peter

Info: Dans "La Bible", traduction de Marc Martin

[ urbain ] [ observation ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson