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écrivain-sur-écrivain

(…) les personnages de Simenon, eux, serrent le cœur : ce sont des petites gens, des humbles, des solitaires, des rebelles, des marginaux, des "humiliés et offensés", des ratés, des déracinés, des victimes, des vaincus. Voyez même Maigret : "Quand Maigret doit pénétrer dans un milieu cossu, il se sent difficilement admis ; il a un sentiment de gêne, de faire tache, il n'est pas à sa place…" "Maigret n'est pas à son aise avec les grands de ce monde qui tantôt l'épatent, tantôt le choquent."

Fils de l'intendant d'un aristocrate, il reste marqué par ses origines serviles : "Il y a des relations humaines, des habitudes sociales dont on ne guérit pas. On peut guérir de beaucoup de choses, mais pas de ça, d'une certaine humilité devant certaines gens... "

Au fond, Simenon a raconté cent fois la même histoire, ses grands romans n'ont qu'un seul thème : la chute d'un homme. Le destin, un incident extérieur, une fatalité intérieure viennent déclencher un implacable processus de destruction. Un homme s'éveille et se découvre soudain étranger aux siens et à lui-même, il essaie de briser les chaînes de sa vie quotidienne - et il sombre.

Auteur: Leys Simon Pierre Ryckmans

Info: L'Ange et le Cachalot

 

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Ajouté à la BD par miguel

nécropole

Des veilleuses rouges luisaient paisiblement sur des pierres tombales. Des icônes méditaient sur d'autres. Des croix de bois s'abritaient sous des toits pentus. Et les noms s’alignaient, en caractères latins ou cyrilliques, et les titres de noblesse, et les ordres de chevalerie, et les décorations, et les regiments dans lesquels les morts avaient servi, énumérés avec tant d'attendrissement et de minutie qu'on eût cru qu'ils y servaient encore. Ce cimetière, c'était un manuel d'histoire, c'était un armorial, et Sergo eût pu n'y voir que les témoignages du dernier orgueil de ceux à qui plus rien n'appartient et qui se consolent en pensant qu'eux du moins ont appartenu, mais il perçut qu'il s’agissait de bien autre chose : ces princes, ces évêques, ces généraux, et, dans les tombes plus récentes, ces cornettes et ces midships de quatre-vingts ans, ne se voulaient inséparables de leurs distinctions que parce qu'ils se préparaient à rendre compte de l'usage qu'ils en avaient fait. On devinait, sous terre, le bourdonnement de ces guerriers vaincus et désormais invincibles, qui attendaient impatiemment le premier coup de trompette de la parousie pour surgir de terre en tenue de parade. Cette Sainte-Geneviève-des-Bois, c'était déjà la vallée de Josaphat.

Auteur: Volkoff Vladimir

Info: Les Orphelins du Tsar

 

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Ajouté à la BD par miguel

culpabilité teutonne

Il y a en effet en Allemagne un nombre non négligeable d'antinazis sincères qui sont plus déçus, plus apatrides et plus vaincus que les sympathisants nazis ne l'ont jamais été. Déçus parce que la libération n'a pas été aussi complète qu'ils se l'étaient imaginé, apatrides parce qu'ils ne veulent se solidariser ni avec le mécontentement allemand – dans la composition duquel ils croient reconnaître un peu trop de nazisme camouflé – ni avec la politique alliée – dont ils contemplent avec consternation l'indulgence envers les anciens nazis – et enfin vaincus parce que, d'un côté, ils se demandent si, en tant qu'Allemands, ils peuvent avoir une part quelconque à la victoire finale des alliés et, de l'autre, ils ne sont pas absolument persuadés qu'en tant qu'antinazis ils n'ont pas une part de responsabilité dans la défaite allemande. Ils se sont condamnés à une passivité totale parce que l'activité impliquait la collaboration avec des individus douteux qu'ils ont appris à haïr pendant douze années d'oppression.

Ces gens-là sont les plus belles ruines de l'Allemagne mais, pour l'instant, elles sont aussi inhabitables que toutes ces maisons démolies entre Hasselbrook et Landwehr qui dégagent une odeur âcre et amère d'incendies éteints dans le crépuscule humide de cet automne.

Auteur: Dagerman Stig

Info: Automne allemand, p. 40

[ après-guerre ] [ ww2 ] [ psycho-sociologie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

anticipation

Il y a de très fortes chances pour qu’en 1980 des machines géantes construisent des maisons en quelques jours ; les conducteurs d’automobiles pourront jouer aux cartes avec leurs passagers, car ils se dirigeront par radar ; nous irons, d’ailleurs, en vacances en hélicoptère, et, de même qu’aujourd’hui on déboulonne des rails, peut-être verrons-nous l’herbe pousser sur nos grandes routes. Nous pouvons prévoir aussi avec certitude que notre vie quotidienne sera transformée par l’utilisation de l’énergie solaire ; que nous voyagerons par fusée d’un continent à l’autre. Le cancer sera peut-être vaincu grâce à la télévision. Le journal s’imprimera directement à domicile, par un procédé semblable à celui de nos téléscripteurs. On se nourrira d’algues et des légumes pousseront dans des usines. Paris dans 25 ans : des gratte-ciel de 200 mètres au milieu d’îlots de verdure. L’avion atomique pourra voler 6 mois sans toucher terre. La transformation du globe. Des gulf-stream artificiels pour réchauffer les pôles. Le Sahara deviendra un jardin. De l’usine "presse-bouton" au "fonctionnaire électronique". L’ "ère des loisirs" replacera l’homme devant ses problèmes les plus essentiels. La seconde révolution industrielle qui se prépare – l’automation – le libérera plus complètement. Des machines commanderont aux machines. L’homme n’aura plus à se servir que de son cerveau.

Auteur: Lacôme Pierre-François

Info: Dans "Le futur sans fiction, notre vie dans 25 ans", publié en 1958

[ idéalisation ] [ progrès ] [ espoirs ] [ futur-ancien ] [ vingtième siècle ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

Gaule

Ceux qui approchent en ordre dispersé sont une nation à qui la nature a voulu donner des corps et des courages plus grands que fermes. Aussi ils mettent dans chacun leurs combats plus de terreur que de force [ils cherchent plus à effrayer qu'à être forts]. La défaite des Romains en est l'exemple. Ils ont pris une ville ouverte, mais on leur résiste avec une toute petite troupe depuis la citadelle du Capitole. Vaincus par l'ennui du siège, ils s'éloignent déjà et errent au hasard dans les champs. Lorsqu'ils se sont gorgés de nourriture et de vin précipitamment englouti, à l'approche de la nuit, ils s'arrêtent au bord de l'eau, sans se retrancher, sans tours de garde ni sentinelles, et se laissent tomber à terre comme des bêtes, encore plus insouciants de leur sécurité en ce moment que d'habitude. Si vous avez l'intention de protéger vos murs et de ne pas laisser tout ce qui est autour de vous faire partie de la Gaule, prenez les armes en masse à la première heure de la nuit, et suivez-moi pour le massacre plutôt que pour la bataille. Si je ne vous les livre pas à égorger comme du bétail, je ne refuse pas de subir à Ardée le sort que j'ai subi à Rome.

Auteur: Tite-Live

Info: Les Gaulois vus par Camille, V, 44

[ historique ]

 

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autojustification

Mais, d'un naturel ombrageux, il eût répugné à s'avouer qu'il était subjugué et que le désir de revoir cette jeune fille et de faire sa connaissance le retenait seul à Milan. Les femmes et les jeunes filles qu'il avait rencontrées chez lui et dans le pays étrangers ne lui étaient alors apparues que comme des dispensatrices de joies éphémères, comme des créatures faites pour l'agrément d'un instant. Or il était bel et bien épris cette fois, mais il ne voulait certes pas le reconnaître. Aussi cherchait-il à se persuader qu'il ne restait pas à Milan pour cette jeune fille : non vraiment, quel ridicule, c'eût été mal le connaître, les filles au demeurant n'était pas ce qui manquait... non, il envisageait depuis longtemps de recouvrer dans cette ville une ancienne dette ; après tant d'années de sommation et de vaine attente il n'allait tout de même pas laisser passer l'occasion de percevoir son argent ; personne ne pouvait exiger de lui qu'il renonçât à une revendication plus que légitime, il n'était pas homme à s'avouer vaincu, et puis le droit devait rester le droit... Et il se répéta tant et si bien ce discours qu'il fut convaincu à la fin que c'était cette affaire et nulle autre qui le retenait en ces lieux.

Auteur: Perutz Leo

Info: Le Judas de Léonard

[ dépendance amoureuse ] [ mauvaise foi ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

vaincus

Nos admirables équipages qui se sont multipliés d’une manière surhumaine pour compenser une infériorité d’effectifs et de matériel écrasante, nos admirables équipages dont les pertes ont dépassé 33 % du personnel navigant et qui ont infligé à l’aviation ennemie (de son propre aveu) des pertes numériquement trois fois supérieures à celles de l’aviation française, nos admirables équipages qui ont été de jour et de nuit au combat sans une heure de repos, qui, ayant à peine atterri, reprenaient leur vol sur des avions criblés de balles et souvent avec, dans la carlingue, le sang non encore essuyé de leurs camarades tués ou blessés à leur poste, nos admirables équipages qui devaient se battre à un contre cinq et parfois à un contre huit se sont vus méconnus, critiqués, pis encore, parfois insultés par la foule désordonnée de la retraite.

Des larmes de rage aux yeux, ils repartaient cependant inlassablement, stoïquement, pour tenir tête, souvent contre tout espoir, à l’adversaire. Voilà pourquoi nous disons que le calvaire de l’aviation a été pire que le calvaire des autres ! Après l’avoir accusée en temps de paix d'avoir voulu être trop nombreuse, trop forte et trop luxueusement équipée, on l’a accusée, la guerre venue, d’être trop peu nombreuse et insuffisamment armée. C’est d’une atroce et douloureuse dérision.

Auteur: Chambe René

Info: Equipages dans la fournaise - 1940

[ ww2 ] [ déshonneur ] [ défaite ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

femmes-hommes

Il ne suffirait évidemment pas de mettre les femmes à la place des hommes pour qu’il y ait un monde nouveau. Et il faut dire là que la plupart des femmes agissantes qui lancent de tels mots d’ordre ont déjà été elles-mêmes mutilées, déformées, façonnées par les hommes à leur image, elles ont été souvent réduites à l’état d’hommes par les conditions mêmes de la lutte qu’elles mènent. Le "machismo" en jupon n’est pas plus intéressant que l’autre, il est seulement plus excusable. La femme a été la grande victime de l’homme - c’est en cela aussi qu’il a réussit à la former, c’est-à-dire à la déformer à sa propre image. De tout temps, dans l’histoire, les vaincus et les victimes ont essayé - et souvent réussi - à se parer des "qualités" de leurs vainqueurs. Pendant des siècles, les hommes ont si bien réussi à persuader les femmes de leur "supériorité" qu’ils ne leur laissèrent que deux réponses possibles. Elles n’eurent d’autre choix que de se conformer à l’image de cette "infériorité" qui leur était imposée, ou de se parer elles-mêmes des "vertus" masculines: dureté, force, agressivité, volonté de domination, rejet de la sensibilité. La formule "femme égale de l’homme" ne saurait, à mon avis, suffire. Il s’agit de tout autre chose: il s’agit de changer l’homme.

Auteur: Gary Romain

Info:

[ égalité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

guerre

Le nerf de la guerre : Il n'y a pas d'opinion plus fausse que celle qui veut que l'argent soit le nerf de la guerre. Elle a été formulée par Quinte-Curce, à l'occasion de la guerre d'Antipater, roi de Macédoine, contre Lacédémone. Il raconte que par défaut d'argent, le roi de Sparte fut obligé de livrer bataille et fut vaincu ; que, s'il eût pu différer de quelques jours, la nouvelle de la mort d'Alexandre serait arrivée et qu'il eût été vainqueur sans coup férir : mais manquant d'argent, et craignant que son armée, faute de paye, ne l'abandonnât, il fut obligé de hasarder la bataille, et c'est là-dessus que l'historien se fonde pour écrire que l'argent est le nerf de la guerre. [...] Ce n'est pas l'or, ce sont les bons soldats qui sont le nerf de la guerre. L'or ne fait pas trouver de bonnes troupes, mais les bonnes troupes font trouver de l'or. Si les Romains avaient voulu faire la guerre avec de l'or plus qu'avec du fer, tous les trésors de l'univers ne leur auraient pas suffi, à en juger par la grandeur de leurs entreprises et par les difficultés qu'ils y rencontrèrent ; mais l'usage qu'ils faisaient du fer les empêchait de manquer d'or : les peuples qui les redoutaient leur apportaient leurs richesses jusque dans leur camp.

Auteur: Machiavel Nicolas

Info: Discours sur la première Décade de Tite-Live II x p.538

[ force ] [ pouvoir ] [ historique ] [ fric ]

 

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populace

" Et le peuple ? " dira-t-on. Le penseur ou l'historien qui emploie ce mot sans ironie se disqualifie. Le " peuple ", on sait trop bien à quoi il est destiné : subir les événements, et les fantaisies des gouvernants. Toute expérience politique, si " avancée " fût-elle, se déroule à ses dépens, se dirige contre lui : il porte les stigmates de l'esclavage par arrêt divin ou diabolique. Inutile de s'apitoyer sur lui : sa cause est sans ressource. Nations et empires se forment par sa complaisance aux iniquités dont il est l'objet. Point de chef d'État, ni de conquérant qui ne le méprise ; mais il accepte ce mépris, et en vit. (...) Tel qu'il est, il représente une invitation au despotisme. Il supporte ses épreuves, parfois il les sollicite, et ne se révolte contre elles que pour courir vers de nouvelles, plus atroces que les anciennes. La révolution étant son seul luxe, il s'y précipite, non pas tant pour en retirer quelques bénéfices ou améliorer son sort, que pour acquérir lui aussi le droit d'être insolent, avantage qui le console de ses déconvenues habituelles, mais qu'il perd aussitôt qu'on abolit les privilèges du désordre. Aucun régime n'assurant son salut, il s'accommode de tous et d'aucun. Et, depuis le Déluge jusqu'au Jugement, tout ce à quoi il peut prétendre, c'est de remplir honnêtement sa mission de vaincu.


Auteur: Cioran Emil Michel

Info: Histoire et utopie

[ méprisée ] [ facilement manipulable ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste