Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 137
Temps de recherche: 0.0514s

plastination

La nécrophilie est rare, compliquée à satisfaire et plutôt répugnante. Alors que le procédé technique mis au point par notre "artiste" [Gunter von Hagens] autorise en toute impunité et pour les meilleurs motifs, dans la convivialité, une jouissance scopique de la mort, franchissement de ce qui était hier aussi bien interdit qu’impossible. L’authenticité, dans cette affaire, est le bon argument de vente. L’exposition, en effet, n’est pas celle de représentations, mais d’une présentation de l’objet même : il est la limite de ce qui, à la vue, peut être offert. Même exhibé, en effet, le sexe n’est jamais que représentation de l’instance psychique – le phallus, dans la conceptualisation de Lacan – qu’il évoque mais dont se dérobe toute saisie. Le cadavre, en revanche, en est ici la présentification aboutie et enfin manipulable, rendue ici permise par l’honorabilité et les alibis de la procédure. Thanatos n’a jamais été que la limite d’Eros, le réel auquel inéluctablement celui-ci mène et qui, au terme de la répétition des représentations désirables qu’il agence, offre le seul corps "authentique" qui s’expose à la saisie, au moment où celle-ci vient à défaillir. Faute de pouvoir jouir de l’authenticité du sexe, comment ne pas être fasciné par le réel de la mort, qui en est le couronnement ?

Auteur: Melman Charles

Info: Article paru dans Art Press, numéro spécial "Représenter l’horreur", mai 2001, à propos de l'exposition "Les mondes du corps, regards dans le corps humain" au Musée de la technique et du travail à Mannheim

[ fascination ] [ perversion ] [ nouvelle économie psychique ]

 
Commentaires: 2
Ajouté à la BD par Coli Masson

spectacle

Entre le congrès de Bonneval [30 oct.-02 nov. 1960] et le moment où je suis passé ici [E.N.S. rue d’Ulm, 15 janv. 1964], j’ai vécu au milieu d’une foire. Une foire où j’étais-là le bestiau : c’est moi qui étais en vente sur le marché. Ça ne m’a pas dérangé. D’abord, parce que ces opérations ne me concernaient pas, je veux dire : dans mon discours, et qu’ensuite ça n’empêchait pas les mêmes gens qui s’occupaient de ce "service", de venir à mon séminaire et de gratter tout ce que je disais - je veux dire de l’écrire avec soin - avec d’autant plus de soin qu’ils savaient très bien qu’il n’en avait plus pour longtemps, étant donné leurs propres desseins. Donc ce n’est pas de n’importe quelle foire qu’il s’agit.

Ce qui va venir maintenant sur la foire, ça va être toutes sortes d’autres choses, qui vont consister - comme ça s’est déjà fait et déjà avant la parution de mes Écrits - qui va consister à s’emparer de n’importe laquelle de mes formules pour la faire servir à Dieu sait quoi ! "On" devait me démontrer que je ne sais pas lire FREUD ! ...Depuis trente ans que je ne fais que ça !

Auteur: Lacan Jacques

Info: 21 décembre 1966, La logique du fantasme

[ sacrifice ] [ notoriété ] [ effets ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

poème

il y a dans mon coeur un oiseau bleu qui
veut sortir
mais je suis trop coriace pour lui,
je lui dis, reste là, je ne veux pas
qu’on te
voie.

il y a dans mon coeur un oiseau bleu qui
veut sortir
mais je verse du whisky dessus et inhale
une bouffée de cigarette
et les putes et les barmens
et les employés d’épicerie
ne savent pas
qu’il est
là.

il y a dans mon coeur un oiseau bleu qui
veut sortir
mais je suis trop coriace pour lui,
je lui dis,
tiens-toi tranquille, tu veux me fourrer dans le
pétrin ?
tu veux foutre en l’air mon
boulot ?
tu veux faire chuter les ventes de mes livres en
Europe ?

il y a dans mon coeur un oiseau bleu qui
veut sortir
mais je suis trop malin, je ne le laisse sortir
que de temps en temps la nuit
quand tout le monde dort
je lui dis, je sais que tu es là,
alors ne sois pas
triste.

puis je le remets,
mais il chante un peu
là-dedans, je ne le laisse pas tout à fait
mourir
et on dort ensemble comme
ça
liés par notre
pacte secret
et c’est suffisamment sympa
pour faire
pleurer un homme, mais
je ne pleure pas,
et vous ?

Auteur: Bukowski Charles

Info: Last Night of the Earth Poems 1992

[ égoïsme ]

 

Commentaires: 0

deuil

Le vieil écrivain était malade.
On feuilletait chez le libraire son dernier bouquin
et il me semblait assister à une vente aux enchères.
Sur la couverture, je m'attendais à voir
ses boutons, de chemise ou leur chiffre bizarre,
ses lunettes et son fume-cigarettes bon marché.

C'est hier qu'il est mort.
Les livres de sa bibliothèque,
des in-folios satinés, bien nourris,
des parchemins pelés et des albums pâlis
seront expédiés aux bouquinistes, en plein hiver.
Le vieux ne supportait pas qu'ils aient froid,
ni qu'ils soient seuls. Ils ont gardé peut-être
l'encre de son sang.

Maintenant tous ces bouquins vont être éparpillés,
leur peau se crispe de terreur,
les miroirs se déchargent de son image,
ses vêtements se liquéfient dans la commode
et dans son paquet de tabac chantent les cigales.

Désormais ces bouquins vont pâlir un peu
et je les empile, rayons compris, dans ma mémoire…
Sans broncher, il me conseillait de ne pas faire l'amour
"en présence des livres"
et c'est la première fois que je ne souris pas.

Les fenêtres s'éteignent,
le matou, plus décrépit que les fauteuils, s'esquive,
et je descends les marches usées de la maison du vieux
lorsque soudain,
à l'improviste, vers la chambre défunte
sortent de l'ascenseur, en me frôlant,
m’écrasant presque,
les jambes de sa fille, gainées de noir...

Auteur: Tomozei Gheorghe

Info: In 30 poètes roumains de Irina Radu, (p. 201-203, traduit du roumain par Irina Radu). Le vieillard et les livres

[ collection personnelle ] [ dispersion ] [ femmes-hommes ] [ théorie-pratique ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

capitalisme

Malgré la chute des ventes, l'avènement du web, les faits divers occupent toujours autant de place dans 'Le Républicain lorrain', qui reste un métronome ici en Moselle.
Il vient d'être racheté par une banque, le Crédit Mutuel, à la famille Puhl-Demange, qui le possédait depuis toujours. Il est aujourd'hui moins partisan, moins moraliste que sous le règne de Victor, le père, puis de Marguerite, la fille.
Moins vivant, aussi.
Le 'Répu' et Marguerite ont toujours été du côté du bien. La famille c'est bien, le divorce c'est mal. La musique classique c'est bien, le rock c'est mal. La Joconde c'est bien, Picasso c'est mal. De Gaulle et Pompidou c'est bien, Marchais c'est mal et Mitterrand pas terrible.
Marguerite dirigeait 22 agences et une armée de journalistes et de correspondants dévoués. C'était avant le grand chambardement du Crédit Mutuel. En six ans, la banque a acheté une dizaine de journaux des Ardennes à la Provence et dépasse un million deux cent mille lecteurs quotidiens.
A chaque rachat, on vire les vieux en leur donnant une prime de départ qu'ils sont contents de toucher. On embauche des jeunes qu'on paie deux fois moins pour le même job.
Le 'Répu' du Crédit Mutuel doit être rentable. L'identité régionale, le club de foot, les avis mortuaires, les horaires des pharmacies sont des moyens de conserver des lecteurs, donc des annonceurs.

Auteur: Biancarelli Franck

Info: Grand Est, p. 82-83

[ conservation ] [ déclin ]

 

Commentaires: 0

hommage

Camus paie pour sa rectitude, sa droiture, la justesse de ses combats, il paie pour son honnêteté, sa passion pour la vérité, il paie pour avoir été résistant à l'heure où beaucoup résistaient si peu, il paie pour ses succès, ses formidables ventes de livres, il paie pour son talent, il paie pour son Nobel, bien sûr, il paie pour n'être pas corruptible, il paie pour n'avoir pas eu besoin de mentir en traçant son chemin droit, il paie pour sa jeunesse, sa beauté, son succès auprès des femmes, il paie parce que sa vie philosophique était un reproche à l'existence de tant de faussaires, il paie la fidélité à son enfance, au milieu des petites gens dont il vient, il paie de n'avoir rien trahi ni vendu, il paie d'être un fils de pauvre entré par effraction dans le monde germanopratin des gens bien nés, il paie d'avoir choisi la justice, la liberté et le peuple dans un univers d'intellectuels fascinés par la violence, la brutalité et les idées, il paie d'être un autodidacte ayant réussi, il paie parce qu'enfant d'une mère illettrée, il n'aurait jamais dû écrire les livres que se réservaient les élus bien nés, il paie parce que le ressentiment, l'envie, la haine, la jalousie font la loi-à Paris plus qu'ailleurs puisque le pouvoir s'y trouve et que les Rastignac s'y donnent rendez-vous.

Auteur: Onfray Michel

Info: L'ordre libertaire

[ littérature ]

 

Commentaires: 0

générations

Kyôshirô avait alors répondu à ce jeune professeur :

- Comme le professeur Yanagizawa avait pris la peine de m'envoyer une lettre de recommandation, avant votre visite, je pensais que je serais contraint de vous céder ce livre. Mais j'ai changé d'avis. Il m'est impossible de vous le céder. Si ce livre a survécu jusqu'à aujourd'hui, c'est grâce au respect et à l'amour que lui ont témoigné, au fil du temps, tous ses propriétaires. Chacun a dû en prendre grand soin pour éviter qu'il ne soit rongé par les vers, perdu dans un incendie ou taché par l'humidité. Ce livre appartenait à une riche famille de Kyôto, et quand j'ai appris à la disparition du chef de famille que ses biens seraient mis en vente, je me suis déplacé et on me l'a cédé. La famille, qui liquidait les autres objets anciens, avait décidé de ne pas vendre ce livre-là. Mais j'y ai mis une telle obstination qu'ils ont changé d'avis. Ils m'ont déclaré : "Son défunt propriétaire aurait été content que nous confiions ce livre à quelqu'un comme vous." Un livre, c'est ainsi qu'il passe d'une main à une autre. Que voulez-vous que je vous réponde quand vous me dites : "Dites-moi, vous nous le cèderiez pour combien ?" Un objet comme celui-ci n'a pas de prix. C'est d'un cœur à un autre qu'il doit se transmettre. 

Auteur: Inoue Yasushi

Info: In "Une voix dans la nuit", éd. Picquier poche, p. 16-17 - trad. Catherine Ancelot

[ inconvenance ] [ précieux ] [ marchandisation ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Benslama

accélération technologique

On prépare donc le réseau téléphonique 5G. Activement. Avec frénésie et impatience ! Pour un temps de latence un peu amoindri et la certitude que les vidéos YT seront visibles "outdoor" sans la moindre interruption, nous allons déployer d'innombrables antennes, détruire les précédentes, tout renouveler - sans doute en de multiples exemplaires, opérateurs disjoints obligent ...
Voila l'archétype de ce qui mène au désastre. Notre incapacité structurelle à dire "ça suffit, nous n'avons pas besoin, pas envie, de cette débauche insensée ; nous refusons cette idée létale suivant laquelle tout ce qui est technologiquement possible doit être effectivement réalisé, pour la jouissance mortifère de la consommation pure."
La question n'est PAS de savoir s'il faut construire des centrales nucléaires ou des éoliennes pour alimenter tout cela. Elle consiste à comprendre comment endiguer cet hubris suicidaire de création de besoins matériels qui prévalent sur les ravages insensés que leur mise en acte induisent nécessairement sur le vivant. Même avec une source d'énergie parfaitement "propre", l'effet du déploiement serait dramatique.
La 5G tue. Non pas à cause des effets des ondes sur la santé humaine. Mais en tant que création artificielle d'un besoin arbitraire aux conséquences dévastatrices. On ne PEUT PLUS continuer à faire "comme si" ces folies n'avaient pas de conséquences. Nous avons DEJA tué 70% du vivant (avec presque aucun réchauffement climatique). Préfère-t-on la vie ou le débit du réseau téléphonique ? C'est (presque) aussi simple que cela.

Auteur: Barrau Aurélien

Info: Publication facebook du 10.03.19

[ simplicité volontaire ] [ hyperconnectivité ] [ vente forcée ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

privilégié

Revenons à BHL: s’il est tellement soucieux de l’état de la planète qu’il estime que l’Etat maastrichtien doive faire payer les pauvres avec leurs voitures de travail afin que les riches puissent polluer en se déplaçant en avion, alors qu’il cesse de passer son temps entre deux aéroports lui qui disait sans vergogne qu’il avait trop de maisons…

On peut lire en effet dans L’Obs (5 juillet 2017): "J’ai trop de maisons dans le monde": Bernard-Henri Lévy se résout à vendre une de ses villas pour 6 millions d’euros. Lisons cet article: "Trop d’argent, pas assez de temps. Bernard-Henri Lévy a confié à Bloomberg dans un article publié ce lundi qu’il était contraint de vendre une de ses villas au Maroc, à Tanger, faute de pouvoir en profiter suffisamment: "Je partage mon temps entre Paris, New York et Marrakech. J’ai trop de maisons dans le monde et hélas, l’année ne dure que 52 semaines". Prix de la demeure sacrifiée: 6 millions d’euros, en vente sur le site de Christie’s International Real Estate, pour 600 mètres carrés situés "au sommet d’une falaise, face à Gibraltar, au point précis où se côtoient l’Atlantique et la Méditerranée", affirme BHL, bon vendeur. Bonjour la trace carbone du philosophe!

On comprend que cet homme-là ignore quelle misère signifie un trou de cinquante euros dans le budget d’une famille vivant avec moins de mille euros par mois… "Salauds de pauvres!", en effet.

Auteur: Onfray Michel

Info: https://michelonfray.com/interventions-hebdomadaires/le-message-clair-des-gilets-jaunes-a-bhl?fbclid=IwAR0aM3eMLho9eR4BdyoJFRvSs5okg89GOPcala8yzoG2SBKZ4sLCVb6Hu8I à propos de Bernard-Henri Lévy

[ cynisme ] [ aveuglement ] [ intérêts personnels ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

deuil

Cette idée m’assaillait en leitmotiv, comme des vagues le rivage : Elle était là. Elle n’est plus là ! Jamais sans doute n’avais-je à ce point approché le mystère de ce verbe : ÊTRE. Elle était là, elle n’est plus là ! Elle n’était plus que cela, ça, cette chose. Ce corps mort. Mais le sujet même de cette sentence ("elle") était désormais superfétatoire, puisqu’ "elle" n’en était plus un, et pour cause, de Sujet, et surtout pas du verbe "être". Les morts ne parlent pas. Ils sont, à la rigueur, ce dont on parle. Des tiers absents. Elle avait retrouvé le monde (ou le néant) qu’elle avait tant chéri, celui des objets : devenant objet parmi les objets, chose parmi les choses. La marchande avait rejoint ses marchandises sur l’étal de son stand d’antiquaire aux Puces de Saint-Ouen (marchandises qu’il me faudrait d’ailleurs, plus tard, vendre à l’encan en salle des ventes). Pourtant, m’allongeant sur le bat-flanc de la fenêtre, parallèle au lit, en reprenant cette pose de bouddha couché que j’avais si souvent adoptée pour lui tenir compagnie, pendant sa maladie, et la contemplant, immobile, et désormais muette, j’avais le sentiment – encore : car ce sentiment ne durerait que quelques jours, ou quelques heures ? – qu’il subsistait d’elle on ne sait quoi. Qu’elle était toujours là, ne serait-ce qu’à l’état de trace. D’ombre ! Que l’un et l’autre nous restions liés par d’immarcescibles ondes, par je ne sais quel charme secret – envoûtés.

Auteur: Sportès Morgan

Info: Si je t'oublie

[ absence ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel