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humaine transition

Parce que du haut de leur mental,

ils ne peuvent pas voir suffisamment loin dans l’avenir,

pour comprendre le bien que ce mal prépare

et la Force dynamique sous le jeu des contraires;

pour séparer cet obscur mariage, il faut un autre pouvoir

et, surtout, une autre vision :

Il faut connaître le tout avant de connaître la partie, et ce qui est tout en haut

avant de comprendre vraiment ce qui est tout en bas.



Tel est le domaine de la psychologie future.

Quand son heure sera venue,

tous ces pauvres tâtonnements s’évanouiront, réduits à rien.




Auteur: Satprem Bernard Enginger

Info: Sri Aurobindo ou l'Aventure de la conscience

[ espérance ]

 

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temps suspendu

Dans ce climat, dans le ciel, si on peut dire, de cette relation sans faille, entre tous et chacun, plus délicieuse paraît, en sa tendre chair blanche, la baudroie. Plus proche de vous et rayonnante et gaie, innocente même, la chère mayonnaise, remontée de notre enfance. Et ce vin blanc, qu'on a versé délicatement, brille lui aussi, dans les verres, d'un éclat particulier. Alors, tout en mangeant avec un très grand plaisir — un plaisir tout intérieur, infiniment subtil —, on mâche avec lenteur et retenue. Comme pour ne pas déranger l'ordre du silence qui se fait par moments. Ne pas perturber cette grâce, comment dire autrement, qui est venue, non s'installer — une grâce jamais ne s'installe — mais vous visite. Une présence. Qui, l'instant d'après, peut s'évanouir.

Auteur: Haldas Georges

Info: Le repas du soir

[ instant de grâce ] [ souper ]

 

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ville

Suivez la première rue venue, dans cette tendresse de lumière violette. Faites le vide dans l’esprit. Aussitôt, mille sensations vous assaillent de tous côtés. Ici l’homme est encore créature de poil et de plume ; ici le kyste et le quartz ont encore la parole. On y trouve des maisons qui parlent, des édifices volubiles, avec leurs visières de tôle et leurs fenêtres qui suent ; des lieux saints aussi, où les enfants se drapent autour des portiques, tels des contorsionnistes ; des rues roulantes, ambulantes, où rien n’est immobile, rien n’est fixe, compréhensible, sauf aux yeux et à l’esprit du rêveur. Des rues hallucinantes, également, où tout, soudain, n’est que silence, désert, comme après le passage d’un fléau des rues qui toussent, d’autres qui battent comme des tempes en fièvre, d’autres encore où l’on peut bien mourir, qui s’en soucie ? Des rues étranges, frangipaniques, où l’essence de rose se mêle à l’âcre morsure du poireau et de l’échalote. Des rues en pantoufles, répercutant le flip, flap de nonchalances mouvantes. Des rues droit sorties d’Euclide, qui ne s’expliquent qu’à coups de logique et de théorèmes…

Auteur: Miller Henry

Info: La Crucifixion en rose, tome 1 : Sexus

[ venelles ] [ onirique ]

 

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lamaïsme

– L’histoire peu sympathique de l’ascète Sangamaji

L’ascète Sangamaji est en méditation sous un arbre. Avant de se retirer du monde, il a vécu avec une femme dont il a eu un enfant. Il les a tous les deux abandonnés pour des accomplissements plus hauts, ou qu’il juge tels. La femme étant tombée dans la misère, elle vient lui demander de l’aide. Elle lui montre leur tout petit garçon tout maigre, tout affamé, elle le supplie. Il ne répond pas, ni cille pas, reste assis en tailleur. Elle insiste. Il ne sort pas de sa méditation. Elle finit par déposer l’enfant sur le sol en disant : "C’est ton fils, moine. Prends soin de lui", et fait mine de se retirer. Cachée derrière un arbre, elle observe l’ascète et l’enfant. L’enfant pleure, pleure, à fendre le cœur. L’ascète n’a pas un regard vers lui, pas un geste. Il continue à méditer. Ecoeurée, la femme reprend l’enfant et part sans demander son reste. Le plus troublant dans cette histoire, c’est qu’elle n’est pas donnée comme l’exemple d’une affreuse sécheresse de cœur et d’une dévotion pervertie, comme celle des ayurvédiques du Sri Lanka. Au lieu de condamner cet ascète qui, dixit Hervé, a montré "l’empathie d’une pomme de terre gelée", le Bouddha le félicite : "Sangamaji n’a eu aucun plaisir quand cette femme est venue, aucune peine quand elle partie. Il est libre de tous liens. Cet homme-là, je l’appelle un brahmane." Le Bouddha ne parle pas à la légère, la compassion est le cœur vibrant du bouddhisme. Faut-il alors penser, conclut Hervé, que celle de Sangamaji s’exerce dans des sphères plus vastes et plus brillantes, d’une manière secrète mais suprêmement efficace qui nous échappe mais que le Bouddha perçoit ?

Auteur: Carrère Emmanuel

Info: Yoga

[ sacrifice védique ] [ insensibilité ] [ spiritualité ] [ hors-sol ]

 

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création

Ne venez surtout pas me parler de dons naturels, de talents innés ! On peut citer dans tous les domaines de grands hommes qui étaient peu doués. Mais la grandeur leur est venue, ils se sont faits "génies" (comme on dit), grâce à certaines qualités dont personne n’aime à trahir l’absence quand il en est conscient ; ils possédaient tous cette solide conscience artisanale qui commence par apprendre à parfaire les parties avant de se risquer à un grand travail d’ensemble ; ils prenaient leur temps parce qu’ils trouvaient plus de plaisir à la bonne facture du détail, de l’accessoire, qu’à l’effet produit par un tout éblouissant. Il est facile, par exemple, d’indiquer à quelqu’un la recette pour devenir bon nouvelliste, mais l’exécution en suppose des qualités sur lesquelles on passe en général en disant : "je n’ai pas assez de talent". Que l’on fasse donc cent projets de nouvelles et davantage, aucun ne dépassant deux pages, mais d’une précision telle que chaque mot y soit nécessaire ; que l’on note chaque jour quelques anecdotes jusqu’à savoir en trouver la forme la plus saisissante, la plus efficace, que l’on ne se lasse pas de collectionner et de brosser des caractères et des types d’humanité, que l’on ne manque surtout pas la moindre occasion de raconter et d’écouter raconter, l’oeil et l’oreille attentifs à l’effet produit sur les autres, que l’on voyage comme un paysagiste, comme un dessinateur de costumes, que l’on extraie d’une science après l’autre tout ce qui, bien exposé, produit un effet d’art, que l’on réfléchisse enfin aux motifs des actions humaines, ne dédaigne aucune indication qui puisse en instruire, et soit jour et nuit à collectionner les choses de ce genre. On laissera passer une bonne dizaine d’années en multipliant ces exercices, et ce que l’on créera alors en atelier pourra se montrer aussi au grand jour de la rue. 

Auteur: Nietzsche Friedrich

Info: Humain, trop humain. Aphorisme 163

[ labeur ] [ souffle ] [ abnégation ] [ prédation ]

 
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déclaration d'amour

Anetchka, mon trésor, je ne cesse de penser à toi ; dans toutes les images et représentations possibles et imaginables. Tu sais qu'après chaque longue séparation, je m'éprends de toi et te reviens, chaque fois, amoureux. Mais, mon ange, cette fois, il en va quelque peu autrement : tu as sans doute remarqué que j'ai, cette fois, quitté Pétersbourg, déjà amoureux de toi. Suite à notre grosse dispute, j'ai pu être ronchon et, en me préparant pour le voyage, me montrer impatient (tel est mon caractère) mais, dans le même temps, je tombais amoureux de toi, je m'en suis d'ailleurs rendu compte et émerveillé moi-même. Au cours des neuf années de notre vie commune, j'ai été amoureux de toi quatre ou cinq fois, pour quelque temps chaque fois. (Je me rappelle même avec délectation qu'il y a 4 ans de cela, j'étais épris de toi, alors que nous nous étions, je ne sais pourquoi, sérieusement disputés et ne nous étions plus parlés de plusieurs jours ; nous avions été invités je ne sais plus où, je m'étais assis dans un coin et je te regardais, je t'admirais, le coeur battant, toi qui pouvais parler gaiement avec d'autres.) Figure-toi que l'idée m'est venue, ici, que si je m'étais épris de toi, les derniers jours, à Pétersbourg, c'est en partie parce que nous dormions ensemble. Il y a beau temps que nous ne le faisions plus, de nombreuses années (depuis les enfants), et cela a pu avoir un effet sur moi. Ne dis pas, Ania, que cette idée est trop prosaïque ; il n'y a pas, en l'occurrence, que du prosaïsme. L'idée, qu'un être m'appartient totalement, qu'il ne veut pas se détacher de moi, au point de dormir avec moi dans le même lit, cette idée, donc, joue terriblement. Certes, je me suis montré égoïste : tu dormais sur des chaises, c'était inconfortable pour toi, cependant, chaque fois qu'au matin je me couchais à mon tour, il m'était si agréable de te trouver à mes côtés que cette sensation, au bout du compte, était pour moi absolument neuve ; nous avions pourtant dormi ensemble auparavant, mais je l'avais oublié depuis longtemps. Juge donc, maintenant que nous sommes séparés, avec quelle volupté je songe à toi. Et bien que, je le répète, j'aie été épris de toi trois ou quatre fois plusieurs jours d'affilée, à divers moments, il n'en a jamais été comme à présent. Je pense à toi et te vois chaque instant en pensée, je passe en revue tout ce dont nous avons parlé. (...) Ecris-moi, mon trésor, je voudrais noircir, à ton intention, quelque 10 pages sur ce thème. Je t'embrasse jusqu'au dernier atome, d'ici je t'embrasse à chaque instant tout entière, absolument tout entière. Je t'aime jusqu'au tourment, Ania, ne te moque pas de moi. Il m'est même doux de t'avouer mon amour. Embrasse les enfants. Je les bénis tous. Ton F. Dostoïevski.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: A Anna Grigorievna Dostoïevskaia, lettre du 13 juillet 1876. Ems, Correspondance, Tome III, Bartillat, pp. 366-367

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outil technologique

Là où manque l'occasion d'extérioriser un talent, continue Feuerbach, le talent manque aussi ; (là où il n’y a pas d’espace pour l’action, il n'y a pas non plus d’impulsion : l’espace est la condition fondamentale de la vie de l’esprit : où l’espace manque pour extérioriser une capacité, manque aussi la capacité elle-même, etc.) ; et par suite, en conséquence, chaque nouvel appareil ou machine électrique dont la commodité s’installe dans notre privauté ou l’organisation sociale fait la dispense d’une capacité, d’un talent, d’une faculté que nous possédions auparavant ; opère une diminution fatale, une soustraction : chaque progrès technique abêtit la partie correspondante de l'homme, ne lui en laissant que la rhétorique, ainsi que Michelstaedter le rédigeait en 1910 à la lueur d’une lampe à huile : tous les progrès de la civilisation sont autant de régressions de l'individu (et qui se suicidait le lendemain). Nous autres dont la vie se déroule au crépuscule de ce long désenchantement à quoi le principe de rationalisme étroit et positif nous a réduits – régression qui “est essentielle au développement conséquent de la domination”, précise Adorno dans une annotation au Meilleur des mondes – pourrions être les témoins étonnés de ce processus de déperdition parvenu à son terme, si nous n’en étions pas, en notre personne, aussi le résultat.

C’est par définition qu’une victime d’un rétrécissement de la conscience n’en est pas consciente ; (d’où l’intérêt de ces tests de dépistage précoce de l’ESB humaine ou de l’Alzheimer pour en informer l’usager pendant qu’il comprend encore ce qu’on lui dit).

Suivons néanmoins cette idée (que notre conscience est conditionnée par notre présence physique dans le monde, que c’est l’obligation d'être là en personne qui nous fait conscients ; et qu’aussi bien c’est seulement par la conscience que nous pouvons être là en personne) : les appareils et machines de la vie facile, de la satisfaction immédiate et sans peine ne nous dépouillent donc pas seulement des facultés, talents et capacités qu’ils remplacent, mais, en même temps que de la fatigue à les employer, de l'effort et de l'attention indispensables, de la contrainte d’être là en personne ; et donc aussi de la conscience de soi, qui était seulement à l’occasion de cet exercice.

& c'est ici que je vous prie de renouveler votre attention : quand, fatigué, on prend l’ascenseur pour gagner son étage, qu’on est transféré directement de la rue à l’étage, on a forcément moins conscience de rentrer chez soi (et l’on ne peut pas se rendre compte de combien c’en est peu un) ; et l’on n’est pas seulement privé du temps passé avec soi-même en montant l’escalier, et avec la fatigue, du plaisir d’y atteindre, mais aussi bien de l’emploi de ses jambes : de la faculté de rentrer chez soi par ses propres moyens.

(Et c’est pourquoi ce sont des imbéciles ou des inconscients, ceux qui disent : c’est la même chose de recevoir des e-mails que des lettres dans la boîte au rez-de-chaussée : des malheureux surtout qui resteront toute leur existence dans l’ignorance de ce que c’est de remonter l’escalier dans la solitude de cette lettre qui n’est toujours pas venue, ou, enfin, un jour, qui est là avec son écriture dessus. Leur âme restera toujours vide de ces minutes-là, qui sont toute la clarté, toute la lumière, etc., “et nous restons sous leur emprise notre vie durant” ; de ces brefs moments “qui pourtant nous suffisent pour l’éternité” : par où notre existence est à elle-même sa propre éternité ; leur âme restera vide de cet escalier et un jour le néant les avalera comme se referme la porte automatique de l’ascenseur.)

Auteur: Bodinat Baudouin de pseudo

Info: La vie sur terre. Paris : Éditions de l’Encyclopédie des nuisances

[ critique ] [ réducteur d'expérience humaine ] [ appauvrissement sensible ] [ perte du poids de l'incarnation ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson