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colonisation

Cette descente des hordes de la steppe qui viennent périodiquement asseoir leurs khans sur les trônes de Tch'ang-ngan, de Lo-yang, de K'ai-fong ou de Pékin, de Samarquand, d'Ispahan ou de Tauris, de Qonya ou de Constantinople, est devenue une des lois géographiques de l'histoire. Mais il est une autre loi - opposée- celle qui fait lentement absorber les envahisseurs nomades, par les vieux pays civilisés ; phénomène double, démographique d'abord : les cavaliers barbares, établis à l'état d'aristocratie sporadique, sont noyés et disparaissent dans ces denses humanités, dans ces fourmilières immémoriales ; phénomène culturel ensuite : la civilisation chinoise ou persane vaincue, conquiert son farouche vainqueur, l'enivre, l'endort, l'annihile. Souvent, cinquante ans après la conquête, tout se passe comme si elle n'avait pas eu lieu. Le barbare sinisé ou iranisé est le premier à monter la garde de la civilisation contre les nouvelles vagues d'assaut de la Barbarie[...] Le Turco-Mongol n'a ainsi vaincu les vielles civilisations que pour finalement mettre son épée à leur service.

Auteur: Grousset René

Info: L'Empire des steppes : Attila, Gengis-Khan, Tamerlan

[ inversion ] [ influence ] [ culture ] [ soft power ] [ assimilation ]

 

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perdants

Une armée clandestine, lorsqu'elle s'est battue pour une cause qui a triomphé, devient régulière et ses troupes sont portées en triomphe. Une armée qui s'est battue pour une cause perdue ne connaît que l'opprobre: "Tant il est vrai, dit le cardinal de Retz, que le bon ou le mauvais événement est la règle ordinaire des louanges ou du blâme que l'on donne aux actions extraordinaires." La Fronde a été vaincue. La Vendée aussi : il aura fallu près de deux siècles pour que le courage des Vendéens soit célébré.

Faudra-t-il attendre aussi longtemps pour que soit reconnue la valeur d'hommes qui se sont engagés dans des guerres modernes aux causes diverses, aujourd'hui dépassées. Si les temps et les motivations ne sont pas les mêmes, les hommes, eux, ne changent pas. Il y a toujours des courageux et des lâches, des vainqueurs et des vaincus. Franklin n'est pas un traître. Chateaubriand, La Rouërie ne sont pas non plus des traîtres. Ne peut-on rendre son honneur au courage malheureux ?

Auteur: Mohrt Michel

Info: Tombeau de La Rouërie

[ question ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

déclaration d'amour

Que j'aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau!

Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,

Comme un navire qui s'éveille
Au vent du matin,
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.

Tes yeux, où rien ne se révèle
De doux ni d'amer,
Sont deux bijoux froids où se mêle
L'or avec le fer.

A te voir marcher en cadence,
Belle d'abandon,
On dirait un serpent qui danse
Au bout d'un bâton.

Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d'enfant
Se balance avec la mollesse
D'un jeune éléphant,

Et ton corps se penche et s'allonge
Comme un fin vaisseau
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l'eau.

Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,
Quand l'eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,

Je crois boire un vin de Bohême,
Amer et vainqueur,
Un ciel liquide qui parsème
D'étoiles mon coeur!

Auteur: Baudelaire Charles

Info: Le Serpent qui danse, les fleurs du mal 28

[ poème ]

 

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ghetto

Et puis on arriva en territoire noir. Les rues étaient jonchées d’un tas d’objets divers : une vieille chaussure, une chemise orange, un vieux sac à mains… un pamplemousse pourri… une autre chaussure… un jean… un pneu…
Je devais slalomer au milieu de tout ça. Deux jeunes Noirs d’une dizaine d’années nous dévisagèrent, juchés sur leurs vélos. Un regard rempli d’une haine absolue, implacable. Je la sentais. Les Noirs pauvres haïssaient. Les Blancs pauvres haïssaient. C’était seulement quand les Noirs avaient de l’argent et que les Blancs avaient de l’argent qu’ils se mélangeaient. Certains Blancs aimaient les Noirs. Très peu de Noirs aimaient les Blancs, et peut-être même aucun. Ils voulaient leur revanche. Peut-être ne l’auraient-ils jamais. Dans une société capitaliste, les vaincus bossent pour les vainqueurs et il faut donc qu’il y ait plus de vaincus que de vainqueurs. Qu’est-ce que j’en pensais ? Je savais que la politique ne parviendrait jamais à résoudre le problème et qu’il ne restait pas assez de temps pour forcer la chance.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Hollywood", trad. Michel Lederer, Le livre de poche, page 108

[ racisme ] [ faux problème ] [ Etats-Unis ] [ tensions raciales ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

rigoler

Le rire est directement contraire à cette forcenée attention à soi, qui est le fond du sérieux. Le rire secoue tout le corps comme un vêtement, laissant chaque partie s'ébattre à sa guise. Par essence le rire est un abandon de gouvernement, et le premier remède contre cet absurde gouvernement qui noue et paralyse. Le rire rétablit les échanges en déliant ; il aère, nettoie et repose. Quoi de mieux ? Mais le rire a ceci de mauvais qu'il attaque le sérieux en son centre et menace de le détrôner. Et c'est un scandale, pour celui qui s'est fait de belles raisons d'être triste, que toutes ces raisons se perdent soudain par cette négation de toute attitude qu'est le rire. "Ne prétendez point" se ramène à ceci : "ne tendez point". Mais on veut prétendre. Ainsi le rire est comme une violence, et une tentative de vous faire sauter comme un nourrisson. Il faut toutes les précautions de l'art comique pour que le rire soit vainqueur. Mais aussi ce triomphe est beau.

Auteur: Alain

Info: Les idées et les âges, Les Passions et la Sagesse, la Pléiade, Gallimard 1960p.173>

[ décoincer ] [ désinhiber ]

 

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rapports humains

Le portier répond en écartant les bras juste ce qu’il faut pour indiquer la résignation. Mais il sait bien que, pour ces nouvelles générations, la résignation n’existe pas. Ou vainqueurs immédiats du trophée, ou abjects perdants. Ou le ricanement arrogant du triomphe, ou les pleurnicheries rageuses de la déception.

C’est à lui, Oreste Nava, qu’il incomberait d’expliquer que la résignation n’est pas une vieillerie à l’usage des curés et des bonnes femmes, mais l’art infiniment délicat de se mouvoir entre les rudes extrêmes du tout et du rien, le seul yoga capable de développer l’intelligence, le seul karaté permettant de mûrir, et donc de poursuivre au milieu des coups de bâton qui de toute façon vous pleuvront sur le dos le long du chemin. Et en outre de regarder le moment venu la mort, sans vraiment, de terreur, faire dans son pantalon.

Mais ce sont là des concepts complexes, ramifiés, qui, traduits en mots par Oreste Nava, auraient à ses propres oreilles un son bien peu persuasif : celui d’un sermon confus de vieux gâteux.

Auteur: Fruttero Carlo

Info: L'amant sans domicile fixe

[ décalage ] [ renoncement ] [ abnégation ] [ limitation sémantique ] [ jeune-vieux ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

colonialisme

Ce qui est agaçant c'est que l'efficacité rationaliste européenne a d'une certaine manière imposé ses modèles aux africains. Modèles socialistes, démocratiques, néo libéraux, religieux (terribles, les dégâts de la Bible), ou autres. Lorsque De Gaule a décolonisé il n'a pas proposé d'aide au développement, mais la coopération. Lorsque Kadhafi a voulu s'émanciper l'Afrique financièrement en utilisant la manne financière du pétrole, on l'a démoli immédiatement. Les populations du plus grand continent terrestres sont de nature tribales, communautaires, chacune à sa manière et pas autant sur les fonctionnements individualistes de notre occident et sa culture des vainqueurs. Occident, qui, par la puissance des médias clinquants et souvent via la compromission de leaders africains corrompus, a énormément déstabilisé psychologiquement les populations de là bas. La terre est une sphère, chaque endroit en est le centre, qu'on laisse les communautés locales se développer comme elles l'entendent. Qu'on les aide à prendre leur autonomie. Ce ne sont pas elles qui viendront nous menacer avec leurs dollars, leurs bons sentiments ou leurs bombes.
Pires fléaux de la civilisation humaine : individualisme forcené et concentration de trop grands pouvoirs.

Auteur: Mg

Info: 25 janv. 2019

[ paternalisme ] [ nord-sud ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

capitalisme

Les trente dernières années ont vu la construction d'un vaste appareil bureaucratique destiné à la création, et à la maintenance, du désespoir. Une machine géante conçue en premier afin de détruire n'importe quel espoir d'avenir alternatif possible. À sa racine il y a l'obsession véritable de la part des dirigeants du monde - en réponse aux bouleversements des années 1960 et 1970 - afin de s'assurer que l'on ne puisse plus jamais voir grandir et fleurir de mouvements sociaux qui proposeraient des alternatives et que ceux qui défient les dispositions des pouvoir existants ne puissent jamais, en aucune circonstance, être perçus comme des vainqueur potentiels. Tout ceci exige ainsi la création d'un appareil énorme : armées, prisons, police, et toutes formes d'autres solutions diverses proposées par les sociétés de sécurité privée. Et bien sûr les outils de propagande de toutes les sortes imaginables, qui pour la plupart n'attaquent pas les alternatives directement, mais plutôt créent un climat pénétrant de crainte, de conformisme chauvin et de simple résignation, qui font que chaque pensée sujette à vouloir changer le monde ressemble à une fantaisie vide de sens.

Auteur: Graeber David

Info: Dette, les 5000 premières années

[ oppression ] [ abrutissement ] [ pouvoir ]

 

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vélo

Le cyclisme, en tant que sport de compétition, a toujours été laid, et tout spécialement le Tour de France, qui depuis toujours, mais aujourd'hui plus que jamais, déverse le long des routes qu'il sillonne ses traînées de détritus, de gobelets et de pare-soleils publicitaires, de musiquette, de gueulantes et de criailleries, souillant souvent pour des semaines les plus beaux sites. Illustrations supplémentaire de la théorise qui m'est chère selon laquelle l'esthétique est un révélateur en général très précieux et relativement exact de la qualité morale et intellectuelle, cette manifestation si vilaine, le Tour de France, s'affiche depuis plusieurs années, mais tout spécialement cet été, comme la plus irrémédiablement pourrie jusqu'au fond des moelles. Cette activité qui ne fait rien pour le corps et sans doute fort peu pour l'intelligence, disputer des courses cyclistes, se révèle de la façon la plus criante (le vainqueur américain du Tour de France est déchu de son titre, dans des conditions où la farce joue un rôle essentiel) inséparable d ela tricherie, du mensonge, de l'association de malfaiteurs, de la compromission profonde des régulateurs eux-mêmes, des soigneurs et des médecins.

Auteur: Camus Renaud

Info: L'Isolation : Journal 2006, p. 331

[ vacherie ]

 

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états-unis

Lee, hissé à bien des égards au rang de héros national américain malgré une certaine éclipse, fut et reste plus encore le champion du Sud. Mais de quel Sud ? "Le Sud a été humilié et battu par sa propre chair et son propre sang du Nord, et il est difficile de savoir ce qui est le plus admirable, le bon sens avec lequel le résultat fut accepté dans les soi-disant États confédérés, ou la sage magnanimité montrée par les vainqueurs. Nordistes et sudistes sont désormais une fois encore un peuple uni, avec devant lui un avenir auquel nulle autre nation ne peut aspirer", pouvait-on encore écrire au début du XXe siècle. Plus aujourd'hui. Car ce Sud vaincu et parfois magnifîé, celui dont Robert Edward Lee pouvait passer tour à tour pour le plus digne héritier dans la paix, le plus grand champion dans la guerre, et le plus haut phare dans la défaite et la réconciliation, était le seul Sud blanc. Comme le résume fort simplement la poétesse métisse du Mississippi Natasha Trethewey, et avec elle les autres "sudistes" afro-américains : "Mon Sud n'a pas perdu la guerre".

Auteur: Vincent Bernard

Info: Robert E. Lee

[ historique ] [ guerre de sécession ] [ racisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel