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souper

Elle sourit, je regardai ma montre. Il était onze heures du soir. Sur la nappe comme dans un filet affluaient les poissons : le saumon, les truites en anneau, les harengs, les anchois en bouquet de six, liés par la queue. Mais on ne servit à boire que du lait et une bière non fermentée. D'un sac à éponges je sortis sournoisement l'aquavit norvégien. Aïno bat des mains, débouche la bouteille avec une épingle à cheveux et, de plaisir, éternue. Elle verse deux rase-bords, me tend l'un, prend l'autre; se mettant au garde à vous, elle claque les talons et la langue, me fait l'immédiat hommage de son verre vide, dont elle tourne vers moi le fond avec des mots de convention que je n'entends pas. Elle avait ôté ses bottes et revêtu d'une chemise intérieur avec des broderies paysannes; un collier d'ivoire végétal errait sur elle comme une deuxième dentition. Nous mangions sans parler, pareils à un couple anglais. Les joues d'Aïno étaient luisantes sans poudre ni rouge, ainsi que tous ces visages scandinaves où un sang agile étend son fard que renfoncent le grand air ou le moindre regard. Avec éloquence deux bouteilles parlèrent. Nos têtes bourdonnaient.

Auteur: Morand Paul

Info: Ouvert la nuit (1922, 253p., le livre de poche, p.227)

[ univers nordique ] [ épicurien ] [ repas copieux ] [ alcool ]

 

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frangine

Ma soeur,

une nuée toujours ombrait

tes paupières.

Accoudée au balcon

- une enfant encore -

tu regardais la mer

dérouler le rêve

de la solitude sans fin.

Tu alimentais ton coeur

des feuilles de l'automne

La mère reflétait

l'énigme de son ombre

dans le fond de tes yeux.

La pâle lueur de ton visage

errait sur le plancher

de notre demeure.

Nous ne te vîmes jamais pleurer.

Là seulement sur tes tempes

les veines ténues

pareilles à des filons de lumière bleue

battaient la fièvre

de tes lèvres recluses.

(Combien de fois,

aux heures où tu dormais,

je me penchais sur elles pour y lire

ton secret.)

Remplie d'amour et de pitié

tu pansais nos blessures

et te taisais.

Ton silence avisait de tout.

Par les soirs d'hiver

tu avançais seule dans la forêt

pour soigner

les moineaux nus,

pour réchauffer

les insectes transis.

Grain à grain tu amassais en toi

les larmes des pauvres, des humbles.

Et quand s'effondra notre maison

ce fut toi encore qui resta droite

- ombre de la Sainte Vierge -

afin de me montrer les étoiles

au travers des trouées du toit.

Désormais ton silence s'est brisé

et dans le petit coquillage que tu cachais

j'ai écouté les clameurs de l'océan.

Ma soeur, il ne m'est resté

pas même une pierre où m'étendre.


Auteur: Yannis Ritsos

Info: Le chant de ma soeur : Edition bilingue français-grec.

[ eulogie ] [ poème ]

 
Ajouté à la BD par miguel