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deuil

J'ai écouté. Le silence s'instaurait dans la mélancolie et l'ivresse. J'ai pensé que nous venions d'atteindre la sérénité. Le départ de Max nous renvoyait-il à notre mortalité ? Au caractère fugitif de la vie ? A cet instant, la mort ne me semblait pas plus révoltante que l'envol d'un oiseau tirant parti de l'ouverture de sa cage.

Auteur: Michaka Stéphane

Info: Ciseaux

[ légèreté ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

subversion

Il y a deux façons d'élargir l'idée fruste de classique, opposée à l'idée scolaire, vaguement comme il faut. Une façon consiste à rester attentif aux auteurs mineurs, aux minimes, aux extravagants : personne ne voudra-t-il m'offrir une édition de Leporeo, poète hagard du XVIe siècle ? Mais je crois que le travail le plus subtil est différent : traiter les grands comme s'ils étaient des mineurs. En accentuer la qualité discutable, l'irresponsabilité, les traiter comme si nous venions tout juste de les découvrir, sans tradition scolaire derrière nous, sans savoir qu'ils sont universellement pratiqués en tant que grands.

Auteur: Manganelli Giorgio

Info: In "Le bruit subtil de la prose", éd. Le Promeneur, p. 86

[ littérature ] [ réévaluation ] [ tradition ] [ mise en question ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

complexe de supériorité

Quand je me reporte en arrière, à ces années d'exil, je me vois, moi, et des milliers d'autres Russes, menant une existence bizarre, mais nullement désagréable, dans l'indigence matérielle et le luxe intellectuel, parmi des étrangers parfaitement insignifiants, Allemands et Français fantomatiques, dans les villes plus ou moins illusoires desquels nous, émigrés, venions à demeurer. Ces aborigènes étaient pour l'oeil de l'esprit aussi plats et transparents que des silhouettes découpées dans de la cellophane, et bien que nous nous servions de leurs accessoires, applaudissions leurs clowns, cueillions les prunes et les pommes sur les bords de leurs routes, aucune communication réelle, riche d'humanité de cette sorte si répandue dans notre propre milieu, n'existait entre nous et eux.

Auteur: Nabokov Vladimir

Info: Autres rivages

[ europe ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

barbarie

Nous venions de reprendre un village... Nous cherchons un endroit pour faire provision d'eau. Nous entrons dans une cour où s'élève un chadouf. Il y a là un puits en bois, sculpté... Le maître des lieux gît sur le sol, le corps criblé de balles... Un chien semble monter la garde à côté. Le chien nous voit, commence à geindre. Nous avons mis un moment à comprendre qu'en fait il nous appelait. Il nous a conduits vers l'entrée de la chaumière.... Nous l'avons suivi. Sur le sol étaient étendus la femme de l'homme et trois petits enfants...
Le chien s'assoit près d'eux et se met à pleurer. A pleurer vraiment. Comme un être humain... Un grand chien... J'ai pensé pour la première fois : "Pourquoi les hommes n'ont-ils jamais honte devant les animaux ?..."

Auteur: Alexievitch Svetlana

Info: Oeuvres : La guerre n'a pas un visage de femme ; Derniers témoins ; La supplication, p. 146

[ atrocités ] [ homme-animal ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

extraterrestre

Il est en effet possible qu'au-delà du rayon limité de notre perception, d'autres races, d'autres concepts et d'autres entités existent. D'autres créatures, d'autres races, d'autres concepts et d'autres intelligences. Parmi ces entités, certaines nous sont probablement très supérieures en intelligence et en savoir. Mais ce n'est pas forcément une bonne nouvelle. Qu'est-ce qui nous fait penser que ces créatures, aussi différentes soient-elles de nous, manifestent en quelque façon une nature spirituelle ? Rien ne permet de supposer une transgression aux lois universelles de l'égoïsme et de la méchanceté. Il est ridicule d'imaginer que des êtres nous attendent aux confins du cosmos, pleins de sagesse et de bienveillance, pour nous guider vers une quelconque harmonie. Pour imaginer la manière dont ils nous traiteraient si nous venions à entrer en contact avec eux, mieux vaut se rappeler la manière dont nous traitons ces "intelligences inférieures" que sont les lapins et les grenouilles. Dans le meilleur des cas, elles nous servent de nourriture.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: H.P. Lovecraft Contre le monde contre la vie, p 19

[ pessimisme ]

 

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lecture

Comment la littérature, toute de nuances et de faux-fuyants, qui ne nous aide pas à comprendre la vie, mais à en faire notre demeure, qui nous désoriente avec bonheur, multipliant les chemins des écoliers et les occasions de faire l'école buissonnière sur la ligne droite qui mène du berceau à la tombe, aurait-elle le pouvoir de commander la matière ? Je l'ignore. J'en ai fait l'expérience. Je m'en émerveille chaque jour. Mes blessures se sont raréfiées au cours des années tandis que ma mère poursuivait ses lectures. Encore trop fragile pour affronter le monde, je restais allongé, libéré de mes plâtres, jouissant de la légèreté de mes draps, du moelleux de mes coussins et de mon édredon. Un après-midi, je m'en souviens très bien, nous venions de terminer Le Grand Meaulnes, je me suis redressé. J'ai senti mes jambes prêtes à me porter. Je me suis assis au bord du lit. Je me suis levé. J'étais Augustin Meaulnes, grand et mystérieux au seuil de la vie.

Auteur: Rahmy Philippe

Info: Béton armé

[ thérapie ] [ roborative ]

 

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relatif

Un jour, alors que nous venions de parler de ce qu'il est convenu d'appeler la cruauté du Moyen Âge, il déclara : " En vérité, cette cruauté n'en est pas une. Un homme du Moyen Âge serait autrement horrifié par notre mode de vie contemporain qu'il trouverait féroce, effroyable et barbare ! Chaque époque, chaque culture, chaque coutume et chaque tradition a sa spécificité, ses propres aspects délicats ou rudes, séduisants ou atroces ; elle considère certaines souffrances comme naturelles, accepte de supporter avec patience certains maux. L'existence humaine ne devient une souffrance, un enfer que lorsque deux époques, deux cultures, deux religions interfèrent l'une avec l'autre. Un homme de l'Antiquité ayant dû vivre au Moyen Âge aurait lamentablement péri, suffoqué. De la même manière, il est certain qu'un sauvage étoufferait au milieu de notre civilisation. Parfois une génération entière se trouve prise entre deux époques, entre deux styles de vie ; à tel point qu'elle perd toute notion d'évidence, tout savoir-vivre, tout sentiment de sécurité et d'innocence."

Auteur: Hesse Hermann

Info: Le Loup des steppes

[ points de vue ]

 

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écriture

Mercredi. N'ayons pas peur des mots : Gilles, notre guide, est un génie. Gilles, Guadeloupéen d'une soixantaine d'années, ancien employé de Fram reconverti en taximan, merveilleux produit de l'indolence insulaire, manie si bien la langue française qu'il fait frissonner mon clitoris lexical. En quelques minutes, ce fut un tel festival d'inventivité verbale que sa petite carlingue se transforma bientôt en prairie d'astucieuses métaphores, de rhétorique blagueuse et autres mots précieux. A propos d'un restaurant, il lança à ma belle : " Ce soir, votre langue de chatte vivra sa petite vie toute seule... Laissez-la chanter. " A propos du pénible Club Med dont nous venions de réchapper : " Ici, le bonheur est une injonction : gare à celui dont le sourire flanche ! Il sera fusillé sur la piste de danse... " A propos de Paris : "Je suis trop vieux pour combattre le froid... Même l'été, j'y grelotte d'ennui. "
N'en pouvant plus d'admiration, j'osai lui demander pourquoi un tel talent n'avait commis aucun roman, pourquoi garder jalousement son trésor. Il éclata d'un rire superbe, avant de me répondre, sans la moindre coquetterie : " Mais pourquoi faire, mon bel ami ? Je me délecte bien assez du magot des anciens. Pourquoi ferais-je couler mon minable ruisseau dans un océan que je n'ai pas fini d'explorer ? Je sais qui vous êtes, vous savez, vous êtes le type de la télé. Vous, vous écrivez, vous jouez, vous déclamez, vous voulez nous montrer toutes vos acrobaties. Mais vous avez peur, je le vois dans vos yeux, vous ne cessez d'avoir PEUR. Moi, je lis au soleil, vous écrivez dans la grisaille. "
Enculé de Nègre.

Auteur: Bedos Nicolas

Info:

[ littérature ] [ mondanités ]

 

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french kiss

Nous ne nous sommes même pas embrassés ni regardés dans les yeux. Nos lèvres se sont juste introduites par effraction dans des labyrinthes intérieurs profondément enchâssés entre nos oreilles, les ont remplis de la musique secrète des mots vicieux, les siens dans de nombreuses langues, les miens dans le goût douteux de ma seule langue, jusqu'à ce que nos langues remuent, et nos consonnes ont tourné et crissé, cliqueté plus fort, hésité, foncé plus vite, les syllabes se sont bientôt mêlées aux grognements, ou les grognements ont trouvé une prise dans des mots nouveaux, ou des mots anciens, ou des mots inventés, jusqu'à ce que nous mélangions nos chaleurs et refusions de les libérer, goûtant trop le sombre langage sur lequel nous venions de trébucher, désirant et sidérant, pas vraiment une communication, plutôt une canalisation de nos désirs balbutiés, les siens pour ce que j'en sais partis vers les Forêts Noires et les loups, les miens réintégrant brutalement une forme familière, ce grand mystère spectral dont je ne pouvais qu'entendre la forme, qui en dépit de nos désirs distincts et cris individuels continuait à nous entrainer dans des tonalités plus étrangères, notre désir commun de continuer à étreindre la brûlure alimentée par le bruit, ses hurlements stridents, les miens - je ne les entendais pas - seulement les siens, probablement en contrepoint des miens, un cri haut perché, puis un murmure chutant de manière imprévue et se changeant presque en jappement, en grognement, je ne sais pas trop, et soudain plus la moindre courbe, juste la fuite en avant, une ligne franchie où tous les sons fracturés déjà prononcés finissent par se condenser en un long mot agonisant, qui excède aisément la centaine de lettres, même le tonnerre, et anticipe l'inévitable relâchement, quand la chaleur devient enfin trop pesante, et menace de brûler, marquer, déchirer, mais suffisamment tentante pour qu'on s'y raccroche encore ne serait-ce qu'une seconde, afin d'étirer le tout, si nous le pouvons, comme si en s'approchant autant de la chaleur, en s'en enveloppant à ce point, allait se révéler... ce qui, lorsque nous nous sommes étreints, tenus, retenus, s'était finalement révélé trop, trop de quelques secondes, et impossible à refuser, et donc faisant tout exploser, frissons et tremblements, et donc tout au fond de sa gorge un millier de lettres s'écrasant en une longue chute non modulée, résonnant profondément dans mon oreille et le long du nerf auditif, un dernier sursaut de rage décrivant en détails durables la forme de choses déjà survenues.

Auteur: Danielewski Mark Z.

Info: La Maison des feuilles

[ pelle roulée ]

 

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Ajouté à la BD par miguel