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finalité

Il paraît qu'il faut être forcené pour nier que les estomacs soient faits pour digérer, les yeux pour voir, les oreilles pour entendre. D'un autre côté, il faut avoir un étrange amour des causes finales pour assurer que la pierre a été formée pour bâtir des maisons, et que les vers à soie sont nés à la Chine afin que nous ayons du satin en Europe. [...]
Je crois qu'on peut aisément éclaircir cette difficulté. Quand les effets sont invariablement les mêmes en tout lieu et en tout temps, quand ces effets uniformes sont indépendants des êtres auxquels ils appartiennent, alors il y a visiblement une cause finale.

Auteur: Voltaire

Info: Dictionnaire philosophique <p.199-200>

 

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élocution

Il parlait avec volubilité, mais en même temps avec une grande assurance et sans chercher ses mots. Malgré sa précipitation, ses idées étaient nettes, précises et bien définies, et ce trait frappait particulièrement ses auditeurs. Sa prononciation était extraordinairement claire, ses paroles tombaient comme de gros grains uniformes, toujours soigneusement choisies et préparées d’avance pour toutes les occasions. Au début, cela plaisait, mais ensuite on se sentait agacé, et précisément par cette articulation trop nette, par ce débit rapide et régulier. On finissait par se figurer qu’il devait avoir une langue d’une forme toute particulière, une langue extraordinairement mince et longue, munie d’une pointe effilée, d’un rouge vif et toujours en mouvement.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: "Les démons", trauction de Boris de Schloezer, éditions Gallimard, 1955, page 279

[ énonciation ] [ éloquence ] [ serpent ] [ description ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

hiérarchie

Un jour, au déjeuner, Renoir me dit à l'oreille : "Regardez les figurants dans la salle !" Je m'empresse d'obéir. Rien de particulier pour le béotien que j'étais. Et là il éclate de rire: "Vous ne voyez rien? Regardez bien les figurants autrichiens, ils sont payés exactement le même prix, on leur a distribué au hasard des uniformes, aux uns d'officiers, aux autres des soldats: les officiers mangent avec les officiers et les soldats avec les soldats !" Et il ajoute, ravi: "Exactement ce que j'avais voulu montrer dans La Grande Illusion : Fresnay, officier français plus proche, malgré la guerre, de Stroheim, officier allemand, que de Gabin et Dalio, simples soldats français. Affinités de classe."

Auteur: Bedos Guy

Info: Plans rapprochés

[ mouton ] [ cinéma ]

 

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cadavre

La cloison bâbord était bosselée là où avaient ricoché sur elle des fragments de la cloison tribord ; on distinguait toutefois difficilement ces marques en raison des taches de sang qui les recouvraient. On aurait dit qu'un malade mental armé d'un pulvérisateur chargé de sang avait été interrompu alors qu'il n'avait repeint le couloir qu'à moitié, en se servant de lambeaux de chair humaine et d'éclats d'os pour donner de la texture à son travail. Des membres tranchés, des torses fracassés, des doigts, des morceaux d'uniformes, une botte intacte renfermant encore le pied de son propriétaire, une tête humaine appuyé contre l'issue de secours à l'instar d'un ballon de basket oublié.... Et, pis que tout, le cadavre tordu d'un homme à l'évidence grièvement blessé mais pas tué net quand ses deux jambes s'étaient trouvées pulvérisées. Un homme dont les poumons perforés lui avaient fait vomir du sang par la bouche et le nez, et dont les doigts avaient griffé le pont tandis que la coursive se dépressurisait autour de lui.

Auteur: Weber David Mark

Info: L'Univers d'Honor Harrington, L'Ombre de Saganami 1

[ gore ]

 

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femmes-hommes

Les burusera sont des boutiques spécialisées dans la revente des uniformes et des culottes de lycéenne. C'est un business qui marche : les clients reviennent souvent pour se fournir en produits frais. En 2004, la police de Tokyo affirme qu'il en existe vingt-huit. En 2005, un site Internet en recense officiellement trente-huit sur le réseau. [...]
Dans un coin de la boutique, des douzaines de petits paquets soigneusement pliés dans du plastique, hermétiquement fermés, s'alignent sur une étagère. Chaque paquet contient une culotte, déjà portée et pas lavée, dont le prix varie selon plusieurs critères : tiédeur, temps de "cuisson", sédimentation... Plus elle est sale, plus elle sent, mieux c'est : entre 3000 et 10000 yens. Mais le client n'a pas le droit d'ouvrir les sachets pour juger. Il ne peut choisir qu'en fonction de l'image qui orne chacun d'entre eux en guise de certificat : c'est la photo de la jeune fille prise dans la boutique le jour de l'achat. Son prénom, son âge, parfois même son groupe sanguin viennent ajouter une valeur plus-produit à l'odorante culotte, remplie de sa présence fantôme. Si elle a l'air candide, et qu'elle salit correctement son fond de commerce, elle deviendra une star.

Auteur: Giard Agnès

Info: L'imaginaire érotique au Japon

[ obsédé ] [ sexualité ] [ anecdote ] [ fétichisme ]

 

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personnage

Le général Sash avait cent quatre ans. […] Ses pieds étaient complètement morts maintenant, ses genoux grinçaient comme de vieux gonds, ses reins fonctionnaient quand bon leur semblait, mais son cœur continuait de battre avec une obstination farouche. Passé et avenir se confondaient dans son esprit, le premier tombé dans l'oubli et l'autre hors de portée de sa mémoire ; mourir n'avait guère plus de sens pour lui que pour un quelconque animal. Tous les ans, le jour du Souvenir des Confédérés, on l'empaquetait et on le prêtait au Musée du Capitole ; il y était exposé entre treize et seize heures, dans une salle qui sentait le moisi, pleine de vieilles photographies, de vieux uniformes, de vieux canons et de documents historiques, le tout soigneusement disposé dans des vitrines pour empêcher les enfants d'y toucher. Il portait son uniforme de général, celui du gala, et restait assis, rigide, le sourcil menaçant, sur une petite plate-forme entourée d'une corde. Rien ne suggérait qu'il fût en vie, sauf, de temps à autre, un mouvement de ses yeux laiteux et gris ; une fois pourtant, un gamin avait touché son épée : son bras s'était détendu et, d'une claque, avait repoussé la main de l'audacieux.

Auteur: O'Connor Flannery

Info: Les Braves Gens ne courent pas les rues

[ vieillard ] [ militaire ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

archétypes narratifs

Si tous les contes merveilleux sont aussi uniformes, cela ne signifie-t-il pas qu’ils proviennent tous de la même source ? […] il semble en effet qu’il en soit ainsi. Cependant, le problème des sources ne doit pas être posé de façon étroitement géographique. Dire "une source unique" ne signifie pas forcément que les contes ont pour origine, par exemple, l’Inde, et qu’à partir de là ils se sont répandus dans le monde entier, prenant au cours de leurs voyages des formes différentes, – selon ce que certains admettent. La source unique peut-être, aussi bien, psychologique, sous un aspect historico-social. […]

Enfin, la source unique peut se trouver dans la réalité. Entre la réalité et le conte, il existe certains points de passage : la réalité se reflète indirectement dans les contes. Un de ces points de passage est constitué par les croyances qui se sont développées à un certain niveau de l’évolution culturelle ; il est très possible qu’il y ait un lien, régi par des lois, entre les formes archaïques de la culture et la religion d’une part, et entre la religion et les contes d’autre part. Une culture meurt, une religion meurt, et leur contenu se transforme en conte. Les traces des représentations religieuses archaïques que conservent les contes sont si évidentes qu’on peut les isoler avant toute étude historique, comme nous l’avons déjà indiqué plus haut. Mais étant donné qu’il est plus facile d’expliquer une telle hypothèse historiquement, nous établirons, en guise d’exemple, un bref parallèle entre contes et croyances. Les contes présentent les transporteurs aériens d’Ivan sous trois formes fondamentales : le cheval volant, les oiseaux, le bateau volant. Ces formes représentent justement les porteurs de l’âme des morts, le cheval dominant chez les peuples pasteurs et agriculteurs, l’aigle chez les peuples chasseurs, et le bateau chez ceux qui vivent au bord de la mer. On peut donc penser qu’un des principaux fondements structurels des contes, le voyage, est le reflet de certaines représentations sur les voyages de l’âme dans l’autre monde.

Auteur: Propp Vadimir

Info: Morphologie du conte, À l'origine des contes, p. 131

[ réel-imaginaire ] [ historique ] [ psychopompes ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

barbarie

Alors un de nos cow-boys a pris la parole. Il avait servi dans le 1er régiment de cavalerie du Colorado, et il avait assisté au massacre. Son capitaine, qui s’appelait Silas Soule, avait refusé d’obéir à Chevington qui lui ordonnait d’attaquer un village pacifique dans lequel un des chefs cheyennes, Black Kettle, faisait flotter le drapeau blanc et le drapeau américain sur son tipi. Mais Chevington a donné l’assaut avec les autres régiments. Quand les tirs ont commencé, des dizaines de femmes et d’enfants sont venus à la rencontre des soldats, les mains en l’air ou en agitant des drapeaux blancs en signe de reddition. Certains, à genoux, ont supplié qu’on leur laisse la vie. Les soldats leur ont fracassé le crâne à coups de crosse, tuant les squaws, les vieillards, les enfants, les bébés. D’autres ont tenté de fuir en suivant le lit de la rivière, sec à ce moment de l’année, et le sable les empêchait de courir. Un petit garçon de trois ans, tout seul, essayait de les rattraper. Ses parents étaient sans doute déjà morts. Trois soldats ont parié entre eux pour savoir lequel l’abattrait le premier. Deux l’ont raté, mais pas le troisième. Le gamin a mordu la poussière. Après avoir tué autant d’Indiens qu’ils le pouvaient, les militaires ont scalpé les morts… Femmes, enfants, nourrissons… Ils ont mutilé leurs corps, leur ont tranché les oreilles, les doigts, le nez, les organes génitaux. Chivington et ses hommes s’en sont servis pour décorer leurs chapeaux, leurs uniformes, leurs selles. L’un d’eux a ouvert le ventre d’une squaw enceinte et le fœtus est tombé à terre. Un autre a coupé les testicules d’un chef pour s’en faire une blague à tabac. Voilà ce que nous a raconté notre collègue, ce soir-là, ce qu’il avait vu… Il avait besoin de se décharger de tout ça et il ne pouvait plus s’arrêter. Il s’est mis à pleurer et il en avait encore, des horreurs, à nous dire. Les autres se sont couchés, mais il parlait tout seul, devant les braises en train de s’éteindre. Je n’oublierai jamais ce pauvre gars. Au milieu de la nuit, un coup de feu a retenti. Il s’était tiré une balle dans la tête. Le seul moyen qu’il avait trouvé pour faire taire ces voix qui le hantaient. "Voilà, June, pourquoi je ne veux pas retourner là-bas, encore moins y passer la nuit. Si on y va quand même, tu seras obligée de les voir à genoux, implorer la pitié, ou courir vers le lit de la rivière. Tu entendras les cris, les hurlements, des hommes, des femmes, des gamins, des fillettes… pendant que les soldats leur arrachent la tête et les taillent en morceaux. Tu verras peut-être même les enfants de Gertie s’effondrer. Seulement, il n’y a rien qu’on puisse faire, ni toi, ni moi, ni personne. Tu ne sens pas que ça grouille sous tes pieds, à l’endroit où on est ? Cette terre est maudite depuis le massacre. Le mieux est encore de laisser les morts tranquilles, en espérant qu’ils trouvent un jour la paix."

Auteur: Fergus Jim

Info: May et Chance

[ colonialisme ] [ états-unis ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

civilisation

Pour expliquer les États-Unis d'Amérique, on les a comparés, avec raison, à un creuset. L'Amérique est en effet un de ces cas où, à partir d'une matière première on ne peut plus hétérogène, a pris naissance un type d'homme dont les caractéristiques sont, dans une large mesure, uniformes et constantes. Des hommes des peuples les plus divers reçoivent donc, en s'installant en Amérique, la même empreinte. Presque toujours, après deux générations, ils perdent leurs caractéristiques originelles et reproduisent un type assez unitaire pour ce qui est de la mentalité, de la sensibilité et des modes de comportement : le type américain justement.

Mais, dans ce cas précis, des théories comme celles formulées par Frobenius et Spengler – il y a aurait une étroite relation entre les formes d'une civilisation et une sorte d' "âme" liée au milieu naturel, au "paysage" et à la population originelle – ne semblent pas pertinentes. S'il en était ainsi, en Amérique l'élément constitué par les Amérindiens, par les Peaux-Rouges, aurait dû jouer un rôle important. Les Peaux-Rouges étaient une race fière, possédant style, dignité, sensibilité et religiosité ; ce n'est pas sans raison qu'un auteur traditionaliste, F. Schuon, a parlé de la présence en eux de quelque chose "d'aquilin et de solaire". Et nous n'hésitons pas à affirmer que si leur esprit avait marqué, sous ses meilleurs aspects et sur un plan adéquat, la matière mélangée dans le "creuset américain", le niveau de la civilisation américaine aurait été probablement plus élevé. Mais, abstraction faite de la composante puritaine et protestante (qui se ressent à son tour, en raison de l'insistance fétichiste sur l'Ancien Testament, d'influences judaïsantes négatives), il semble que ce soit l'élément noir, avec son primitivisme, qui ait donné le ton à bien des traits décisifs de la mentalité américaine.

Une première chose est, à elle seule, caractéristique : quand on parle de folklore en Amérique, c'est aux Noirs qu'on pense, comme s'ils avaient été les premiers habitants du pays. Si bien qu'on traite, aux États-Unis, comme un oeuvre classique inspirée du "folklore américain", le fameux Porgy and Bess du musicien d'origine juive Gershwin, oeuvre qui ne parle que des Noirs. Cet auteur déclara d'ailleurs que, pour écrire son oeuvre, il se plongea pendant un certain temps dans l'ambiance des Noirs américains. Le phénomène représenté par la musique légère et la danse est encore plus frappant. On ne peut pas donner tort à Fitzgerald, qui a dit que, sous un de ses principaux aspects, la civilisation américaine peut être appelée une civilisation du jazz, ce qui veut dire d'une musique et d'une danse d'origine noire ou négrifiée. Dans ce domaine, des "affinités électives" très singulières ont amené l'Amérique, tout au long d'un processus de régression et de retour au primitif, à s'inspirer justement des Noirs, comme si elle n'avait pas pu trouver, dans son désir compréhensible de création de rythmes et de formes frénétiques en mesure de compenser le côté desséché de la civilisation mécanique et matérielle moderne, rien de mieux. Alors que de nombreuses sources européennes s'offraient à elle - nous avons déjà fait allusion, en une autre occasion, aux rythmes de danse de l'Europe balkanique, qui ont vraiment quelque chose de dionysiaque. Mais l'Amérique a choisi les Noirs et les rythmes afro-cubains, et la contagion, à partir d'elle, a gagné peu à peu les autres pays.

Le psychanalyste C.-G. Jung avait déjà remarqué la composante noire du psychisme américain. Certaines de ses observations méritent d'être reproduites ici : "Ce qui m'étonna beaucoup, chez les Américains, ce fut la grande influence du Noir. Influence psychologique, car je ne veux pas parler de certains mélanges de sang. Les expressions émotives de l'Américain et, en premier lieu, sa façon de rire, on peut les étudier fort bien dans les suppléments des journaux américains consacrés au society gossip. Cette façon inimitable de rire, de rire à la Roosevelt, est visible chez le Noir américain sous sa forme originelle. Cette manière caractéristique de marcher, avec les articulations relâchées ou en balançant des hanches, qu'on remarque souvent chez les Américains, vient des Noirs. La musique américaine doit aux Noirs l'essentiel de son inspiration. Les danses américaines sont des danses de Noirs. Les manifestations du sentiment religieux, les revival meetings, les holy rollers et d'autres phénomènes américains anormaux sont grandement influencés par le Noir. Le tempérament extrêmement vif en général, qui s'exprime non seulement dans un jeu comme le base ball, mais aussi, et en particulier, dans l'expression verbale – le flux continu, illimité, de bavardages, typique des journaux américains, en est un exemple remarquable –, ne provient certainement pas des ancêtres d'origine germanique, mais ressemble au chattering de village nègre. L'absence presque totale d'intimité et la vie collective qui contient tout rappellent, en Amérique, la vie primitive des cabanes ouvertes où règne une promiscuité complète entre les membres de la tribu".

Poursuivant des observations de ce genre, Jung a fini par se demander si les habitants du nouveau continent peuvent encore être considérés comme des Européens. Mais ses remarques doivent être prolongées. Cette brutalité, qui est un des traits évidents de l'Américain, on peut dire qu'elle possède une empreinte noire. D'une manière générale, le goût de la brutalité fait désormais partie de la mentalité américaine. II est exact que le sport le plus brutal, la boxe, est né en Angleterre ; mais il est tout aussi exact que c'est aux États-Unis qu'il a connu les développements les plus aberrants au point de faire l'objet d'un véritable fanatisme collectif, bien vite transmis aux autres peuples. En ce qui concerne la tendance à en venir aux mains de la façon la plus sauvage qui soit, il suffit d'ailleurs de songer à une quantité de films américains et à l'essentiel de la littérature populaire américaine, la littérature "policière" : les coups de poing y sont monnaie courante, parce qu'ils répondent évidemment aux goûts des spectateurs et des lecteurs d'outre-Atlantique, pour lesquels la brutalité semble être la marque de la vraie virilité. La nation-guide américaine a depuis longtemps relégué, plus que toute autre, parmi les ridicules antiquailles européennes, la manière de régler un différend par les voies du droit, en suivant des normes rigoureuses, sans recourir à la force brute et primitive du bras et du poing, manière qui pouvait correspondre au duel traditionnel. On ne peut que souligner l'abîme séparant ce trait de la mentalité américaine de ce que fut l'idéal de comportement du gentleman anglais, et ce, bien que les Anglais aient été une composante de la population blanche originelle des États-Unis. On peut comparer l'homme occidental moderne, qui est dans une large mesure un type humain régressif, à un crustacé : il est d'autant plus "dur" dans son comportement extérieur d'homme d'action, d'entrepreneur sans scrupules, qu'il est "mou" et inconsistant sur le plan de l'intériorité. Or, cela est éminemment vrai de l'Américain, en tant qu'il incarne le type occidental dévié jusqu'à l'extrême limite.

On rencontre ici une autre affinité avec le Noir. Un sentimentalisme fade, un pathos banal, notamment dans les relations sentimentales, rapprochent bien plus l'Américain du Noir que de l'Européen vraiment civilisé. L'observateur peut à ce sujet tirer aisément les preuves irréfutables à partir de nombreux romans américains typiques, à partir aussi des chansons, du cinéma et de la vie privée courante. Que l'érotisme de l'Américain soit aussi pandémique que techniquement primitif, c'est une chose qu'ont déplorée aussi et surtout des jeunes filles et des femmes américaines. Ce qui ramène une fois de plus aux races noires, chez lesquelles l'importance, parfois obsessionnelle, qu'ont toujours eu l'érotisme et la sexualité, s'associe, justement, à un primitivisme ; ces races, à la différence des Orientaux, du monde occidental antique et d'autres peuples encore, n'ont jamais connu un ars amatoria digne de ce nom. Les grands exploits sexuels, si vantés, des Noirs, n'ont en réalité qu'un grossier caractère quantitatif et priapique.

Un autre aspect typique du primitivisme américain concerne l'idée de "grandeur". Werner Sombart a parfaitement vu la chose en disant : they mistake bigness for greatness, phrase qu'on pourrait traduire ainsi : ils prennent la grandeur matérielle pour la vraie grandeur, pour la grandeur spirituelle. Or, ce trait n'est pas propre à tous les peuples de couleur en général. Par exemple, un Arabe de vieille race, un Peau-Rouge, un Extrême-Oriental ne se laissent pas trop impressionner par tout ce qui est grandeur de surface, matérielle, quantitative, y compris la grandeur liée aux machines, à la technique, à l'économie (abstraction faite, naturellement, des éléments déjà occidentalisés de ces peuples). Pour se laisser prendre par tout cela ; il fallait une race vraiment primitive et infantile comme la race noire. Il n'est donc pas exagéré de dire que le stupide orgueil des Américains pour la "grandeur" spectaculaire, pour les achievements de leur civilisation, se ressent lui aussi d'une disposition du psychisme nègre. On peut aussi parler d'une des bêtises que l'on entend souvent répéter, à savoir que les Américains seraient une "race jeune", avec pour corollaire tacite que c'est à eux qu'appartient l'avenir. Car un regard myope peut facilement confondre les traits d'une jeunesse effective avec ceux d'un infantilisme régressif. Du reste, il suffit de reprendre la conception traditionnelle pour que la perspective soit renversée. En dépit des apparences, les peuples récemment formés doivent être considérés comme les peuples les plus vieux et, éventuellement, comme des peuples crépusculaires, parce qu'ils sont venus en dernier justement, parce qu'ils sont encore plus éloignés des origines.

Cette manière de voir les choses trouve d'ailleurs une correspondance dans le monde des organismes vivants. Ceci explique la rencontre paradoxale des peuples présumés "jeunes" (au sens de peuples venus en dernier) avec des races vraiment primitives, toujours restées en dehors de la grande histoire ; cela explique le goût de ce qui est primitif et le retour à ce qui est primitif. Nous l'avons déjà fait remarquer à propos du choix fait par les Américains, à cause d'une affinité élective profonde, en faveur de la musique nègre et sub-tropicale ; mais le même phénomène est perceptible aussi dans d'autres domaines de la culture et de l'art. On peut se référer, par exemple, au culte assez récent de la négritude qu'avaient fondé en France des existentialistes, des intellectuels et des artistes "progressistes".

Une autre conclusion à tirer de tout cela, c'est que les Européens et les représentants de civilisations supérieures non européennes font preuve, à leur tour, de la même mentalité de primitif et de provincial lorsqu'ils admirent l'Amérique, lorsqu'ils se laissent impressionner par l'Amérique, lorsqu'ils s'américanisent avec stupidité et enthousiasme, croyant ainsi marcher au pas du progrès et témoigner d'un esprit "libre" et "ouvert". La marche du progrès concerne aussi l' "intégration" sociale et culturelle du Noir, qui se répand en Europe même et qui est favorisée, même en Italie, par une action sournoise, notamment au moyen de films importés (où Blancs et Noirs remplissent ensemble des fonctions sociales : juges, policiers, avocats, etc.) et par la télévision, avec des spectacles où danseuses et chanteuses noires sont mélangées à des blanches, afin que le grand public s'accoutume peu à peu à la promiscuité des races, perde tout reste de conscience raciale naturelle et tout sentiment de la distance. Le fanatisme collectif qu'a provoqué en Italie, lors de ses exhibitions, cette masse de chair informe et hurlante qu'est la Noire Ella Fitzgerald, est un signe aussi triste que révélateur. On peut en dire autant du fait que l'exaltation la plus délirante de la "culture" nègre, de la négritude, soit due à un Allemand, Janheinz Jahn, dont le livre Muntu, publié par une vieille et respectable maison d'édition allemande (donc dans le pays du racisme aryen !), a été immédiatement traduit et diffusé par un éditeur italien de gauche bien connu, Einaudi. Dans cet ouvrage invraisemblable, l'auteur en arrive à soutenir que la "culture" nègre serait un excellent moyen de relever et de régénérer la "civilisation matérielle" occidentale... Au sujet des affinités électives américaines, nous ferons allusion à un dernier point. On peut dire qu'il y a eu aux États-Unis d'Amérique quelque chose de valable, vraiment prometteur : le phénomène de cette jeune génération qui prônait une sorte d'existentialisme révolté, anarchiste, anticonformiste et nihiliste ; ce qu'on a appelé la beat generation, les beats, les hipsters et compagnie, sur lesquels nous reviendrons d'ailleurs. Or, même dans ce cas, la fraternisation avec les Noirs, l'instauration d'une véritable religion du jazz nègre, la promiscuité affichée, y compris sur le plan sexuel, avec les Noirs, ont fait partie des caractéristiques de ce mouvement.

Dans un essai célèbre, Norman Mailer, qui a été un des principaux représentants de la beat generation, avait même établi une sorte d'équivalence entre le Noir et le type humain de la génération en question ; il avait carrément appelé ce dernier the white Negro, le "nègre blanc". A ce propos, Fausto Gianfranceschi a écrit très justement : "En raison de la fascination exercée par la 'culture' nègre, sous la forme décrite par Mailer, on ne peut s'empêcher d'établir immédiatement un parallèle – irrespectueux – avec l'impression que fit le message de Friedrich Nietzsche au début du XIXe siècle. Le point de départ, c'est le même désir de rompre tout ce qui est fossilisé et conformiste par une prise de conscience brutale du donné vital et existentiel ; mais quelle confusion lorsqu'on met le Noir, comme on l'a fait de nos jours, avec le jazz et l'orgasme sexuel, sur le piédestal du "surhomme" !

Pour la bonne bouche nous terminerons par un témoignage significatif dû à un écrivain américain particulièrement intéressant, James Burnham (dans "The struggle for the world") : "On trouve dans la vie américaine les signes d'une indiscutable brutalité. Ces signes se révèlent aussi bien dans le lynchage et le gangstérisme que dans la prétention et la goujaterie des soldats et des touristes à l'étranger. Le provincialisme de la mentalité américaine s'exprime par un manque de compréhension pour tout autre peuple et toute autre culture. Il y a, chez de nombreux Américains, un mépris de rustre pour les idées, les traditions, l'histoire, un mépris lié à l'orgueil pour les petites choses dues au progrès matériel. Qui, après avoir écouté une radio américaine, ne sentira pas un frisson à la pensée que le prix de la survie serait l'américanisation du monde ?"

Ce qui, malheureusement, est déjà en train de se produire sous nos yeux.

Auteur: Evola Julius

Info: L'arc et la massue (1971, 275p.)

[ racialisme ] [ melting-pot ] [ nouveau monde ] [ désintégration ] [ ethno-différentialisme ]

 
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