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couchant

Le crépuscule arrondit délicatement les angles droits des rues. L'obscurité pèse sur la ville d'asphalte fumant, écrase les châssis des fenêtres, les réclames, les cheminées, les réservoirs, les ventilateurs, les échelles de sauvetage, les moulures, les ornements, les cannelures, les yeux, les mains, les cravates. Elle en fait des masses bleues, d'énormes blocs noirs. Sous le rouleau compresseur, plus fort, toujours plus fort, les fenêtres laissent échapper de la lumière. La pression de la nuit fait jaillir du lait brillant des lampes à arc, comprime les blocs sombres jusqu'à en faire dégoutter de la lumière rouge, jaune, verte, dans les rues où les pas résonnent. Tout l'asphalte suinte de la lumière. De la lumière gicle des réclames sur les toits, tourne vertigineusement dans les roues, colore des tonnes roulantes de ciel.

Auteur: Dos Passos John

Info: Rouleau à vapeur

[ soir ] [ littérature ]

 

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tremendum fascinans

Car la Beauté m'a condamnée sans appel : Chartres, Amiens n'ont pas été bâties pour moi,l'ange du portail de Reims ne sourit pas pour moi : je peux les regarder et dire combien je les admire, mon admiration même est un non-sens et une profanation, et je pourrais passer ma vie entière au pied de Notre-Dame de Chartres sans m'en approcher davantage, sans qu'elle dresse devant moi autre chose que la masse vertigineuse de mon impuissance...

Car si rien en apparence ne m'empêche d'en approcher, comme ces pelouses interdites qui ne sont gardées que par des fleurs, c'est la beauté même de l'art qui m'en interdit l'accès : terrassée par la splendeur de l'orgue, je ne puis devant elle que m'effacer, que reculer jusqu'au coin le plus humilié de moi-même.

Auteur: Dattas Lydie

Info: Le livre des anges-La nuit spirituelle-Carnet d'une allumeuse (Poésie Galimard P181)

[ numineux ] [ anéantissement ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

religion

L'homme, donc. Et non pas Dieu. Car l'homme qui croit en lui-même ne saurait croire en Dieu. La dignité humaine commence par sa propre désillusion. "Pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ?" (Leibniz). Soi-disant, la plus vertigineuse de toutes les interrogations métaphysiques. Car si Dieu n'existe pas, comment espérer rendre compte de la présence insolite du monde ? Illusion typique. Le monde n'existe pas en vue d'une fin quelconque. Il est, un point c'est tout.
Avec Dieu, l'homme n'est qu'un enfant - obéissant ou récalcitrant -, un être dépendant, qui se détermine uniquement en fonction d'une conséquence : la crainte d'un courroux redoutable (peur du père), l'espoir d'être accueilli plus tard au paradis au milieu des pétales de roses et des fleurs d'oranger (tendresse infinie de la mère). Dieu, un père Noël pour adultes.

Auteur: Ferret Stéphane

Info: Les Humains

[ foi ] [ fuite ]

 

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temporel-éternel

[…] Kafka n’aura jamais réellement tenu compte des réalités historiques de l’époque. Son Journal est à cet égard d’une vacuité vertigineuse : nul écho du bruit ni de la fureur du monde ne semble s’y répercuter. Toutes ses œuvres, cependant, écrites le dos tourné aux problèmes et aux urgences de l’environnement historique, arrachées douloureusement par bribes et par fragments à un bloc glacial de cohérence irréelle, du moins dans son essence et quelle que soit la forme trompeusement naturaliste de son apparence ; tous ses textes, de fait, ramènent à l’épaisseur, à l’opacité, à l’incertitude, à la cruauté du siècle, qu’ils éclairent de façon décisive. Et non pas, ou pas seulement parce que Kafka atteint, dans la modestie déroutante de son entreprise narrative, au noyau même, métaphysique, de la condition humaine, à sa vérité intemporelle.

Auteur: Semprun Jorge

Info: L'Ecriture ou la vie

[ témoin indirect ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

science-fiction

La théorie d'El Levir (...) s'appuyait sur cette conviction : qu'un texte unique, même court, pouvait receler une potentialité vertigineuse de sens ; que les effets de rythme, dans le plan d'immanence sonore, pouvaient se démultiplier presque à l'infini, aussi bien par vibration moléculaire, de proche en proche, que par effet sonar, avec des sons pulsés dans le vide, sans écho audible, qui apportaient une respiration à même le bruissement ; enfin que le jeu des lettres et des mots, la proximité des signifiants (...), les anagrammes ou les palindromes (une passion dévorante du scribe), pouvaient, si l'on en tenait compte "comme de spectres circulant dans l'ombre blanche de la page", ouvrir au Livre la diversité du vivant. Un Livre unique, oui, d'une seule couleur, pourquoi pas ? - disons bleu - mais d'un bleu hurleur, changeant comme un ciel rougit, se violace puis vire soudain au noir. Un Livre bleu polychrome.

Auteur: Damasio Alain

Info: El Levir

[ littérature ] [ pouvoir ]

 

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crash

Il lui parut que la matière aussi se révoltait. Le moteur, à chaque plongée, vibrait si fort que toute la masse de l’avion était prise d’un tremblement comme de colère. Fabien usait ses forces à dominer l’avion, la tête enfoncée dans la carlingue, face à l’horizon gyroscopique car, au-dehors, il ne distinguait plus la masse du ciel de celle de la terre, perdu dans une ombre où tout se mêlait, une ombre d’origine des mondes. Mais les aiguilles des indicateurs de position oscillaient de plus en plus vite, devenaient difficiles à suivre. Déjà le pilote, qu’elles trompaient, se débattait mal, perdait son altitude, s’enlisait peu à peu dans cette ombre. Il lut sa hauteur "cinq cents mètres". C’était le niveau des collines. Il les sentir rouler vers lui leurs vagues vertigineuses. Il comprenait aussi que toutes les masses du sol, dont la moindre l’eût écrasé, étaient comme arrachées de leur support, déboulonnées, et commençaient à tourner, ivres, autour de lui.

Auteur: Saint-Exupéry Antoine de

Info: "Vol de nuit", éditions Gallimard, 1931, page 137

[ point de vue de l'aviateur ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

vieillir

Je me demande à quel moment j'ai compris qu'il fallait faire beaucoup plus d'efforts qu'auparavant pour continuer à vivre. Simplement à vivre. Je m'étais toujours figuré, je ne sais pourquoi, que l'existence avait la forme d'une montagne. L'enfance, l'adolescence et le début de l'âge adulte correspondaient à la montée. Ensuite, arrivé à quarante ou cinquante ans, la descente s'amorçait, une descente vertigineuse, bien entendu, vers la mort. Cette idée, assez commune je crois, est fausse. Je le découvre un peu plus précisément chaque jour. C'est par la descente qu'on commence, en roue libre, sans effort. On dispose de tout son temps pour contempler le paysage et se réjouir des parfums - c'est pourquoi les odeurs d'enfance sont si tenaces.
Ce n'est que plus tard que la véritable côte nous apparaît, et l'on met bien du temps à la reconnaître pour ce qu'elle est : une pénible ascension qui a la même issue que la folle pente sur laquelle on s'imaginait projeté à pleine vitesse.

Auteur: Desarthe Agnès

Info: Mangez-moi

[ effort ]

 

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cauchemar

Une brume d’un bleu pastel délicat stagne, accumulée au fond des vertigineuses tranchées qui s’ouvrent entre les parois verticales et parallèles des hautes façades, comme coupées au couteau dans une unique matière d’un brun noir. Elle enveloppe dans une transparence veloutée le flot docile des voitures semblable à quelque migration d’insectes. Précédées par les pinceaux de leurs phares, eux-mêmes veloutés, elles viennent s’accumuler aux croisements, s’immobilisent, repartent, s’égrènent, s’immobilisent de nouveau dans une sorte d’irréel silence, comme si le grondement qui s’élève de l’énorme ville, uniforme, étale pour ainsi dire, recouvrait ou plutôt absorbait indistinctement les millions de bruits confondus dans une unique et formidable rumeur, vaguement inquiétante, déchirée de loin en loin par le sporadique hululement de sirènes (police, ambulances, pompiers ?), croissant, s’exaspérant, strident, décroissant, mourant. Comme des cris de folles, d’oiseaux exotiques, ou les cornes de navires en perdition. Comme si la ville elle-même criait. Comme si, par intervalles, l’étincelant et orgueilleux amoncellement de cubes et de tours agonisait sans fin dans une sorte de diamantine apothéose, relançait de moment en moment vers le ciel opaque de longs signaux d’alarme, d’angoisse.

Auteur: Simon Claude

Info: Le jardin des plantes

[ irréalité ] [ léviathan ] [ sonorité ] [ trafic ] [ obscurité ]

 
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Ajouté à la BD par Plouin

théologie

C'est animé de l'esprit de synthèse de Corbin que pendant deux ans nous fîmes avec le shayk Tabâtabâ î, qui entre temps était devenu un ami très proche, une expérience unique en Iran, à savoir l'étude comparative des différentes religions du monde sous la direction d'un shayk shî'ite traditionnel. Nous y lûmes tour à tour les traductions des Évangiles, la version persane des Upanishads, traduites par Dârâ Shokûh, les Sûtras du Bouddhisme, et le Tao Te Ching; livre que Nasr et moi-même traduisîmes en toute hâte et en fîmes la lecture avec le Shaykh. Celui-ci commentait les textes avec la perspicacité d'un maître spirituel se sentant à l'aise aussi bien dans la pensée hindoue que dans le monde bouddhique et chinois. Jamais il ne vit d'opposition de fond à l'esprit de la gnose islamique telle qu'il l'avait connu et pratiquée. Partout il voyait les grands moments de l'Esprit et lorsqu'il acheva la lecture de la pensée vertigineuse et si prodigieusement paradoxale de Lao tseu, il nous fit remarquer que de tous les textes que nous avions lus avec lui, celui-ci était de beaucoup le plus profond, le plus pur.

Auteur: Shayegan Daryush

Info: Henry Corbin: La topographie spirituelle de l'islam iranien

[ comparaisons ]

 

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corps

(...) chacun possède son labyrinthe intime, ce gouffre de terreurs et de désirs qui nous attire et nous désoriente. Nous nous y perdons, parce que nous sommes tous victimes de nos illusions et que nous nous égarons dans les entrelacs ténébreux de notre vie intérieure.
S'il existe des labyrinthes où le héros engage son corps, il en est d'autres, innombrables, où il engage sa pensée. Chaque fois que nous songeons à la vie et à la mort, à l'instant et à l'éternel, à la barbarie et à la civilisation, au visible et à l'invisible, à l'humain et au divin, nous entrons dans des labyrinthes spirituels où chaque idée renvoie à son contraire, où tout se dédouble et se démultiplie, où tout n'est que reflets, allusions, possibilités vertigineuses, réflexions infinies. Dès l'instant où l'on pense, on entre dans un labyrinthe d'où nous ne sortirons jamais, car la pensée n'a d'autre issue que notre propre mort. A ce moment nous connaîtrons ce que nous avons toujours cherché. Aussi longtemps que nous vivons, nous errons dans le labyrinthe de notre corps où nos désirs s'opposent à nos pensées. Le labyrinthe est l'emblème de notre existence terrestre.

Auteur: Schneider Marcel

Info: Le Labyrinthe de l'Arioste : Essai sur l'allégorique, le légendaire et le stupéfiant

[ prison ] [ chair-esprit ] [ résignation ]

 

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