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vieillir

J'ai les moyens d'acheter des livres, mais moins de temps pour les lire. En contemplant les piles qui encombrent l'appartement, j'essaie d'évaluer de combien leur volume dépasse déjà la somme de temps que j'aurai jamais à leur consacrer. Je découvre avec soulagement qu'en japonais il existe un mot pour cela : tsundoku ("acheter des livres et ne pas les lire; les laisser s'empiler sur le sol, les étagères ou la table de nuit"). Auparavant, aucun essai ne me semblait trop ardu si le sujet m'intéressait: je m'installais à la table du salon et je laissais les heures s'écrouler sereinement, soulignant avec soin les passages marquants au crayon et à la règle. En protégeant ma concentration, la pièce autour de moi semblait me seconder dans mes efforts et partager l'émerveillement des révélations qu'ils me valaient. Désormais, la journée ayant épuisé mon énergie intellectuelle, je suis trop fatiguée le soir pour faire autre chose que regarder des séries télévisées. J'aime beaucoup les séries, mais je reste à la porte des révélations. Et un peu à la porte de chez moi aussi.


Auteur: Chollet Mona

Info: Chez soi

[ affaiblissement ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

famille

Dès lors, la vie avait pris un drôle d'aspect. Il arrivait à Anthony de se lever le matin encore plus crevé que la veille. Il dormait pourtant de plus en plus tard, surtout le week-end, ce qui faisait enrager sa mère. Quand les copains le vannaient, il prenait la mouche, répliquait avec ses poings. Sans cesse, il avait envie de cogner, de se faire mal, de foncer dans les murs. Alors il partait faire du vélo avec son walkman sur les oreilles, en se repassant vingt fois la même chanson triste. Soudain, en regardant Beverly Hills à la télé, de hautes mélancolies le prenaient. Ailleurs, la Californie existait, et là-bas, c'est sûr, des gens menaient des vies qui valaient le coup. Lui, il avait des boutons, des baskets trouées, son œil foutu. Et ses parents qui régnaient sur sa vie. Bien sûr, il contournait les ordres et défiait constamment leur autorité. Mais tout de même, ces destins acceptables restaient hors de portée. Il n'allait quand même pas finir comme son vieux, bourré la moitié du temps à gueuler devant le JT ou à s'engueuler avec une femme indifférente. Où était la vie, merde ?

Auteur: Nicolas Mathieu

Info: Leurs enfants après eux

[ routine ] [ ennui ] [ jeunesse ] [ révolte ]

 
Mis dans la chaine

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célébrité

L'Empereur ressemblait à bien des choses.
A un tennisman pour commencer, car c'est en short blanc et raquette à la main qu'il nous accueillit et nous pria de l'attendre au "salon de conversation" où serait servi le déjeuner. A un noceur sans entrain quand il nous eut rejoints, en costume blanc, ses yeux fatigués protégés par des lunettes noires. A un chef de gang qui s'entourait, selon la rumeur, de jolis drôles, cercles de pouvoir où se cotoyaient les membres d'une secte qui vénérait Bouddha, Jésus et Victor Hugo, une poignée de bonzes fous, quelques catholiques enclins à confondre goupillon et matraque, et un ancien chauffeur de taxi promu chef de la sécurité.
A le voir si fatigué, si mou, on songeait aussi au joueur effréné qui dilapidait des fortunes sur les tapis verts des casinos de la Côte d'Azur, au séducteur auquel ses bonnes fortunes valaient le titre d'Empereur des boîtes de nuit, à un quadragénaire au visage d'adolescent mal dégrossi qui se défiait d'une destinée qui l'avait fait monter sur le trône à l'âge de douze ans. Et enfin au père attentionné qui livrait ses seules batailles dans la chambre de son fils, à coups de polochons, pendant que son pays menacé d'éclatement s'enlisait dans la guerre.
Bref, l'Empereur ressemblait à bien des choses, sauf à un empereur.

Auteur: Masson Christophe

Info: Le Manuel de Géographie

[ démystifier ]

 

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correctrice

Ma tâche de correcteur, qui me permettait de subsister et que je prenais très à cœur les premiers temps, au lieu de développer ma mémoire, a entraîné son altération. Les manuscrits et les épreuves qui étaient mon labeur quotidien ont contribué à modifier mon caractère, de plus en plus pointu, alors même que ma sûreté dans l'observation des règles de grammaire s'avérait chaque jour déplorablement défaillante. J'étais moins attentif aux impropriétés, aux solécismes, aux licences poétiques boiteuses. Je laissais passer des coquilles et des doublons. Les éditeurs qui m'appointaient n'y avaient pas fait attention, avaient continué à m'expédier des copies et, comme les petites mains des ateliers de couture, je les avais ornées de mes retouches, sans trop de cœur à l'ouvrage. À mes débuts, j'étais un ayatollah du purisme, je ne tolérais ni les anglicismes, ni les à-peu-près, ni l'abus de néologismes, ni les incorrections sous prétexte de modernisme. Je criais au scandale quand un auteur ne se pliait pas à la discipline de la syntaxe, ponctuait n'importe comment, s'autorisait des métaphores prétendument hardies mais incohérentes. Je biffais et redressais les phrases quand les pronoms relatifs se suivaient à la file. Puis, peu à peu, j'avais cochonné ma besogne. Je faisais tout en quatrième vitesse, ne m'abîmais plus la vue en veillant jusqu'à point d'heure pour soigner chaque détail. La plupart des récits que je corrigeais, indigestes, ne valaient pas la peine d'être améliorés, mais de temps à autre j'avais droit à des pages sapides, comme des oranges gorgées de soleil. J'étais à mon affaire lorsqu'un modèle de concision abrégeait, condensait ses périodes, ou bien lorsqu'un texte débordait de termes rares, d'argotismes obsolètes.

Auteur: Lê Linda

Info: Lame de fond

[ prote ] [ révision ] [ lecture ] [ édition ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

dialogue

- "Et toi, comme toujours, tu penses que le monde est devenu idiot, dit-elle.
- Non, le monde est idiot depuis l'origine, ce n'est pas ça. Ce qui se passe, c'est que je ne suis pas d'accord avec l'opinion que la majorité des gens a de Van Tysch.
- Laquelle ?
- Que c'est un génie.
- C'en est un.
- Excuse-moi, Van Tysch est un malin, ce n'est pas la même chose. Mon frère dit que l'art hyperdramatique a été créé par Tanagorsky, Kalima et Buncher au début des années soixante-dix. Eux, c'étaient vraiment des artistes, mais ça ne leur a pas rapporté un radis. Alors Van Tysch est arrivé, il avait hérité dans sa jeunesse une fortune d'une sorte d'oncle d'Amérique, il a inventé un système de vente et d'achat des tableaux, créé une Fondation pour gérer ses oeuvres et a veillé à s'en mettre plein les poches avec l'hyperdramatisme. Quelle bonne affaire, putain.
- Tu penses que ce n'est pas bien ?"
Elle faisait preuve d'une tranquillité insupportable. Habituée à se maîtriser, elle utilisait cette maîtrise comme un avantage par rapport à lui. Jorge avait beaucoup de difficultés à la faire sortir de ses gonds, parce que la patience d'un modèle est infinie.
- "Ce que je pense, c'est que c'est du business, pas de l'art. Même si, à bien y réfléchir, n'est-ce pas ton cher Van Tysch qui a sorti cette connerie : "L'art, c'est de l'argent" ?
- Et il avait raison.
- Il avait raison ? Rembrandt est un génie parce que ses tableaux valent aujourd'hui des millions de dollars ?
- Non mais si les tableaux de Rembrandt ne valaient pas aujourd'hui des millions de dollars, qui cela intéresserait-il, que ce soit un génie ?" ... [...]

Auteur: Somoza José Carlos

Info: Clara et la pénombre

[ beaux-arts ] [ opportunisme ] [ commerce ]

 

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homme-machine

ChatGPT : Qu’est-ce qui se passe de si spécial dans un transformer ?

Sebastien Bubeck explique cela très bien : la machine, contrairement à nous, ne succombe pas au biais inductif. Si dans une série qui semble à première vue homogène, il existe certaines configurations qui permettent un raccourci vers la solution, la machine le découvrira, alors que nous, pauvres humains, victimes du biais inductif, nous allons considérer que comme la série a l’air homogène, elle l’est nécessairement et … nous ne trouverons pas les raccourcis cachés dans certaines configurations … faute d’avoir même supposé que de tels raccourcis pouvaient exister.

 (explication vidéo des transformers)

Ok, j’explique ce que cela veut dire sur deux exemples.

Vous vous souvenez sans doute (ou seulement peut-être) de cette vidéo historique de 2014 où Demis Hassabis, fondateur de DeepMind, présentait une IA jouant à casse-briques ? Ce qu’il nous montrait, c’était que l’IA découvrait au bout d’un moment que la tactique la plus payante, ce n’était pas d’attaquer le mur de front, mais de le prendre à revers en passant latéralement et en allant faire rebondir le projectile sur lui à partir du plafond. À cela, les humains n’avaient pas pensé*, ils imaginaient que les configurations étaient homogènes : qu’elles se valaient toutes.

Un bon exemple de biais inductif, ce serait de généraliser en disant : "Quand on examine la suite des nombres entiers, 1, 2, 3 …, on observe que pour chacun de ces nombres …", alors que certains d’entre eux ont des propriétés particulières que les autres n’ont pas. Ainsi, 1, 2, 3, 5, 7… ne sont divisibles que par 1 et par eux-mêmes : ce sont des nombres premiers ; 4 et 9 sont des carrés, ils résultent de la multiplication par lui-même d’un nombre avant eux dans la liste ; 8 est un cube : un nombre avant lui dans la liste multiplié par lui-même à deux reprises, etc.

Le premier à avoir noté cela à notre connaissance, c’est Diophante (200-284). Il est le premier à avoir laissé entendre à propos de la suite des entiers : "Ne vous y fiez pas : certains d’entre eux sont des gens très ordinaires, mais d’autres sont de drôles de paroissiens !". Diophante, le premier à avoir attiré notre attention sur le fait que 4, 8, 9… permettent des raccourcis qui sont fermés aux autres entiers. Or aux yeux de l’IA d’aujourd’hui, avec le temps dont elle dispose en quantité quasi-illimité, il n’y a pas de raccourci nous étant resté inaperçu, qu’elle ne  parvienne à découvrir. Du coup, elle nous fait honte. Nous pouvons lui rappeler : "N’oublie pas que je suis ton père (ou ta mère) !", mais vous connaissez les enfants…

Auteur: Jorion Paul

Info: Sur son blog, 14 avril 2023 à propos des transformers. * Il y a bien eu sur le Blog de PJ quelques commentateurs fanfarons pour dire : "Fastoche ! Même ma grand-mère savait ça !", mais ce sont les mêmes frimeurs qui, neuf ans plus tard, sévissent toujours sur le blog [a https://www.toupie.org/Biais/Probleme_induction.htm]

[ intelligence artificielle ] [ surhumaine compréhension ]

 

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Ajouté à la BD par miguel