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indépendantisme

Le Pays Basque, notamment, se trouve à la pointe d’une forme de reconquête de sa souveraineté sociale et économique. Au cœur de cette reconquête, on peut isoler un triptyque : l’identité, la monnaie, l’énergie. L’attachement des habitants pour ce territoire marqué par des années de lutte violente en faveur de l’autonomie joue un rôle de catalyseur. L’eusko (la monnaie locale) est l’une des pièces maîtresses de cet écosystème alternatif. En cinq ans, elle est devenue la première monnaie locale d’Europe – même la mairie de Bayonne l’a intégrée comme moyen de paiement. Identité et écologie se nourrissent l’une de l’autre : c’est pour cette raison qu’une société de production d’énergie a été créée (I-ENER), détenue majoritairement par les habitants, qui sont ainsi devenus ces nouveaux capitalistes que j’appelle de mes vœux. La société I-ENER développe un parc de panneaux photovoltaïques qu’elle pose sur les toits des édifices publics, mis à disposition par les municipalités. L’engagement des conseils municipaux est fondamental. L’objectif affiché est clair : relocaliser la production d’énergie verte au Pays Basque, en faisant appel au financement citoyen. Aujourd’hui, neuf projets ont été réalisés pour un investissement de 450 000 euros. Six autres l’ont été au cours de l’année 2018, et vingt-cinq supplémentaires sont à planifier.

Auteur: Vignes Renaud

Info: https://linactuelle.fr/index.php/2019/01/31/mondialisation-alternative-economique-renaud-vignes/

[ besoins locaux ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

nounours

Je parie que mon père conduit le flic dans ma chambre. A sa demande. Pour une fouille organisée.
Je m'en fous, je suis clean. A part une vieille peluche sur une étagère (un dinosaure à qui il manque un bout de la queue), j'ai la chambre classique d'un mec de dix-sept ans : un lit, un ordi, une console, le tout consciencieusement entouré d'un bordel généralisé. Ça devrait jouer en ma faveur, cette peluche verte aussi grosse qu'un chat, perchée au-dessus de mon bureau. Me donner un soupçon d'innocence, comme si j'avais gardé un pied dans l'enfance. A moins qu'ils me prennent pour un pervers qui l'aurait torturée en lui sectionnant la queue. J'avais dix ans, j'étais curieux : je voulais savoir avec quoi on l'avait rembourrée pour que ce soit aussi mou tout en étant ferme. J'ai pas été déçu. On avait gavé Billy, c'était son nom, de granulés de plastique blanc. Depuis il fuyait, mal rabiboché par mes soins car ma mère avait refusé de le recoudre. Elle m'avait généreusement fourni l'aiguille et le fil, en me précisant que ça me servirait plus tard de ne pas prendre ma femme pour une bonniche et d'exécuter moi-même mes ourlets de pantalons. J'avais rafistolé Billy au plus simple.

Auteur: Abier Gilles

Info: Accrocs, p. 15-16

[ culpabilité ] [ inquiétude ]

 

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vertes années

C’est vrai, je n’ai jamais repensé à mon enfance. À présent cependant, elle se trouve soudain à nouveau devant moi, et je suis à nouveau un enfant. Mon père est là à nouveau, son pas lourd résonne, comme jadis, revenant à la maison, il apporte la sécurité, la tranquillité et la protection avec lui. Ma mère est là à nouveau ; elle s’empresse laborieusement à travers les chambres, sans cesse en activité, sans cesse à se soucier de ses enfants et de sa maison. Et dans la cuisine les domestiques travaillent, ils nettoient et rangent et cuisinent les merveilleux gâteaux de fête. L’odeur du gâteau remplit à nouveau la maison, cette odeur, dans laquelle toute l’enfance est celée. Je roule à nouveau, comme jadis, dans les rues hivernales, je me plonge profondément dans les sièges mous de la voiture, autour de moi règnent le tourbillon des flocons de neige, le tintement des grelots et le bruit de l’agitation de la rue. À ma droite et à ma gauche cependant se trouvent mes parents qui m’entourent de leur amour et de leur protection. Tout cela est là à nouveau, mais ce ne sont pas que des souvenirs isolés ou des images, au contraire ils forment un tout, une seule sensation, une seule odeur…

Auteur: Flinker Robert

Info: Le Voyageur

[ souvenir ] [ ambiance ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

libéralisme roi

Ce n’est pas un hasard si la pensée post-moderne s’est déployée, depuis les années 1980, très exactement en parallèle avec le capitalisme spéculatif et si elle fait figure aujourd’hui de "critique officielle" dans les départements universitaires de sciences sociales ou humaines. Les vrais dissidents, remarquez-le, ne passent jamais à la télé et n’ont pas de postes dans les universités. Quant aux idéologies qui s’affichent comme contestataires, tel le marxisme de jadis et ce qu’il en reste, ou tel encore le néo-conservatisme et l’écologisme, elles se heurtent à la puissante muraille que dresse devant elles l’esprit malin du capitalisme spéculatif : la dynamique radicalement progressiste qui l’anime. Car spéculer, c’est croire résolument en l’avenir, c’est être optimiste quant aux moyens que nous trouverons pour résoudre les problèmes du moment, c’est parier sur un futur meilleur et y investir dès aujourd’hui, c’est croire que l’homme lui-même peut être amélioré, augmenté.

- Quelle idéologie peut faire le poids et promettre un avenir radieux face à cette déferlante "progressiste" ?

Aucune, et c’est pourquoi soit elles sont absorbées par le capitalisme spéculatif dont elles deviennent un relais de croyance – comme l’écologie devenue l’"économie verte" par exemple –, soit elles sont soupçonnées de tourner le dos au "progrès" – comme le néo-conservatisme –, et elles deviennent son ennemi-repoussoir le plus efficace.

Auteur: Gomez Pierre-Yves

Info: Interviewé par Thibault Isabel sur l'inactuelle.fr

[ récupération capitalistique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

oeuvre d'art

Celle que j'ai choisie s'intitule 11.03, un hommage, m'a dit l'Aleph, au tremblement de terre qui a touché le Japon, suivi du tsunami et de la catastrophe nucléaire de Fukushima. A l'intérieur de la boule est enfermé une sorte de poisson-chat qui porte sur sa tête un rocher bien plus gros que lui, qui a la forme du Japon. Il y a longtemps, m'a-t-elle expliqué, les gens là-bas croyaient que les tremblements de terre étaient provoqués par des poissons-chats géants. L'eau, quant à elle, est vert fluorescent - du Gatorade. Cette couleur, censée évoquer des algues radioactives, se veut inquiétante, même si l'Aleph m'a confié que, dans la réalité, de l'eau radioactive aurait exactement la même teinte que de l'eau normale. Lorsqu'on attrape la boule, on ne voit d'abord que le poisson-chat et le rocher au milieu de l'eau verte mais, une fois secouée, une foule de minuscules objets se mettent à tourbillonner. Un pneu de voiture, une bouteille de Coca, un téléphone portable, un ordinateur portable, le tout emmêlé dans un morceau de filet de pêche. Il y a aussi une basket Nike, un canard en plastique, un sac à dos Hello Kitty et quelques morceaux de corps humains, des bras, des pieds coupés. Et puis des trucs plus gros - une moto, un camion, quelques maisons, tout cela dérivant au milieu de ce vert fluide.

Auteur: Ozeki Ruth L.

Info: Le fardeau tranquille des choses

[ boule à neige ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

imaginaire

Cette fraîcheur marine apportait avec elle une profusion d'odeurs dont on ne pouvait comprendre le mélange qu'en gardant les yeux fermés, un mélange qui ressemblait à un carnaval de couleurs - les mangues encore bonnes et vert tendre pendues dans les arbres, les mangues à moitié mangées par les chauves-souris, l'odeur verte du sape-sape, la poudre qui enveloppait les goyaves sur le point de tomber, le mélange de l'odeur du pitanguier et celle du néflier, odeurs de la brousse mêlées à celles des poules et des cochons, le cri des perroquets et des chiens, deux ou trois tirs d'AK-47, une radio oubliée par quelqu'un à l'heure des infos en langues nationales, le bruit des gens qui couraient pour arriver à la maison ou au moins quelque part où s'abriter de la pluie et même, si l'heure était avancée, les rumeurs de la boulangerie de la rue derrière où on commençait à travailler très tôt et pendant toute la nuit, pour être sûr que le pain du lendemain arriverait chaud chez ceux qui avait dormi toute la nuit. Ce qui veut dire que l'odeur de la pluie est quelque chose de difficile à faire comprendre à ceux qui ne connaissent pas la salle de bain de la maison de GrandMèreAgnette.

- Tu dors ou quoi ? ils m'ont demandé.

- Ferme-la. Je suis en train de mettre la pluie dans mes pensées.

Auteur: Ondjaki Nadu de Almeida

Info: GrandMèreDixNeuf et le secret du Soviétique

[ olfactif ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

promenade

Ce matin je pars en ballade avec Hulk comme de coutume. Arès 200 mètres sur le chemin je décide de m'engager à l'aventure au travers de la végétation touffue, qui par sa repousse annuelle donne en été un sentiment de pureté inviolée. Il est donc malaisé de ne pas perdre les traces laissées par mes quelques passages de l'an dernier au même endroit mais je suis bien habillé et les ronces ne me blessent pas. Hulk trouve son chemin par d'autres voies et il me rejoint de temps à autre, vérifiant ma progression d'un coup d'oeil, pour repartir de plus belle à la chasse aux pistes des odeurs. Enfin je m'extirpe des branches et des épines pour me retrouver dans les herbes mi-hautes, au milieu des souches laissées au gré des années par les bucherons. La pente est bien marquée et je suis attentif visuellement car c'est un coin où j'ai déjà trouvé de beaux cèpes. J'entends Hulk en contrebas qui court dans le lit du ruisseau. Maintenant il remonte vers moi, à une dizaine de mètres en contrebas, si j'en crois les bruissements de sa progression invisible dans la végétation dense de cette forte pente qui borde l'eau. Je l'appelle et l'encourage.

Mais c'est un superbe chevreuil qui débouche devant moi, tranquillement. Surpris, il oblique sa course et disparaît sur ma gauche dans la mer verte. J'ai l'Iphone en main. Trop tard bien sûr pour en faire usage.

Auteur: Mg

Info: 26 juillet 2011

[ inattendu ] [ nature ]

 

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océan

Quand ils reprirent la mer, ils essuyèrent une tempête d'une violence telle que, lorsque le cinquième jour se leva sur la lutte fantastique que soutenait le Saltash contre les flots déchaînés pour arriver seulement jusqu'au sud de l'Islande, Ericson se dit que c'était le pire temps de toute la guerre, le pire du monde entier. La mer était devenue comme un champ de bataille rugissant, où l'ouragan chassait et soulevait les navires comme des bouts de papier. Le convoi n'avait plus la forme d'un convoi ; un bateau était à peine un bateau dans cette immensité hurlante. Ce tumultueux coup de vent du sud, croissant en furie de jour en jour, semblait animé d'une méchanceté à laquelle on ne pouvait échapper ; chaque navire était comme un fugitif désespéré, condamné à être lynché par une foule dont les mouvements avaient passé d'une mauvaise humeur maladroite à une rage aveugle. De gigantesques vagues se précipitaient en grondant sur les pygmées qui devaient être leurs proies ; parfois la surface tout entière de la mer se soulevait d'un coup, et le navire qui se trouvait sur le chemin son assaut tremblait et chancelait tandis que des tonnes d'eau verte s'écroulaient sur son pont et dévalaient en torrent sur toute sa longueur. Les embarcations étaient fracassées, les cheminées bosselées, les passerelles et les roufs écrasés; des hommes disparaissaient par-dessus bord sans une trace, sans un cri, balayés de la vie comme des images effacées d'un tableau noir par un impérieux coup d'éponge.

Auteur: Monsarrat Nicholas

Info: La Mer cruelle

 

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gaule

Peu à peu, j'ai pris l'habitude d'entendre parler d'attentats au coin de ma rue, d'Etats européens au bord de la faillite, de plans de licenciements partout en France, de tempêtes tropicales en Méditerranée, de migrants morts échoués sur la Côte d'Azur, de gens noyés sous le seuil de pauvreté à quelques rues de la mienne. Et finalement, de foyers de rage s'allumant dans tout le pays, puis convergeant vers Paris, devenue la capitale des désirs inassouvis et des marchands de rêves inaccessibles. Ainsi, depuis cinq mois, toute l'hystérie sur laquelle reposait la société de consommation - jadis perceptible au premier jour des soldes ou aux cris stridents que les célébrités déclenchaient sur leur passage - s'est retournée contre les architectes du système. C'était assurément plus commode, quand on promettait aux gens le Ciel après la mort. Désormais, on leur serine que le paradis existe bel et bien sur terre, on l'affiche partout sur les murs et les écrans en leur jurant qu'ils pourront y accéder, s'ils le méritent. A condition de souscrire au dogme du marché, prendre part à la compétition globalisée, prier chaque jour pour une plus grande maison, une herbe plus verte et une plus large télé, se réunir tous les dimanches matin dans de grands centres commerciaux climatisés et la Réussite reconnaîtra les siens. Alors oui, quand le paradis gonfle chaque jour ses tarifs et durcit ses conditions d'entrée, je peux comprendre que certains crient à l'arnaque organisée. J'aurais sans doute pensé la même chose à leur place.


Auteur: Markov Bruno

Info: Le dernier étage du monde, 2023

[ centralisme ] [ révolte ] [ néo libéralisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

femmes-entre-elles

Mon père gueule "je te cause ! t'as donc pas marre de tes romans !", elle se défend "laisse-moi finir mon histoire !". Vivement que je sache lire, puis vivement que je comprenne ces longues histoires sans images qui la passionnent. Un jour vient où les mots de ses livres à elle perdent leur lourdeur ânonnante. Et le miracle a lieu, je ne lis plus des mots, je suis en Amérique, j'ai dix-huit ans, des serviteurs noirs, et je m'appelle Scarlett, les phrases se mettent à courir vers une fin que je voudrais retarder. Ça s'appelle "Autant en emporte le vent". Elle s'exclamait devant les clientes, "pensez qu'elle a seulement neuf ans et demi" et à moi elle disait "c'est bien hein ?". Je répondais "oui" Rien d'autre. Elle n'a jamais su s'expliquer merveilleusement. Mais on se comprenait. A partir de ce moment il y a eu entre nous ces existences imaginaires que mon père ignore ou méprise suivant les jours "perdre son temps à des menteries, tout de même". Elle rétorquait qu'il était jaloux. Je lui prête ma Bibliothèque verte, Jane Eyre et Le Petit Chose, elle me file La Veillée des chaumières et je lui vole dans l'armoire ceux qu'elle m'interdit, Une vie ou Les dieux ont soif. On regardait ensemble la devanture du libraire de la place des Belges, parfois elle proposait "veux-tu que je t'en achète un ?". Pareil qu'à la pâtisserie, devant les meringues et les nougatines, le même appétit, la même impression aussi que c'était pas très raisonnable. "Dis, ça te ferait plaisir ?"

Auteur: Ernaux Annie

Info: La femme gelée, pp 24-25, Folio, 2018

[ lectrices ]

 

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Ajouté à la BD par miguel